ÉTUDE TRADUCTOLOGIQUE (FRANÇAIS

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ÉTUDE TRADUCTOLOGIQUE (FRANÇAIS
ÉTUDE TRADUCTOLOGIQUE
(FRANÇAIS-ALLEMAND) DES
CONSTRUCTIONS RÉFLÉCHIES
DANS DES TEXTES SPÉCIALISÉS
Colette CORTÈS, Sibylle KRIEGEL
C.I.E.L.
Université de Paris 7 Denis Diderot
La traduction en allemand des constructions réfléchies françaises a
rarement fait l'objet d'une étude spécifique: on considère généralement qu'il
n'existe pas de règles et que la traduction de chaque verbe fait l'objet d'un
traitement lexical ad hoc.
Nous voudrions montrer que cela n'est vrai que pour une partie des
constructions réfléchies et que, pour les autres, il existe des régularités non
négligeables, dont le repérage pourrait alléger le travail de traduction de
l'homme et surtout de la machine.
Nous avons choisi des exemples tirés de textes spécialisés, parce que,
d'une part, c'est ce type de textes qui est le plus susceptible de faire l'objet
d'une traduction assistée par ordinateur et que, d'autre part, les classements de
tournures réfléchies proposés jusqu'à présent portent plutôt sur la langue
générale.
On a observé depuis longtemps que les textes spécialisés allemands
contiennent plus de tournures passives que les textes spécialisés français.
Nous voudrions montrer que la clé de ce phénomène réside en partie dans le
fonctionnement des réfléchis français, puisque certaines expressions
réfléchies françaises correspondent précisément à certaines tournures passives
allemandes.
Cahier du CIEL 1996-1997
Nous proposerons tout d'abord un classement des constructions
réfléchies françaises du corpus. Puis nous étudierons la traduction d'un certain
nombre d'exemples représentatifs et nous en déduirons une règle
traductologique.
1. CLASSEMENT DES CONSTRUCTIONS RÉFLÉCHIES
FRANÇAISES DU CORPUS
Il existe, à notre connaissance, peu de propositions de classement des
expressions réfléchies (Melis 1990, Waltereit 1997). Nous avons choisi de
nous appuyer sur celle de Waltereit 1997. En 1.1. nous présenterons le
modèle illustré par les exemples de la langue générale proposés par Waltereit
lui-même, auquel nous ajouterons quelques ajustements concernant les
constructions réciproques. Puis, en 1.2., nous appliquerons la grille de
classement obtenue en 1.1. au corpus de textes spécialisés.
1.1. Modèle théorique choisi pour le classement des
exemples français étudiés
Notre classement des constructions réfléchies en français, dont le point
de départ est la thèse de Richard Waltereit soutenue à la Freie Universität
Berlin en Juin1997 est résumé dans le tableau 1 . En 1.1.1. nous expliciterons
le tableau 1 et en 1.1.2., nous verrons comment les critères de classement
retenus pour les constructions réfléchies peuvent être appliqués aux
constructions réciproques.
1.1.1. Constructions réfléchies
S'appuyant sur les travaux de Oesterreicher (1992), Waltereit (1997)
distingue :
- la réflexivité vraie (sur le tableau 1 : C1, C2, C3)
- la pseudoréflexivité lexicale (sur le tableau 1 : C4, C5, C6)
- et la pseudoréflexivité grammaticale (sur le tableau 1 : C7, C8)
La pseudoréflexivité lexicale s'oppose à la réflexivité vraie par une
opacité sémantique qui impose une interprétation particulière, non
représentable de façon compositionnelle, de la sémantique du verbe ou de la
relation verbe-actants.
158
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
La pseudoréflexivité grammaticale caractérise les tournures réfléchies
qui entrent dans une opposition de diathèse systématique [actif/ passif/
réfléchi].1
Tableau 1
Classement
réflexivité
vraie
pseudoréflexivité
lexicale
pseudoréflexivité
grammaticale
Construction réfléchie fondée sur la
coréférence absolue
C1
Je n'aimerais pas me
regarder à la télé.
Construction réfléchie fondée sur la
relation partie-tout
C2
Il se rase tous les
jours/ Cet enfant
se gratte trop.
C5
0
Construction réfléchie
fondée sur une relation
métonymique
C3
Voici des années que
Jean se cherche en vain.
C4
C6
se persuader
se taire
se tromper
se rendre
se dresser
s'exercer
s'asseoir
s'exécuter, se rétracter,
s'appuyer
s'exprimer, se prononse réveiller
cer, se déclarer
C7
Construction réfléchie ergative (pronominaux subjectifs, neutres,
intransitifs etc.) Son caractère s'aigrit, la branche s'est cassée, le
métal s'est rouillé...
La pseudoréflexivité ergative se limite aux verbes téliques.
C8
Construction réfléchie passive (se moyen, medio-passif, passifs...)
La vengeance est un plat qui se mange froid/ Cela ne se dit pas/
Cette chose se plie/ La tour Eiffel se voit de loin.
Waltereit (1997) distingue en outre trois types de constructions
réfléchies en fonction de la relation entre sujet et pronom réfléchi :
- le sujet et le réfléchi peuvent être en relation d'identité ou de coréférence
absolue (sur le tableau 1 : C1, C4)
- la pseudo-coréférence entre le sujet et le réfléchi peut reposer sur une
relation de la partie au tout (sur le tableau 1 : C2, C5)
- la pseudo-coréférence entre le sujet et le réfléchi peut reposer sur une
relation de contiguïté (métonymie) (sur le tableau 1 : C3, C6)
A partir de ces deux séries de critères, on peut établir une classification
croisée qui est représentée dans le tableau 1 et illustrée par des exemples de la
langue générale proposés par Waltereit (1997).
Pour Lucien Tesnière, la diathèse se caractérise par "le sens dans lequel l'action
exprimée par le verbe s'exerce d'un actant vers un autre." (Petit lexique de syntaxe
structurale. Tesnière 1959). Sibylle Kriegel y voit la projection de rôles semantiques
(agent, patient prototypique etc.) sur les rôles syntaxiques (sujet, objet, etc) (Kriegel
1996).
1
159
Cahier du CIEL 1996-1997
Pour chacune des sous-classes ainsi délimitées, nous allons maintenant
proposer une définition.
C1 Réflexivité vraie avec coréférence absolue
La classe C1 est la seule pour laquelle on observe une coréférence
absolue entre le sujet et le pronom réfléchi (C'est qqn qui aime se punir luimême). Mais la transitivité se trouve néanmoins réduite car, comme le fait
observer Waltereit (1997, 170), “les restrictions de sélection portant sur l'objet
direct ne peuvent pas être plus spécifiques que celles qui portent sur le sujet :
si le verbe doit exprimer une action dont l'effet touche directement l'auteur du
procès, ses restrictions de sélection doivent être telles que les arguments qui
peuvent apparaître en position sujet doivent pouvoir apparaître aussi en
position objet. L'ensemble des sujets possibles est un sous-ensemble des
objets possibles.”
Toutefois il convient de concevoir la classe C1 comme un peu plus
large, car lorsque nous avons un verbe trivalent, la relation de coréférence
doit pouvoir relier sujet et objet indirect (Pierre se donne les moyens de ses
ambitions). Dans ce cas, les deux rôles thématiques concernés ne sont pas
l'agent et le patient mais l'agent et le bénéficiaire.
C2 Réflexivité vraie avec relation du tout à la partie
Pour définir la classe C2, il est nécessaire de présupposer l'existence du
corps (ou de certains autres ensembles. Cf exemple (3)) comme un Frame au
niveau conceptuel. Waltereit (1997, 170-171) écrit : “Pour certains verbes, il
faut poser, au niveau conceptuel, une relation partie-tout entre l'actant sujet et
l'actant objet dans son emploi réfléchi (Il se rase tous les jours/ Cet enfant se
gratte trop). Malgré cette relation partie-tout le sujet et l'objet reçoivent un
indice formel de coréférence. ” (Waltereit 1997, 170-171)
Nous verrons que dans tous les cas, c'est le sujet qui se présente comme
tout et l'objet comme partie. A partir de maintenant (et en cela nous nous
opposons à Waltereit), nous parlerons ici de relation tout-partie.
C3 Réflexivité vraie avec autres relations métonymiques
Par "métonymique", Waltereit entend une relation de contiguïté prise
dans un sens plus large que la relation tout-partie. Nous avons affaire à “des
verbes transitifs dont l'emploi réfléchi n'est pas lexicalisé. Sujet et objet direct
de la construction réfléchie ne sont pas seulement non coréférents, mais
encore ils ne se recouvrent plus du tout sur le plan référentiel. (..) L'objet
direct ne renvoie plus ici à une partie du sujet mais à quelque chose qui est
certes en étroite contiguïté avec le sujet, mais qui est perçu comme nettement
distinct : l'existence, la vie, les péchés, les crimes... (174) (Voici des années
que Jean se cherche en vain correspond à : voici des années que Jean cherche
160
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
en vain sa voie. et non à : **voici des années que Jean se cherche en vain la
voie). (...). Les constructions réfléchies métonymiques s'appuient sur une
relation de contiguïté plus faible que la relation tout-partie.” (Waltereit 1997,
175)
Pour bien comprendre ce que Waltereit entend par "relation
métonymique", il est utile de comparer l'emploi qu'il fait de cette notion avec
la définition qu'en propose Marc Bonhomme(1987) dans sa “Linguistique de
la métonymie”.
La relation de contiguïté (métonymique) est analysée par Bonhomme
(1987) comme un cas de dénotation synthétique. “La dénotation synthétique
consiste en l'application à un objet d'un pôle référentiel qui lui est étranger.
