Un environnement pour développer l`apprentissage coopératif à
Transcription
Un environnement pour développer l`apprentissage coopératif à
Un environnement pour développer l’apprentissage coopératif à distance sur Internet : application à la préparation de l’agrégation d’économie gestion au CNED1 A cooperative distance learning environment on internet : application to the preparation of economy and management « agregation » at the CNED2 Claude ALIA et Béatrice VINCENT Maîtres de Conférences Laboratoire Gestion et Cognition - Université Paul Sabatier Toulouse III 115, route de Narbonne - 31077 Toulouse cédex 4 Tél : 05 62 25 81 50 - Fax : 05 62 25 81 70 E-mail : [email protected] - [email protected] Résumé Cette communication a pour objectif de présenter l’implantation de systèmes d’apprentissage actif et coopératif à distance, au sein du service Internet du CNED, pour assurer la préparation du concours de l’agrégation d’économie gestion. Elle est fondée sur l’idée que l’on apprend mieux en « faisant » et en « faisant ensemble », ce qui n’est pas possible pour des candidats qui préparent l’agrégation de façon isolée. Deux concepts permettent de répondre aux besoins de ceux-ci : les classes virtuelles et les Documents Actifs de d’Apprentissage. Ces concepts sont à la base du site Internet développé. Ce papier présente le programme de mise en place de ce système au sein du CNED, ainsi que les difficultés techniques et organisationnelles rencontrées. Mots clés : apprentissage actif, apprentissage coopératif, classe virtuelle, document actif d’apprentissage, Internet. Abstract This paper aims at presenting notions of active and cooperative learning, implemented on the CNED web site for the preparation of french highest teaching degree (Agregation). This site is based on the idea that it’s better to learn « by doing » and « by doing together », which is not possible for people who prepares Agregation alone, by them selves. Two ways of research enable us to answer to the needs of these people : Virtual Class and Active Documents for Learning. These notions are at the origin of the web site. This paper presents the program of implementation of this system within the CNED (NATIONAL CENTRE FOR DISTANCE LEARNING), as well as the technical and organizational difficulties that we have met. Key-words : Active learning , cooperative learning, Virtual Classroom, Active Document for learning, Web. Aujourd’hui l’enseignement à distance est au centre de nombreuses réflexions visant à améliorer l’accès aux cours et à limiter l’isolement des apprenants. Deux raisons expliquent ce regain d’intérêt pour l’enseignement à distance. Des raisons économiques et sociales font de la formation continue une nécessité pour les entreprises qui souhaitent maintenir leur compétitivité, et pour les salariés, qui peuvent ainsi garantir leur valeur sur le marché du travail. Cela amène de nouveaux publics dispersés, hétérogènes et peu disponibles vers la formation et notamment vers la formation à distance. Par ailleurs l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, notamment Internet, exigent de reconcevoir la mise à disposition de cours et le suivi d’apprenants dispersés géographiquement. Notre communication se situe dans ce cadre, elle a pour objectif de présenter un modèle de système de formation permettant l’apprentissage coopératif à distance. Ce modèle après avoir été testé pendant deux ans sur site3, fonctionne, actuellement, au CNED4 dans le cadre de la préparation de l’agrégation d’économie et gestion. Il participe à un processus plus général de réorganisation de l’enseignement à distance au sein du CNED. A l’origine de ce système, se trouve le constat d’un besoin imparfaitement satisfait de formation exprimé par les personnes sorties du système éducatif traditionnel et souhaitant préparer un concours, assurer leur mise à niveau, préparer une reconversion grâce à l’acquisition de compétences nouvelles. En effet, si l’on considère l’offre de formation en la classant selon trois axes, le temps (formation synchrone et asynchrone), l’espace (formation site et à distance) et l’implication (individuelle ou en groupe), on constate qu’il n’existe aucun support de