fdt/dtm ou eddl ? pourquoi pas les deux
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fdt/dtm ou eddl ? pourquoi pas les deux
INSTRUMENTATION DE PROCESS FDT/DTM OU EDDL ? POURQUOI PAS LES DEUX ? Réel débat technique ou petite guerre commerciale ? EDDL et FDT/ DTM sont deux technologies permettant la description des paramètres des équipements numériques de terrain. Les plus grands acteurs du contrôle des procédés et de l’instrumentation de process prennent position. Les enjeux sont donc certainement importants... SOMMAIRE Page 36 FDT/DTM ou EDDL, des arguments techniques pour des enjeux stratégiques Page 38 De 1990 à 2007 : deux technologies qui s’affrontent pour la standardisation Page 40 FDT/DTM : ses réponses aux questions Page 42 Emerson : « FDT/DTM west un non sens» Endres+Hauser Page 41 Siemens A&D : «FDT/DTM ne s’impose pas mais reste une alternative» Dossier Le débat ne porte plus depuis longtemps sur les principes de mesure des capteurs, ni même sur l’électronique ou le traitement du signal. On ne parle plus non plus de différences entre les bus de communication. Le grand sujet de discussion aujourd’hui se cache dans les fichiers numériques qui servent à décrire les données, les paramètres, les caractéristiques des instruments de process (vannes, capteurs mais aussi cartes entrées/ sorties, coupleurs de segments…) qui sont connectés sur des liaisons 4-20 mA avec protocole Hart, aux bus de terrain Profibus ou Fieldbus Foundation. Jusqu’à la fin des années 90, les fichiers descriptifs DD en format texte ASCII suffisaient très bien pour rendre compte au logiciel hôte des systèmes de contrôle des caractéristiques des équipements. Mais depuis quelques années, avec le développement des solutions de gestion et de maintenance prédictive des équipements (gestion des assets), ces fichiers DD peinent à intégrer les nouvelles fonctionnalités des équipements instruments multiparamètre, fonctions d’autodiagnostics, traçabilité des données… Ils font preuve aussi d’une assez grande pauvreté en matière d’interface graphique. Face à ce constat, depuis le début des années 2000, chacun cherche à apporter des réponses. Aujourd’hui deux grands courants s’imposent. La technologie Field Device Tool/Device Type Manager (FDT/DTM) et la technologie renforcée Electronic Device Description Language (Enhanced EDDL) permettant un enrichissement des traditionnels fichiers DD. Les deux technologies sont-elles équivalentes? Sont-elles complémentaires? Parmi les deux, y en a-t-il une en trop ? Il est sans doute encore trop tôt pour répondre à ces questions. Tout dépendra de la politique de chacun des acteurs dans ce domaine et, ou plutôt surtout, de la volonté des grands groupes industriels qui imposeront leur choix à leurs fournisseurs. Certains de ces derniers commencent d’ailleurs par prôner la mixité... Dossier réalisé par Marie-Pierre Vivarat Perrin MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com 35 Dossier Instrumentation de process FDT/DTM ou EDDL , des arguments techniques pour des enjeux stratégiques Les instruments de process (capteurs, vannes) sont aujourd’hui numériques et ils possèdent une mémoire interne dans laquelle sont stockées les informations de configuration, de paramétrage et de diagnostic. Le problème, c’est qu’il existe pour ces données deux standards de fichiers : DD et DTM. L’absence de standard unique est une complication pour ceux dont les installations de contrôle de process comportent plusieurs marques. D’autant qu’au niveau des logiciels de la lecture des fichiers, on trouve aussi deux approches : les logiciels qui ne savent lire que des fichiers DD et FDT (même chose, mais pour les fichiers DTM). Pendant longtemps rivaux irréconciliables, DTM et DD pourraient bien cohabiter si tout le monde joue la carte de l’ouverture. Ainsi, certains fournisseurs de systèmes développent des logiciels mixtes capables de lire aussi bien des fichiers DD que des fichiers DTM. D’autres s’y opposent. Dans les arguments des uns et des autres, il n’y a pas que la technique. Il faut composer aussi avec les enjeux stratégiques... A 36 disposant de peu de fonctions (température, pression), la technologie DD est suffisante. DTM, pour les fonctions complexes ? Clariant BB, Honeywell, Invensys, Yokogawa s’y sont mis. Chacun à leur tour, les quatre fournisseurs de systèmes de contrôle de process ont annoncé une