Alors que la dénotation ponctuelle fonctionnait sous le statut de l'égalité (=) et
la dénotation linéaire sous celui de l'inclusion (c), la dénotation synthétique
provient d'une relation de contradiction (≠) entre le référent et la polarité
dénotative qui le vise.
Avec la dénotation synthétique commence le vaste univers des tropes
qui se définissent comme des anomalies dénotatives dues à des amalgames
entre notions hétérogènes. Mais l'analyse attentive des occurrences nous
révèle déjà deux grands types de dénotations synthétiques ou tropiques: les
unes se développent dans un même ensemble référentiel, les autres génèrent
des jonctions entre les domaines référentiels les plus hétéroclites. Lorsqu'on
traite le pape de "chaussette rouge" et qu'on l'identifie à "Rome", on se
contente d'opérer des transferts référentiels à l'intérieur du champ dénotatif de
celui-ci, qui porte effectivement des chaussettes rouges et qui habite Rome.
Par contre, quand on voit dans le pape un "moufti", un "lion" ou un "phare",
les polarités sollicitées n'appartiennent pas du tout au même domaine
thématique, ce qui rend ces assimilations d'autant plus saisissantes. Avec les
transferts référentiels internes au champ dénotatif, on entre dans le cadre de la
métonymie. Quant aux jonctions entre champs, elles engendrent la structure
de la métaphore.” (Bonhomme 1987, 38-39).
Bonhomme (1987) appelle "allotopie" la relation de “jonction entre
champs” hétérogènes et "cotopie" la relation de “transfert référentiel interne
au champ dénotatif”. Dans ce cadre théorique, une métonymie est un effet
discursif actualisé issu d'une relation "mis à la place de" entre une unité
centrale d'une iso- et cotopie et un élément quelconque de sa cotopie. Elle se
définit “par ses transferts cotopiques entre le niveau syntagmatique profond et
le niveau actualisé du langage”. (Bonhomme 1987, 56). Cette définition
couvre à la fois le champ de la métonymie et celui de la synechdoque, dont
relève notamment la relation tout-partie.
Il nous faut donc admettre que, pour les besoins de sa démonstration,
Waltereit distingue artificiellement dans l'ensemble des relations cotopiques
la relation tout-partie d'une part et la relation métonymique d'autre part, cette
161
Cahier du CIEL 1996-1997
dernière se définissant à son tour comme l'ensemble des relations
métonymiques dont on a exclu la relation tout-partie.
Pour la description des réfléchis, nous nous rangerons, malgré le
problème théorique que cela pose, aux côtés de Waltereit car le comportement
du Frame tout-partie est bien différent des autres Frames qui entrent dans les
autres cotopies. A cet égard, le test appliqué par Waltereit lui-même nous
semble tout à fait probant : dans le cas de C2, il est possible de faire coexister
le réfléchi, qui devient alors bénéficiaire, et l'objet du verbe (Pierre se rase la
moustache tous les jours), alors que cela n'est pas possible pour ce que
Waltereit appelle : relation métonymique (Voici des années que Jean se
cherche en vain correspond à : voici des années que Jean cherche en vain sa
voie. et non à : **voici des années que Jean se cherche en vain la voie). Ce
que Waltereit appelle "relation métonymique" pourrait être appelé "autres
relations métonymiques", par opposition à la relation tout-partie. C'est ainsi
que nous nous exprimerons désormais lorsque ce sera nécessaire; lorsqu'une
précision de ce type se révélera redondante ou alourdira le propos, nous
parlerons, dans cet article, de "relation métonymique" dans le sens même où
Waltereit emploie le terme.
Avec C4, C5 et C6 , nous abordons un autre domaine, celui de la
pseudoréflexivité lexicale. Nous avons affaire à une expression figée, qui peut
se définir selon Gross (1996) par deux propriétés essentielles d'où dérivent
toutes les autres : la polylexicalité et l'opacité sémantique (Gross 1996, 9-10).
Dans le cas des constructions réfléchies, la polylexicalité est assurée par la
combinaison d'un verbe et d'un pronom réfléchi ; quant à l'opacité
sémantique, elle est obtenue chaque fois que la sémantique de la construction
réfléchie ne peut se déduire de la signification de ses parties. Pour
Oesterreicher (1992), “dans les cas de pseudoréflexivité lexicale, le pronom
se fait partie d'une lexie, ou plus précisément d'un lexème complexe.”
Waltereit (1997, 188) considère que les deux unités lexicales <verbe +
pronom réfléchi> se trouvent réanalysées en un ensemble unique.
Pour les constructions réfléchies pseudolexicales comme pour les vrais
réfléchis, on peut distinguer les constructions fondées sur la coréférence (C4),
les constructions fondées sur la relation tout-partie (C5) et les autres
constructions métonymiques (C6). Dans tous les cas, c'est une part de la
transitivité de la construction réfléchie qui est figée : avec C4, c'est la relation
sujet-pronom réfléchi, avec C5, c'est la relation sujet-objet prépositionnel, et
avec C6 , c'est la relation verbe-objet qui se trouve modifiée.
162
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
C4 Pseudoréflexivité lexicale avec réduction de la coréférence à un
bouclage du procès sur le sujet
L'indexation formelle de coréférence n'empêche pas le figement de la
relation sujet-pronom réfléchi qui aboutit à un bouclage du procès sur luimême.
Waltereit (1997) voit dans ces constructions, qui sont dérivées
diachroniquement d'un verbe transitif, une perte de leur valeur causative qui
conduit fatalement à un affaiblissement de la transitivité. “ La lexicalisation
de ces constructions réfléchies semble correspondre à un modèle particulier :
les deux rôles sémantiques coréférents dans la tournure transitive ne font plus
qu'un, et si l'on peut encore parler de procès, il n'y a plus d'action transitive.
(... ) Nous avons affaire à une décausativation en diachronie. Le rôle
thématique "causateur"2 disparaît” et même “la distinction conceptuelle entre
agent et patient est neutralisée.”(Waltereit 1997, 190).
Le résultat est une interprétation inaccusative de la construction
pseudoréfléchie lexicale qui touche directement la relation au sujet : le procès
part du rôle thématique exprimé par le sujet et lui revient en boucle. (Pour les
exemples comme se tromper, se réveiller, voir tableau 1.)
Les constructions verbales inaccusatives sont non agentives et
n'admettent pas de passif. “Les constructions intransitives inaccusatives sont
sémantiquement (au sens de Hopper/ Thompson 1980) faiblement transitives.
Elles expriment des situations médiales (cf Kemmer 1993 : 53-74), c'est-àdire qu'elles renvoient en boucle au rôle thématique exprimé par le sujet. C'est
pour rendre linguistiquement de telles situations que la pseudoréflexivité
lexicale a pris, dans les langues romanes, le relais du passif synthétique latin.”
(Waltereit 1997, 191) (En ce qui concerne le latin tardif, voir aussi dans ce
volume: Kriegel 1997)
C5 Pseudoréflexivité lexicale avec figement de la relation tout-partie
A propos de la relation tout-partie, Waltereit pose la règle suivante: “La
relation entre le réfléchi et son antécédent n'est jamais une relation partie-tout
avec la partie comme sujet.” (Waltereit 1997, 183); cette règle est en accord
avec Langacker (1993: 9): “ Le tout sert toujours de repère pour les parties.”
A la différence de Waltereit qui ne présente aucun exemple français
d'une construction tout-partie lexicalisée, nous avons trouvé dans notre corpus
de textes spécialisés plusieurs phrases qui correspondent au modèle annoncé
et qui confirment la règle selon laquelle le tout s'exprime toujours dans le
Le rôle thématique "causateur" est à rapprocher d'une analyse de la transitivité forte à
l'aide du marqueur sémantique <CAUSE>.
2
163
Cahier du CIEL 1996-1997
sujet. Quant à la partie, elle prend la forme d'un objet prépositionnel qui ne
peut être supprimé. Nous avons donc bien affaire à un modèle lexicalisé figé.
C6 Pseudoréflexivité lexicale avec figement d'autres relations
métonymiques.
Dans les cas de pseudoréflexivité lexicale de la construction réfléchie
avec figement de relations métonymiques autres que la relation tout-partie, ce
n'est pas le sujet qui se trouve, en diachronie, escamoté par le bouclage du
procès au moyen du réfléchi, mais l'objet (taire un secret > se taire). “Le
verbe ainsi obtenu n'a pas une interprétation inaccusative, mais une
interprétation inergative. Ainsi s'ouvre un nouvel espace sémantique non
médial.” (Waltereit 1997, 193)
Les constructions verbales inergatives se caractérisent, selon Waltereit
(1997), par les propriétés suivantes : l'argument a en général un rôle d'agent,
la nominalisation en -eur et la formation d'un passif sont possibles, mais il
n'est pas possible de renverser la construction verbale en introduisant un il
impersonnel.
Dans les constructions de la classe C6, le figement affecte soit la
sémantique verbale, soit la relation verbe-objet. Dans le premier cas, que
j'appelle C6A, le figement métonymique est lié au verbe lui-même (se taire,
se dépêcher, se prêter à qqch = C6A). Dans le deuxième cas, que j'appelle
C6B, le figement métonymique affecte les restrictions de sélection entre la
tournure réfléchie et l'objet direct (se saisir de qqch, s'aviser de qqch = C6B).
Le troisième et dernier domaine que distingue Waltereit parmi les
constructions réfléchies est celui de la pseudoréflexivité grammaticale.
Contrairement à la pseudoréflexivité lexicale, la pseudoréflexivité
grammaticale n'est pas liée à un figement et/ ou à un glissement de la
sémantique du noyau verbal ou de sa relation aux actants, mais elle exprime
une certaine diathèse dans le domaine médial.