formation qui recrée la dynamique de groupe à distance. Le schéma suivant (cf . figure 1) permet de présenter la typologie des systèmes de formation selon ces trois axes et fait apparaître le vide existant dans le domaine des formations asynchrones, à distance et en groupe. TEMPS IMPLICATION Synchrone engroupe L'Université Sur site Le Livre Individuelle à distance ESPACE Comme nous l’avons vu précédemment, l’enseignement asynchrone, à distance intègre très mal la richesse d’un apprentissage fondé sur l’action et le travail en groupe. Pour répondre à ce besoin, il faut créer de nouveaux outils qui permettent la communication et la coopération de différents participants travaillant sur un problème donné. Ainsi, ils apprennent en mettant en œuvre leurs connaissances, en échangeant avec les autres participants et en évaluant leur niveau relatif. Ces outils permettent donc d’objectiver deux facteurs fondamentaux de la performance d’un processus d’apprentissage : le concept d’activité (apprendre en faisant) et le concept de coopération (apprendre dans l’interaction sociale). Le CNED asynchrone Fig. 1 : Typologie des méthodes de formation La dimension temporelle permet de distinguer : - les systèmes synchrones qui nécessitent la participation simultanée de l’ensemble des individus au processus de formation. Ils recouvrent les techniques d’enseignement traditionnel, en classe, ainsi que des techniques relativement courantes, aujourd’hui, comme la réunion virtuelle. - les systèmes asynchrones qui permettent aux participants de prendre part à une tâche commune sans travailler en même temps. Ils intègrent des outils de communication supportant un environnement d’apprentissage composé d’un ensemble de ressources de formation et d’information. Dans un mode traditionnel, ces ressources sont composées de fascicules de cours et d’exercices papiers transmis par courrier. Les échanges entre étudiants et formateurs se faisant par la même voie ou par téléphone (CNED). Dans sa forme la plus moderne, l’environnement est géré par ordinateur, des bases de données assurent le stockage et l’accès aux ressources pédagogiques et la communication se fait via internet. La dimension spatiale prend en compte l’éloignement physique des participants, qui permet de distinguer l’enseignement présentiel et à distance. Actuellement les dispositifs d’enseignement présentiel sont particulièrement performants pour prendre en compte la dimension active et collective de l’apprentissage. Les travaux pratiques permettent aux apprenants d’apprendre dans l’action, tout en interagissant avec les autres. En revanche, les outils de formation à distance ont longtemps ignoré la dimension collective du processus d’apprentissage, ce qui renforce la difficulté des apprenants et leur manque de motivation. Enfin, la dimension implication représente un engagement individuel ou collectif des participants sur une tâche donnée, elle permet de distinguer les systèmes de formation fondés sur le travail personnel de ceux qui permettent le travail au sein d’un groupe. Nous avons choisi comme champ d’application de ce système de formation coopératif asynchrone, la préparation de l’agrégation car une partie non négligeable des candidats qui se présentent au concours sont isolés, loin des centres de préparation. Il s’agit donc d’un public qui manque d’informations, et surtout de terrains d’entraînement et d’évaluation de son propre niveau, relativement aux exigences du concours. Si l’on examine les exigences d’un tel concours dans le domaine de l’économie et gestion, on peut noter que sa préparation nécessite l’apprentissage et la maîtrise de connaissances et savoirs relatifs au fonctionnement économique, social et financier des organisations, des savoir-faire relatifs à la prise de décision et à la résolution de problèmes de gestion, enfin des savoir-communiquer ses connaissances et ses savoir-faire. Le développement des savoir-faire et savoir communiquer suppose que les candidats apprennent en faisant, c’est-àdire en se mettant en situation de résolution de problème, et qu’ils apprennent dans l’interaction sociale, c’est-à-dire en échangeant et coopérant avec d’autres individus. Nous aborderons, dans