fdt/dtm ou eddl ? pourquoi pas les deux

Transcription

fdt/dtm ou eddl ? pourquoi pas les deux
 INSTRUMENTATION DE PROCESS 
FDT/DTM OU EDDL ?
POURQUOI PAS
LES DEUX ?
Réel débat technique ou petite
guerre commerciale ? EDDL et FDT/
DTM sont deux technologies permettant la description des paramètres
des équipements numériques de
terrain. Les plus grands acteurs du
contrôle des procédés et de l’instrumentation de process prennent
position. Les enjeux sont donc certainement importants...
SOMMAIRE
Page 36
FDT/DTM ou EDDL,
des arguments techniques
pour des enjeux stratégiques
Page 38
De 1990 à 2007 : deux
technologies qui s’affrontent
pour la standardisation
Page 40
FDT/DTM : ses réponses
aux questions
Page 42
Emerson : « FDT/DTM
west un non sens»
Endres+Hauser
Page 41
Siemens A&D : «FDT/DTM
ne s’impose pas mais reste
une alternative»
Dossier
Le débat ne porte plus
depuis longtemps sur les
principes de mesure des
capteurs, ni même sur
l’électronique ou le traitement du signal. On ne parle
plus non plus de différences
entre les bus de communication. Le grand sujet de
discussion aujourd’hui se
cache dans les fichiers
numériques qui servent à
décrire les données, les
paramètres, les caractéristiques des instruments de
process (vannes, capteurs
mais aussi cartes entrées/
sorties, coupleurs de segments…) qui sont connectés
sur des liaisons 4-20 mA avec
protocole Hart, aux bus de
terrain Profibus ou Fieldbus
Foundation.
Jusqu’à la fin des années 90,
les fichiers descriptifs DD en format texte ASCII suffisaient très bien pour rendre
compte au logiciel hôte des systèmes de contrôle des caractéristiques des
équipements. Mais depuis quelques années, avec le développement des solutions de gestion et de maintenance prédictive des équipements (gestion des
assets), ces fichiers DD peinent à intégrer les nouvelles fonctionnalités des
équipements instruments multiparamètre, fonctions d’autodiagnostics, traçabilité des données… Ils font preuve aussi d’une assez grande pauvreté en matière
d’interface graphique.
Face à ce constat, depuis le début des années 2000, chacun cherche à apporter
des réponses. Aujourd’hui deux grands courants s’imposent. La technologie Field
Device Tool/Device Type Manager (FDT/DTM) et la technologie renforcée
Electronic Device Description Language (Enhanced EDDL) permettant un enrichissement des traditionnels fichiers DD.
Les deux technologies sont-elles équivalentes? Sont-elles complémentaires?
Parmi les deux, y en a-t-il une en trop ? Il est sans doute encore trop tôt pour
répondre à ces questions. Tout dépendra de la politique de chacun des acteurs
dans ce domaine et, ou plutôt surtout, de la volonté des grands groupes industriels qui imposeront leur choix à leurs fournisseurs. Certains de ces derniers
commencent d’ailleurs par prôner la mixité...
Dossier réalisé par Marie-Pierre Vivarat Perrin
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
35
Dossier Instrumentation de process
FDT/DTM ou EDDL , des arguments
techniques pour des enjeux
stratégiques

Les instruments de process (capteurs, vannes) sont aujourd’hui numériques et ils possèdent une mémoire interne dans laquelle sont stockées les informations de configuration, de paramétrage et de diagnostic. Le problème, c’est qu’il existe pour
ces données deux standards de fichiers : DD et DTM. L’absence de standard unique est une complication pour ceux dont les
installations de contrôle de process comportent plusieurs marques. D’autant qu’au niveau des logiciels de la lecture des fichiers, on trouve aussi deux approches : les logiciels qui ne savent lire que des fichiers DD et FDT (même chose, mais pour les
fichiers DTM). Pendant longtemps rivaux irréconciliables, DTM et DD pourraient bien cohabiter si tout le monde joue la carte
de l’ouverture. Ainsi, certains fournisseurs de systèmes développent des logiciels mixtes capables de lire aussi bien des fichiers
DD que des fichiers DTM. D’autres s’y opposent. Dans les arguments des uns et des autres, il n’y a pas que la technique. Il faut
composer aussi avec les enjeux stratégiques...
A
36
disposant de peu de fonctions (température,
pression), la technologie DD est suffisante.
DTM, pour les fonctions complexes ?
