Réaction au discours d`investiture de monsieur

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Réaction au discours d`investiture de monsieur
FRONT DES PARTIS DE L’OPPOSITION
CONGOLAISE (F.P.O.C)
9 rue Mayama
Moungali
REPUBLIQUE DU CONGO
Unité*Travail*Progrès
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Brazzaville- Congo
Réaction au discours d’investiture de monsieur
Denis SASSOU NGUESSO.
Le 14 août 2009, monsieur Denis SASSOU NGUESSO a prononcé son discours
d’investiture à l’issue de son coup d’Etat électoral du 12 juillet 2009. Ce discours est
un aveu cinglant d’échec, car, après 25 ans d’exercice sans partage du pouvoir,
monsieur Denis SASSOU NGUESSO a reconnu « qu’en dépit de nos efforts
multiformes, notre pays n’est pas encore, hélas, exempt de corruption, de concussion,
de fraude, de détournements de deniers publics et d’autres actes tout autant
répréhensibles que néfastes à l’accomplissement du bonheur collectif ». Poursuivant le
constat d’échec de sa politique, il a indiqué : « Parmi les premières attentes de notre
peuple, il y a l’espoir que s’arrête, rapidement, la dérive morale qui est entrain de
gangréner notre société ». Ce qu’il ne dit pas, c’est que c’est lui, le premier
responsable de la crise actuelle.
Présentant son nouveau projet de société, « Le Chemin d’Avenir », monsieur Denis
SASSOU NGUESSO s’est contenté d’énoncer, en guise de perspectives pour son
nouveau septennat, de vagues promesses d’industrialisation et de modernisation du
Congo. C’est une véritable injure au peuple congolais et un parjure pour lui-même. Par
ailleurs, au lieu d’assumer l’échec de sa politique, il l’attribue à ses collaborateurs,
qualifiés de « dirigeants sans scrupules ni vertu » qui s’ébrouent dans la corruption et
la jouissance. Son discours d’investiture est traversé de part en part, par le mensonge
politique et la démagogie sociale.
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I-
Du mensonge politique
Au cours de la cérémonie de son investiture, monsieur Denis SASSOU NGUESSO a
fait le serment « de respecter et de défendre la Constitution, de garantir le respect des
droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques ». On se rappelle
que le 14 août 2002, il avait fait exactement le même serment. Mais tout au long des 7
ans de son mandat qui vient de s’achever, monsieur Denis SASSOU NGUESSO a
constamment violé la Constitution, notamment en ses articles 8, 9, 16, 19, 20, 21, 24,
27, 35, 48, 50, 69, 72, 137, 146.
Il a particulièrement violé la liberté d’aller et de venir, d’association, de réunion, de
manifestation et de cortège (consacrée par l’article 21 de la Constitution), en
interdisant à plusieurs reprises les activités des partis politiques de l’opposition, et
surtout, en faisant tirer à balles réelles sur les militants et sympathisants du Front des
partis de l’opposition congolaise (FPOC), au cours de leur marche pacifique du 15
juillet 2009. Dans la même veine, il a, depuis cette marche, procédé à des arrestations
arbitraires des militants et sympathisants du FPOC et mis en place un plan
d’arrestation de ses responsables.
Le 14 août 2009, le soir même de son investiture, il a ordonné l’interdiction de sortie
du territoire de l’ancien Premier ministre, Ange Edouard POUNGUI, candidat de
l’UPADS à l’élection présidentielle de 2009, dont il avait déjà invalidé la candidature.
Le 16 août, l’ancien Premier ministre Ange Edouard POUNGUI s’est vu encore refusé
la sortie du territoire à l’aéroport de Maya-Maya. Cette seconde interdiction de sortie
du territoire qui a frappé Ange Edouard POUNGUI, apporte un cinglant démenti aux
allégations mensongères du ministre congolais de la communication qui avait indiqué
sur les antennes de RFI le 15 août, que cette interdiction était une mesure générale,
valable uniquement pour la période de la fête de l’Indépendance.
Comme l’ancien Premier ministre Ange Edouard POUNGUI, le Général à la retraite,
Emmanuel NGOUELONDELE-MONGO, président du Parti pour l’Alternance
Démocratique, un parti membre du Front, qui voulait se rendre en France, a lui aussi
été interdit de sortie du territoire, le lundi 17 août 2009.
