Le chantier du Data Center prêt à démarrer

Transcription

Le chantier du Data Center prêt à démarrer
Un magazine francosuisse qui parle du Jura
SAMUEL FROMHOLD
RÉGION
VENDREDI 3 AOÛT 2012 LA CÔTE
MONTAGNES DU JURA
Franck Lacroix (photo) est
l’éditeur-directeur-rédacteur d’un
journal qui parle de l’ensemble
du Jura. Découverte. PAGE 5
GLAND Le plus grand centre d’hébergement et de traitements de données de Suisse devrait accueillir des serveurs
par milliers aux Avouillons en 2014. Suite à des oppositions, le projet initial a été légèrement revu à la baisse.
Le chantier du Data Center prêt à démarrer
LUCA DI STEFANO
[email protected]
Un immeuble de cinq étages,
18 000 m2 abritant des milliers
de serveurs informatiques:
voilà le futur «Data Center»
de Gland prêt à vivre son premier coup de pioche. Ce sera à
la rentrée, «en septembre, voire
octobre», précise Gérard Sikias, CEO de la société Safe
Host à l’origine du projet.
«Vingt mois ont été nécessaires
seulement pour obtenir les autorisations. Il a fallu satisfaire tout
le monde, notamment la Municipalité.»
Initialement annoncé en
2011, ce n’est que récemment
que le permis de construire a
été délivré pour l’édifice hautement sécurisé qui occupera
la zone industrielle des
Avouillons. Dévoreur d’espace, offrant un nombre restreint de places de travail, le
projet initial de centre de données a tardé à satisfaire les autorités glandoises. «Nous
avons demandé que le bâtiment
soit abaissé de 2,9 mètres et que
le concept intègre davantage
d’emplois», explique Thierry
Genoud, municipal en charge
des bâtiments et de l’urbanisme.
Dès lors, après avoir trouvé
un terrain d’entente, l’ensemble du projet devrait aboutir
en 2014.
Secteur porteur
Safe Host est née dans les années 2000. La société possède
aujourd’hui un bâtiment de
9200 m2 à Plan-les-Ouates,
dans la zone industrielle genevoise. Le projet glandois devrait reproduire ce modèle,
mais dans des dimensions 2,5
fois plus importantes, devenant ainsi le plus grand centre
d’hébergement du pays. Une
LE COUP DE POUCE DES
ACCORDS DE BÂLE II
Le secteur de l’hébergement des
données à distance a pris son envol
suite aux attentats du 11 septembre
2001. Tandis que deux avions percutaient les tours du World Trade Center,
les banques perdaient physiquement des données essentielles à
leur fonctionnement.
Suite à ces événements, la loi Sarbanes-Oxley aux États-Unis et les accords de Bâle II, censés réduire les
risques (de crédit principalement),
instaurent la nécessité de quantification du risque opérationnel. Ainsi,
des obligations émergent en matière
d’archivage des données comptables
et financières et les établissements
financiers se voient contraints de détenir des copies de sécurité dans un
rayon de 30 kilomètres de leur siège.
Selon des experts, le secteur stockage de données connaît une croissance de 10% chaque année. £
A Plan-les-Ouates (GE), la société Safe Host exploite 9200 m2, dont plus de la moitié est réservée aux serveurs informatiques des clients qui louent
un espace pour 3, 5 ou 7 ans. A Gland, l’édifice reproduira ce modèle, mais dans des dimensions presque trois fois supérieures. DR
«
●
Nous avons
demandé que le concept
intègre davantage
d’emplois.»
THIERRY GENOUD MUNICIPAL EN CHARGE DE L’URBANISME ET BÂTIMENTS, GLAND
ambition justifiée, selon Gérard Sikias: «la demande est
toujours là», dit-il au sujet de
futurs clients du Data Center
glandois. Dans ce secteur ex-
trêmement porteur de la sécurité informatique, le CEO de
Safe Host garde secret le chiffre d’affaires de sa société,
mais il prévoit une croissance
continue de 15 à 20% par année.