une première partie, les concepts permettant de concevoir ce type de système et présenterons, dans une deuxième partie, le service Internet et son fonctionnement au sein du CNED. I Partie : Les concepts de l’apprentissage coopératif sur Internet. Pour mettre en œuvre les concepts d’apprentissage actif et coopératif dans le cadre d’une formation asynchrone et à distance, on a besoin d’un support de communication, celui-ci est aujourd’hui disponible grâce au réseau Internet. Ce support ne résout pas, pour autant, les problèmes posés par la participation active et la coordination entre personnes dispersées géographiquement. Des travaux de recherche ont abouti au développement de différents concepts et outils qui permettent : - la coopération et le guidage au sein de groupes de travail, il s’agit des classes virtuelles5 (HernandezDominguez 1995), - la résolution coopérative de problèmes grâce aux documents actifs d’apprentissage6. 1.1 - La classe virtuelle : un outil au service de l’apprentissage coopératif L’apprentissage coopératif est une forme d’organisation de l’enseignement qui met à contribution le soutien et l’entraide des étudiants grâce à la création de petits groupes hétérogènes qui travaillent selon des procédés assurant la participation de tous à la tâche donnée. Ce qui compte dans un tel apprentissage n’est pas l’œuvre commune mais la progression et l’acquis de chacun. L’intérêt de cette forme d’apprentissage, pour la préparation de l’agrégation d’économie gestion, nous apparaît, essentiellement au niveau de : - l’interdépendance positive : chaque participant travaille avec les autres pour atteindre un objectif commun, il transmet ainsi ses connaissances, en acquiert, lors du dialogue avec les autres et peut s’évaluer par rapport à leur niveau, - la responsabilité individuelle vers le groupe : en effet, la réussite du groupe dépend de l’adhésion et de l’apprentissage de chacun. Cela constitue un facteur de motivation souvent plus efficace et positif que la sanction d’une note. - le développement d’habiletés de coopération : en effet, celles-ci ne sont pas spontanées et doivent être entraînées. Ces habiletés concernent l’aptitude à former, à faire fonctionner des groupes et gérer des conflits, la capacité à expliquer et à évaluer le travail des autres. Concrètement, la mise en place de telles méthodes de travail en commun, à distance et en asynchrone, pose de nombreux problèmes relatifs à la communication entre personnes isolées, à la participation de ces personnes à une tâche commune, à la gestion des interactions. L’ensemble de ces problèmes est abordé et, en partie, résolu par des systèmes de classes virtuelles, comme le système CLEAR présenté par (Wessner et al 1999) ou celui présenté par (Rosatelli 1999). Une classe virtuelle est un environnement d’enseignement et d’apprentissage supporté par un système de communication et géré par ordinateur (cf. fig2.). Elle constitue un « espace d’activité » (Streitz et al, 1989) dans lequel l’apprenant trouve des moyens de communication en groupe, des espaces de travail pour permettre une participation active des usagers et des outils logiciels pour gérer et guider les interactions. Notons à ce niveau que les usagers de la classe virtuelle ne sont pas seulement des apprenants mais également les enseignants qui animent le travail des groupes. Apprenants Formateurs Gestionnaires Système de Classe Virtuelle Lien de communication Internet Gestion du groupe distant Document Actif d'Apprentissage Lien de communication Internet Ressources partagées serveur http Fig.2 : Structure générale de la classe virtuelle - la prise en compte de l’hétérogénéité, en permettant la création de groupes de niveau et leur tutorat Les objectifs d’une classe virtuelle sont d’améliorer : - l’accès aux ressources partagées, en permettant par des enseignants. aux apprenants et aux formateurs de participer à des communautés d’apprentissage distantes, aux moments Cette première acception du concept de classe virtuelle (temps) et lieux (espace) qui leur conviennent, en utilisant n’intègre pas les problèmes relatifs aux modalités des ordinateurs (à domicile, sur le lieu de travail, ...), - les possibilités de travail