Piste pédagogique

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Piste pédagogique
L’empire carolingien
Niveau ; 6ème
Durée ; 1h
Problématique scientifique et fil directeur de la leçon
Charlemagne veut être le continuateur de l’empereur romain. Il porte le titre d’imperator et les sources le désignent souvent comme ayant l’imperium romanum. Il revendique donc une forme de pouvoir universel. Son palais (sacrum palatium) symbolise l’autorité religieuse du souverain. A partir de 801‐802, Charlemagne y résida régulièrement. Dans la Vita Karoli d’Eginhard, Charlemagne est un nouveau Melchisedech, pourvu d’une autorité et d’une sacralité religieuse que lui‐même s’applique à entretenir (expiations, jeûnes, pénitences publiques…). Il organise même le culte religieux dans ses moindres détails, lançant par exemple en 809 une enquête sur les bons gestes du baptême. Pour Mayke de Jong (Université d’Utrecht), l’Etat carolingien est perçu comme une ecclesia. Problématique didactique
En quoi l’empire de Charlemagne se veut‐il un empire chrétien héritier de l’Empire romain ?
Démarche, principaux axes de la leçon
Dans un premier temps, l’empire carolingien à son apogée en 814 est situé sur une carte. L’enseignant mesure l’importance spatiale du royaume et souligne le risque de division qu’a fait peser la succession avant que Louis le Pieux n’en hérite en totalité. Rappelant brièvement les conquêtes, il compare cette étendue celle de l’empire byzantin menacé par les Musulmans. Dans un deuxième temps, l’étude rapide du denier carolingien (toge, laurier, Imp Aug, profil romain) permet aux élèves de réaliser que Charlemagne se présente comme un héritier de l’empire romain. L’enluminure de Jean Fouquet issue des Grandes Chroniques de France, dont le roi Charles VII l’a chargé, fait l’objet d’une analyse individuelle : date du sacre (25 déc 800), lieu (ancienne basilique de St Pierre de Rome que Fouquet connaît), l’élève doit reconnaître le pape Léon III et les évêques, dans la partie droite les fidèles de Charlemagne. Il liste les instruments du sacre (couronne, épées, fleur de lys, aigle romaine…) ; le professeur lui fait remarquer l’irréalisme de la scène (Léon III a été gravement blessé par les Byzantins, voir texte d’Eginhard) et indique que la cérémonie a suscité un conflit entre l’Eglise et l’empereur ; le geste de Léon III semblant vouloir signifier que le pouvoir religieux domine le pouvoir politique d’autant que l’acclamation a eu lieu après le couronnement. L’enluminure pointe la double dimension du pouvoir impérial ; politique et religieux, ce qu’Alcuin n’a pas cessé de défendre. Reste à connaître l’usage de cette œuvre mineure auprès de Charles VII : les Chroniques de France proposent un récit épique de l’histoire de France et Fouquet inscrit ainsi l’action de Charles VII dans un long héritage : celui de Rome et des carolingiens. La cinquantaine de miniatures de Fouquet fournissent ainsi au roi des modèles de souverains. Si le temps le permet, l’enluminure de J.Fouquet est mise en perspective avec le texte d’Eginhard ci‐dessous est questionné : l’enseignant montre que Charlemagne se heurte à Byzance sur la question de la légitimité. Mais affaibli par la querelle des images, l’empire oriental s’incline. Notions et mots clés : empire
Empire Pouvoir politique/religieux Sacre Capacités
‐caractériser le pouvoir impérial ‐mettre en relation une œuvre d’art et un texte ‐rédiger un court paragraphe qui répond à la problématique de la leçon Documents
Doc .1 Denier de Charlemagne
http://expositions.bnf.fr/carolingiens/grand/069.htm Doc 2. Image du sacre de Charlemagne de Jean Fouquet (XVème siècle)
http://expositions.bnf.fr/carolingiens/grand/fr_6465_089v.htm Doc.3 Extrait de la Vie de Charlemagne d’Eginhard, vers 830.
« Le désir de remplir ce pieux devoir ne fut pas le seul motif du dernier voyage que Charles fit à Rome. Le pape Léon, que les Romains accablèrent de mauvais traitements, et auquel ils arrachèrent les yeux et coupèrent la langue, se vit contraint de recourir à la protection du roi. Ce prince vint donc pour faire cesser le trouble, et remettre l’ordre dans l’État de l’Église [en 800]. Dans ce but, il passa l’hiver à Rome, et y reçut à cette époque le nom d’Empereur et d’Auguste. Il était d’abord si loin de désirer cette dignité, quoique le jour où on la lui conféra fût une des principales fêtes de l’année, il ne serait pas entré dans l’église, s’il eût pu soupçonner le projet du souverain pontife. Les empereurs grecs virent avec indignation que Charles eût accepté un tel titre ; lui n’opposa qu’une admirable patience à leur mécontentement, leur envoya de fréquentes ambassades, les appela ses frères dans ses lettres, et triompha de leur humeur par cette grandeur d’âme qui l’élevait sans contredit de beaucoup au‐dessus d’eux. ». Bibliographie et sitographie
De Jonk Mayke, « Sacrum palatium et ecclesia » in Annales. Histoire, Sciences Sociales, 58e année 2003/6, pp.1243‐1269. Gauvard Claude, La France au moyen‐âge, Paris, PUF, 1996. Banque d’images de la BNF : http://images.bnf.fr/jsp/index.jsp