Sécurité physique
Parmi les clients, des banques, des assurances, le CERN
ou même des organismes des
Nations unies font héberger
leur dispositif informatique
durant 3, 5 ou 7 ans dans les
entrailles de cette impressionnante infrastructure. «Nous
fournissons l’espace, avec la garantie d’assurer la continuité en
matière d’électricité, de température, d’humidité...», détaille
Gérard Sikias.
Seuls 25 collaborateurs s’affairent dans les étages supérieurs du bâtiment genevois.
«A Gland, nous devrions être une
cinquantaine», prévoit l’informaticien de formation qui a
réalisé l’essentiel de sa carrière
dans le secteur bancaire. A
Plan-les-Ouates, la grande majorité de l’immeuble est dévolue aux «racks» (emplacement
pour serveurs), aux espaces
privés loués par les clients ainsi
qu’aux dispositifs qui maintiennent des conditions inébranlables. Sous-station, onduleurs et
génératrices garantissent un
système électrique «en redondance» épargnant l’infrastructure de la moindre coupure de
courant. La sécurité informatique prend ici une dimension
physique avec vigiles et contrôles d’accès par empreintes digitales. En cas d’incendie, c’est
de l’azote qui se répand dans
les locaux, étouffant le feu sans
détruire le matériel informatique. Puis, si une catastrophe
devait arriver, une salle contenant 200 ordinateurs s’ouvre
aux clients afin que le travail se
poursuive, comme si rien ne
s’était passé.
A Gland, c’est précisément
sur ce modèle que la société
entend se développer. La construction du bâtiment se fera
par étape et les premiers serveurs pourraient être hébergés
dans le courant de l’année
2014.£
GLAND Le centre d’accueil de jour vient d’ouvrir ses portes, des dizaines de volontaires animeront des cours et ateliers.
Pour les bénévoles, peu importe le statut des migrants
Depuis mercredi, les migrants
logés à Gland, Begnins et Coppet
(dont l’abri sera ouvert ces prochains jours) disposent d’un centre d’accueil de jour à deux pas de
la gare de Gland.
Une fois encore, un réseau de
bénévoles collaborera avec l’Etablissement vaudois d’accueil des
migrants (EVAM). «Certains sont
des militants, d’autres sont membres d’églises ou de simples voisins,
explique Cécile Ehrensperger,
responsable du secteur nord et
ouest de l’institution cantonale.
Leur collaboration est essentielle.
Les bénévoles sont des créateurs de
liens entre les migrants et la population.»
Ainsi, une cinquantaine de citoyens offriront temps et compé-
ils ne sont pas une ressource indispensable», répond-elle lorsqu’on
lui demande si cette aide volontaire vient combler un manque de
ressources de l’institution.
Activités selon le statut
Le centre de jour de Gland a ouvert ses portes aux migrants le 1er août, non loin de la gare. CÉLINE REUILLE
tences pour divers cours de langue, ateliers de musique ou repas
intercommunautaires. Selon la
responsable de l’EVAM, les bénévoles ne remplacent toutefois pas
le travail des assistants sociocultu-
rels constamment présents au
centre d’accueil. «Les bénévoles
apportent de la qualité en plus, mais
Pour Mireille Reymond-Dollfus, pasteure en charge de constituer un réseau de bonnes âmes
auprès des migrants, l’animation
du centre de jour repose sur la
complémentarité des acteurs.
«Nous essayons de ne pas être en
double tâche avec l’EVAM, dit-elle
en insistant sur les excellents rapports entretenus avec l’institution. Si le travail des bénévoles
s’avère toutefois précieux, c’est
en raison des divers statuts administratifs des migrants. Ceux-ci
sont divisés en deux catégories:
soit ils relèvent de l’asile, soit de
l’aide d’urgence. La situation des
premiers entre dans la légalité,
pas la seconde. «C’est une tout autre logique», confirme Cécile
Ehrensperger. Pour les migrants
dont la situation est jugée conforme avec les lois suisses, des
cours de français et des modules
de sensibilisation sont dispensés.
Pour les autres, les activités sont
fortement limitées afin de les dissuader de rester en Suisse. Pour
Mireille Reymond-Dollfus et les
bénévoles, cette distinction
n’existe pas: «nous organisons nos
activités avec des personnes provenant d’horizons divers et de manière totalement autonome, conclut-elle.£ LUCA DI STEFANO