Clariant
BB, Honeywell, Invensys, Yokogawa s’y
sont mis. Chacun à leur tour, les
quatre fournisseurs de systèmes de
contrôle de process ont annoncé
une version “renforcée” de leur logiciel hôte
de configuration, paramétrage et diagnostic
des instruments de process (capteurs, analyseurs, vannes, etc.). Dans le même logiciel
hôte, cohabitent les fichiers DD (ou Device
Descriptive) et les fichiers DTM (Device Tool
Manager). En somme, une solution ouverte,
interopérable, universelle.
Sommes-nous arrivés au bout du tunnel ?
Certainement pas. Emerson Process Management,
qui fut à l’origine le
premier développeur
L’essentiel
de DD, reste opposé à
DTM et son pendant,
 Un besoin : accéder sur un
même poste de contrôle à de
le logiciel FDT (qui
nombreux paramètres des
permet d’exploiter les
instruments de process, les
données au standard
plus standards (paramétrage,
DTM). Siemens aussi,
diagnostic) et les plus
mais l’allemand anspécifiques. Et ceci quel que
nonce une passerelle
soit le standard de communipermettant un lien
cation utilisé (protocole Hart
entre son logiciel
pour les capteurs 4-20 mA,
Simatic Manager et
bus de terrain Fieldbus
une application FDT.
Foundation ou Profibus).
Mais sans grande con Deux technologies :
viction. Michel Muller,
FDT/DTM et EDDL
chef produit PCS7
 Deux stratégies de la part
chez Siemens A&D, exdes fournisseurs : ceux qui
plique en effet : « Nous
soutiennent un seul des
ne soutenons pas FDT/
deux standards et ceux qui
DTM, parce que sur le terprônent une cohabitation
des deux technologies
rain, dès lors que nous
sommes dans un système
 Au final, beaucoup d’indusde contrôle commande, on
triels dubitatifs
se rend compte que cette
Au cœur du débat : une instrumentation de process numérique
avec des fonctionnalités de plus en plus riches. Clariant
solution peut générer plus d’inconvénients qu’elle
n’apporte d’avantages ». Abondant dans ce sens,
l’américain Emerson explique que la version
renforcée d’EDDL pallie les insuffisances de
DDL, notamment en terme d’interface graphique ou la prise en compte de fonctionnalités complexes (un domaine dans lequel
FDT/DTM, s’appuyant sur les standards de
Microsoft, semblait mieux armé). « L’arrivée de
la version renforcée d’EDDL rend FDT/DTM superflu », a déclaré John Berra, le président
d’Emerson Process Management, qualifiant FDT/
DTM de “non-sens technologique”.
Le groupe FDT qui rassemble aujourd’hui
57 membres adhérents se veut plus pacifiste :
« Nous ne comprenons pas le jusqu’au-boutisme des
partisans d’EDDL, commente Alain Guinguené,
responsable produits chez Foxboro Systèmes
(Invensys). Car si nous avons décidé de développer
l’ouverture aux deux technologies, c’est parce que les
utilisateurs le demandaient ». Pour l’association
FDT, il n’y a pas de concurrence frontale
entre les deux technologies. Les DTM, sont
en effet développés en se servant des DD
existants. DTM exploite et étend l’utilisation
des fichiers DD, sans les remplacer. Toujours
selon l’association, pour les appareils simples
Par contre, pour les appareils possédant un
grand nombre de fonctions complexes (variateurs, actionneurs, vannes de régulation,
capteurs radar, débitmètres Coriolis, analyseur, passerelles, régulateurs, motion control…), la technologie DD atteint ses limites
et DTM s’impose. « Même avec la version renforcée d’EDDL, on n’a pas la qualité des représentations graphiques des DTM », estime
M. Ginguené (Foxboro). En plus, dans un DTM,
il n’y a pas de limites pour intégrer de nouvelles
fonctionnalités comme des calculs de linéarisation,
le stockage de documentation, d’utilitaires de calculs... ». Jean-Luc Drezet, directeur commercial chez Metso Automation, partage le même
avis : « C’est évidement très difficile à expliquer
comme ça mais un DTM permet beaucoup plus de
choses en termes de complexité des fonctions, ce qui
évidemment est très important pour les vannes ».
Où est la vérité ? Pour répondre à un seul
besoin, il existe désormais deux technologies plus ou moins équivalentes. Le jeu des
différences relève parfois du poker menteur.
Quand les uns annoncent l’existence de
800 équipements DTM sur le marché, les
autres en comptent juste une centaine. On
mesure ainsi l’écart des propos. Alors, lorsqu’il s’agit de détails techniques enfouis sous
des couches de logiciels, à qui se fier ?