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En considération de ce qui précède, on peut légitimement se demander, quel crédit
peut-on accorder au serment de monsieur SASSOU NGUESSO de respecter et
défendre la Constitution, les droits fondamentaux de la personne humaine et les
libertés publiques ?
En réalité, la cascade d’interdictions de sortie du territoire qui frappe les dirigeants du
FPOC s’insère dans le cadre d’un plan concocté par le pouvoir en vue d’arrêter et
d’emprisonner des responsables de l’opposition. En effet, sur instruction de monsieur
Denis SASSOU NGUESSO, les services de sécurité ont dressé une liste de 15
responsables du Front que le pouvoir se propose d’arrêter sous le fallacieux prétexte
qu’ils seraient impliqués dans un prétendu coup d’Etat qui serait préparé
l’opposition.
par
Le journal Le Patriote (propriété de Jean Dominique OKEMBA,
Secrétaire Général du Conseil National de Sécurité et Conseiller spécial de monsieur
Denis SASSOU NGUESSO), s’est fait l’écho de ce plan dans son numéro 033 du 27
juillet 2009. On peut y lire à ce sujet : « la marche du 17 juillet dernier, organisée par
l’opposition radicale en dehors de la réglementation en vigueur(…) visait à renverser
les institutions de la République(…) Tous les ingrédients semblent être réunis pour
affirmer que l’intention de créer les troubles dans le pays par l’opposition radicale est
manifeste. Cette affaire au relent de
putsch, fait actuellement l’objet d’une
enquête »sic.
La décision d’arrêter 15 responsables du Front a été prise au cours d’une réunion du
Conseil National de Sécurité, à la suite de la marche pacifique de l’opposition du 15
juillet 2009. Le but visé à travers ce complot imaginaire, monté de toutes pièces par le
Conseil National de Sécurité sur ordre de son président, monsieur Denis SASSOU
NGUESSO, est de décapiter le FPOC afin de ramener le Congo à une époque à jamais
révolue, le monopartisme, système très prisé par monsieur Denis SASSOU
NGUESSO.
Dans son discours d’investiture, monsieur Denis SASSOU NGUESSO a aussi
prétendu, qu’il a été élu dans « la liberté et la transparence » et qu’au cours de son
nouveau mandat, il lutterait
contre la tricherie, la corruption, la concussion, la
magouille, les détournements de deniers publics. Mais quel Congolais peut le croire,
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lorsque chacun sait qu’il n’a été « réélu » qu’en recourant à des fraudes massives, à la
corruption, à l’achat des consciences, au bourrage des urnes, à la falsification des
résultats sortis des bureaux de vote, bref en trichant ? Quel Congolais ne sait pas que
sous le précédent septennat, la corruption, l’enrichissement illicite, les détournements
de deniers publics, l’impunité ont été érigés en méthodes de gouvernement par
monsieur Denis SASSOU NGUESSO, qui a supprimé le poste du ministère du
contrôle d’Etat pour protéger les intouchables ?
On croit rêver lorsque l’on entend monsieur Denis SASSOU NGUESSO appeler de
ses vœux l’excellence, alors que son mandat a été celui de la médiocrité. Il n’est un
secret pour aucun congolais que monsieur Denis SASSOU NGUESSO rend ses
collaborateurs opportunistes, béni oui-oui et médiocres. Quant à l’éthique, il n’en a
cure. C’est sous ses 25 ans de règne que le Congo a connu la crise morale la plus
grave de son histoire. Par exemple, en violation de l’article 72 de la Constitution qui
dispose : « Dans leurs fonctions, le président de la République et les ministres ne
peuvent par eux-mêmes ou par intermédiaire, ni rien acheter, ni rien prendre en bail
qui appartienne au domaine de l’Etat », il a acquis des entreprises, des hôtels, des
banques et bâtiments publics à des prix modiques, bradant ainsi le patrimoine national
à son profit.
De même qu’il ne parle de démocratie, de transparence et de paix que pour mystifier
l’opinion nationale et l’opinion internationale, de même monsieur SASSOU
NGUESSO ne parle d’excellence et d’éthique que par abus de langage. Depuis son
accession au pouvoir, il s’est tristement illustré par la mal-gouvernance et la dérive
dictatoriale et partisane du pouvoir.