C7 Pseudoréflexivité grammaticale : Constructions réfléchies ergatives
La pseudoréflexivité ergative comme dans Son caractère s'aigrit, la
branche s'est cassée, le métal s'est rouillé... est, selon Waltereit (1997),
limitée aux verbes téliques.
Il s'agit d'une diathèse d'un verbe transitif divalent, qui n'implique pas
d'agent, mais nécessite un facteur extérieur favorisant l'action, qui peut être
verbalisé par exemple par : sous l'effet de (la branche s'est cassée sous l'effet
de la tornade).
C8 Pseudoréflexivité grammaticale : Constructions réfléchies passives
Les constructions réfléchies passives se forment avec des verbes qui,
dans la diathèse active, supposeraient un sujet humain. Comme pour les
164
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
constructions réfléchies ergatives, l'agent n'est pas exprimable dans les
exemples de la classe C8. C'est l'action elle-même qui est focalisée ; elle peut
même être qualifiée par un adverbe de manière (Ce livre se vend bien/ une
telle lettre s'écrit facilement.) Les constructions réfléchies passives
apparaissent la plupart du temps dans des phrases génériques (La vengeance
est un plat qui se mange froid/ Cela ne se dit pas/ Cette chaise se plie / La
tour Eiffel se voit de loin.).
Ce qui caractérise la pseudoréflexivité grammaticale, qui appartient,
comme nous venons de le voir, au domaine médial, c'est l'absence de tout
"causateur" et l'absence de tout agent parmi les actants de la construction
verbale. L'absence de tout "causateur" oppose la diathèse médiale à la
diathèse active et l'absence de tout agent exprimable oppose la diathèse
médiale à la diathèse passive.
1.1.2. Constructions réciproques
Waltereit (1997) distingue trois types de constructions réciproques
présentés dans le tableau 2.
Tableau 2
Réciprocité inhérente au sujet.
Elle s'exprime avec ces verbes quand le
sujet est au pluriel (Les négociateurs
parlementent les uns avec les autres).
Réciprocité inhérente à l'objet.
Elle s'exprime avec ces verbes quand
l'objet est au pluriel.
Le sujet est alors un "causateur".
converser, coopérer, lutter, parlementer.
harmoniser des couleurs, lier des fleurs,
juxtaposer, mélanger, opposer, raccorder.
2 interprétations : il faut mélanger
plusieurs couleurs (pluriel)
il faut mélanger le bleu au rouge
(distributif)
Réciprocité + Réflexivité
Elle s'entend bien avec ses parents.
On parlera de "réciprocité + réflexivité" Les manifestants se sont affrontés aux
lorsque la réciprocité s'exprime grâce
forces de l'ordre.
au réfléchi, c'est-à-dire que le réfléchi
est utilisé pour renvoyer à un autre et
Notons que le complément qui exprime ici
réciproquement.
la concomitance ne peut être supprimé.
Si nous élargissons le domaine de la Réciprocité + Réflexivité à des
exemples particulièrement bien représentés dans le corpus, où le pronom
réfléchi se est combinable avec mutuellement / l'un l'autre , nous pouvons
proposer un classement complémentaire à celui de R. Waltereit, fondé
également sur les oppositions fondamentales pertinentes pour les
constructions réfléchies, avec réciprocité vraie (C9), relation tout-partie (C10)
et autres relations métonymiques (C11).
165
Cahier du CIEL 1996-1997
C9 Réciprocité + Réflexivité avec réciprocité de la référence
Il s'agit en C9 d'une construction réfléchie avec réciprocité de la
référence qui peut être soulignée par des expressions comme l'un, l'autre ou
mutuellement.
(1) C'est ainsi que le dialogue s'est engagé entre les deux personnages qui
s'éclairent depuis mutuellement. En écrivant sur l'un, je vois mieux qui est
l'autre... (Le Monde 13 décembre 1996, page 4)
Mais à côté d'exemples comme (1), qui relèvent de la réciprocité vraie
(ou réciprocité de la référence (C9)), il nous faut distinguer, parallèlement aux
autres emplois du réfléchi, un domaine qui repose sur la relation tout-partie
(C10) et un domaine qui repose sur les autres relations métonymiques (C11).
Au classement de Waltereit, nous ajouterons les classes C9, C10 et C11, qui
forment le domaine homogène de la réciprocité, parfaitement parallèle à celui
de la réflexivité (C1, C2 et C3). Le tableau 3 résume ce classement des
constructions réciproques dont la validité sera confirmée par l'étude de notre
corpus.
Tableau 3
Classement des
constructions
réciproques
Réciprocité +
Réflexivité
Réciprocité +
Réflexivité avec
réciprocité de la
référence
C9
Les 2 personnages
s'éclairent l'un l'autre/
mutuellement
Construction réciproque Construction
avec relation de la partie réciproque avec
au tout
autres relations
métonymiques
C10
C11
Ils se masquent les yeux Elles se
les uns des autres/
confient l'une à
mutuellement
l'autre.
C10 Construction réciproque avec relation du tout à la partie
Comme en C2, le sujet et l'objet reçoivent, en C10, un indice formel de
coréférence : le pronom réfléchi-réciproque. Aussi bien le corps humain (2)
qu'une société (3) peuvent servir de Frame. Notons que, dans ces exemples
aussi, le sujet renvoie toujours au tout et jamais à une partie.
(2) Quand François Raffinot s'en tient à son projet initial de faire apparaître le
corps de l'écrivain banni, sa danse prend le risque d'une expressivité trop
grande : duo où les danseurs se masquent mutuellement les yeux; grimaces
du visage à la Francis Bacon. En revanche, la chorégraphie devient
stupéfiante quand l'Inde fait irruption : doigts en éventail, mains en lotus,
flexibilité des genoux, des hanches... (Le Monde. 29-7-96, 19)
(3) L'alliance des deux mouvements chiites rivaux, Amal et Hezbollah,
imposée avec rudesse par la Syrie au Sud et dans la Bekaa, n'a fonctionné
qu'en apparence. Les candidats désignés ont été élus, mais Amal et le
Hezbollah se sont mutuellement refusé leurs voix et leur inimitié n'a fait
que croître. (Le Monde, 18-9-96, 3)
166
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
C11 Construction réciproque avec autres relations métonymiques
Dans l'exemple (4) le pronom réfléchi se reçoit une interprétation
réciproque alors même qu'entre le sujet de la phrase et le contenu de l'objet
direct, s'établit une relation de contiguïté qui n'est pas une relation tout-partie.
(Cortès 1995)
(4) Ne se sentant pas le courage de parler à leurs parents, les deux amies se
confièrent l'une à l'autre. (= confièrent l'une à l'autre leurs soucis secrets)
Nous allons maintenant apporter la preuve de la pertinence de ces
classifications pour les constructions réfléchies et réciproques relevées dans
les textes spécialisés.
1.2. Analyse d'un corpus de constructions réfléchies
dans des textes spécialisés du français
Nous ne présenterons pas ici les 212 exemples du corpus mais
seulement un échantillon représentatif de chaque sous-classe. Au début de
chaque paragraphe sera indiqué le nombre des exemples correspondants
relevés dans le corpus.
C1 Réflexivité vraie avec coréférence absolue (27 exemples)
Dans les textes en langue spécialisée, il y a relativement peu de phrases
qui présentent un sujet humain. Dans ce cas, les pronoms réfléchis sont
utilisés comme objet direct (5) ou indirect (6). Si le sujet est non humain, le
pronom réfléchi est toujours objet direct.
(5) Les patients se sont familiarisés avec une série de distinctions.
(6) Les autre points essentiels seront la puissance de feu, la mobilité et
l'amélioration globale de l'armement. En particulier, on fera des efforts
pour se donner les moyens d'assurer une formation efficace.
Dans quelques exemples, le caractère réfléchi de la construction est
souligné par un renforcement du pronom réfléchi (7) ou par une expression
adverbiale (8). Pour des verbes comme se multiplier (9), se copier, se
répercuter, la sémantique verbale joue un rôle décisif dans l'interprétation
réfléchie. Avec se suicider (10), nous sommes à la limite d'une lexicalisation,
mais il ne s'agit pas, comme pour C4, de pseudoréflexivité lexicale ; nous
avons affaire à un exemple de réflexivité vraie lexicalisée.
(7) La division cellulaire mitotique est le processus par lequel chaque cellule
se reproduit elle-même.
(8) Un virus informatique est un logiciel capable de se reproduire par ses
propres moyens - généralement en se lovant à la fin des programmes
exécutables, susceptibles d'altérer le bon fonctionnement de votre PC.
167
Cahier du CIEL 1996-1997
(9) Et voilà bien le problème : le laps de temps entre la mise en circulation
d'un virus et sa découverte, pendant lequel il peut se multiplier et détruire
en toute impunité.
(10) Raff et ses collègues chercheurs ont émis l'hypothèse que les cellules sont
programmées pour se suicider et nécessitent des signaux constants d'autres
cellules pour survivre.
Il faut maintenant soulever deux questions très importantes pour
l'analyse de corpus :
- i- Est-ce que ce que nous affirmons d'un exemple vaut également pour
tous les emplois de la construction réfléchie qu'il contient?
- ii- Dans quelle mesure le domaine de spécialité joue-t-il un rôle dans
l'interprétation d'une phrase?
Pour répondre à la première question, nous pouvons nous servir des
exemples (11) et (12) :
(11) Les cellules du système nerveux central de l'homme ne se divisent plus
une fois établies.
(12) Les algorithmes symétriques se divisent entre algorithme de chiffrement
continu et algorithme de chiffrement par bloc.