Face à cet imbroglio, les quatre fournisseurs
de systèmes qui ont intégré les deux standards ont opté pour la flexibilité. Pour les
fournisseurs d’instrumentation, la démarche
est plus lourde. Mais ils n’ont pas trop le
choix. Avec EDDL et FDT/DTM, ils se retrou-
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
page
xx
pub Krohne
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
37
Dossier Instrumentation de process
Clariant
Une idée :
pouvoir
configurer,
paramétrer,
gérer… tous les
équipements de
process à partir
d’un même
logiciel. clariant

vent un peu dans la même situation qu’ils
ont connue lorsqu’il est devenu clair que
deux bus de terrain de process (Fieldbus
Foundation et Profibus PA) étaient en passe
de s’imposer (la plupart d’entre eux proposent désormais des capteurs pour les deux
standards). « Nous prévoyons de développer les
deux standards pour nos équipements, précise Guy
Deiber, responsable marketing chez Vega,
société allemande qui a toujours soutenu
FDT/DTM. Si les deux technologies doivent cohabiter, il faut alors jouer l’ouverture ».
Endress + Hauser, lui aussi farouche défenseur
de FDT/DTM, reste en “veille technologique” : « D’autant plus que nous utilisons toujours
les DD pour développer les DTM, indique Fabien
Hantzer, responsable communication numérique à la société. Quant à notre logiciel FieldCare,
il n’est pas prévu pour nous d’y intégrer la technologie EDD ». Il reste toujours possible d’inté-
grer sur un logiciel FDT des équipements
fournis sans DTM. « Dans ce cas-là, nous développons, à partir de leur DD d’origine, des DTM
génériques reprenant les principales caractéristiques
des équipements », souligne Karine Jadot, responsable marketing chez Metso Automation.
Même si on perd à nouveau sur la visualisation graphique.
En attendant le manufacturier
L’ouverture et la complémentarité sont donc
désormais les arguments des “pro FDT”.
Mais pas seulement. Ces derniers entendent
bien aussi défendre leur position. Pour prouver sa supériorité, la technologie FDT/DTM
compte désormais sur l’appui d’un autre
marché : celui du manufacturier, là où justement on peut trouver des équipements complexes : cartes entrées/sorties, variateurs de
vitesse, servomoteurs…« Nous offrons au ma-
nufacturier la puissance des DTM », souligne
M. Hantzer (Endress + Hauser). Jusqu’à présent, dans ce domaine, la plupart des équipements hors instrumentation ont été décrits
avec des outils propriétaires. « Pour en faire des
DD, il faudrait reprendre toutes les données et les
recodifier selon le langage EDDL. Plus l’équipement
est complexe, plus le nombre de caractéristiques est
grand, plus le travail est important, poursuit
M. Hantzer. Il est bien plus facile dans ce cas-là
de créer un DTM en encapsulant les données, quel
que soit leur format initial ».
Bon nombre de spécialistes du manufacturier se sont inscrits au FDTGroup :Ifm Electronic,
Omron, Rockwell Automation, Turck, Sick… Et
enfin, et pas le moindre, Schneider Electric. Un
manufacturier au sens large incluant la distribution électrique, des variateurs de vitesse,
du motion control,… Omron s’est déclaré
prêt à traduire ses fichiers propriétaires en
fichiers DTM et doit sortir une nouvelle version de son logiciel compatible FDT. D’autres
observent le marché et reste dans une position d’attente.
C’est aussi pour le manufacturier que Siemens
ne ferme pas la porte à FDT/DTM.
« Notre logiciel Simatic Manager offrira sous peu
une interface ouverte permettant d’intégrer, et donc
de configurer en toute transparence des appareils de
terrain fonctionnant sous d’autres technologies, explique M. Muller. Cette interface est ouverte aux
autres réseaux de terrain, tant manufacturier que de
process mais aussi aux autres outils de configuration
tels que FDT ».
Ainsi, si toute cette histoire doit avoir une
fin, il faudra attendre encore un peu.
Marie-Pierre Vivarat-Perrin
Depuis 1990, deux technologies qui
s’affrontent pour la standardisation

Pour ceux qui ne lisent pas régulièrement Mesures et qui n’auraient pas bien
suivi les développements parallèles des
deux technologies, tentons de faire le
point.