coopératif sur un pédagogiques de travail en coopération et de structuration problème en mettant à disposition les outils nécessaires de la connaissance individuelle et collective. C’est pour résoudre ensemble un problème, pour partager des pourquoi nous l’avons complétée par le concept de idées et des informations dans un dialogue actif Document Actif d’Apprentissage que nous allons présenter maintenant. (documents actif d’apprentissage), 1.2- Les documents actifs d’apprentissage : un outil de travail coopératif au service de la classe virtuelle Les documents actifs d’apprentissage servent à matérialiser et à mémoriser le travail proposé par les étudiants appartenant à la classe virtuelle. Il s’agit d’un support de travail collectif qui permet la construction d’une solution commune en gérant les propositions, les corrections et les commentaires sous forme d’un hypertexte. Cet hypertexte est dynamique dans ce sens où les liens entre éléments de connaissances (propositions de solutions, commentaires, corrigés) ne sont pas prédéfinis mais se construisent au fur et à mesure de la coopération. Dans le document actif d’apprentissage, la structure hypertextuelle de la solution permet d'obtenir, par une lecture séquentielle, la genèse de la création collective d'une solution et, par une lecture interactive, de retrouver les différents axes de développement de celle-ci. Il n'y a plus de séparation entre le produit fini et sa phase de conception comme c'est le cas dans les corrigés donnés aux sujets que l'on peut trouver dans des ouvrages d’annales. Un document actif d’apprentissage se présente de la façon suivante (cf fig.3), la fenêtre hypertextuelle contient différents sujets qui servent de support initial à la création de l’ensemble du document. Celui-ci est alors généré par les différentes propositions des étudiants et les dialogues qu'ils ont suscités pour répondre au sujet. D OCU M EN T AC TIF D ' APPREN TISSA GE D O C U M E N T IN I TI A L H Y P E R TE X T E GE N E R E év alu atio n Pr o p ositi o n étudi ant 1 Pro p o si ti o n S o lu tio n C o o pé rée étudi ant 4 Pr o p osi ti o n de sujet Apprentissage ind ividuel Apprentissag e coopératif Pr o p o si ti o n Pr op o si ti o n étudi ant 2 étudi ant 5 S o lu tio n s in d iv id u e lle s Pr o p o siti o n étudi ant 3 S o lu tio n C o o pé rée S o lu tio n in te rp ré tée Appre ntissag e interp ré tatif Fig. 3 : Construction du document actif de conception Comme le montre la figure 3, l’apprentissage, à partir d’un document actif, peut revêtir trois formes : 1ière forme : l’apprentissage actif individuel au cours duquel, partant du sujet, l’étudiant propose des idées de plans ou de développements. Il se distingue d’un apprentissage individuel traditionnel puisque la solution est proposée à l’évaluation d’autres usagers, ce qui suppose déjà une certaine implication de l’individu. 2ième forme : l’apprentissage coopératif : à partir de ces propositions individuelles, d’autres participants interagissent soit en les enrichissant, soit en les critiquant. S’instaure alors un dialogue que l’on pourrait qualifier de « maïeutique »7, qui permet à la fois l’apprentissage du premier et du second participant. 3ième Forme : l’apprentissage interprétatif, l’étudiant à partir des propositions précédentes construit son propre raisonnement sans qu’il y ait coopération active avec le premier. Même si dans ce cas, il n’y a pas coopération directe, le raisonnement est le résultat d’une production collective et l’apprentissage individuel s’enrichit de l’apport des participants. Le document actif d’apprentissage apparaît, alors, comme un outil d’expression et de dialogue qui permet de suivre la trace du raisonnement des individus, trace fondamentale pour réaliser l’assimilation des idées. 2° Partie : Un environnement pour le développement du travail coopératif : la réalisation dans le cadre du CNED Après avoir réalisé un prototype de classe virtuelle, que nous avons testé avec succès auprès d'étudiants préparant l'oral de l'agrégation d'économie gestion, nous avons décidé de mettre ce système en œuvre en partenariat avec le CNED. L'implantation dans le cadre d'une organisation importante et structurée comme le CNED n'a pas été sans poser quelques problèmes. Nous avons donc été conduits à redéfinir l'architecture et le fonctionnement du système de façon incrémentale et à résoudre des problèmes de mutation de l'organisation. 