Avec (11) nous avons une interprétation réfléchie (C1) de se diviser
(l'introduction de elles-mêmes ou par leurs propres moyens est possible),
tandis que (12) appartient à C5 puisqu'il existe une relation tout-partie entre
le sujet et l'objet prépositionnel. Les exemples (11) et (12) montrent
clairement, d'une part, qu'une description ne vaut que pour l'exemple
concerné et, d'autre part, que le contexte de la construction réfléchie doit être
examiné avec soin.
En ce qui concerne la deuxième question, nous voudrions montrer que le
domaine de spécialité peut être décisif pour le choix d'une interprétation. En
(13) les verbes se pratiquent et se réalise appartiennent à l'évidence à la
classe C8 (constructions réfléchies passives) puisque le verbe admet dans sa
variante active un sujet humain ; la valeur modale de la phrase (des greffes
peuvent être pratiquées/ réalisées...) est également un argument en faveur de
cette analyse. En (14), par contre, nous pouvons admettre que l'ordinateur a la
fonction d'un causateur qui exerce une action sur lui-même; (14) est donc à
interpréter comme un exemple de la classe C1 ; cette interprétation vaut pour
le logiciel (Software), tandis qu'il vaudra mieux rattacher l'exemple (15), qui,
lui, relève du matériel (Hardware), à la classe C8.
(13) Quelques greffes se pratiquent en plein hiver sur des plantes ou parties de
plantes au repos mais la majorité se réalise pendant tout le temps où la
sève est en activité.
(14) V-imune se charge automatiquement au démarrage du système et analyse
la mémoire du PC et les secteurs d'amorce des disques. (Software)
(15) Il existe des pavés numériques indépendants qui se connectent sur le port
série. (Hardware)
168
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
C'est sur la base de cette particularité du domaine informatique que l'on
peut considérer (14) comme une vraie construction réfléchie (classe C1), alors
que (15) (comme (13)) n'admet qu'une lecture réfléchie passive (classe C8)
(des pavés numériques indépendants peuvent être connectés sur le port série).
C2 Réflexivité vraie avec relation du tout à la partie (4 exemples)
La classe C2-(Réflexivité vraie avec relation du tout à la partie) est
rarement attestée dans le corpus. Le corps du cheval fonctionne comme
Frame dans les exemples (16) à (19).
(16) Si deux pieds d'un même latéral se posent l'un devant l'autre, le cheval se
croise (les membres).
(17) Il est alors exposé à se toucher ou à se couper.
(18) Lorsque le pied au lever effleure le membre à l'appui, on dit qu'il se touche
(le jarret).
(19) S'il y a une plaie, on dit que le cheval se coupe (la robe).
Le corpus présente d'autres exemples de la relation tout-partie, mais ils
relèvent tous de la pseudoréflexivité lexicale et seront traités en C5.
C3 Réflexivité vraie avec autres relations métonymiques (6 exemples)
Des constructions réfléchies comme s'affirmer, s'imposer en (20), (21)
impliquent, sur le plan conceptuel, une relation de contiguïté entre le sujet et
l'une de ses propriétés, qui peut même être exprimée à l'aide d'un complément
prépositionnel instrumental introduit par par .
(20) Le PSE (polystyrène expansé = isolant utilisé dans le bâtiment) s'affirme
donc comme un matériau de construction à part entière (par ses qualités,
par ses propriétés).
(21) Aujourd'hui les techniques numériques se sont imposées partout (par leur
efficacité, leurs performances).
Jusqu'ici nous avons traité des exemples dans lesquels la construction
réfléchie s'analyse de manière componentielle. Nous allons nous occuper
maintenant du domaine de la pseudoréflexivité lexicale.
C4 Pseudoréflexivité lexicale avec réduction de la coréférence à un
bouclage du procès sur le sujet (42 exemples)
Dans les exemples de la classe C4 pour lesquels l'opposition entre agent
et patient est neutralisée, le sujet définit en quelque sorte, sur le plan
conceptuel, un espace sémantique à l'intérieur duquel se développe un procès
non télique. Cette fonction peut être remplie aussi bien par des sujets humains
((22) à (24)) que par des sujets non humains ((25) à (27)).
(22) Comment s'étonner qu'une forme non séquentielle, non narrative, ait du
mal à trouver ses auteurs et son public aujourd'hui?
(23) La tendance actuelle est désormais de s'inspirer davantage de l'exemple
que des jeux vidéos.
169
Cahier du CIEL 1996-1997
(24) Jusqu'à présent beaucoup d'hypermédias se contentent de transcrire
l'existant vers les nouvelles formes numériques.
(25) Mais le PSE s'accommode aussi bien des associations in situ, notamment
lors de son contact direct avec des matériaux appliqués dans leur état
humide : plâtre projeté, béton coulé sur des coffrages isolants...
(26) Le mésothéliome pleural est un cancer qui se développe au niveau de la
plèvre entourant le poumon.
(27) Chacun de ces canaux se renfle en cul-de-sac pour former un "sac
alvéolaire".
Outre ces exemples, le corpus contient des constructions réfléchies avec
s'égarer, s'ancrer, se stabiliser s'améliorer, se propager, se situer, se
présenter, s'installer, se prolonger, se dérouler etc. qui appartiennent à la
classe C4.
C5 Pseudoréflexivité lexicale avec figement de la relation tout-partie (15
exemples)
Les exemples du corpus confirment la règle selon laquelle, dans la
relation tout-partie, le sujet s'identifie toujours avec le tout et sert ainsi de
repère aux parties. La relation aux parties peut s'exprimer de deux façons
différentes suivant que :
- le tout est le résultat de la réunion des parties (C5A),
- le tout est le point de départ d'une énumération de parties (C5B).
Nous pouvons considérer se composer de (28) comme prototype de la
sous-classe C5A et se décomposer en (29) comme prototype de la sous-classe
C5B. Le choix de la préposition de pour C5A ou en (ou encore entre. Voir
exemple (12)) pour C5B semble déterminant pour l'interprétation sémantique
de ces structures. Il faut souligner d'ailleurs que la présence du complément
prépositionnel est absolument obligatoire dans ces constructions.
(28) Utilisé principalement dans la musique savante du nord de l'Inde,
l'instrument désigné sous le nom de tabla se compose en réalité de deux
tambours distincts joués par le même musicien.
(29) En ce qui concerne RSA, l'astuce repose sur la difficulté de décomposer
les grands nombres en facteurs premiers. 22 par exemple, se décompose en
deux nombres premiers, 1 et 22.
Le corpus atteste d'une troisième variante, C5C, que l'on trouve dans les
exemples (30) et (31). A la différence des constructions avec de et en, qui
mettent sur un pied d'égalité toutes les parties d'un tout comme dans une
taxinomie, nous assistons avec les constructions en par à une focalisation sur
une (ou les) partie(s) pertinente(s) pour le propos.
(30) Le comportement alimentaire se caractérise par un ensemble de conduites
au service d'une triple demande énergétique, hédonique et symbolique.
170
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
(31) A l'intérieur de chaque poumon, la bronche principale se ramifie
d'innombrables fois jusqu'à former de fines "bronchioles" qui se terminent
chacune par trois ou quatre canaux alvéolaires.
Soulignons que, pour C5A et C5C, il existe un emploi converse de la
construction réfléchie avec le verbe non pronominal (converse de (30 ): un
ensemble de conduites (spécifiques) caractérise (ce type de) comportement
alimentaire.
Comme il n'est pas possible de présenter ici tous les exemples de la
classe C5, nous présenterons un tableau récapitulatif (tableau 4) des
principaux verbes rencontrés dans le corpus, qui se répartissent dans les trois
classes C5A, C5B et C5C selon le groupe prépositionnel qu'ils introduisent.
Tableau 4
C5A Préposition : de
se composer de
s'enrichir de
se compliquer de
C5B Préposition : en
se décomposer en
se fragmenter en
se diviser en/entre
C5C Préposition : par
se caractériser par
se traduire par
se terminer par
se révéler par
se manifester par
se définir par.....
C6 Pseudoréflexivité lexicale avec figement d'autres relations
métonymiques (25 exemples)
Comme le prédit Waltereit, le figement métonymique peut affecter soit
la sémantique verbale (exemples C6A) soit la relation à l'objet (exemples
C6B). Les expressions concernées ont une valeur télique.
C6A- (16 exemples)
Le figement de la sémantique du verbe peut être limité comme en (32),
mais il peut aussi, comme dans se trouver ou se retrouver en (33) et (34),
faire disparaître totalement la télicité du verbe. Le verbe se trouver peut
même avoir la fonction d'une copule ((35) et (36)).
(32) D'autant que la dite Convention ne se limite pas aux mines anti-personnel
et que toute réglementation internationale qui ne s'appliquerait qu'à ce
secteur serait illusoire dès lors qu'elle serait tournée, voire violée par
ailleurs.
(33) Or, dans de nombreux cas, les matériaux isolants se trouvent en situation
de capter l'humidité si leur conception et leur nature s'y prêtent.
(34) Les termes déchiffrement et décryptage n'ont qu'un seul équivalent en
anglais (decryption), et la différence de sens ne se retrouve donc pas.
(35) A ce domaine correspond la fraction d'eau libre qui se trouve à l'état
liquide et qui n'est retenue à la surface du substrat sec que par des forces
capillaires.
171
Cahier du CIEL 1996-1997
(36) L'évaporation à multiple effet se trouve en effet concurrencée par la
recompression mécanique des vapeurs qui ne consomme pratiquement que
de l'électricité.
