MANIOC
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MANIOC
MANIOC Atelier sur l’élaboration et la mise en œuvre de programme du CADDP 2010 en Afrique de l’Ouest Groupe de travail sur la chaîne de valeur L’OPPORTUNITE DU MARCHE FINAL APERCU DU MARCHÉ Le commerce Mondial: Il est prévu que la consommation totale mondiale atteigne 275 millions de tonnes en 2020 (IFPRI 2008). La Thaïlande domine le marché d’exportation avec 70% des exportations de manioc séché (4.6 millions de tonnes à 122 dollar/tonne métrique en 2007) et 90% des exportations d’amidon de manioc (1.4 millions de tonnes à 275 dollars/tonne en 2007) (FAO stat). Les principales destinations du manioc séché sont la Chine et les pays de l’Asie du sud-est (l’Indonésie, le Japon et la Malaisie) qui ensemble représentent 75% du volume total. Ces dernières années, un changement significatif a été observé dans les marchés cibles, des marchés de produits alimentaires à ceux des produits destinés à l’alimentation des animaux, qui maintenant représentent 20%, notamment en Europe et en Chine. La production et consommation mondiale: 13 des 20 pays producteurs de manioc sont des pays africains et produisent plus de la moitié de la production mondiale de manioc, soit 118 millions de tonnes. A l’exception de la Thaïlande, la plupart des pays consomment la majorité du manioc qu’ils produisent, qui est donc souvent considéré comme « une denrée non commercialisée », avec seulement 11% de la production vendue sur les marchés internationaux. Par conséquent, le Nigeria, n’étant pas le principal exportateur de manioc, a produit près de 45 millions de tonnes en 2008, environ le double du volume produit en Thaïlande. Les variétés sucrées: Il existe plusieurs types de manioc, sucré et amer, dont le contenu en cyanure varie. Les variétés sucrées demandent moins de transformation et sont utilisées comme produits alimentaires. Elément clé de la sécurité alimentaire, le manioc peut rester au sol pendant une longue durée (jusqu'à deux ans) et peut être récolté lorsqu’on en a besoin. Cependant, une fois récolté, le manioc frais est périssable et ne peut donc pas être vendu sur des marchés distants. Les variétés amères: Avec un taux d’amidon plus élevé, les variétés amères sont plus adaptées à la production d’amidon de haute valeur et de maltose pour utilisation industrielle. Il existe également une forte demande de copeaux de manioc utilisés pour la transformation des produits destinés à l’alimentation des animaux. Les variétés amères sont souvent préférées par les paysans en raison de leur résistance aux ravageurs. LA POSITION DU MARCHÉ DE L’AFRIQUE DE L’OUEST La consommation: Le manioc est le principal aliment de base au Nigeria et au Benin et le deuxième après le riz en Sierra Leone. Environ 90% est destiné à la consommation humaine ; seul 10% est transformé en aliment destiné à l’alimentation des animaux. Le manioc devient progressivement un aliment de base important en milieu urbain et, dans les pays tels que le Nigeria, une culture de rente pour les paysans. La production et le commerce: l’Afrique représente actuellement 60% de la production mondiale, avec le Nigeria comme principal producteur avec 19% de part de marché mondial, suivi par la RDC, le Ghana et la Tanzanie. La production a augmenté pendant les deux dernières décennies, en doublant de 1990 (25,8 millions de tonnes) à 2004 (52,3 millions de tonnes), voire triplant dans les pays tels que le Sierra Leone. Cependant, l’Afrique de l’Ouest ne joue pas un rôle important dans le marchée mondial: les exportations de manioc hors de la région sont minimes en raison du manque de compétitivité du prix sur les marchés internationaux (par ex, le marché chinois des copeaux de manioc destinés au secteur des aliments pour animaux). Le commerce régional: Un volume important de manioc est exporté du Benin au Nigeria sous forme de gari (granule de manioc grille), sous l’influence de prix plus élevés dans les marchés Nigérians. Le gari et le tapioca sont également vendus en importants volumes entre les pays côtiers de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, et des pays côtiers, via le nord du Nigeria, aux pays enclavés (le Niger, le Burkina Faso et le Mali). LES OPPORTUNITÉS/OBSTACLES DE LA CHAÎNE DE VALEUR La génétique, le germoplasme et les questions sanitaires et phytosanitaires (SPS): la reproduction a pour principal objectif de garantir la résistance aux maladies, la tolérance à la sécheresse, l’adaptabilité des sols non fertiles, de plus hauts rendements et de hauts rendements de matières séchées et moins de toxines. Des préférences conflictuelles peuvent se présenter, par exemple, précocité contre rendement élevé, faible toxicité contre résistance aux ravageurs, etc. Il y a un besoin en germoplasme amélioré, adapté aux nouvelles agro-écologies où le manioc est cultivé. Cependant, le comportement monopoliste des instituts nationaux de recherche, en raison d’une faible concurrence et d’un manque d’implication de la société civile dans la recherche sur le manioc, favorise un environnement insulaire qui freine les mouvements de germoplasme et empêche la dissémination de variétés améliorées. La production: le manioc est typiquement produit dans des sols pauvres et demande moins d’intrants. Des cultivars traditionnels réalisent des rendements de plus de 11 tonnes/ha, bien que les cultivars à haut rendement (jusqu'à 25 tonnes/ha) soient maintenant cultivés dans certaines zones. Le développement de variétés résistantes aux maladies a contribué à l’augmentation des rendements dans les pays tels que le Nigeria. Une bonne partie de la production de manioc est réalisée à petite échelle, bien qu’on trouve de grandes exploitations au Nigeria. Les priorités de production varient en fonction de l’utilisation finale: o Consommation de racines fraîches: Goût sucré o Farine de manioc: haut rendement de matières sèches o Utilisation industrielle: taux d’amidon élevé Les systèmes de post-récolte et de stockage: encore une fois, ils varient selon l’utilisation finale. o Consommation de racines fraîches: le manioc doit être consommé rapidement afin d’éviter qu’il pourrisse trop vite. o Farine de manioc: les racines doivent être transformées immédiatement après la récolte afin de se débarrasser des composés cyanogéniques. La conservation du manioc est plus longue lorsqu’il est transformé en copeaux (produit intermédiaire) ou en farine (produit final), mais cette conservation dépend de la qualité de la transformation (qui varie entre une semaine et six mois pour la farine de manioc et entre 5 mois et 2 ans pour les copeaux de manioc). Le séchage au soleil de la farine de manioc est difficile pendant l’hivernage avec l’invasion risquée de charançons, de moisissure et de rats. Les pertes enregistrées après les récoles sont élevées et représentent une perte importante de revenus potentiels pour les paysans. Le transport: o Les racines fraîches: le manioc est d’habitude transporté en bicyclette des champs au site d’emballage par l’autoroute. Cependant, le transport du manioc sur de longues distances est interdit, non seulement en raison de sa nature périssable mais encore de son volume et de sa faible valeur. o La farine de manioc : plus facile à transporter, étant donné qu’il perd 70% de son poids La transformation: Les produits à base de farine les plus transformés en Afrique de l’ouest sont le gari, le lafun, la farine de haute qualité (FHQ) et l’amidon. A l’exception du Nigeria, qui compte un grand nombre de petites et moyennes usines, la transformation se fait entièrement à petite échelle. o Le gari: aliment traditionnel, le gari est le produit le plus consommé et vendu en Afrique de l’Ouest. Sa demande augmente et les capacités de transformation se renforcent à travers la région. o Le fufu: aliment de base populaire au Ghana, au Nigeria, au Sierra Leone et dans d’autres parties de l’Afrique de l’Ouest, le fufu est le deuxième produit le plus consommé/vendu. Le fufu est traditionnellement fabriqué à partir du manioc frais pilé. Ces dernières années, la demande en farine de fufu instantané a augmenté, étant donné qu’il est plus rapide à préparer et sa conservation est plus longe. o Autres produits traditionnels: le lafun, le tapioca et l’attiéké sont tous des produits populaires transformés, faits à base de manioc en Afrique de l’Ouest. o La