La Cérémonie, séquence proposée par Annabelle Perez

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La Cérémonie, séquence proposée par Annabelle Perez
Mme Annabelle PEREZ - LYCEE PRIVE ST FRANCOIS DE SALES (Gien)
2nde 1/ 1èreS STMG/STL
du 17/12 au 21/12/12
SEQUENCE I : « LYCEENS AU CINEMA » : Film de Claude CHABROL : LA CEREMONIE (1995)
Séance 1 :
• Le lexique de base du cinéma (cadrages entre autres)
• Discussion sur l’œuvre et la référence à l’Affaire des sœurs Papins (premières impressions, etc.)
• Découverte de leur livret : Faire connaissance avec Claude Chabrol, les caractéristiques de son cinéma, les
actrices.
• Le synopsis de la Cérémonie
• Le road-movie
• Le titre de l’œuvre.
Séance 2 : 1ère analyse de l’œuvre.
• Etude de l’atmosphère inquiétante : la mise en scène/ étude de l’espace.
• Une famille modèle, les Lelièvre ?
• Les violences quotidiennes.
Séance 3 : 2ème analyse de l’œuvre.
• La place prépondérante de la télévision.
• Le langage
• Un film politique ?
Séance 4 : Analyse de séquence : le dénouement. (cf découpage des scènes sur livret)
Sous réserve de modifications en cours de séquence
Une semaine banalisée avant les vacances de Noel qui, je l’espère, vous permettra d’aborder les cours
autrement, de façon plus ludique et plus libre. L’objectif étant de montrer les liens intrinsèques entre la
littérature et le cinéma, deux arts qui reposent respectivement sur l’expression, le langage, l’un écrit et l’autre
visuel. Tous deux partagent aussi le désir de raconter, narrer des histoires et s’intéressent par conséquent à
l’Homme, l’Humanité avec tout ce qu’elle contient et implique.
Mme Annabelle PEREZ - LYCEE PRIVE ST FRANCOIS DE SALES (Gien)
2nde 1/ 1èreS STMG/STL - du 17/12 au 21/12/12
SEQUENCE I : « LYCEENS AU CINEMA » : Film de Claude CHABROL : LA CEREMONIE (1995)
Séance 1 : Correction des questions sur le livret.
Q°1 : Soyez notamment attentifs aux moments où les personnages sont réunis, à table ou devant la télévision. Ne s'agit-il
pas à chaque fois de sceller leurs rapports, familiaux ou amicaux ? Notez les différences entre les Lelièvre d'un côté, Sophie et Jeanne de l'autre. Qu'en déduisez-vous en ce qui concerne l'ordre social ?
La confrontation entre les deux classes est une des explications du massacre final. Les Lelièvre symbolisent la réussite sociale, la
bourgeoisie détenant le pouvoir matériel et le pouvoir culturel. Ils dominent sur tous les plans Sophie et Jeanne. Un fossé social les
sépare. Ces deux dernières représen-tent l'échec social, chacune ne parvient pas à assumer ce qu 'elle est, Jeanne le traduit au
travers une médisance, une agressivité permanente, Sophie derrière l'obéissance et le mutisme qu'elle croit devoir s'imposer au vu
de son handicap (l'illettrisme).
Q°2: Le titre du film prend également son sens à la fin. Que célèbrent alors Sophie et Jeanne ? Etudiez de près leurs
gestes : ne nient-ils pas, un à un, les symboles de cet ordre social ?
Leur revanche, elles ont pris le dessus en détruisant l'ordre établi. Elles saccagent la chambre des Lelièvre (le lit souillé, les robes
déchirées).
Q°3 : Le dénouement de La Cérémonie surprend le spectateur. Mais quelques indices permettent pourtant de voir venir le
drame final. Que nous apprennent les scènes dont sont extraits les photogrammes ci-dessus, par rapport au statut social
et culturel et à l'évolution des personnages ?
Le 1er plan montre Sophie, seule, après le dîner des Lelièvre, qui se délecte des restes (elle se lèche les doigts). Elle ne déjeune, ni
ne dîne à table avec les « maîtres » de maison. Elle semble recluse, à l’écart de la vie sociale, se contentant de ce que les Lelièvre
veulent bien lui laisser.
2ème plan: on apprend le handicap de Sophie, et on comprend progressivement son comportement toujours sur la défensive : c'est
un personnage en souffrance. Ce qui explique son mutisme, en effet elle utilise peu de mots, répète les mêmes formules très
brèves, presque tranchantes : « j'ai compris », « je sais pas », « ça va ». Elle parle peu mais sait répliquer quand il s'agit de cacher
son illettrisme.