C6B- (9 exemples)
Nous rattachons à la classe C6B les exemples (37) à (39), bien que
Waltereit (1997) hésite entre C4 et C6B pour classer l'expression : il s'agit de
(39). Dans ces trois cas, en effet, c'est le cadre valenciel qui est modifié par le
figement. Cela est particulièrement clair pour se heurter à et il s'agit de, mais
même pour se produire une modification des restrictions de sélection est
sensible ; aucune des phrases (38') ne semble acceptable : (38') *Le
traumatisme a produit une rupture accidentelle de ces vésicules. (...) *La
maladie a produit diverses complications somatiques. Il faudrait chaque fois
remplacer, dans (38'), a produit par a entraîné ou a eu pour effet.
(37) Toute élimination d'eau se heurte aux deux problèmes majeurs suivants :
- risque d'altération de la qualité nutritionnelle et surtout organoleptique du
produit,
- consommation d'énergie considérable.
(38) Cependant, il peut se produire une rupture accidentelle de ces vésicules.
(...) Diverses complications somatiques s'étaient déjà produites.
(39) On n'oubliera pas qu'un clavier est soumis à de nombreuses pressions
mécaniques; il s'agit d'un périphérique fragile.
C7 Pseudoréflexivité grammaticale : Constructions réfléchies ergatives
(25 exemples)
Notre corpus présente quelques constructions réfléchies ergatives dans
lesquelles se combinent télicité et absence d'agent. Les procès téliques sont
centrés sur un résultat qui est atteint sans intervention humaine. La télicité du
procès fait que les exemples de la classe C7 (à la différence de C8) peuvent
facilement être employés à l'accompli ; la nominalisation du verbe est
également très souvent possible et le "Nomen Actionis" désigne aussi bien
l'action que son résultat. Les expressions de la classe C7 ne peuvent en
principe être mises au passif et la nominalisation en -eur n'est pas possible ;
en outre les exemples de la classe C7 ne sont pas liés à une valeur modale
comme c'est le cas pour C8.
(40) Les fibres restent alors dans des vésicules qui les isolent du reste du
contenu cellulaire. Elles vont progressivement s'y dissoudre
(41) Il se forme alors une pellicule sur la surface des cylindres qui se dessèche
rapidement et qui est détachée par un couteau racleur.
(42) Avec l'épuisement des réserves énergétiques, les fibres musculaires sont
dans l'incapacité de se relaxer : le muscle va se durcir.
Il faut également rattacher à la classe C7 une série d'exemples qui sont
dérivés d'un nom comme se cancériser, s'enraciner, se lyser, se ramifier ou se
172
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
lignifier (43) ; dans ces cas, le contenu nominal d'où est dérivé le verbe
correspond exactement au terme ultime de l'action verbale.
(43) Les tissus herbacés se lignifient (= se transforment en bois) .
Tableau 5 : Constructions réfléchies en français (langue spécialisée)
Classement
Construction
Relation toutAutres relations
réfléchie avec
partie
métonymiques
coréférence ou
en boucle
réflexivité „vraie“ C1
C2
C3
(5) Les patients (58) ... je me lavai (21) Aujourd’hui les
se sont familia- le visage....je me techniques numériques se
risés avec une
rhabillai...
sont imposées (...)
série de
distinctions.
pseudoréflexivité C4
C5
C6
lexicale
(22) Comment (31) A l’intérieur C6A
s’étonner
de chaque
(32) la dite Convention
qu’une forme
poumon, la bron- ne se limite pas aux minon séquentielle che principale se nes anti-personnel (...)
ait du mal à
ramifie d’innom- C6B
trouver ses
brables fois (...).
(39) (...) il s’agit d’un
auteurs (...)?
périphérique fragile.
pseudoréflexivité C7
grammaticale
(40): (...) elles vont progressivement s’y dissoudre.
C8
C8A
(60) Le livre se lit bien
C8B
(46) Les trois espèces se rencontrent à Jussieu.
C8 Pseudoréflexivité grammaticale : Constructions réfléchies passives (40
exemples)
Parallèlement aux nombreux exemples de constructions réfléchies
passives que présente notre corpus, il existe la plupart du temps une variante
passive correspondante. La différence tient à ce que une interprétation modale
peut toujours être ajoutée aux exemples de la classe C8.
(44) Si la signature se déchiffre correctement et que les informations
correspondent au message (empreinte correcte, etc.), la signature est
considérée comme valide.
(45) Des cassures de l'ADN et des fragmentations chromosomiques peuvent
alors s'observer.
(46) Les trois espèces se rencontrent à Jussieu.
(47) Les tambours iraquiens en forme de sablier se portent en général sous le
bras et se jouent avec la pointe des doigts.
173
Cahier du CIEL 1996-1997
(48) En toiture-terrasse, les panneaux PSE s'utilisent en support direct
d'étanchéité ou en contact avec la protection lourde (toiture dite
"inversée").
A la différence d'une construction passive, les exemples de la classe C8
ne peuvent jamais comporter l'expression d'un complément d'agent introduit
par la préposition par.
Pour résumer (C1-C8), nous proposons le tableau 5 (voir page
précédente).
C9 Réciprocité + Réflexivité avec réciprocité de la référence (12
exemples)
Parmi les exemples du corpus qui expriment la réciprocité, nous
trouvons des phrases contenant l'un, l'autre ou mutuellement, mais aussi des
exemples de verbes essentiellement réciproques comme se livrer bataille,
s'affronter, se séparer (se séparer : sans complément prépositionnel introduit
par de et seulement avec un sujet pluriel), etc.
(49) Les chromatides appariées se repoussent l'une l'autre.
(50) Ainsi les deux géants semblent prêts à se livrer bataille.
(51) Pendant la mitose, les chromatides soeurs de chaque chromosome se
séparent.
C10 Construction réciproque avec relation du tout à la partie (2
exemples)
Le seul verbe attesté dans une construction réciproque avec relation du
tout à la partie est se distinguer, avec une complément prépositionnel
introduit par par. C'est précisément entre le sujet et le complément
prépositionnel que s'établit la relation tout-partie.
(52) Il existe plusieurs modèles qui se distinguent les uns des autres par la
forme de la touche entrée.
Étant donné que l'exemple (52) présente un certain parallélisme avec les
exemples de la classe C5 C (par exemple : se caractériser par), il faudrait
peut-être parler ici d'une forme de "pseudoréciprocité lexicale" avec relation
du tout à la partie.
C11 Construction réciproque avec autres relations métonymiques (14
exemples)
Aux constructions réciproques avec autres relations métonymiques
correspondent la plupart du temps des tournures converses qui permettent
d'introduire l'un l'autre et ainsi de mettre à jour la valeur réciproque de
l'expression. Ainsi le modèle [A se V Prép B], sous lequel se présente la
plupart des exemples de la classe C11, peut être transformé en :
174
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
[A se V Prép B] <> [A et B se V l'un (Prép) l'autre]
(A s'ajoute à B <> A et B s'ajoutent l'un à l'autre).
Les exemples formés sur le modèle : [A se V Prép B] permettent au
locuteur d'attribuer, sur le plan pragmatique, un plus grand poids à A qu'à B,
puisque A occupe seul (séparé de B) la position sujet et par là-même la
position thématique de la phrase. Les verbes du corpus qui sont construits
selon ce modèle sont : s'ajouter à, se surajouter à, se fixer à, se lier à,
s'accompagner de, s'écarter de, s'éloigner de.
(53) Comme on l'a vu dans le cas des maisons en bande, cette chape flottante
peut se surajouter au système de planchers-poutres sur vide sanitaire, selon
la nature des entrevous. (Cette chape flottante et ce système de plancherspoutres sur vide sanitaire peuvent se surajouter l'un à l'autre.)
(54) Les erythrocytes peuvent se fixer aux macrophages de façon telle qu'ils
restent liés et ne sont pas ingérés. (Les erythrocytes et les macrophages
peuvent se fixer les uns aux autres.)
(55) Une diminution de Te s'accompagne d'une légère augmentation de la
valeur de L2, donc d'une légère augmentation également de la
consommation de vapeur primaire. (Une diminution de Te et une légère
augmentation de la valeur de L2 s'accompagnent (l'une l'autre)).
A la différence de la classe C10, il n'y a, dans les exemples de la classe
C11, aucune relation tout-partie entre le sujet et l'objet prépositionnel, pas
même dans des exemples comme (56) et (57), où les symptômes décrits dans
le groupe prépositionnel ne sont que des épiphénomènes de la maladie.
(56) La symptomatologie s'accompagne le plus souvent d'une importante
dilatation gastrique et d'une altération rapide de l'état général.
(57) Ce syndrome s'accompagne toutefois toujours d'une symptomatologie
bruyante avec médiastinite.
L'étude des exemples des classes C9, C10 et C11 semble bien montrer
qu'il est judicieux de proposer des classifications parallèles pour la réciprocité
et pour la réflexivité (réciprocité et/ou réflexivité vraie, relation tout-partie,
autres relations métonymiques). Il semblerait en outre indispensable d'étudier
un plus grand nombre d'exemples de constructions réciproques pour savoir s'il
est nécessaire de distinguer entre réciprocité vraie et pseudoréciprocité
lexicale.
En ce qui concerne les constructions réciproques, on pourrait proposer le
tableau suivant:
Tableau 6 : Constructions réciproques en français (langue spécialisée)
Classement Construction
Relation tout-partie
Autres relations
réciproque vraie
métonymiques
Réciprocité C9
C10
C11
(49) Les chromatides (2) (...): duo où les dan- (54) Les erythrocytes
appariés se repousseurs se masquent mu- peuvent se fixer aux
sent l’une l’autre.
tuellement les yeux; (...) macrophages (...)