version “renforcée” de leur logiciel hôte de configuration, paramétrage et diagnostic des instruments de process (capteurs, analyseurs, vannes, etc.). Dans le même logiciel hôte, cohabitent les fichiers DD (ou Device Descriptive) et les fichiers DTM (Device Tool Manager). En somme, une solution ouverte, interopérable, universelle. Sommes-nous arrivés au bout du tunnel ? Certainement pas. Emerson Process Management, qui fut à l’origine le premier développeur L’essentiel de DD, reste opposé à DTM et son pendant, Un besoin : accéder sur un même poste de contrôle à de le logiciel FDT (qui nombreux paramètres des permet d’exploiter les instruments de process, les données au standard plus standards (paramétrage, DTM). Siemens aussi, diagnostic) et les plus mais l’allemand anspécifiques. Et ceci quel que nonce une passerelle soit le standard de communipermettant un lien cation utilisé (protocole Hart entre son logiciel pour les capteurs 4-20 mA, Simatic Manager et bus de terrain Fieldbus une application FDT. Foundation ou Profibus). Mais sans grande con Deux technologies : viction. Michel Muller, FDT/DTM et EDDL chef produit PCS7 Deux stratégies de la part chez Siemens A&D, exdes fournisseurs : ceux qui plique en effet : « Nous soutiennent un seul des ne soutenons pas FDT/ deux standards et ceux qui DTM, parce que sur le terprônent une cohabitation des deux technologies rain, dès lors que nous sommes dans un système Au final, beaucoup d’indusde contrôle commande, on triels dubitatifs se rend compte que cette Au cœur du débat : une instrumentation de process numérique avec des fonctionnalités de plus en plus riches. Clariant solution peut générer plus d’inconvénients qu’elle n’apporte d’avantages ». Abondant dans ce sens, l’américain Emerson explique que la version renforcée d’EDDL pallie les insuffisances de DDL, notamment en terme d’interface graphique ou la prise en compte de fonctionnalités complexes (un domaine dans lequel FDT/DTM, s’appuyant sur les standards de Microsoft, semblait mieux armé). « L’arrivée de la version renforcée d’EDDL rend FDT/DTM superflu », a déclaré John Berra, le président d’Emerson Process Management, qualifiant FDT/ DTM de “non-sens technologique”. Le groupe FDT qui rassemble aujourd’hui 57 membres adhérents se veut plus pacifiste : « Nous ne comprenons pas le jusqu’au-boutisme des partisans d’EDDL, commente Alain Guinguené, responsable produits chez Foxboro Systèmes (Invensys). Car si nous avons décidé de développer l’ouverture aux deux technologies, c’est parce que les utilisateurs le demandaient ». Pour l’association FDT, il n’y a pas de concurrence frontale entre les deux technologies. Les DTM, sont en effet développés en se servant des DD existants. DTM exploite et étend l’utilisation des fichiers DD, sans les remplacer. Toujours selon l’association, pour les appareils simples Par contre, pour les appareils possédant un grand nombre de fonctions complexes (variateurs, actionneurs, vannes de régulation, capteurs radar, débitmètres Coriolis, analyseur, passerelles, régulateurs, motion control…), la technologie DD atteint ses limites et DTM s’impose. « Même avec la version renforcée d’EDDL, on n’a pas la qualité des représentations graphiques des DTM », estime M. Ginguené (Foxboro). En plus, dans un DTM, il n’y a pas de limites pour intégrer de nouvelles fonctionnalités comme des calculs de linéarisation, le stockage de documentation, d’utilitaires de calculs... ». Jean-Luc Drezet, directeur commercial chez Metso Automation, partage le même avis : « C’est évidement très difficile à expliquer comme ça mais un DTM permet beaucoup plus de choses en termes de complexité des fonctions, ce qui évidemment est très important pour les vannes ». Où est la vérité ? Pour répondre à un seul besoin, il existe désormais deux technologies plus ou moins équivalentes. Le jeu des différences relève parfois du poker menteur. Quand les uns annoncent l’existence de 800 équipements DTM sur le marché, les autres en comptent juste une centaine. On mesure ainsi l’écart des propos. Alors, lorsqu’il s’agit de détails techniques enfouis sous des couches de logiciels, à qui se fier ? Face à cet imbroglio, les quatre fournisseurs de systèmes qui ont intégré les deux standards ont opté pour la flexibilité. Pour les fournisseurs d’instrumentation, la démarche est plus lourde. Mais ils n’ont pas trop le choix. Avec