3ème plan : La violence se manifeste crescendo chez les retraités lorsqu'elles récupèrent les dons pour le secours catholique. Leurs
gestes violents sont antinomiques avec leur démarche d'oeuvre de bienfaisance.
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Mme Annabelle PEREZ - LYCEE PRIVE ST FRANCOIS DE SALES (Gien)
2nde 1/ 1èreS STMG/STL du 17/12 au 21/12/12
SEQUENCE I : « LYCEENS AU CINEMA » : Film de Claude CHABROL : LA CEREMONIE (1995)
Séance 2 : * Etude de l'atmosphère inquiétante : la mise en scène et l'étude de l'espace.
1- Comment la mise en scène instaure-t-elle un climat de tension propice à la catastrophe ?
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le décors : la maison isolée est un cliché du film criminel. L'usage des vitres ou des miroirs (ds le couloir de
l'entrée chez Jeanne) suggère la duplicité des personnages et donne une tonalité fantastique, accentuée par la
manière souvent inattendue dont Sophie et Jeanne apparaissent (la gare, les girolles...).
Les mouvements de caméra: plusieurs lents travellings laissent une impression inquiétante, comme le travelling arrière ds le couloir de l'entrée, à la fin de la visite de la maison, qui suggère une présence invisible ; ou le
travelling arrière qui laisse Sophie sur son lit, incapable de déchiffrer les instructions laissées par Mme Lelièvre.
* La mise en scène : étude de l'espace.
La représentation de l'espace est fondamentale ds cette œuvre : il est l'objet d'une lutte pour sa possession, sa domination. Autre élément qui symbolise la lutte des classes.
La maison des Lelièvre représente l'affrontement concret entre Sophie et la famille, entre les dominants et les dominés.
Cet affrontement prend la forme d'un partage précis de l'espace, où chacun doit tenir sa place et ne pas empiéter sur le
territoire de l'autre.
La visite de la maison, lors de l'arrivée de Sophie, est un repérage pour le spectateur qui n'a accès qu'à peu de pièces :
on comprend très vite qu'elles appartiennent soit à Sophie (la cuisine, sa chambre, l'escalier de service) soit aux Lelièvre
(la salle à manger, le salon, le bureau, l'entrée principale, les grands escaliers qui conduisent aux chambres). Le seul
espace commun est un lieu de passage, le couloir qui fait la transition entre ces petits empires.
En outre, cette disposition en territoire est redoublée d'une symbolique de l'espace : en bas, la haute culture ac les
livres, le gd écran, Mozart ; en haut, la basse culture, uniquement véhiculée par une vieille télé et ses mauvais programmes. Cette organisation est imposée à Sophie, elle est le privilège de la classe dominante.
Jusqu'à la cérémonie finale, le massacre, chacun se tient à sa place et ne pénètre dans l'espace de l'autre que par intrusion. Sophie n'aime pas qu'on vienne dans sa cuisine (elle sursaute quand elle y trouve Mélinda, et lorsque Georges
la réprimande, elle casse une assiette).
Violer son espace est une violence : cf le moment où Georges lui apprend son renvoi et qu'il éteint la télé. Idem pour le
bureau, Georges refuse qu'elle range son bureau.
Tant que chacun tient sa place, le conflit de classes est neutralisé. Mais ce film ne fait que relater une série de petites
détonations précédant l'explosion finale. La lutte des classes consiste ici à transgresser l'arrangement spatial ritualisé
par la classe dominante. De fait, le rituel est cassé à plusieurs reprises: à la gare, quand Sophie n'est pas sur le quai
prévu/ lorsqu'elle déserte la cuisine le jour de l'anniversaire de Mélinda.
Jeanne est aussi l'agent trouble qui ne respecte jamais l'ordre des choses : qd elle vient à la maison, elle n'entre ni par
la porte mais par la fenêtre ,elle refuse également de prendre l'escalier de service.
* Une famille modèle, les Lelièvre ?
2- Les Lelièvre vous semblent-ils une famille modèle ?
Cette famille bourgeoise échappe quelque peu à la caricature même si Chabrol se moque des amis des Lelièvre lors de
l'anniversaire et s'amuse à réduire le curé à un personnage de cartoon. Mais il évite le cliché de la famille bretonne catholique et réac (le père parle de préservatif à Mélinda depuis qu'elle à 14 ans, la belle-mère autorise l'enfant à fumer
devant elle).
Mme Annabelle PEREZ - LYCEE PRIVE ST FRANCOIS DE SALES (Gien)
3- Que peut-on lui reprocher ?
Une certaine autosatisfaction sensible dans la gestuelle et l'aisance à jouer avec les mots. Un mépris sous-jacent qui
tourne au paternalisme : il lui dit que si elle est « analphabète, ce n'est certainement pas entièrement de [sa] faute ».
