La Cérémonie - Claude Chabrol - Lycée Marceau PDF, 195 Ko
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La Cérémonie - Claude Chabrol - Lycée Marceau PDF, 195 Ko
ATELIER D’ECRITURE CRITIQUE – LA CÉRÉMONIE de CLAUDE CHABROL Lycéens et apprentis au cinéma en région Centre Ces critiques ont été écrites par deux élèves de 1ère ES du lycée Marceau de Chartres (Eure-et-Loir) avec l’encadrement d’Amélie Dubois (critique de cinéma aux Inrockuptibles) et de Nicolas Durand-Barbance (enseignant). Organisé dans le cadre d’une action complémentaire de Lycéens et apprentis au cinéma, cet atelier d’écriture critique autour du film « La Cérémonie » de Claude Chabrol s’est déroulé le mercredi 6 février 2013. La première question que l’on se pose lorsque le film s’arrête, et que l’on est encore sous le coup du massacre final, on se demande comment a-t-on pu en arriver là ? Pourtant en y réfléchissant, la tension est là, dès le début et augmente lentement mais sûrement. Et cette tension est due, à la lutte des classes, d’un côté Sophie et Jeanne, de l’autre, la famille Leliévre. Les Lelièvre traitent Sophie comme un robot, et quelqu’un d’inférieur, on peut le voir rien qu’au fait qu’il y a deux escaliers dans la maison, un pour la bonne, l’autre pour la famille. A ce traitement se rajoute son analphabétisme qui la frustre énormément (dommage qu’on ne l’apprenne pas au début, ce qui nous aurait permis de comprendre certains éléments). Chabrol met en lumière l’analphabétisme qui est encore présent en France. Toutes ces humiliations sont très violentes et nous annoncent la suite. Et c’est la rencontre de Sophie et Jeanne qui va créer un bouleversement et amener à la suite. Elles vont créer un lien entre elles par le secret, et parce qu’il n’y a pas de preuves (« je n’ai rien fait » se détache de la réalité). Il y a une scène qui représente la lutte des classes et l’inversion des rôles. C’est la scène où Jeanne est en panne et que Mélinda va réparer la voiture – ici, il y a une inversion des rôles. C’est la bourgeoise qui aime la mécanique et Jeanne lui avoue aimer la poésie. Puis quand Mélinda lui demande de démarrer la voiture, elle prend son temps comme une bourgeoise, puis Mélinda va lui jeter son chiffon à la figure pour lui rappeler son rang. Cette scène est d’une grande violence, et Mélinda qui semblait être plus sensible aux problèmes montre son vrai visage. Toutes ces tensions vont amener à cette scène finale de massacre, mais le plus intéressant est là, il faut rester dans le cinéma jusqu’à la fin, c’est lorsqu’on entend la musique avec le massacre, avec un plan sur Sophie éclairé par une lumière, comme par son poste de télé. Est-elle consciente de son acte ou alors comme le pense Jeanne : il n’y a pas de preuves, il n’y a pas de meurtres ? Adrien Damade La Cérémonie est un bien étrange, il paraît étranger car lorsqu’on le regarde, on se pose énormément de questions, à propos de Sophie, de Jeanne, des comportements et des histoires des personnages. Seulement ces actions restent sans réponses, du début à la fin du film, elles restent dans la tête, si bien que lorsque le film se termine, on ressent une impression d’inachevé qui peut être gênante. Et on se sent parfois mis à l’écart, on se sent en dehors, exclu, c’est une mise à distance qui empêche une identification propre aux personnages. Cependant, cela nous laisse une libre interprétation, ce qui fait que chacun s’approprie le film à sa façon, et en donne son interprétation. Ainsi, on peut interpréter le comportement des personnages comme on veut. On se demande principalement pourquoi Sophie réagit mal lorsque Mélinda, la fille ainée de la famille Léliévre devine qu’elle est analphabète. Est-ce un tel sentiment de honte, que le fait que quelqu’un l’apprenne est abominable ? Malgré l’aide proposée ? Mais peut-être Sophie ne voulait-elle pas de l’aide de Mélinda car elle sait qu’elle ne fait pas ça par amitié ? Tellement de questions sans réponses. Et pourquoi tant de violence dans la dernière scène ? Pourquoi tant de froideur ? Il apparaît inconcevable que l’on puisse tirer sans éprouver quelconque sentiment après, et voilà que l’on voit Sophie et Jeanne achever quatre personnes, sans éprouver le moindre sentiment, leurs visages ne reflètent rien d’autre qu’une froideur saisissante, choquante. Est-ce parce qu’elles ne comprennent pas leur geste, elles n’en saisissent pas l’ampleur ? Du moins, c’est ce que l’on peut se dire pour Sophie, elle n’a pas eu l’éducation qu’il faut pour intérioriser que tuer une personne est quelque chose de mal. Finalement, on est choqué lors de la scène du massacre, mais après coup, on essaie de comprendre les raisons de cet acte, si c’était totalement illégitime ou non. On se dit que cet acte est le résultat d’un sentiment de frustration profond de la part de Sophie, une accumulation des injustices qui lui sont faites. L’acte en lui-même est impardonnable, car elles n’avaient aucun motif réellement valable de tuer les Lélièvre, mais les raisons qui ont poussé à cet acte le sont. Peut-on également dire que l’influence sur Sophie amène cette dernière à tirer sur Monsieur Lelièvre ? Laure Noël