EDDL et FDT/DTM, ils se retrou- MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com page xx pub Krohne MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com 37 Dossier Instrumentation de process Clariant Une idée : pouvoir configurer, paramétrer, gérer… tous les équipements de process à partir d’un même logiciel. clariant vent un peu dans la même situation qu’ils ont connue lorsqu’il est devenu clair que deux bus de terrain de process (Fieldbus Foundation et Profibus PA) étaient en passe de s’imposer (la plupart d’entre eux proposent désormais des capteurs pour les deux standards). « Nous prévoyons de développer les deux standards pour nos équipements, précise Guy Deiber, responsable marketing chez Vega, société allemande qui a toujours soutenu FDT/DTM. Si les deux technologies doivent cohabiter, il faut alors jouer l’ouverture ». Endress + Hauser, lui aussi farouche défenseur de FDT/DTM, reste en “veille technologique” : « D’autant plus que nous utilisons toujours les DD pour développer les DTM, indique Fabien Hantzer, responsable communication numérique à la société. Quant à notre logiciel FieldCare, il n’est pas prévu pour nous d’y intégrer la technologie EDD ». Il reste toujours possible d’inté- grer sur un logiciel FDT des équipements fournis sans DTM. « Dans ce cas-là, nous développons, à partir de leur DD d’origine, des DTM génériques reprenant les principales caractéristiques des équipements », souligne Karine Jadot, responsable marketing chez Metso Automation. Même si on perd à nouveau sur la visualisation graphique. En attendant le manufacturier L’ouverture et la complémentarité sont donc désormais les arguments des “pro FDT”. Mais pas seulement. Ces derniers entendent bien aussi défendre leur position. Pour prouver sa supériorité, la technologie FDT/DTM compte désormais sur l’appui d’un autre marché : celui du manufacturier, là où justement on peut trouver des équipements complexes : cartes entrées/sorties, variateurs de vitesse, servomoteurs…« Nous offrons au ma- nufacturier la puissance des DTM », souligne M. Hantzer (Endress + Hauser). Jusqu’à présent, dans ce domaine, la plupart des équipements hors instrumentation ont été décrits avec des outils propriétaires. « Pour en faire des DD, il faudrait reprendre toutes les données et les recodifier selon le langage EDDL. Plus l’équipement est complexe, plus le nombre de caractéristiques est grand, plus le travail est important, poursuit M. Hantzer. Il est bien plus facile dans ce cas-là de créer un DTM en encapsulant les données, quel que soit leur format initial ». Bon nombre de spécialistes du manufacturier se sont inscrits au FDTGroup :Ifm Electronic, Omron, Rockwell Automation, Turck, Sick… Et enfin, et pas le moindre, Schneider Electric. Un manufacturier au sens large incluant la distribution électrique, des variateurs de vitesse, du motion control,… Omron s’est déclaré prêt à traduire ses fichiers propriétaires en fichiers DTM et doit sortir une nouvelle version de son logiciel compatible FDT. D’autres observent le marché et reste dans une position d’attente. C’est aussi pour le manufacturier que Siemens ne ferme pas la porte à FDT/DTM. « Notre logiciel Simatic Manager offrira sous peu une interface ouverte permettant d’intégrer, et donc de configurer en toute transparence des appareils de terrain fonctionnant sous d’autres technologies, explique M. Muller. Cette interface est ouverte aux autres réseaux de terrain, tant manufacturier que de process mais aussi aux autres outils de configuration tels que FDT ». Ainsi, si toute cette histoire doit avoir une fin, il faudra attendre encore un peu. Marie-Pierre Vivarat-Perrin Depuis 1990, deux technologies qui s’affrontent pour la standardisation Pour ceux qui ne lisent pas régulièrement Mesures et qui n’auraient pas bien suivi les développements parallèles des deux technologies, tentons de faire le point. L es premiers Device Description (DD) sont apparus en 1990 quand le protocole Hart a été introduit sur le marché. Le langage de programmation EDDL (Electronic Device Description Language) décrit sous forme de lignes de texte (format ASCII) les variables 38 d’un équipement : limite en température, données d’étalonnage, gamme de mesure… Certains instruments peuvent ainsi contenir plusieurs dizaines de variables. Cette technologie a été initialement développée par Emerson (à l’époque Fisher