175
Cahier du CIEL 1996-1997
1.3. Résultats
Résultats statistiques :
La majorité des exemples du corpus se trouvent dans le domaine lexical
et le domaine médial. En ce qui concerne les classes relevant de la
pseudoréflexivité lexicale C4, C6A et C6B, nos résultats correspondent à
ceux de Waltereit 1997. En revanche, il n'avait aucun exemple de la classe C5
alors que nous en avons trouvé 15 ; il s'agit sans doute d'un type d'exemples
particulièrement fréquents dans les domaines scientifiques et techniques
étudiés.
Le domaine médial est également fort bien représenté dans notre corpus,
et cela est aussi spécifique des types de textes étudiés.
En conclusion, nous pouvons affirmer que la pseudoréflexivité lexicale
et grammaticale ainsi que la "pseudoréciprocité lexicale" sont mieux
représentées dans notre corpus que la réflexivité ou la réciprocité vraies.
Résultats sur le plan sémantique :
La classification de Waltereit, qui a fait ses preuves tout au long de cette
étude, montre en effet que la relation métonymique au sens large de la
définition de Bonhomme 1987 (relation tout-partie + autres relations
métonymiques) joue un rôle plus important que la coréférence. Waltereit
(1997, 167) écrit : “La coréférence est sans doute l'emploi prototypique des
constructions réfléchies, mais ce n'est que le noyau d'un domaine fonctionnel
beaucoup plus grand. Nous voyons ici que l'identité, en tant que relation de
coréférence, n'est qu'un cas limite de la relation de contiguïté.”
Il faudrait maintenant savoir si, au-delà de la diversité des classes
obtenues, les constructions réfléchies remplissent une fonction commune.
Melis (1990) parle de boucle ou de clotûre du procès. “Reflet du sujet, le
pronom réflexif opère en quelque sorte une clôture du procès verbal en
limitant son domaine d'application à la seule sphère du sujet. Ainsi, le tour
pronominal peut rapporter un procès interne, opposé au procès externe qui
caractérise le tour transitif; en effet, la présence d'un objet distinct du sujet
crée deux domaines que le verbe relie”. (Melis 1990, 64).
Si une transitivité réduite est encore perceptible dans les cas de
réflexivité et réciprocité vraie, on n'observe plus rien de tel dans la
pseudoréflexivité lexicale ou grammaticale. La construction réfléchie focalise
sur le procès lui-même. Pour en apporter la preuve, nous considérerons la
signification des 36 groupes prépositionnels du corpus introduits par par. Pas
une fois le groupe prépositionnel introduit par par ne prend la valeur d'un
176
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
complément d'agent ou d'un "causateur". En revanche, il s'interprète comme
instrumental (se déclencher par un mécanisme, se transmettre par courrier),
comme moyen (se distinguer par telle qualité, se caractériser par), comme
conséquence ou preuve d'un état de fait (se traduire par, se manifester par,
s'exprimer par). Combiné à une construction réfléchie, le groupe
prépositionnel introduit par par renvoie aux circonstances qui accompagnent
le procès.
La fonction des constructions réfléchies va d'une transitivité affaiblie qui
se referme en boucle sur le sujet à un procès considéré pour lui-même, qui ne
se caractérise ni par son agent ni par son résultat mais qui est représenté dans
son déroulement et peut être éventuellement accompagné de quelques
circonstances pertinentes pour le propos.
2 ETUDE DE LA TRADUCTION EN ALLEMAND DES
CONSTRUCTIONS RÉFLÉCHIES RENCONTRÉES
DANS LE CORPUS
La construction pronominale couvre en français comme en allemand un
très large domaine fonctionnel. A la différence du pronom réfléchi se (ainsi
que ses équivalents à la 1ère et 2ème personne) qui est un clitique attaché au
verbe en français, sich (ainsi que ses équivalents à la 1ère et 2ème personne)
est une forme libre en allemand. Cette différence est due au fait que sich est
moins grammaticalisé que son équivalent français (v. Haspelmath 1990,
Kriegel dans ce volume). A part cela, les systèmes des constructions
réfléchies des deux langues sont extrêmement proches. C’est sans doute pour
cela qu’il n’existe pas d’études de traductologie consacrées à ce type de
construction. Mais tout parallélisme a ses limites et la construction
pronominale représente une source de fautes énorme dans le domaine de la
traduction. Cela s’explique par le fait qu’il existe un emploi du réfléchi
extrêmement fréquent en français qui n’a qu’une existence marginale en
allemand et où la traduction par une forme réfléchie en allemand s’avère
fautive dans 90% des cas (v. C8B).
Avant d’aborder ces cas problématiques, nous présenterons pour
chacune des classes (C1-11) distinguées dans la première partie de ce travail
quelques exemples du corpus3 avec leur traduction allemande.
3 Nous
ne mentionnerons pas systématiquement la traduction de tous les exemples
présentés dans la première partie.
177
Cahier du CIEL 1996-1997
2.1. Constructions réfléchies
C1
Dans le domaine de la réflexivité vraie, où il y a coréférence exacte
entre le sujet et le pronom réfléchi et où les restrictions de sélection
concernant l’objet direct ne peuvent être plus spécifiques que celles
concernant le sujet, il n’est nullement surprenant de constater que la
traduction allemande se sert, en général, du même type de construction que le
français.
Un test syntaxique 4 permet de savoir dans les deux langues si le pronom
réfléchi possède le statut d’actant et assume ainsi une fonction syntaxique
bien précise: on peut substituer le pronom réfléchi se/sich par un autre groupe
nominal sans que la sémantique verbale ne soit affectée:
(5) Les patients se sont familiarisés avec une série de distinctions.
Die Patienten haben sich mit einer Reihe von Unterscheidungen vertraut
gemacht.
(5’) Le rôle des médecins a surtout été de familiariser les patients avec une
série de distinctions.
Es war die Rolle der Ärzte, die Patienten vor allem mit einer Reihe von
Unterscheidungen vertraut zu machen.
(9) Et voilà bien le problème: le laps de temps entre la mise en circulation d’un
virus et sa découverte, pendant lequel il peut se multiplier et détruire en
toute impunité.
Und da liegt das Problem: der Zeitraum zwischen dem Auftauchen eines
Virus und seiner Entdeckung, während dessen er sich vermehren kann und
ungestraft Zerstörungen anrichten kann.
(9’) (...) pendant lequel il peut multiplier les dégâts et détruire en toute
impunité.
während dessen er den Schaden vermehren kann und ungestraft
Zerstörungen anrichten kann.
Dans bon nombre d’exemples du corpus, la présence de
l’„intensificateur“ (intensifier, König 1997) x-même représente un indice que
le se ou le sich est un vrai pronom réfléchi et permet de classer l’exemple
dans le groupe C1:
(7) La division cellulaire mitotique est le processus par lequel chaque cellule se
reproduit elle-même.
Die mitotische Zellteilung ist der Vorgang, durch den sich jede Zelle selbst
reproduziert.
Pour l’allemand, il existe plusieurs autres tests syntaxiques v. Haider 1985: 244,
9
Helbig-Buscha 1986: 210s.
4
178
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
Dans (8), le pronom réfléchi est renforcé par la construction adverbiale
par ses propres moyens qu’on traduirait en allemand par selbst:
(8) Un virus informatique est un logiciel capable de se reproduire par ses
propres moyens - généralement en se lovant à la fin des programmes
exécutables, susceptibles d’altérer le bon fonctionnement de votre PC.
Ein informatischer Virus ist ein Softwareprogramm, das sich selbst
reproduzieren kann - im allgemeinen, indem es sich ans Ende der
ausführbaren Programme anhängt, die das Funktionnieren Ihres PCs stören
können.
Dans 1.2., nous avons soulevé deux questions:
-i- Est-ce que ce que nous affirmons d’un exemple vaut également pour
tous les emplois de la construction réfléchie qu’il contient?
Nous avons évoqué le cas des exemples (11) et (12) où l’interprétation
du seul et même verbe se diviser varie selon le contexte:
(11) Les cellules du système nerveux central de l’homme ne se divisent plus
une fois établies.
Die Zellen des zentralen Nervensystems des Menschen teilen sich nicht
mehr, wenn sie einmal ausgereift sind.
Alors que (11) appartient au groupe C1, l’exemple (12) fait partie du
groupe C5:
(12) Les algorithmes symétriques se divisent entre algorithme de chiffrement
continu et algorithme de chiffrement par bloc.
Die symmetrischen Algorithmen teilen sich in einen kontinuierlichen
Kodierungsalgorithmus und einen Blockkodierungsalgorithmus auf.
Die symmetrischen Algorithmen bestehen aus dem / beinhalten den
kontinuierlichen Kodierungsalgorithmus und
dem/den
Blockkodierungsalgorithmus.
Ici, la traduction allemande confirme le fait qu’il s’agit de deux emplois
différents de se diviser. En allemand, les verbes sich teilen et sich aufteilen in
représentent deux entrées lexicales différentes dans le dictionnaire. En outre,
sich aufteilen in dans (12) pourrait sans aucun problème être remplacé par les
verbes intransitifs beinhalten ou bestehen aus sans modification de sens, ce
qui donne un indice supplémentaire pour le fait que sich fait partie du lexème
verbal dans l’exemple (12).
Deuxième question:
- ii - Dans quelle mesure le domaine de spécialité joue-t-il un rôle dans
l’interprétation d’une phrase?
Pour répondre à cette question nous avions évoqué les exemples (14) et
(15) qui pourraient être interprétés en tant que C1 ou en tant que C8.
Une fois de plus la traduction allemande est révélatrice.