Une bonté que l'on pourrait qualifier de trompeuse : Mélinda défend Sophie avec véhémence mais n'est pas capable de
lui faire un thé sans lui demander le sucre et les tasses.
4- S'ils étaient de méchants bourgeois méprisants, le massacre final aurait-il un tel impact ?
* Les violences quotidiennes.
5- Citez plusieurs scènes qui vous paraissent violentes.
Avant l'explosion finale, la violence se manifeste à plusieurs reprises. (3 exemples)
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1er dîner : les Lelièvre parlent de Sophie comme si elle n'était pas là. Ils attendent qu 'elle ne soit plus ds la
même pièce, ms il est évident que Sophie les entend. La mise en scène pose d'emblée le fossé entre les employeurs, qui dégustent ds la salle à manger un poulet « succulent » et la bonne, qui mange la carcasse, recluse au fond de la cuisine.
Le mouchoir : victime d'une panne de voiture, Jeanne est aidée par Mélinda qui n'hésite pas à mettre les mains
ds le cambouis. Mais cette manifestation de solidarité se termine par un geste aussi bref que violent : Mélinda
jette sur Jeanne le mouchoir qu'elle lui a prêté pour s'essuyer les mains. Ailleurs les « pauvres » sont présentés
comme la poubelle des bourgeois : la vielile télé, la carcasse de poulet, les vieilles affaires refourguées au Secours catholique.
La tentative de déchiffrement : on découvre l'analphabétisme de Sophie quand elle tente de décoder avec son
manuel le mot laissé par Mme Lelièvre. Chabrol révèle alors la frustration que subit Sophie, et qui semble prête
à exploser, comme le « P » qu'elle essaie de prononcer devient un coup de poing porté au manuel.
Mme Annabelle PEREZ - LYCEE PRIVE ST FRANCOIS DE SALES (Gien)
2nde 1/ 1èreS STMG/STL DU 17/12 AU 21/12/12
SEQUENCE I : « LYCEENS AU CINEMA » : Film de Claude CHABROL : LA CEREMONIE (1995)
Séance 3: * La place prépondérante de la télévision
1- Comment vous apparaît la place télévision chez Sophie et les Lelièvre ?
Les deux téléviseurs illustrent la différence sociale : on a laissé l'ancien à la bonne, et on s'offre un immense écran plat,
avec des chaînes câblées.
Les 2 télés servent de contre de gravité aux deux pièces ds lesquelles elles sont installées.
2- Quel est le contenu des émissions et que mettent-elles en évidence?
Le contenu creuse le fossé socioculturel entre Sophie et les lelièvre (Don Giovanni/ La Chance aux chansons), il met en
évidence le handicap de Sophie.
3- Comment Chabrol filme le lien entre la télé et le téléspectateur ds les 2 cas ?
Le montage en champ-contrechamp sépare les Lelièvre de leur télé tandis qu'à plusieurs reprises un panoramique relie
Sophie à son écran : la bonne semble ds un rapport de fascination, comme hypnotisée. Mais à la fin c'est la famille piégée dvt, figée ds son rituel (tenue de soirée, magnétophone, café).
* Le langage
4- Qu'est ce qui caractérise le langage des Lelièvre ?
Langage très soutenue par moment marqué par un léger accent de Catherine et des expressions latines(« ad vitam
aeternam » ; « ad hoc »). Mais Chabrol réserve la caricature à leurs amis pédants, qui citent Nizan et Nietzsche en
mangeant des petits fours.
5- Celui de Mélinda et son frère Gilles ?
Mélinda: parle vite, sans hésitation. Elle connaît l'origine grecque de Sophie et s'offusque qu'on l'appelle « la bonne »,
terme politiquement incorrect, hypocrisie bourgeoise.
Gilles : joue sur les mots : « paternaliste non mais démagogique oui ». Lui aussi a un langage soutenu pour son âge,
visible dans les insultes : (« crétinus »).
6- Celui de Sophie ?
Questions sur le mystère du fait divers:
On peut lister les interprétations du massacre des Lelièvre :
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L'analphabétisme : Pourquoi Sophie se venge sur les Lelièvre ?
Le conflit social : Sophie partage-t-elle la jalousie de Jeanne à l'égard des Lelièvre? Chabrol rend-il
les bourgeois détestables au point que l'on puisse comprendre l'acte des jeunes femmes ?
La folie : Sophie et Jeanne ont un passé trouble, on peut penser qu'elles ont déjà tué. Mais le spectateur considère-il pour autant que les deux femmes sont folles ?
Considérez-vous Sophie et Jeanne comme des criminelles ou comme des victimes.
Le crime vous paraît-il prémédité ?
La direction d'acteur de Chabrol n'a-t-elle pas tendance à susciter la sympathie à l'égard des
tueuses ?

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