II-
De la démagogie sociale
Sur le plan social, monsieur SASSOU NGUESSO prétend qu’au cours de son nouveau
mandat, le peuple congolais passera de l’espérance à la prospérité. Il lui promet l’eau
potable, l’électricité, les emplois, des salaires décents, bref, une vie digne. Tout cela
n’est que promesse démagogique. En effet, de 2003 à 2009, le gouvernement
congolais a engrangé plus de 11 mille milliards de F CFA, au titre du budget de l’Etat
et des excédents pétroliers. Avec cette somme colossale, monsieur SASSOU
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NGUESSO aurait pu donner aux Congolais, de l’eau potable, l’électricité, des emplois,
du pouvoir d’achat, des logements décents, des formations sanitaires et scolaires
dignes. Or, il n’a rien fait de tout cela. La manne pétrolière n’a eu aucune retombée sur
le vécu quotidien des Congolais, car, 70% de ces derniers vivent encore en dessous du
seuil de pauvreté. Et ce n’est pas au moment où le cours du baril de pétrole a chuté de
façon dramatique, que monsieur SASSOU NGUESSO fera ce qu’il n’a pas pu faire,
alors qu’il en avait les moyens.
Il a préféré par exemple, consacrer près de 300 milliards de F CFA tirés du Trésor
public, à sa campagne électorale, plutôt que d’investir cette énorme somme dans des
créneaux porteurs comme la création des emplois, l’école, la recherche scientifique et
technologique, la santé, l’eau potable, l’électricité, les logements sociaux, etc. Cet
investissement rentable, aurait contribué sans nul doute, à l’amélioration de l’accès des
populations aux services sociaux de base. En tout cas, avec les 11 mille milliards de
FCFA engrangés depuis 2003, monsieur SASSOU NGUESSO, aurait pu faire mille
fois ce qu’il a fait jusqu’ici et autour duquel, ces griots font tant de battage.
Le peuple congolais n’est pas dupe. Il sait que monsieur SASSOU NGUESSO ne
pense qu’à lui-même, à sa famille, à ses partisans et ses clients. Il n’attend donc rien de
son nouveau mandat. Comme le disait un jeune Brazzavillois sur les antennes de
France 24, le 12 juillet 2009 : « Sept ans de SASSOU, c’est 7 ans supplémentaires de
souffrance extrême pour le peuple congolais ». Les promesses sociales de monsieur
SASSOU relèvent de la pure démagogie.
Qu’on se rappelle :
1- Qu’en 2007, monsieur SASSOU NGUESSO avait proclamé que désormais le
traitement des dossiers des fonctionnaires admis à la retraite serait automatique.
Aujourd’hui, les dossiers des fonctionnaires admis à la retraite depuis 2008, ne
sont toujours pas traités et les intéressés n’ont pas toujours touché leur pension,
un an, après leur départ à la retraite ! Même des dossiers de fonctionnaires
admis à la retraite depuis 2006, ne sont toujours pas traités.
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2- Qu’en 2008, Monsieur SASSOU NGUESSO avait déclaré que les enfants âgés
de 0 à 15 ans seraient soignés gratuitement dans toutes les formations sanitaires
publiques, chaque fois qu’ils souffriraient du paludisme. Dans la pratique, il
n’en est rien.
3- Que tous les malades du Sida bénéficieraient d’une gratuité en examens
médicaux et en soins. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas pour tous.
4- Qu’en 2008, monsieur SASSOU NGUESSO avait promis la gratuité des
manuels scolaires dans tous les établissements publics. Ici aussi, cette promesse
n’a pas été tenue, comme il fallait s’y attendre.
Instruit par l’expérience, le peuple congolais ne croit plus aux promesses sociales
mirobolantes de monsieur SASSOU NGUESSO. Il ne souhaite qu’une chose : son
départ au plus vite du pouvoir, car, le mal congolais, c’est monsieur SASSOU
NGUESSO. Après 25 ans d’exercice sans partage du pouvoir, son bilan est
globalement négatif.
Aussi, le FPOC, appelle-t-il le peuple à ne pas se laisser divertir par le mensonge
politique et la démagogie sociale de monsieur SASSOU. Il l’invite à rester vigilant et
prêt à répondre à l’appel du Front, en vue de la poursuite par les moyens légaux et
légitimes, du combat pour l’alternance démocratique au Congo.
Fait à Brazzaville, le 19 août 2009
Le Collège des présidents
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