2.1 Une mise en œuvre incrémentale du système La présentation du système et de son fonctionnement est particulièrement délicate car les composantes ne sont pas prédéfinis mais se construisent au fur et à mesure de sa mise en place, il y a donc une boucle incrémentale entre mise en œuvre et fonctionnement. Dans le schéma suivant, nous avons représenté la structure et le fonctionnement du système mis en place au CNED. On y retrouve les trois acteurs principaux : les étudiants et les enseignants, qui participent ensemble à l'activité cognitive, et l'administrateur qui gère matériellement le bon déroulement de celle-ci. Le système associe deux types de fonctions : des fonctions de surface et des fonctions dites profondes. Les premières ont pour objectif de fournir des activités cognitives qui servent de supports de travail aux étudiants (étude de cas ou sujet d'oral) et sur lesquelles ils doivent réfléchir afin de proposer des solutions ou des contributions multiples (questions réponses, biblio-graphie, approfondissements théoriques). Elles assurent également la communication entre eux, par l'intermédiaire des documents actifs d'apprentissage sur lesquels chacun a accès au travail des autres afin de le compléter ou d’y apporter des commentaires ou des critiques. Les fonctions profondes sont assurées par les enseignants chargés de piloter les apprenants individuellement et/ou en groupe. Ce tutorat consiste à regrouper, de manière plus ou moins homogène, les participants afin de leur proposer des aides collectives adaptées ou de les mettre en relation avec d'autres apprenants susceptibles de les aider. Les enseignants et apprenants disposent d’un certain nombre de ressources partagées que nous allons détailler. CLASSE VIRTUELLE ETUDIANTS ACTIVITE COGNITIVE ENSEIGNANTS Serveur http BASE DE RESSOURCES PARTAGEES ADMINISTRATEUR Fig.4 Architecture de l’environnement classe virtuelle au CNED La base de ressources partagées contient les documents actifs d'apprentissage et des éléments de cours en ligne. Ces derniers peuvent être activés par l'étudiant ou l'enseignant au cours du processus de résolution de problème. Les documents actifs d'apprentissage implantés servent à la préparation de l'écrit (cas cyclo cathares) et à la préparation de l'oral (un sujet proposé par mois). Le principe consiste à proposer un problème qui sert de base à l'activité cognitive collective. Concrètement à partir d'un sujet problème, un ou plusieurs étudiants proposent une solution qui est soumise aux commentaires des autres étudiants et d’enseignants qui les suivent. A partir de ce document de base, la coopération entre étudiants s'instaure par l'intermédiaire de commentaires qui permettent de corriger ou compléter la solution initiale. Ainsi, l'ensemble du processus de résolution est mis à disposition de la communauté des apprenants. L'enseignant tuteur peut guider directement l'étudiant qui a proposé la première solution en communiquant avec lui par mail, il peut aussi guider le collectif d'étudiants en gérant leur commentaires et en y apportant des compléments (cours éléments de corrigés). L'ensemble de ce processus se déroule à distance puisque chaque utilisateur a un espace de travail privé sur le site web auquel il accède grâce à un login et à un mot de passe. L'enseignant peut également décider d'orienter les étudiants vers l'utilisation des fascicules en lignes. Corps du texte Approfondissements Présentation synthétique Cette utilisation dynamique et interactive des fascicules a rendu nécessaire leur restructuration, ceux-ci doivent être conçus de façon hypertextuelle et non plus linéaire. L'architecture des documents de cours peut être représentée comme suit : Annexes Documents WEB Documents WEB LEXIQUE BIBLIOGRAPHIE Fig. 5 : Structure hypertextuelle d'un fascicule Cette structure permet différentes lectures du document : - une lecture linéaire de la présentation synthétique dont l’objectif est de transmettre l’intelligence du domaine et la