La fille- ^recrute

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La fille- ^recrute
Date : FEV 16
Page de l'article : p.67
Journaliste : Aude Lutun
Pays : France
Périodicité : Mensuel
OJD : 8702
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I
Lafille-^recrute
Face à la pénurie
de maind'œuvre et au
vieillissement
de ses effectifs,
la filière viticole
multiplie les
initiatives pour
attirer les jeunes
et les chercheurs
d'emploi.
E
n région, les Arefa (associations régionales
pour l'emploi et la formation en agriculture)
se mobilisent pour faire savoir
que la viticulture recrute. Le
14 janvier dernier, au Sival dAngers, s'est tenue une table ronde
sur le thème de « la viticulture à
lû recherche dè compétences ». Une
vingtaine de jeunes et de demandeurs d'emploi y ont participé.
«je leur ai présente l'éventail des
métiers de la filière de manière
concrète et les formations requises,
explique Pierre Millet, directeur
d'exploitation du domaine Chupin (Maine-et-Loire), l'un des
deux viticulteurs qui est intervenu lors de la table ronde. les
demandeurs d'emploi posaient plus
de questions que les jeunes. Nous
avons un problème de pénurie de
main-d'œuvre. Cela entraîne une
surenchère des salaires et pousse les
domaines à débaucher les salariés
de leurs voisins. On pourrait for-
mer des jeunes par l'apprentissage.
Mais entre 16 el 18 ans, ilsn'ontle
droit de rien faire pour des raisons
de sécurité... »
Dans la Marne, plusieurs actions
sont également menées pour aller au contact d'étudiants ou de
demandeurs d'emploi. Le point
d'orgue se déroule lors de la foire
de Châlons-en-Champagne qui
a lieu chaque année fin aoûtdébut septembre. Vingt partenaires (chambre d'agriculture,
FDSEA 5l, SGV, etc.) se regroupent pour animer un grand stand
qui a plusieurs objectifs : montrer
le métier, avec une démonstration de la taille, expliquer les formations et proposer des offres
d'emploi. Des élèves en cours de
formation sont présents sur le
stand pour faciliter les échanges.
Les professionnels essaient aussi
de nouer des contacts avec les
conseillers d'orientation. Dans
les collèges elles lycées, ceux-ci
connaissent souvent assez peu
les emplois de la filière. « Nous
travaillons avec le service public
d'orientation, confirme Isabelle
Traîneau, charge de mission à
l'Arefa du Maine-et-Loire. Nous
éditons des brochures qui sont
disponibles dans les CIO (centres
d'information et d'orientation) et
participons aux forums d'orientations. Il faut que ces lieux d'accueil du public soient informés des
besoins de notre filière pour qu'ils
puissent en parler.»
L'École des châteaux
du Médoc a accueilli
sa première promotion
de douze demandeurs
d'emploi en mars 2015.
Se rapprocher l'Éducation nationale, c'est ce qu'a voulu faire
Avize Viticampus (Marne) il y
a quèlques années en tentant
d'implanter une filière viticole
JEAN-FRANÇOIS MOUSSY, VITICULTEUR EN CHARGE DE LA COMMISSION EMPLOI ET FORMATION
AU SYNDICAT GÉNÉRAL DES VIGNERONS DE CHAMPAGNE ET PRÉSIDENT D'AVIZE VITICAMPUS.
« Intéresser les collégiens est une priorité »
ll M DUS orsanlsons 80 actions
\\ IN par an en direction des
collégiens avec Avize Viticampus.
Ce sont principalement les CFE
(conseillers principaux d'éducation)
du lycée viticole d'Avize qui se
déplacent dans les collèges.
Aller au contact des collégiens
est une priorité pour trouver de
futurs salariés. Les CRE sont
particulièrement efficaces pour
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la communication car ils sont en
contact permanent avec les jeunes.
Ils savent vite détecter les centres
d'intérêt d'un collégien. Leur discours
est simple et adapté. C'est important
car nos métiers ne partent pas aux
jeunes urbains. Ils ignorent que
nous travaillons avec des matériels
performants et ergonomiques et
qu'il y a une diversité de métiers
dans la viticulture.
En Champagne, 300 jeunes
obtiennent un diplôme viticole
chaque année, du Capa au BTS. 40
à 50 % d'entre eux poursuivent leur
formation. 180 entrent donc sur le
marché du travail annuellement.
Or, il en faudrait 250 à 300.
Un jeune qui a BTS viti-œno a
potentiellement quatre employeurs
quand il termine son cursus.
Untractoristeenahuit!»
dans un lycée professionnel de
Reims. « Notre objectif était de
former des jeunes urbains dans leur
lieu de vie, explique Jean-François
Moussy, viticulteur et président
du conseil d'administration
dAvize Viticampus. Mais la greffe
entre l'Éducation Nationale et l'enseignement agricole n'a pas pris.
Il n'y a pas de dénigrement, juste
deux mondes différents qui sont
cloisonnés. »
En Gironde, cinq châteaux ont pris
les choses en main, créant l'école
de la vigne des châteaux du Médoc, l'an dernier. En mars 2015,
l'école a accueilli sa première
promotion de douze demandeurs d'emploi, après trois mois
de préparation opérationnelle à
l'emploi collective (POEC). Tous
bénéficient d'un contrat de professionnalisation de 18 mois.
Une seconde promotion pourrait
leur succéder.
Dans le var, l'Apefa forme en
deux mois et demi des agents
tractoristes viticoles et des agents
viticoles polyvalents. En Bourgogne, la FDSEA 89 a initié il y a
plusieurs années l'action courte
qualifiante (ACQ) « taille de la
vigne ». Une autre ACQ, « ouvrier
polyvalent en viticulture-travaux
en ven », a été créée en 2014, au
CFPPA de la Brosse, dans l'Yonne.
Ces formations durent deux mois
dont les deux tiers du temps sont
consacrés à l'apprentissage des
gestes pratiques. La cible des demandeurs d'emploi semble plus
réceptive que les collégiens et lycéens aux appels de la filière
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