L
es premiers Device Description
(DD) sont apparus en 1990 quand
le protocole Hart a été introduit
sur le marché. Le langage de programmation EDDL (Electronic Device
Description Language) décrit sous forme de
lignes de texte (format ASCII) les variables
38
d’un équipement : limite en température,
données d’étalonnage, gamme de mesure…
Certains instruments peuvent ainsi contenir
plusieurs dizaines de variables. Cette technologie a été initialement développée par
Emerson (à l’époque Fisher Rosemount) qui l’a
cédée à la fondation Hart quand ce protocole
est devenu un standard repris par le plus
grand nombre de fournisseurs d’instrumentation ou de systèmes.
Dans un premier temps, du temps où les
capteurs étaient connectés en 4-20 mA, les
techniciens branchaient un équipement portable, la pocket Hart, sur la liaison 4-20 mA
et, s’ils avaient le bon fichier DD, ils pouvaient alors communiquer avec lui : le configurer, le calibrer, l’ajuster… Par la suite, il
a été possible d’établir des liaisons directes
avec un poste informatique ou de maintenance.
Les bus de terrain ont quelque peu modifié
la donne. En 1994, la Fieldbus Foundation
adopta l’EDDL puis ce fut au tour de Profibus.
En 2003, les trois groupements HCF (pour
Hart), FF (pour Fieldbus Foundation) et
PNO (pour Profibus) soumirent au comité
international de normalisation l’IEC une version unifiée d’EDDL. Celle-ci devient en
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
Metso Automation.
Dossier Instrumentation de process
De l’instrument de process jusqu’au logiciel, les données traversent les différentes couches d’une architecture réseau, en passant par
les automates, les cartes d’entrées/sorties…
2004 un standard international : l’IEC
61804-2. En 2005, la fondation OPC a
adopté la technologie descriptive permettant
ainsi un accès aux données des instruments
à partir de tous les réseaux ou systèmes compatible OPC.
Tout cela fait, qu’au fil du temps, entre
quinze à vingt millions d’équipements sont
installés aujourd’hui dans le monde et utilisent cette technologie.
Aujourd’hui, le technicien a le choix. Via
ses fichiers DD, il peut avoir accès à tous
les paramètres de son équipement à partir du logiciel hôte de son système, à partir d’un poste de configuration ou de
gestion des équipements, ou sur le terrain à partir d’un PC portable ou d’une
pocket Hart.
simplifierait la vie.
C’est dans ce contexte que les spécifications
de la technologie FDT (Field Device Tool)
sont définies par un groupe de sociétés
européennes conduites entre autre par ABB,
suivi par Foxboro, Endress + Hauser et plusieurs
autres fournisseurs d’instrumentation
(parmi eux, Siemens). Il s’agit de répondre à
la demande d’industriels allemands qui
veulent, sur des systèmes de contrôle comportant plusieurs milliers d’entrées/sorties,
intégrer facilement des équipements en provenance de différents fournisseurs et communiquant sur différents bus de terrain. Le
principe est de développer pour chaque
équipement un DTM (Device type Manager)
Pourquoi alors une autre technologie ? Pour
des raisons techniques et des raisons stratégiques. A la fin des années 90, les fichiers DD
peinent à prendre en compte les nouvelles
fonctionnalités des instruments : données
d’étalonnage, de maintenance, de diagnostic… Leur programmation en format texte
semble antédiluvienne face à la convivialité
des standards développés par Microsoft (les
contrôles ActiveX, notamment), qui s’imposent partout.
A cette époque, c’est aussi le démarrage des logiciels de gestion des actifs
(Asset Management) à l’intention des
services de maintenance. Beaucoup estiment que l’utilisation des technologies de Microsoft, accessibles à tous,
Emerson Process Management
L’arrivée de l’Asset Management
La nouvelle pocket Hart d’Emerson intègre la version
Enhanced EDDL.
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
qui peut être reconnu par n’importe quel
logiciel container FDT (Field Device Tool).
FDT/DTM est construit à l’aide de trois technologies de base. La technologie COM
(Component Object Model) de Microsoft,
ActiveX qui est une extension de la technologie Com et le langage XML. Quelle que soit
la manière dont sont écrits les paramètres
des équipements (cela peut être un fichier
DD), ceux-ci sont encapsulés dans un composant ActiveX. On distingue aujourd’hui
trois types de DTM.
- Le Device DTM contient tous les paramètres et fonctionnalités de l’équipement. Il permet l’affichage de photos, de
courbes, de descriptifs des modes opératoires et de maintenance. Il autorise des
fonctionnalités complexes de calcul.
Maintes fois cité en exemple, le DTM du
transmetteur de niveau radar permet, par
exemple, la représentation des échos parasites dans les cuves.