FHQ: elle est fabriquée par les petits transformateurs. Au Nigeria, elle est utilisée comme substitut partiel à la farine de blé importée utilisée dans la pâtisserie et les investissements dans la production de FHQ ont permis de stimuler la valorisation du secteur de transformation locale. Dans d’autres pays ouest-africains, son utilisation est moins courante, bien que l’intérêt pour la capacité de la FHQ pour la substitution de produits importés prend de l’ampleur. o L’amidon: l’amidon est utilisé dans la transformation de plusieurs produits alimentaires, tels que le glucose et l’alcool ainsi que comme produit industriel chimique dans le textile, la peinture, les colles adhésives et la lessive. Le Nigeria dispose d’usines de taille moyenne et importante qui fabriquent l’amidon à base de manioc, exportant leur production vers de grandes multinationales alimentaires telles que Cadbury et Nestlé. o Autres produits destinés à usage industriel: au Nigéria, le manioc est également transformé en aliment pour l’alimentation des animaux. La commercialisation: Les liens commerciaux sont faibles et les informations sur les marchés ne sont pas facilement disponibles. Ces facteurs freinent la capacité des producteurs à satisfaire la demande en croissance de produits à base de manioc dont la FHQ et l’amidon, plusieurs industries en Afrique de l’Ouest signalent utiliser l’amidon de manioc importé car étant plus accessible que l’amidon local fait à base de manioc. o La farine de manioc: La farine de manioc est concurrencée par les autres plantes utilisées comme aliments de base, telles que le blé, qui souvent disposent de chaînes d’approvisionnement plus fiables, même lorsqu’elles sont importées. o L’utilisation industrielle: Les industries spécialisées dans la production d’amidon, qui peuvent acheter l’amidon humide, transformé par les petits transformateurs, sont peu nombreuses. Bien que la demande mondiale soit importante, la faible rentabilité unitaire est compensée par l’important volume d’échanges, mais le manque d’infrastructure limite la compétitivité de l’Afrique dans une industrie caractérisée par un volume si important et une si faible rentabilité unitaire. Les liens horizontaux: plusieurs pays ouest-africains disposent de puissantes associations de producteurs; cependant seul le Nigeria dispose d’associations puissantes à tous les niveaux de la chaîne de valeur du manioc, producteurs de manioc, transformateurs et vendeurs ainsi que les fournisseurs d’équipements. La qualité et les normes: dans une bonne partie de la région, le manque de contrôle de la qualité et de normes pour le manioc est un obstacle important à la commercialisation de ce secteur. A l’exception du Nigeria, la qualité des produits à base de manioc est faible, en raison d’équipements de transformation inadaptés et de mauvaises pratiques de manipulation. Cependant, en général, le manioc de l’Afrique de l’Ouest est bien plus développé que celui de l’Afrique de l’est. L’environnement favorable: Au Nigeria, l’Initiative présidentielle sur le manioc (initiée en 2003), a créé un marché du manioc plus vaste, en préconisant l’utilisation de 10% de la farine de manioc dans la fabrication de pain. Ceci a entraîné une augmentation de 48% de la FHQ et de la transformation d’amidon et a eu comme résultat la mise en place de plus de 500 centres de micro-transformation et de 100 PME spécialisées dans la transformation. Cette initiative n’a pas encore été lancée dans d’autres pays, bien qu’il existe un intérêt à encourager l’utilisation de la farine de manioc pour la fabrication de pain. GENRE, NUTRITION ET PAUVRETÉ ABSOLUE En Afrique, les femmes sont responsables de la récolte du manioc, de la transformation qui demande une forte main d’œuvre et du transport. Cependant, la recherche montre que lorsque la transformation devient de plus en plus mécanisée et demande plus de main d’œuvre, comme c’est généralement le cas dans le secteur commercial, les hommes ont tendance à assurer ces activités. Une considération prudente doit donc être apportée aux rôles des femmes lorsque la chaîne de valeur du manioc devient plus commercialisée et lorsque sa valeur augmente davantage.