(14) V-imune se charge automatiquement au démarrage du système et analyse
la mémoire du PC et les secteurs d’amorce des disques.
179
Cahier du CIEL 1996-1997
Imun V lädt sich automatisch beim Start des Systems auf und analysiert
den Speicher des PCs und den Bootsektor des Laufwerks.
Dans (14), le contexte, plus précisement l’adverbe „automatiquement/
automatisch“, permet de classer l’exemple comme C1.
(15) Il existe des pavés numériques indépendants qui se connectent sur le port
série.
Es gibt unabhängige, digitale Bausteine, die an die serielle Schnittstelle
angeschlossen werden können.
Dans (15), en revanche, le contexte ne donne pas d’indication et c’est
seulement la connaissance détaillée du domaine de spécialisation qui permet
une classification correcte. Les conséquences pour la traduction sont
considérables : la traduction par une forme réfléchie en allemand serait la
cause de malentendus très graves. Le lecteur non spécialiste croirait que la
connexion des pavés numériques sur le port série se fait sans intervention
humaine au niveau logiciel. Nous reviendrons plus tard à la traduction des
exemples par un passif en werden (C8).
C2
La classe C2 comprend les constructions réfléchies vraies avec
coréférence du tout à la partie où la cible du procès coïncide avec une partie
du point de départ.
Dans la très grande majorité des exemples, le corps humain sert de
frame. C’est la raison pour laquelle les exemples dans notre corpus de textes
de langue spécialisée étaient rares (v. cependant les exemples (16) à (19)).
Dans le domaine C2, Kemmer 1993 parle de verbs of grooming or body
care. On peut faire une observation typologique très intéressante: les langues
romanes et l’allemand se servent du pronom réfléchi tandis que l’anglais ainsi
que beaucoup d’autres langues n’ont pas recours à ce type de construction (v.
Kemmer 1993: 6). Une explication fonctionnaliste s’impose: le pronom
réfléchi est omis dans beaucoup de langues pour des raisons d’économie. Le
fait que quelqu’un se lave, se rase, se coiffe lui-même est le cas attendu,
normal, le cas non-marqué (Haiman 1983) et cela est indiqué par l’emploi
absolu du verbe. Par contraste avec les nombreuses langues qui utilisent des
constructions absolues en C2, le parallélisme entre le français et l’allemand
n’en est que plus frappant.
(58) Revenue à moi, une pensée suppliciante domina toutes les autres: faire
disparaître tout ce qui pouvait m’accuser... je me lavai le visage....je me
rhabillai...
Als ich wieder zu mir gekommen war, beherrschte ein quälender Gedanke
alle anderen: alles verschwinden zu lassen, was mich belasten könnte... ich
wusch mir das Gesicht....ich zog mich wieder an...
180
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
La traduction allemande de la grande majorité des exemples français ne
pose pas de problèmes: le pronom réfléchi est employé dans les deux langues
comme dans l’exemple (58).5
C3
La construction réfléchie avec coréférence métonymique se caractérise
par le fait que l’objet direct ne se refère pas à une partie du sujet (comme dans
C2) mais à quelque chose qui entretient avec le sujet une relation de
contiguité (il s’agit d’une relation cotopique au sens de Bonhomme 1987 à
l’exclusion de la relation tout-partie).
(20) Le PSE (polystyrène expansé) s’affirme donc comme un matériau de
construction à part entière (par ses qualités, par ses propriétés).
Das geschäumte Polystyrol behauptet sich (durch seine Eigenschaften,
aufgrund seiner Eigenschaften) als vollwertiges/ vollbrauchbares
Baumaterial.
(21) Aujourd’hui les techniques numériques se sont imposées partout (par leur
efficacité, leurs performances).
Heute haben sich die digitalen Techniken überall durchgesetzt (aufgrund
ihrer Effektivität, ihrer Leitungen).
Il est intéressant de constater une fois de plus un parallélisme très fort
entre les deux langues qui, apparemment, ont tendance à coder les relations de
contiguité de la même façon. Ceci est d’autant plus remarquable qu’il s’agit
de phénomènes normalement liés à une langue particulière.
C4
Tandis que pour les classes C1-C3 il y avait réflexivité vraie, la classe
C4 comprend des exemples pseudoréfléchis lexicaux avec réduction de la
coréférence à un bouclage du procès sur lui-même. Le sujet et l’objet ne sont
plus coréférents, ils ne font plus qu’un.
Jusqu’à présent la traduction allemande a montré un parallélisme très
fort entre les différents emplois de la construction réfléchie. Pour le domaine
de la „vraie réflexivité“ (C1 à C3) ceci n’est pas très surprenant puisque dans
ces domaines, le pronom réfléchi peut être remplacé par un autre objet, il
possède le statut d’actant et assume ainsi une fonction grammaticale précise.
Mais ce parallélisme va encore plus loin comme nous allons le voir
maintenant: même pour les constructions pseudoréfléchies lexicales, dans
lesquelles le marqueur de la réflexivité n’assume plus de fonction
En revanche, on peut aussi trouver des exemples - beaucoup plus rares - où
l’allemand ne se servirait pas du pronom réfléchi, probablement pour des raisons
d’économie aussi:
(59) Et vous voulez que je me croise les bras?
Und Sie wollen, daß ich die Arme verschränke?
5
181
Cahier du CIEL 1996-1997
grammaticale, n’est plus pronom, la traduction allemande, elle aussi, a très
souvent recours à une construction réfléchie:
(22) Comment s’étonner qu’une forme non séquentielle, non narrative, ait du
mal à trouver ses auteurs et son public aujourd’hui?
Warum sollte man sich darüber wundern, daß eine nicht-sequentielle,
nicht-narrative Form heute Schwierigkeiten hat, Autoren und ein Publikum
zu finden?
(23) La tendance actuelle est désormais de s’inspirer davantage de l’exemple
que des jeux vidéos.
Die aktuelle Tendenz geht dahin, daß man sich mehr durch das Beispiel als
durch Videospiele anregen läßt.
(24) Jusqu’à présent beaucoup de hypermédias se contentent de transcrire
l’existant vers les nouvelles formes numériques.
Bis jetzt geben sich viele elektronische Medien damit zufrieden, das schon
Vorhandene in die neuen digitalen Formen umzuschreiben.
(27) Chacun de ces canaux se renfle en cul-de-sac pour former un sac
alvéolaire.
Jeder dieser Kanäle erweitert s i c h sackartig und bildet ein
Alveolensäckchen.
En revanche, il existe bien évidemment aussi des cas où on peut traduire
par un verbe intransitif en allemand. C’est le cas de l’exemple (26) où,
toutefois, la possibilité d’introduire un verbe réfléchi n’est pas exclue:
(26) Le mésothéliome pleural est un cancer qui se développe au niveau de la
plèvre entourant le poumon.
Das Pleuramesotheliom ist eine Krebsart, die im Bereich des Rippenfells
entsteht/ die sich im Bereich des Rippenfells ausbreitet/ entwickelt.
C5
Il s’agit de pseudoréfléchis lexicaux avec lexicalisation de la relation du
tout à la partie.
Les différences entre les deux langues sont un peu plus grandes dans ce
domaine. Il s’agit, tout comme pour C4, de phénomènes lexicaux et ainsi il
n’existe pas de technique de traduction spécifique. La traduction des
exemples du corpus montre une tendance de l’allemand à préférer la
construction intransitive, voire la construction adjectivale ou même parfois le
passif bilan (pour les difficultés à délimiter certaines constructions
adjectivales du passif bilan v. Helbig 1987). Mais la traduction par une
construction réfléchie est aussi possible (v. (28)):
(28) Utilisé principalement dans la musique savante au nord de l’Inde,
l’instrument désigné sous le nom de tabla se compose de deux tambours
distincts joués par le même musicien.
Das vor allem in der Kunstmusik Nordindiens verwendete, als Tabla
bezeichnete Instrument besteht aus/ setzt sich zusammen aus/ ist
zusammengesetzt aus/ zwei verschiedenen Trommeln, die vom gleichen
Musiker gespielt werden.
182
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
(31) A l’intérieur de chaque poumon, la bronche principale se ramifie
d’innombrables fois jusqu’à former de fines „bronchioles“ qui se terminent
chacune par trois ou quatre canaux alvéolaires.
Innerhalb eines jeden Lungenflügels verzweigt sich die Hauptbronchie
unzählige Male, bis er feine „Bronchiolen“ bildet, von denen jede mit/ in
drei oder vier Alveolenkanälen endet.
C6
La classe C6 relève de la pseudoréflexivité lexicale avec figement
d’autres relations métonymiques. Les différences entre le français et
l’allemand sont plus prononcées que pour les groupes C1-C4. Pour ce groupe
non plus, on ne peut pas donner de „recette“ de traduction parce qu’il s’agit
de phénomènes lexicaux. Souvent la traduction allemande se sert de verbes
intransitifs, mais la traduction avec une forme pronominale est fréquente
aussi.
Si on considère qu’il s’agit de métonymies lexicalisées, c’est-à-dire de
phénomènes normalement liés à une langue particulière, les parallèles entre le
français et l’allemand sont remarquables.
C6A
Dans le groupe C6A, le figement de la métonymie affecte la sémantique
verbale.
(32) D’autant que la dite Convention ne se limite pas aux mines anti-personnel
et que toute réglementation internationale qui ne s’appliquerait qu’à ce
secteur serait illusoire dès lors qu’elle serait tournée, voire violée par
ailleurs.
Zumal die besagte Konvention nicht auf Personenminen beschrânkt ist und
jede internationale Reglementierung, die nur auf diesen Sektor anwendbar
wäre, ab dem Zeitpunkt illusorisch wäre, wo sie umgangen oder gar
verletzt würde.