- Les ComDTM encapsulent les aspects spécifiques à la communication des données. Il y
a un comDTM pour le protocole Hart, un
comDTM pour Profibus, un comDTM pour
FF. Pour ce dernier, les choses, par le manque
de soutien de Fieldbus Foundation, sont
moins évidentes. Il est possible de communiquer pour la partie “métrologie” d’un instrument FF, mais pas pour sa partie contrôle
distribué (blocs de fonction). Une bonne dizaine de protocoles de communication supportent aujourd’hui la technologie : AsInterface, ControlNet, DeviceNet, Ethernet/IP,
FieldBus Foundation, Hart, Interbus, Modbus,
Profibus (DP et PA), Profinet IO.
- Enfin, il existe des Gateway DTM ; qui permettent d’accéder aux données d’un équipement au travers d’une passerelle. Ainsi, les
données peuvent transiter d’un réseau à un
autre en traversant des équipements passerelles dotés d’un gatewayDTM spécifique.
On peut ainsi traverser les différentes couches d’une architecture réseau, en passant
par les automates, les cartes entrées/sorties,
les coupleurs de segment… bref, du capteur
jusqu’au logiciel FDT.
Il existe aujourd’hui une bonne vingtaine de
logiciels FDT sur le marché. Le logiciel
Pactware est proposé par un consortium de
sociétés, il est téléchargeable gratuitement
sur Internet. Certains logiciels sont développés par un constructeur ou deux constructeurs associés. Les plus simples sont des logiciels container qui reçoivent les DTM
permettant la gestion et la configuration des
équipements. Les plus élaborés peuvent être
intégrés aux postes de gestion des assets et
de maintenance prédictive ou aux outils de
39
Dossier Instrumentation de process
contrôle commande.
Aujourd’hui, quatre fournisseurs de systèmes (ABB, Honeywell, Invensys ou Yokogawa) acceptent dans leur dernière version de logiciel
Field Device Management les deux technologies (DTM et EDDL).
Enhanced EDDL
Entre-temps, la technologie EDDL a elle aussi
évolué. Les trois organisations Hart, Profibus
et FF ont continué à travailler ensemble pour
pallier notamment les limites de la description en texte des EDDL. Une version renforcée (enhanced EDDL) transcrit les fonction-
nalités nouvelles des équipements
d’aujourd’hui.
Les avantages de cette nouvelle version
sont :
- les représentations graphiques des données
non liées au temps (échos parasites pour des
mesures de niveau Radar, courbe de réponse
d’une vanne,…), les données historiques
mémorisées dans l’appareil (courbe de démarrage d’un moteur,…)
- la mise à disposition des diagnostics et l’assistance au dépannage fournis par le fabricant de l’appareil de terrain (positionneur
de vanne, transmetteur de mesure, centrale
d’analyse de gaz,…)
- la définition de liens des fichiers d’aide
(texte ou multimédia) utilisés en maintenance.
Après plusieurs années de travail, cette version renforcée a été approuvée par les trois
organisations (Hart, Profibus, FF) et doit être
prochainement incluse dans une révision de
la norme 61804. Elle est aujourd’hui opérationnelle, notamment chez Siemens sur son
logiciel Simatic et chez Emerson sur son logiciel AMS Device Manager et au niveau de sa
pocket Hart 375.
Voilà à peu près où on en est aujourd’hui. ■
FDT/DTM : ses réponses
aux questions

Que se passe-t-il lorsque l’on change le
système d’exploitation ?
Un DTM est un programme applicatif qui
appartient au développeur. Il est comparable
à n’importe quel autre logiciel fonctionnant
sous Windows. Un DTM utilise les interfaces
(COM) du système d’exploitation.
Un logiciel est en général lié à une licence.
Lorsqu’on distribue un logiciel, on parle “de
licence d’utilisation” du programme. Ces
licences font partie d’un contrat, peu importe qu’elles soient ou non payantes.
Les logiciels FDT et DTM sont des programmes qui ont seulement besoin d’être réinstallés dans un nouvel environnement, tout
comme d’autres programmes applicatifs. Les
deviceDTM et CommDTM ne sont pas comparables aux pilotes utilisés pour les périphériques, il n’y donc aucune dépendance par
rapport au matériel de l’ordinateur.
Seul le matériel intervenant dans la communication avec des appareils (par exemple, la
carte Profibus) exige (et encore dans certains
cas) de nouveaux drivers. De nouveaux DTM
ne sont pas requis.
Les DTM sont ils gratuits ?
Certaines entreprises proposent une partie
de leurs DTM gratuitement à leurs clients.