Rosemount) qui l’a cédée à la fondation Hart quand ce protocole est devenu un standard repris par le plus grand nombre de fournisseurs d’instrumentation ou de systèmes. Dans un premier temps, du temps où les capteurs étaient connectés en 4-20 mA, les techniciens branchaient un équipement portable, la pocket Hart, sur la liaison 4-20 mA et, s’ils avaient le bon fichier DD, ils pouvaient alors communiquer avec lui : le configurer, le calibrer, l’ajuster… Par la suite, il a été possible d’établir des liaisons directes avec un poste informatique ou de maintenance. Les bus de terrain ont quelque peu modifié la donne. En 1994, la Fieldbus Foundation adopta l’EDDL puis ce fut au tour de Profibus. En 2003, les trois groupements HCF (pour Hart), FF (pour Fieldbus Foundation) et PNO (pour Profibus) soumirent au comité international de normalisation l’IEC une version unifiée d’EDDL. Celle-ci devient en MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com Metso Automation. Dossier Instrumentation de process De l’instrument de process jusqu’au logiciel, les données traversent les différentes couches d’une architecture réseau, en passant par les automates, les cartes d’entrées/sorties… 2004 un standard international : l’IEC 61804-2. En 2005, la fondation OPC a adopté la technologie descriptive permettant ainsi un accès aux données des instruments à partir de tous les réseaux ou systèmes compatible OPC. Tout cela fait, qu’au fil du temps, entre quinze à vingt millions d’équipements sont installés aujourd’hui dans le monde et utilisent cette technologie. Aujourd’hui, le technicien a le choix. Via ses fichiers DD, il peut avoir accès à tous les paramètres de son équipement à partir du logiciel hôte de son système, à partir d’un poste de configuration ou de gestion des équipements, ou sur le terrain à partir d’un PC portable ou d’une pocket Hart. simplifierait la vie. C’est dans ce contexte que les spécifications de la technologie FDT (Field Device Tool) sont définies par un groupe de sociétés européennes conduites entre autre par ABB, suivi par Foxboro, Endress + Hauser et plusieurs autres fournisseurs d’instrumentation (parmi eux, Siemens). Il s’agit de répondre à la demande d’industriels allemands qui veulent, sur des systèmes de contrôle comportant plusieurs milliers d’entrées/sorties, intégrer facilement des équipements en provenance de différents fournisseurs et communiquant sur différents bus de terrain. Le principe est de développer pour chaque équipement un DTM (Device type Manager) Pourquoi alors une autre technologie ? Pour des raisons techniques et des raisons stratégiques. A la fin des années 90, les fichiers DD peinent à prendre en compte les nouvelles fonctionnalités des instruments : données d’étalonnage, de maintenance, de diagnostic… Leur programmation en format texte semble antédiluvienne face à la convivialité des standards développés par Microsoft (les contrôles ActiveX, notamment), qui s’imposent partout. A cette époque, c’est aussi le démarrage des logiciels de gestion des actifs (Asset Management) à l’intention des services de maintenance. Beaucoup estiment que l’utilisation des technologies de Microsoft, accessibles à tous, Emerson Process Management L’arrivée de l’Asset Management La nouvelle pocket Hart d’Emerson intègre la version Enhanced EDDL. MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com qui peut être reconnu par n’importe quel logiciel container FDT (Field Device Tool). FDT/DTM est construit à l’aide de trois technologies de base. La technologie COM (Component Object Model) de Microsoft, ActiveX qui est une extension de la technologie Com et le langage XML. Quelle que soit la manière dont sont écrits les paramètres des équipements (cela peut être un fichier DD), ceux-ci sont encapsulés dans un composant ActiveX. On distingue aujourd’hui trois types de DTM. - Le Device DTM contient tous les paramètres et fonctionnalités de l’équipement. Il permet l’affichage de photos, de courbes, de descriptifs des modes opératoires et de maintenance. Il autorise des fonctionnalités complexes de calcul. Maintes fois cité en exemple, le DTM du transmetteur de niveau radar permet, par exemple, la représentation des échos parasites dans les cuves. - Les ComDTM encapsulent les aspects spécifiques à la communication des données. Il y a un comDTM pour le protocole Hart, un comDTM pour Profibus, un