Page 97 - Domus Libri

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F R A N C E
P I T T O R E S Q U E .
D é p a r t e m e n t
d ' I n d r e - e t- L o i r e .
(Ci-devant Touraine.)
HISTOIRE.
Lorsque César fit la conquête des Gaules, la
Touraine était habitée par les Turones peuples guerriers qui
entrèrent dans la ligue formée par Vercingetorixi. Les
Turones donnèrent leur nom au pays ainsi qu'à sa capitale.
Sous Honorius, cette province fut comprise dans la
troisième Lyonnaise. — De la domination romaine, elle
passa sous celle des Visigoths en 475, puis des Francs en
507, et fut gouvernée longtemps par des comtes
particuliers, qui, d'amovibles qu'ils étaient d'abord, se
rendirent plus tard héréditaires, à condition néanmoins de
reversion à la couronne, faute d'hoirsii mâles ou en cas de
félonie.— Geoffroi Martel, comte d’Anjou s'en empara en
1044, sous prétexte qu'elle avait fait partie du domaine de
ses prédécesseurs, et la transmit à ses descendants, comtes
d'Anjou et rois d'Angleterre. — Mais Philippe-Auguste en
prit possession en 1202, comme des autres fiefs confisqués
sur Jean-sans-Terre. — Jean 1er érigea la Touraine en
duché-pairie en 1356, en faveur de Philippe son fils, depuis
duc de Bourgogne. Elle servit dès lors d'apanage à plusieurs
fils de France, et même à des reines. Marie Stuart, devenue
veuve de François II, fut nommée duchesse de Touraine;
mais de son vivant même la province lui fut enlevée et
donnée en apanage au frère de Henri III, François, duc
d'Alençon, après la mort duquel elle fut pour toujours
réunie à la couronne.
Avant la division par départements, en 1790, la
Touraine formait une des trente-deux provinces ou grands
gouvernements de France, et donnait son nom à une des
vingt-cinq généralités, qui comprenait, outre cette province,
l’Anjou, le Maine et une partie du Bas-Poitou.
ANCIENNES MONNAIES. — Tours possédait un
hôtel des monnaies qui fut supprimé en 1772. Cet hôtel était
après celui de Paris le plus ancien de France, quoique
Tours, par sa lettre distinctive E, n'occupât que le
cinquième rang.
Toutes les pièces frappées à Tours s'appelaient jadis
Tournois (nom qui se retrouve fréquemment dans les
anciens titres), de même qu'on appelait Parisis celles
fabriquées à Paris. La monnaie de Tours existait déjà du
temps des Romains. Bonterone a fait graver quelques-unes
des pièces qui y avaient été frappées, dans sonTraité des
monnaies de France. On en frappait encore sous les rois de
la première race, et Grégoire de Tours rapporte un miracleiii
arrivé de son temps à l'occasion de la femme d'un
monnayeur de Tours. Cette ville n'était pas d'ailleurs la
seule de la province qui eût le privilège de battre monnaie.
De vieux titres prouvent qu'on en a frappé à Loches et à
Chinon. Il existe encore quelques
T.I I.—13.
monnaies de Chinon, sur lesquelles on lit : Caïno Castrum,
et qui semblent appartenir au règne de Louis-d'outre-Mer.
ANTIQUITÉS
Le département renferme quelques antiquités
druidiques, parmi lesquelles on remarque les dolmens de
Marcilly, de Saint-Antoine-du-Rocher, de Charnizay et de
Crouzille. — On voit à Ferrières des restes d'une forge et
quelques pierres celtiques. — Le village de Louans, dont
toutes les habitations sont construites en terre, soutenues par
des traverses de bois et couvertes en chaume, offre l'aspect
d'un de ces bourgs (pagus) qui renfermaient les habitations
des Gaulois. — Dans la plaine de Champeigne, se trouvent
deux monticules qui, d'après la tradition, auraient servi de
limites aux états de Clovis roi des Francs, et d'Alaric roi des
Visigoths. Quelques auteurs prétendent que ces tumulus
étaient des tombeaux en effet 1a plaine où ils se trouvent a
été plusieurs fois le théâtre de sanglants combats. — II existe,
comme monument de l'alliance qui unit pendant quelque
temps Clovis et Alaric, d'anciens sous d'or frappés à Amboise
en 505 : d'un côté on y voit l’effigie du roi des Francs, et de
l'autre une croix.
Outre des autels, des fragments de colonnes et de
sculptures, des médailles, des vases, des ustensiles, des
statuettes découvertes en différentes localités, on trouve
parmi les monuments qui appartiennent à l'époque romaine
des vestiges de voies militaires (à Saint-Avertin, à Noizay,à
Saint-Lenoch et Barou-sur-Creuse), de camps (à Boussay et à
Cinais), d'aquéducs iv (à Chambourg). — On a long-temps v
montré à Tours, comme étant le tombeau de Turnus auquel
on attribuait la fondation de cette ville, un bloc de pierre long
de 9 pieds, et large de 2, sans aucune inscription, mais orné
de sculptures, et qui paraît avoir appartenu à là frise de
quelques-uns des édifices que les Romains avaient élevés
dans cette ville.
C'est dans le département que se trouve, près du village
de Miré, le champ de bataillevi où Charles-Martel, en 732,
défit les Sarrasins commandés par Abdérame, et près de
Bourgueil celui où, en 990, Hugues-Capet remporta une
victoire signalée sur Guillaume de Poitiers, dit Fier-à-Bras.
— L'ancienne église de Sainte-Catherine de Fierbois était
celle où, en 1429, Jeanne-d'Arc envoya chercher dans le
tombeau d'un ancien chevalier l'épée de Charles-Martel ; elle
a été démolie sous François Ier, et remplacée par une église
nouvelle, joli monument de la renaissance.
On rencontre dans la Touraine, conservés ou en ruines,
un grand nombre de châteaux riches en souvenirs historiques,
tels sont: Plessis-lez-Tours, triste demeure du sombre Louis
XI, Amboise, qui
i
ii
iii
Sic.
Hoir = héritier
Aranei-Orbis n'a pas pu identifier le miracle en question.
Quelqu'un peut-il nous renseigner ? Pour prendre contact,
iv
v
vi
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Sic.
Sic.
A certaines époques, la bataille aujourd'hui dite de Poitiers
était placé près de Tours. Aujourd'hui, je ne connais pas
d'historien soutenant cette localisation. Aranei-Orbis
recommande la lecture de La Bataille de Poitiers par JeanHenri Roy et Jean Deviosse, Gallimard, Paris, 1996.
Ce document a été reproduit par Aranei-Orbis.