D’autres ont cependant gardé ouverte l’option
d’un DTM payant, pour des fonctionnalités
spéciales porteuses de valeur ajoutée. Ainsi,
une variante peut être gratuite, l’autre payante.
40
Vega
Face à quelques critiques récurrentes,
l’association FDT/DTM apporte ses réponses.
FDT/DTM est reconnue pour les qualités de ses interfaces graphiques.
Exemple : un DTM sans possibilité de sauvegarde ou d’impression des paramètres est
gratuit ; avec ces fonctions, il devient payant.
Que se passe-t-il si un nouveau DTM
utilise des fonctions optionnelles qui ne
sont pas supportées par l’application
FDT en place ?
Si le container FDT ne les supporte pas, ces
fonctions optionnelles ne peuvent pas être utilisées. L’utilisateur doit, soit mettre à jour son
logiciel FDT, soit installer un programme FDT
qui supporte ces fonctions. En aucun cas, des
fonctions optionnelles du DTM ne causeront
de dysfonctionnement du container FDT.
Les fonctions qui ne sont pas supportées par
le standard FDT doivent être éliminées par le
fabricant.
Les extensions et compléments au standard
FDT sont évalués et intégrés, le cas échéant,
sous l’autorité de l’association FDT-JIG. Il lui
incombe de définir les nouvelles versions et de
faire évoluer la certification en conséquence. La
compatibilité ascendante est obligatoire.
Chaque fournisseur développe sa propre interface graphique. Comment assurer une interface utilisateur homogène et un mode opératoire uniforme
pour la mise en œuvre d’instruments de
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
Dossier Instrumentation de process
fournisseurs différents ?
Le groupe de travail “Style Guide” du FDTJIG travaille à l’élaboration d’une règle commune pour uniformiser les interfaces utilisateur. Les exigences ont été formulées par
des utilisateurs finaux (exemple NAMUR 2.6
Fieldbus). Elles forment la base du document
de référence “FDT style guide”.
Comment positionner FDT/DTM face
à EDDL ?
EDDL est optimisé pour l’intégration des
appareils dans un système de contrôle.
La description des paramètres des appa-
reils de terrain est liée aux exigences du
système de contrôle (échange de données
cycliques). Dans des cas exceptionnels, la
configuration est faite depuis le système
de contrôle (échange de données acycliques).
DTM est optimisé pour l’intégration dans un
système de maintenance et de gestion des actifs
(Maintenance andAsset Management Systems).
Un DTM est un programme indépendant qui
permet de dialoguer avec les appareils de terrain (échange de données acycliques). Une
application FDT Frame constitue le support
d’informations pour les instruments de terrain
et sert d’interface utilisateur.
Et au niveau de la normalisation ?
Un groupe de travail au sein de l’organisation de normalisation internationale IEC a
été créé et un premier projet soumis. Le FDT
Group espère ainsi une reconnaissance normative avant la fin 2008. Par ailleurs, une
procédure de certification a été mise en place
par l’organisation FDT Group pour garantir
les fonctionnalités et la qualité des DTM.
Nous conseillons vivement à tous ceux qui
utilisent des DTM de vérifier que ceux ont
bien été testés et validés selon notre procédure.
■
Siemens A&D : « FDT/DTM ne s’impose
pas mais reste une alternative »

Siemens
Pourquoi ne soutenez-vous pas la technologie DTM/FDT ?
Malheureusement, les DTM s’appuient sur
du code exécutable. Ils sont liés d’une manière ou d’une autre au système d’exploitation sur lequel ils s’exécutent, c’est un facteur d’instabilité à terme.
Un second aspect est bien moins technique
et relève de l’ergonomie. Un utilisateur a
bien souvent deux fournisseurs pour certains appareils plus ou moins banalisés (température, pression,…). Les DTM sont fournis
par le constructeur de l’appareil, ce qui est
sur le fond une très bonne chose d’un point
de vue expertise et responsabilité. Mais
ceci génère (malgré des recommandations
“HMI guidelines”) des interfaces graphiques non homogènes pour des transmetteurs quasi équivalents mais de fournisseurs différents.
Ces deux points ne participent pas à l’efficacité des équipes de maintenance :
temps perdu et risque de mauvaise interprétation des informations “pointues”.
Cette technologie ne s’impose pas pour
des appareils intelligents simples, mais
FDT/DTM reste une alternative intéressante pour les appareils complexes (gros
entraînements,…).
Siemens
Michel Muller, chef produit du système
de contrôle-commande, PCS 7 nous explique la position de Siemens, qui n’adhère pas à la technologie FDT/DTM mais
reste ouverte à toutes les technologies.