comDTM pour FF. Pour ce dernier, les choses, par le manque de soutien de Fieldbus Foundation, sont moins évidentes. Il est possible de communiquer pour la partie “métrologie” d’un instrument FF, mais pas pour sa partie contrôle distribué (blocs de fonction). Une bonne dizaine de protocoles de communication supportent aujourd’hui la technologie : AsInterface, ControlNet, DeviceNet, Ethernet/IP, FieldBus Foundation, Hart, Interbus, Modbus, Profibus (DP et PA), Profinet IO. - Enfin, il existe des Gateway DTM ; qui permettent d’accéder aux données d’un équipement au travers d’une passerelle. Ainsi, les données peuvent transiter d’un réseau à un autre en traversant des équipements passerelles dotés d’un gatewayDTM spécifique. On peut ainsi traverser les différentes couches d’une architecture réseau, en passant par les automates, les cartes entrées/sorties, les coupleurs de segment… bref, du capteur jusqu’au logiciel FDT. Il existe aujourd’hui une bonne vingtaine de logiciels FDT sur le marché. Le logiciel Pactware est proposé par un consortium de sociétés, il est téléchargeable gratuitement sur Internet. Certains logiciels sont développés par un constructeur ou deux constructeurs associés. Les plus simples sont des logiciels container qui reçoivent les DTM permettant la gestion et la configuration des équipements. Les plus élaborés peuvent être intégrés aux postes de gestion des assets et de maintenance prédictive ou aux outils de 39 Dossier Instrumentation de process contrôle commande. Aujourd’hui, quatre fournisseurs de systèmes (ABB, Honeywell, Invensys ou Yokogawa) acceptent dans leur dernière version de logiciel Field Device Management les deux technologies (DTM et EDDL). Enhanced EDDL Entre-temps, la technologie EDDL a elle aussi évolué. Les trois organisations Hart, Profibus et FF ont continué à travailler ensemble pour pallier notamment les limites de la description en texte des EDDL. Une version renforcée (enhanced EDDL) transcrit les fonction- nalités nouvelles des équipements d’aujourd’hui. Les avantages de cette nouvelle version sont : - les représentations graphiques des données non liées au temps (échos parasites pour des mesures de niveau Radar, courbe de réponse d’une vanne,…), les données historiques mémorisées dans l’appareil (courbe de démarrage d’un moteur,…) - la mise à disposition des diagnostics et l’assistance au dépannage fournis par le fabricant de l’appareil de terrain (positionneur de vanne, transmetteur de mesure, centrale d’analyse de gaz,…) - la définition de liens des fichiers d’aide (texte ou multimédia) utilisés en maintenance. Après plusieurs années de travail, cette version renforcée a été approuvée par les trois organisations (Hart, Profibus, FF) et doit être prochainement incluse dans une révision de la norme 61804. Elle est aujourd’hui opérationnelle, notamment chez Siemens sur son logiciel Simatic et chez Emerson sur son logiciel AMS Device Manager et au niveau de sa pocket Hart 375. Voilà à peu près où on en est aujourd’hui. ■ FDT/DTM : ses réponses aux questions Que se passe-t-il lorsque l’on change le système d’exploitation ? Un DTM est un programme applicatif qui appartient au développeur. Il est comparable à n’importe quel autre logiciel fonctionnant sous Windows. Un DTM utilise les interfaces (COM) du système d’exploitation. Un logiciel est en général lié à une licence. Lorsqu’on distribue un logiciel, on parle “de licence d’utilisation” du programme. Ces licences font partie d’un contrat, peu importe qu’elles soient ou non payantes. Les logiciels FDT et DTM sont des programmes qui ont seulement besoin d’être réinstallés dans un nouvel environnement, tout comme d’autres programmes applicatifs. Les deviceDTM et CommDTM ne sont pas comparables aux pilotes utilisés pour les périphériques, il n’y donc aucune dépendance par rapport au matériel de l’ordinateur. Seul le matériel intervenant dans la communication avec des appareils (par exemple, la carte Profibus) exige (et encore dans certains cas) de nouveaux drivers. De nouveaux DTM ne sont pas requis. Les DTM sont ils gratuits ? Certaines entreprises proposent une partie de leurs DTM gratuitement à leurs clients. D’autres ont cependant gardé ouverte l’option d’un DTM payant, pour des fonctionnalités spéciales porteuses de valeur ajoutée. Ainsi, une variante peut être gratuite, l’autre payante. 