structuration des concepts, - une lecture en largeur de l’approfondissement des concepts nécessaires à la résolution d’un problème ou du guidage de l’étudiant. Elle permet, par ailleurs, d’intégrer au processus d’apprentissage des ressources diverses en réorientant l’apprenant vers des sites web d’entreprises présentant des applications pratiques. Outre l’innovation pédagogique que représente la structuration hypertexte des documents en ligne, il faut noter son immense intérêt pratique. Elle permet en effet une mise à jour permanente à distance par les enseignants, une gestion très économique des actualisations et de leur diffusion. Ces éléments permettent d’assouplir l’enseignement à distance et de le rendre plus apte à s’adapter aux besoins des étudiants. 2.2 Intégration du système dans l'organisation du CNED Pour intégrer le système dans le schéma d’organisation du CNED, il faut assurer la complémentarité avec les ressources pédagogiques existantes il faut assurer la formation des parties prenantes à l’utilisation d’internet. C’est pourquoi, nous avons défini un planning progressif de mise en place en deux étapes principales. 1° Etape : Mise en place sur l'option D du concours de l'agrégation d'économie et gestion Nous avons choisi l'option D (option informatique du concours) car c’est dans cette option que les étudiants ont le plus de facilités matérielles de se connecter à Internet. Dans un premier temps, l’objectif est d’assurer la préparation de l’écrit par la mise à disposition d’un document actif d’apprentissage comprenant une étude de cas déroulée progressivement mois par mois. Techniquement cette première étape est relativement simple, elle se limite à l’ouverture d’un accès sécurisé aux étudiants et aux enseignants et à l’adaptation de la charte graphique du CNED. L’intérêt de ce démarrage est de fidéliser les étudiants et de les habituer à travailler sur le web. Dans un deuxième temps, les processus de travail collectif ont été implantés pour la préparation de l’épreuve orale. Les documents actifs d’apprentissage correspondants proposent tous les quinze jours un sujet d’oral sur lequel les étudiants peuvent travailler ensemble selon les modalités définies dans la 1° partie. Le rôle de l’enseignant est alors d’assurer un tutorat individuel mais également de groupe. Les problèmes qui se posent à ce niveau concernent la gestion dynamique du serveur web et de ses bases de connaissances. Les étudiants ne travaillent plus sur des connaissances prédéfinies mais sur des connaissances qu’ils construisent. Actuellement ce système n’existe qu’à l’état de prototype. Cette première étape se termine par l’intégration des fascicules en ligne qui est beaucoup plus facile sur le plan technique. Les problèmes rencontrés à ce niveau concernent plus la reconception pédagogique des cours. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, il s’agit pour l’enseignant de passer d’une approche linéaire à une approche hypertextuelle de son cours. 2° Etape Généralisation à l'ensemble des options du concours de l'agrégation d'économie gestion Cette généralisation pose des problèmes organisationnels liés à l'effet de taille en ce qui concerne l'administration du système, la gestion des enseignants et la gestion des étudiants. L'administration du système Le passage de la gestion d’une option à l’ensemble du concours suppose l’automatisation d’un certain nombre de tâches et donc la création des outils correspondants. Il apparaît, en effet, que l’utilisation d’internet multiplie les interactions entre l’étudiant et les enseignants. La tâche qui en découle est considérable, elle concerne : - le traitement d’un nombre important de questions posées par mail, - un suivi individuel plus contraignant car les corrections demandées sont plus nombreuses, - la mise en relation des étudiants entre eux pour et la gestion de la coopération, - les outils à mettre en place pour assurer un premier tri des questions et des contributions proposées, soit pour les orienter vers l’enseignant compétent, soit pour filtrer les questions redondantes et automatiser leur traitement (frequent asked questions). Notre objectif était de mettre en place un outil permettant d’assurer un