« Notre volonté est la fourniture de systèmes intégrés, stables et pérennes prenant en charge les fonctions traditionnelles des
systèmes, mais aussi d’y intégrer en toute transparence et homogénéité, les fonctions d’Asset Management ».
En tant que fournisseurs de systèmes
d’automatismes (API et SNCC), nos contraintes sont toutes autres et notre volonté
est de fournir des systèmes intégrés, stables et pérennes prenant en charge les
fonctions traditionnelles des systèmes,
mais aussi d’y intégrer en toute transparence et homogénéité, les fonctions d’Asset Management.
Vous avez donc opté pour la version
renforcée de DDL ?
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
Oui, depuis environ un an, notre logiciel de gestion des équipements Simatic PDM dans sa version 6.0 intègre la version “Enhanced DDL”.
Et au niveau des interfaces d’application ?
L’environnement de développement de la
gamme Simatic, le Simatic Manager, offrira
sous peu une interface ouverte permettant
d’intégrer, et donc de configurer en toute
transparence des appareils de terrain fonctionnant sous d’autres technologies. La pre-
41
Dossier Instrumentation de process
Siemens
aux diverses technologies. Notre volonté est
de servir le marché avec des composants et
systèmes qui apportent un réel avantage à
l’utilisateur, que ce soit en terme d’ergonomie mais aussi de retour sur investissement
et de coût total de possession. Il ne semble
pas, pour l’instant, que la technologie FDT/
DTM réponde à ces critères dès lors qu’il y
a intégration complète de la chaîne de mesure et d’actionneurs au sein d’un système fortement automatisé. Pour autant,
nous savons dans le cadre de projets développer les DTM pour certains de nos
composants, par exemple dans l’instrumentation de process.
mière intégration sera très certainement démontrée sur la base de Profinet et la fédération
des réseaux Profibus DP et Interbus S.
Cette interface est ouverte aux autres réseaux
de terrain, tant manufacturier que de process,
mais aussi aux autres outils de configuration
tels que FDT.
Vous ne fermez donc pas la porte à la
technologie FDT/DTM ?
Par principe, Siemens ne ferme pas la porte
Avec Emerson Process Management,
vous êtes critiqué par ceux qui défendent FDT/DTM pour ne plus ouvrir vos
solutions aux DTM. Votre réaction ?
La volonté de Siemens n’est pas de verrouiller les
solutions. J’en veux pour preuve l’introduction du réseau Ethernet en 1985 dans la communication inter-automates puis la très forte
implication dans le développement de
Profibus. On pouvait pourtant raisonnablement admettre que c’étaient les fournisseurs
de systèmes (API et SNCC) qui avaient le
moins intérêt à prôner les réseaux ouverts,
puisqu’ils étaient jusqu’alors les fournisseurs exclusifs des interfaces (entrées/sorties) de leurs contrôleurs avec les unités de
production.
Encore une fois, nous ne fermons pas la
porte, Siemens et Emerson ont signé, il y a
maintenant plus d’un an, un protocole visant
à l’échange de technologies concernant
Profibus et FF. Cela va dans le sens de l’ouverture et d’un choix plus vaste pour nos
clients.
Au niveau de l’instrumentation de process,
en l’absence de norme, nous considérons
qu’à l’heure actuelle, la seule solution pérenne en terme de conservation de données
est le fichier texte. Ce sont en effet les seuls
fichiers qui soient lisibles depuis l’avènement
de l’informatique. Ce n’est pas un hasard non
plus si le XML (qui est ni plus ni moins
qu’un fichier ASCII contenant des mots clés
auquel on attribue une signification particulière, a été retenu par la plupart des éditeurs
de logiciels comme moyen d’échange et de
conservation de l’information).
■
Emerson : « FDT/DTM est un non-sens »

Les fournisseurs qui soutiennent FDT/
DTM accusent Emerson Process
Management de “verrouiller” ses solutions. Comment réagissez-vous ?
C’est faux. EDDL est conforme aux normes
IEC et CENELEC. Cette norme a été validée
par les représentations de Fieldbus
Foundation, HART Foundation, et Profibus
Nutzerorganisation. Les normes internationales sont IEC 61804-1 et IEC 61804-2.
EDDL est compatible avec 300 fournisseurs
HART et Fieldbus, ce qui représente plus
1 000 instruments compatibles. EDDL est
supportée par 4 fondations majeures : Fieldbus
Foundation, HART Foundation, Profibus
Nutzerorganisation et OPC Foundation. Solution
fermée, dîtes-vous?