40 Vega Face à quelques critiques récurrentes, l’association FDT/DTM apporte ses réponses. FDT/DTM est reconnue pour les qualités de ses interfaces graphiques. Exemple : un DTM sans possibilité de sauvegarde ou d’impression des paramètres est gratuit ; avec ces fonctions, il devient payant. Que se passe-t-il si un nouveau DTM utilise des fonctions optionnelles qui ne sont pas supportées par l’application FDT en place ? Si le container FDT ne les supporte pas, ces fonctions optionnelles ne peuvent pas être utilisées. L’utilisateur doit, soit mettre à jour son logiciel FDT, soit installer un programme FDT qui supporte ces fonctions. En aucun cas, des fonctions optionnelles du DTM ne causeront de dysfonctionnement du container FDT. Les fonctions qui ne sont pas supportées par le standard FDT doivent être éliminées par le fabricant. Les extensions et compléments au standard FDT sont évalués et intégrés, le cas échéant, sous l’autorité de l’association FDT-JIG. Il lui incombe de définir les nouvelles versions et de faire évoluer la certification en conséquence. La compatibilité ascendante est obligatoire. Chaque fournisseur développe sa propre interface graphique. Comment assurer une interface utilisateur homogène et un mode opératoire uniforme pour la mise en œuvre d’instruments de MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com Dossier Instrumentation de process fournisseurs différents ? Le groupe de travail “Style Guide” du FDTJIG travaille à l’élaboration d’une règle commune pour uniformiser les interfaces utilisateur. Les exigences ont été formulées par des utilisateurs finaux (exemple NAMUR 2.6 Fieldbus). Elles forment la base du document de référence “FDT style guide”. Comment positionner FDT/DTM face à EDDL ? EDDL est optimisé pour l’intégration des appareils dans un système de contrôle. La description des paramètres des appa- reils de terrain est liée aux exigences du système de contrôle (échange de données cycliques). Dans des cas exceptionnels, la configuration est faite depuis le système de contrôle (échange de données acycliques). DTM est optimisé pour l’intégration dans un système de maintenance et de gestion des actifs (Maintenance andAsset Management Systems). Un DTM est un programme indépendant qui permet de dialoguer avec les appareils de terrain (échange de données acycliques). Une application FDT Frame constitue le support d’informations pour les instruments de terrain et sert d’interface utilisateur. Et au niveau de la normalisation ? Un groupe de travail au sein de l’organisation de normalisation internationale IEC a été créé et un premier projet soumis. Le FDT Group espère ainsi une reconnaissance normative avant la fin 2008. Par ailleurs, une procédure de certification a été mise en place par l’organisation FDT Group pour garantir les fonctionnalités et la qualité des DTM. Nous conseillons vivement à tous ceux qui utilisent des DTM de vérifier que ceux ont bien été testés et validés selon notre procédure. ■ Siemens A&D : « FDT/DTM ne s’impose pas mais reste une alternative » Siemens Pourquoi ne soutenez-vous pas la technologie DTM/FDT ? Malheureusement, les DTM s’appuient sur du code exécutable. Ils sont liés d’une manière ou d’une autre au système d’exploitation sur lequel ils s’exécutent, c’est un facteur d’instabilité à terme. Un second aspect est bien moins technique et relève de l’ergonomie. Un utilisateur a bien souvent deux fournisseurs pour certains appareils plus ou moins banalisés (température, pression,…). Les DTM sont fournis par le constructeur de l’appareil, ce qui est sur le fond une très bonne chose d’un point de vue expertise et responsabilité. Mais ceci génère (malgré des recommandations “HMI guidelines”) des interfaces graphiques non homogènes pour des transmetteurs quasi équivalents mais de fournisseurs différents. Ces deux points ne participent pas à l’efficacité des équipes de maintenance : temps perdu et risque de mauvaise interprétation des informations “pointues”. Cette technologie ne s’impose pas pour des appareils intelligents simples, mais FDT/DTM reste une alternative intéressante pour les appareils complexes (gros entraînements,…). Siemens Michel Muller, chef produit du système de contrôle-commande, PCS 7 nous explique la position de Siemens, qui n’adhère pas à la technologie FDT/DTM mais reste ouverte à toutes les technologies. « Notre volonté est la fourniture de systèmes