apprentissage collectif à distance aux personnes préparant l’agrégation d’économie gestion. Le site réalisé à l'aide de nouveaux outils de communication : classe virtuelle, document actif de conception, autorise plusieurs modes d'apprentissage : individuel, coopératif, interprété. Il est construit sur l'idée centrale que l'on apprend en faisant et en faisant ensemble, ce qui demande aux étudiants de modifier considérablement leur attitude d'auditeur passif pour accéder à celle de participant actif, ce que l'on attend d'eux dans leur milieu professionnel. Nous avons montré, dans cette communication, toutes les difficultés conceptuelles, technologiques et pédagogiques soulevées par la conception et la mise en œuvre de tels outils. Ces difficultés ne doivent pas retarder la diffusion de tels outils indispensables pour répondre aux besoins de formation actuels, aux organismes de formation d’assurer leur propre mutation vers ces nouveaux dispositifs d’enseignement. C’est la voie qu’a choisi le CNED pour les années à venir. Références ARGYRIS C. (1995), Savoir pour agir. Surmonter les obstacles à l’apprentissage organisationnel. InterEditions. BENCHIMOL G., JACOB G., (1992) Décision de Groupe Assistée par ordinateur, Hermes BOSTROM R.P., WATSON R.T.(1992), Computer Augmented Framework, Van Nostrand Reinhold, USA, G. BOY (1997), « Documents Actifs de Conceptions » Actes de la Conférence Nationale sur l’Interface HommeMachine (IHM’97), Poitiers, 10-12 septembre 1997. BRUILLARD E.(1997), Les machines à enseigner, Hermes. FEYERABEND P. (1996), Dialogues sur la connaissance, Seuil. GARDNER H.(1992), Histoire de la révolution cognitive, Payot. A. HERNANDEZ-DOMINGUEZ (1995) « An adapted virtual class based on two approaches : CSCW and intelligent tutoring system ». ED-MEDIA’95, Graz, Autriche Juin 95. LEVAN S.K., LEBMANN A. (1995) : Le groupware, Ed Hermes. LEVY P.(1997), Cyberculture, Editions Odile Jacob. MALLET J. (1996) L’organisation apprenante. Editions de l’Université de Provence. MARET P. PINON J.M. (1997), Ingénierie des savoirfaire, Hermes. RICHARD J.F. BONNET C . GHIGLIONE R.(1990), Traité de psychologie cognitive. Dunod. M.C. ROSATELLI, J.A. SELF (1999), Supporting Distance Learning from Case Studies, AIED 99, in Artificial Intelligence in Education, IOS Press . SALLABERY J.C. (1996), Dynamique des représentations dans la formation, L'harmattan. SENGE P. (1992) The fifth Discipline : The Art and Practice of the learning Organisation, Bantam Double Jay Dell. STREITZ N.A, HENNEMANN J, THURING M, (1989), From Ideas and Arguments to hyperdocuments : Travelling through Activity Spaces. In : Proceedings of the 2nd ACM Conference on Hypertext (Hypertext’89), Pittsburgh, PA (November 5 – 8, 1989). M. WESSNER, H.-RÜDIGER PFISTER, & Y.MIAO (1999) : Using Learning Protocols to Structure Computer-Supported Cooperative Learning. In: Proceedings of the ED-MEDIA'99, Seattle WA, USA 3 1 Centre National d’Enseignement à Distance 2 National Center for Distance Learning Laboratoire Gestion et Cognition (Equipe d’accueil 2043) Université P. Sabatier–Toulouse III. 4 CNED : Centre National d’Enseignement à Distance. 5 A. HERNANDEZ-DOMINGUEZ, An adapted virtual class based on two approaches : CSCW and intelligent tutoring system. International Conference Educational Multimedia and Hypermedia ED-MEDIA’95, Graz, Autriche Juin 95. 6 Les documents actifs de conception sont une nouvelle génération de support de travail coopératif au sein d’une équipe de conception, ils permettent de relever les représentations formelles de connaissances dans des domaines techniques complexes (aéronautique par exemple) où ils sont utilisés pour l'élaboration d'une documentation technique simultanément à l'opération de prototypage. L'idée de base est la suivante : au lieu de construire un prototype et de le documenter ensuite, il convient de créer des prototypes documentés. Ils ont été définis par : G. BOY Documents Actifs de Conceptions Actes de la Conférence Nationale sur l’Interface Homme-Machine (IHM’97), Poitiers, 10-12 septembre 1997. 7 Il est intéressant de découvrir l'actualisation du dialogue platonicien réalisé par Feyrabend dans "dialogues sur la connaissance", Seuil 1996.