D’un point de vue technique, la technologie FDT/DTM doit pallier l’insuffi-
42
Emerson Process Management
Thierry Gervais, responsable des ventes
et Didier Descormes, responsable commercial pour Asset Optimization chez
Emerson Process Management France
répondent à nos questions.
A gauche,Thierry Gervais, responsable des ventes et à droite, Didier Descormes, responsable commercial chez Emerson Process
Management France.
sance de la visualisation graphique des
EDDL. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est plus d’actualité avec Enhanced EDDL.
L’interface utilisateur a été améliorée, ainsi
que l’organisation des paramètres, l’exploitation des images. Au niveau du système graphique, un support “courbes et graphiques”
permet de visualiser les données complexes.
Par ailleurs, cette nouvelle version apporte
d’autres avantages en termes de stockage des
données (archivage et restitution de données,
support des diagnostics faits par les équipements), de compatibilité descendante (depuis
le premier DDL jusqu’à Enhanced EDDL
d’aujourd’hui)… Cette version est indépendante des systèmes d’exploitation et des protocoles de communication. Un DD unique
convient pour toutes les applications DD (PC,
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
Dossier Instrumentation de process
Emerson Process Management
forcée) s’interface avec l’ensemble des équipements de terrain, simples et complexes. Elle
permet la configuration et le diagnostic des instruments, la traçabilité des opérations. Cette solution peut s’interfacer facilement avec des SNCC
ou des applications plus complexes de gestion
d’activité ou d’entreprise, comme les GMAO et
ERP.Aucun complément à Enhanced EDDL n’est
nécessaire pour assurer ces fonctionnalités.
« Aucun complément à Enhanced EDDL n’est nécessaire pour
assurer toutes les fonctionnalités des équipements de terrain ».
pockets, station de maintenance, systèmes…).
Enfin, contrairement aux DTM, tous les équipements, quel que soit le système hôte, ont la
même présentation.
Ceux qui soutiennent FDT/DTM parlent
de complémentarité avec EDDL.
L’association FDTGroup dit clairement :
« Les DD sont encore nécessaires pour décrire les équipements dans le système pendant la configuration du système. Si l’application est simple, elle peut assurer avec
EDDL. Si des caractéristiques plus complexes sont nécessaires, un langage supportant
ces caractéristiques doit être alors choisi ».
Là encore, comment réagissez-vous ?
Faux. Une solution Enhanced EDDL (EDDL ren-
Abondant dans ce sens, certains fournisseurs de système comme Yokogawa,
Honeywell, Invensys, proposent les deux.
L’envisageriez-vous aussi ?
1 000 instruments compatibles EDDL pour
moins de 100 FDT/DTM. Les chiffres parlent
d’eux-mêmes.
Aux Etats-Unis, John Berra, le président
d’Emerson Process Management aurait
déclaré lors d’un meeting utilisateurs
qu’avec la version renforcWée d’EDDL,
la technologie FDT/DTM devenait superflue : “elle met un terme au non-sens
FDT/DTM”.
Aujourd’hui, Enhanced EDDL répond parfaitement aux besoins des utilisateurs en termes
d’interface opérateur (graphiques, ergonomie
commune entre fournisseurs, organisation de
données en tables définies…). PluWs de
1 000 instruments sont compatibles et nous
constatons aujourd’hui que certains industriels
qui ont testé la technologie FDT se tournent
vers EDDL. ■
Le comparatif d’Emerson (partisan d’EDDL)
Fonctionnalités
Visuel identique à tous les instruments
Comparaison entre instrument par simple cliquer/glisser
Installation identique quel que soit l’hôte
Applications spécifiques à installer
Prestation payante complémentaire pour installation
Reboot indispensable
Compatible avec toute version de Windows
Besoin HotLine Windows
Compatible communicateur de terrain (Pocket)
Perturbation des systèmes existants lors de l’ajout de EDDL ou FDT/DTM
Interaction avec autre logiciel de maintenance
Mise à jour sans désinstallation et réinstallation de la base
Support Service informatique client indispensable
Compatible tous produits HART/ FF /Profibus PA
Envoi Mise à jour
Obsolescence des Devices
Compatibilité Descendante (installation ancienne et nouvelle)
Mises à jour anciennes versions
Compatibilité Standards IEC
Compatibilité NAMUR
MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com
EDDL
FDT/DTM
Oui
Oui
Oui
Non
Non
Non
Oui
Non
Oui
Non
Non
Oui
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
Non
Non
Oui
Oui
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
43

Documents pareils