intégrés, stables et pérennes prenant en charge les fonctions traditionnelles des systèmes, mais aussi d’y intégrer en toute transparence et homogénéité, les fonctions d’Asset Management ». En tant que fournisseurs de systèmes d’automatismes (API et SNCC), nos contraintes sont toutes autres et notre volonté est de fournir des systèmes intégrés, stables et pérennes prenant en charge les fonctions traditionnelles des systèmes, mais aussi d’y intégrer en toute transparence et homogénéité, les fonctions d’Asset Management. Vous avez donc opté pour la version renforcée de DDL ? MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com Oui, depuis environ un an, notre logiciel de gestion des équipements Simatic PDM dans sa version 6.0 intègre la version “Enhanced DDL”. Et au niveau des interfaces d’application ? L’environnement de développement de la gamme Simatic, le Simatic Manager, offrira sous peu une interface ouverte permettant d’intégrer, et donc de configurer en toute transparence des appareils de terrain fonctionnant sous d’autres technologies. La pre- 41 Dossier Instrumentation de process Siemens aux diverses technologies. Notre volonté est de servir le marché avec des composants et systèmes qui apportent un réel avantage à l’utilisateur, que ce soit en terme d’ergonomie mais aussi de retour sur investissement et de coût total de possession. Il ne semble pas, pour l’instant, que la technologie FDT/ DTM réponde à ces critères dès lors qu’il y a intégration complète de la chaîne de mesure et d’actionneurs au sein d’un système fortement automatisé. Pour autant, nous savons dans le cadre de projets développer les DTM pour certains de nos composants, par exemple dans l’instrumentation de process. mière intégration sera très certainement démontrée sur la base de Profinet et la fédération des réseaux Profibus DP et Interbus S. Cette interface est ouverte aux autres réseaux de terrain, tant manufacturier que de process, mais aussi aux autres outils de configuration tels que FDT. Vous ne fermez donc pas la porte à la technologie FDT/DTM ? Par principe, Siemens ne ferme pas la porte Avec Emerson Process Management, vous êtes critiqué par ceux qui défendent FDT/DTM pour ne plus ouvrir vos solutions aux DTM. Votre réaction ? La volonté de Siemens n’est pas de verrouiller les solutions. J’en veux pour preuve l’introduction du réseau Ethernet en 1985 dans la communication inter-automates puis la très forte implication dans le développement de Profibus. On pouvait pourtant raisonnablement admettre que c’étaient les fournisseurs de systèmes (API et SNCC) qui avaient le moins intérêt à prôner les réseaux ouverts, puisqu’ils étaient jusqu’alors les fournisseurs exclusifs des interfaces (entrées/sorties) de leurs contrôleurs avec les unités de production. Encore une fois, nous ne fermons pas la porte, Siemens et Emerson ont signé, il y a maintenant plus d’un an, un protocole visant à l’échange de technologies concernant Profibus et FF. Cela va dans le sens de l’ouverture et d’un choix plus vaste pour nos clients. Au niveau de l’instrumentation de process, en l’absence de norme, nous considérons qu’à l’heure actuelle, la seule solution pérenne en terme de conservation de données est le fichier texte. Ce sont en effet les seuls fichiers qui soient lisibles depuis l’avènement de l’informatique. Ce n’est pas un hasard non plus si le XML (qui est ni plus ni moins qu’un fichier ASCII contenant des mots clés auquel on attribue une signification particulière, a été retenu par la plupart des éditeurs de logiciels comme moyen d’échange et de conservation de l’information). ■ Emerson : « FDT/DTM est un non-sens » Les fournisseurs qui soutiennent FDT/ DTM accusent Emerson Process Management de “verrouiller” ses solutions. Comment réagissez-vous ? C’est faux. EDDL est conforme aux normes IEC et CENELEC. Cette norme a été validée par les représentations de Fieldbus Foundation, HART Foundation, et Profibus Nutzerorganisation. Les normes internationales sont IEC 61804-1 et IEC 61804-2. EDDL est compatible avec 300 fournisseurs HART et Fieldbus, ce qui représente plus 1 000 instruments compatibles. EDDL est supportée par 4 fondations majeures : Fieldbus Foundation, HART Foundation, Profibus Nutzerorganisation et OPC Foundation. Solution fermée, dîtes-vous? D’un point de vue technique, la technologie FDT/DTM doit pallier l’insuffi- 42 Emerson Process Management Thierry Gervais, responsable des ventes et Didier Descormes, responsable commercial pour Asset Optimization chez Emerson Process Management France répondent à nos questions. A gauche,Thierry Gervais, responsable des ventes et à droite, Didier Descormes, responsable commercial chez Emerson Process Management France. sance de la visualisation graphique des EDDL. Qu’en pensez-vous ? Ce n’est plus d’actualité avec Enhanced EDDL. L’interface utilisateur a été améliorée, ainsi que l’organisation des paramètres, l’exploitation des images. Au niveau du système graphique, un support “courbes et graphiques” permet de visualiser les données complexes. Par ailleurs, cette nouvelle version apporte d’autres avantages en termes de stockage des données (archivage et restitution de données, support des diagnostics faits par les équipements), de compatibilité descendante (depuis le premier DDL jusqu’à Enhanced EDDL d’aujourd’hui)… Cette version est indépendante des systèmes d’exploitation et des protocoles de communication. Un DD unique convient pour toutes les applications DD (PC, MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com Dossier Instrumentation de process Emerson Process Management forcée) s’interface avec l’ensemble des équipements de terrain, simples et complexes. Elle permet la configuration et le diagnostic des instruments, la traçabilité des opérations. Cette solution peut s’interfacer facilement avec des SNCC ou des applications plus complexes de gestion d’activité ou d’entreprise, comme les GMAO et ERP.Aucun complément à Enhanced EDDL n’est nécessaire pour assurer ces fonctionnalités. « Aucun complément à Enhanced EDDL n’est nécessaire pour assurer toutes les fonctionnalités des équipements de terrain ». pockets, station de maintenance, systèmes…). Enfin, contrairement aux DTM, tous les équipements, quel que soit le système hôte, ont la même présentation. Ceux qui soutiennent FDT/DTM parlent de complémentarité avec EDDL. L’association FDTGroup dit clairement : « Les DD sont encore nécessaires pour décrire les équipements dans le système pendant la configuration du système. Si l’application est simple, elle peut assurer avec EDDL. Si des caractéristiques plus complexes sont nécessaires, un langage supportant ces caractéristiques doit être alors choisi ». Là encore, comment réagissez-vous ? Faux. Une solution Enhanced EDDL (EDDL ren- Abondant dans ce sens, certains fournisseurs de système comme Yokogawa, Honeywell, Invensys, proposent les deux. L’envisageriez-vous aussi ? 1 000 instruments compatibles EDDL pour moins de 100 FDT/DTM. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Aux Etats-Unis, John Berra, le président d’Emerson Process Management aurait déclaré lors d’un meeting utilisateurs qu’avec la version renforcWée d’EDDL, la technologie FDT/DTM devenait superflue : “elle met un terme au non-sens FDT/DTM”. Aujourd’hui, Enhanced EDDL répond parfaitement aux besoins des utilisateurs en termes d’interface opérateur (graphiques, ergonomie commune entre fournisseurs, organisation de données en tables définies…). PluWs de 1 000 instruments sont compatibles et nous constatons aujourd’hui que certains industriels qui ont testé la technologie FDT se tournent vers EDDL. ■ Le comparatif d’Emerson (partisan d’EDDL) Fonctionnalités Visuel identique à tous les instruments Comparaison entre instrument par simple cliquer/glisser Installation identique quel que soit l’hôte Applications spécifiques à installer Prestation payante complémentaire pour installation Reboot indispensable Compatible avec toute version de Windows Besoin HotLine Windows Compatible communicateur de terrain (Pocket) Perturbation des systèmes existants lors de l’ajout de EDDL ou FDT/DTM Interaction avec autre logiciel de maintenance Mise à jour sans désinstallation et réinstallation de la base Support Service informatique client indispensable Compatible tous produits HART/ FF /Profibus PA Envoi Mise à jour Obsolescence des Devices Compatibilité Descendante (installation ancienne et nouvelle) Mises à jour anciennes versions Compatibilité Standards IEC Compatibilité NAMUR MESURES 794 - AVRIL 2007 - www.mesures.com EDDL FDT/DTM Oui Oui Oui Non Non Non Oui Non Oui Non Non Oui Non Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Non Non Non Oui Oui Oui Non Oui Non Oui Oui Non Oui Non Non Oui Non Non Non Non 43