Dans (33), on traduirait par „in der Lage sein“, l’expression „sich in der
Lage befinden“ avec construction pronominale étant réservée aux seuls cas où
le sujet est animé.
(33) Or, dans de nombreux cas, les matériaux isolants se trouvent en situation
de capter l’humidité si leur conception et leur nature s’y prêtent.
Nun sind die isolierenden Materialen in vielen Fällen in der Lage, die
Feuchtigkeit aufzunehmen, wenn ihr Aufbau und ihre Natur dazu geeignet
sind.
C6B
Dans le groupe C6B, c’est la relation à l’objet qui est affectée par le
figement métonymique.
Pendant qu’en (38) la traduction par un verbe intransitif s’impose,
l’exemple (39) montre une fois de plus un parallélisme entre les deux langues:
183
Cahier du CIEL 1996-1997
(38) Cependant, il peut se produire une rupture accidentelle de ces vésicules.
(...) Diverses complications somatiques s’étaitent déjà produites.
Allerdings kann ein zufälliges/ spontanes Platzen dieser Gefäße eintreten.
(...)Verschiedene somatische Komplikationen waren schon eingetreten.
(39) On n’oubliera pas qu’un clavier est soumis à de nombreuses pressions
mécaniques; il s’agit d’un périphérique fragile.
Man sollte nicht vergessen, daß eine Tastatur häufig mechanischem Druck
ausgesetzt ist; es handelt sich um ein empfindliches Peripheriegerät.
C7
En ce qui concerne la classe C7, il s’agit d’exemples de
pseudoréflexivité grammaticale, plus précisement du sous-groupe des
constructions réfléchies ergatives. Nous avons affaire à un changement
diathétique: la valence du verbe transitif à l’origine n’est pas seulement
réduite, mais il y a aussi modification dans la projection des rôles
sémantiques sur les rôles syntaxiques. Le rôle sémantique de patient occupe la
position de sujet. Comme pour le groupe C8, il n’existe pas d’agent
exprimable. Il peut y avoir un facteur externe favorisant l’action. Selon
Waltereit 1998, ce type de construction serait réservé aux verbes téliques.
Tout comme le français, l’allemand se sert très souvent de la construction
réfléchie.
(40) Les fibres restent alors dans des vésicules qui les isolent du reste du
contenu cellulaire. Elles vont progressivement s’y dissoudre.
Die Fasern bleiben also in Gefäßen erhalten, die sie vom Rest des
Zellinhaltes trennen. Sie lösen sich langsam darin auf.
(42) Avec l’épuisement des réserves energétiques, les fibres musculaires sont
dans l’incapacité de se relaxer: le muscle va se durcir.
Durch das Aufbrauchen der Energiereserven sind die Muskelfasern nicht in
der Lage, sich zu entspannen: der Muskel verhärtet sich/ wird hart.
Cependant, nous avons aussi trouvé des exemples qui se traduisent par
un verbe intransitif:
(41) Il se forme une pellicule sur la surface des cylindres qui se dessèche
rapidement et qui est détachée par un couteau râcleur.
Es bildet sich ein Film auf der Oberfläche der Zylinder, der schnell
austrocknet und der mit einem Schabemesser entfernt wird.
C8
Au sein de la pseudoréflexivité grammaticale, nous avons distingué un
deuxième sous-groupe, à savoir les constructions réfléchies passives souvent
appelées médio-passives dans la littérature (v. p. ex. Melis 1991, Zribi-Hertz
1982). Il s’agit d’un des emplois probablement les plus fréquents de la forme
pronominale en français, tout particulièrement dans la langue de spécialité
(corpus: 40 exemples sur 212). Dans une perspective traductologique, cette
classe est de loin la plus intéressante parce que’elle constitue une source
intarissable de fautes en thème. Tout comme dans C7, il s’agit d’une diathèse
184
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
marquée parce que le patient occupe la place de sujet. Normalement, les
patients codés en tant que sujets sont [-inanimés]. Si le sujet est [+animé] des
ambiguités avec des cas C1, les vrais réfléchis, sont fréquentes. A la
différence de C7, il existe implicitement un agent humain bien qu’il ne soit
mentionné (v. p.ex. Melis 1991: 91ss., Zribi-Hertz 1982: 352ss.).
C8A6
Alors que les exemples de C7 se traduisaient par une construction
réfléchie en allemand aussi, la traduction des exemples de C8 ne se sert
qu’exceptionellement de la construction réfléchie. Celle-ci est sujette à des
contraintes syntaxiques très strictes:
Elle est limitée à des phrases du type (60):
(60) Le livre se lit bien.
Das Buch liest sich gut.
avec un adverbe obligatoire qui exprime une modalité.7
Vu les contraintes syntaxiques importantes, il s’agit d’un très petit
groupe qui n’est même pas représenté dans notre corpus.
C8B
La plupart des exemples de C8, et en fait tous les exemples de notre
corpus, suivent un autre schéma de traduction: Dans la très grande majorité
des cas, le passif réfléchi du français est traduit par une forme passive en
allemand, plus exactement par un passif processuel, un passif qui se sert de
l’auxiliaire werden.
Souvent, les constructions réfléchies du groupe C8 apparaissent dans
des énoncés génériques.
(47) Les tambours iraquiens en forme de sablier se portent en général sous le
bras et se jouent avec la pointe des doigts.
Die irakischen Trommeln in Form einer Sanduhr werden im allgemeinen
unter dem Arm getragen und mit den Fingerspitzen gespielt.8
Dans (47), c’est le contexte immédiat, l’adverbe en général, qui nous
indique la généricité de l’énoncé.
En ce qui concerne la distinction de différents sous-groupes en français v. Melis
1991: 86ss., Zribi-Hertz 1982: 348s., dans une perspective traductologique Pérennec
1993: 37.
7 En ce qui concerne ce type de construction en allemand v. Abraham 1987 et Haider
1985: 244 dans une perspective générativiste, Kemmer 1993: 147 dans une perspective
2
sémantique, Askedal 1987: 30, Baudot 1989: 408, Eisenberg 1989: 143s., Lötzsch/
Fiedler/ Kostov 1976: 76, Povejsil 1976: 127.
8 A côté de la traduction par un passif processuel nous avons la possibilité de traduire
par un man générique.
6
185
Cahier du CIEL 1996-1997
(13) Quelques greffes se pratiquent en plein hiver sur des plantes ou parties de
plantes au repos mais la majorité se réalise pendant tout le temps où la
sève est en activité.
Einige Pfropfungen werden mitten im Winter an den trockenen Pflanzen
oder Pflanzenteilen vorgenommen, aber die Mehrheit, während sie Saft
enthalten.
(46) Les trois espèces se rencontrent à Jussieu.
Alle drei Arten werden in Jussieu vorgefunden.
(48) En toiture-terrasse, les panneaux PSE s’utilisent en support direct
d’étanchéité (....).
Auf Terrassen-Dächern werden die Platten aus geschäumtem Polystyrol als
direkter Isolierschutz verwendet (...).
Tout comme pour (47), les exemples (13), (46) et (48) peuvent être
traduits par un passif processuel en werden en allemand. Une interprétation
générique est cependant moins évidente à cause de la détermination9 plus
grande donnée au procès par les compléments de temps (13) et de lieu (46,
48).
Si le degré de la détermination contextuelle est moins élevé, les énoncés
peuvent aussi trouver une interprétation modale allant, selon le contexte, de
l’expression d’une potentialité jusqu’à celle d’une obligation. La traduction
doit tenir compte de la valeur modale et demande ainsi une interprétation qui
dépendra du contexte linguistique et extra-linguistique.
Cependant, on peut énoncer une règle de traduction très simple: Si on
peut remplacer en français par une forme passive avec être + un verbe modal,
on traduit en allemand par le passif processuel en werden + verbe modal. Très
souvent, une potentialité est exprimée, ce qui permet d’ajouter le verbe
pouvoir ou un adjectif en -able/ ible/ ant. Par conséquent, on traduirait en
allemand par l’auxiliaire können ou un adjectif en -bar.
Il est important de souligner que le verbe modal est obligatoire en
allemand, facultatif en français.
(44) Si la signature s e déchiffre correctement et que les informations
correspondent au message, la signature est considérée comme valide.
(44’) Si la signature peut être déchiffrée correctement/ est déchiffrable
correctement et que les informations correspondent au message, la
signature est considérée comme valide.
Wenn die Unterschrift korrekt entschlüsselt werden kann/ entschlüsselbar
ist/ entschlüsselt wird und die Informationen der Nachricht entsprechen,
wird die Unterschrift als gültig erkannt.
(61) La nature des fibres se distingue en utilisant des critères morphologiques,
chimiques ou cristallographiques.
(61’) La nature des fibres peut être distinguée/ est „distinguable“ en utilisant
des critères morphologiques, chimiques ou cristallographiques.
9
En ce qui concerne le concept de la détermination v. Cortès/ Szabo 1991.
186
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
Die Natur der Fasern kann durch (die Verwendung) morphologische(r),
chemische(r) oder kristallographische(r) Kriterien unterschieden/
bestimmt
?
werden/ ist bestimmbar durch die Verwendung.../ wird bestimmt durch....
.
(62) La description de la phagocytose faite par Jenning au début de ce siècle ne
s’applique pas exactement au modèle de la „fermeture éclair“.
(62’) La description de la phagocytose faite par Jenning au début de ce siècle
ne peut pas être appliquée exactement/ n’est pas applicable exactement au
modèle de la „fermeture éclair“.
Die Jenningsche Beschreibung der Phagozytose zu Beginn dieses
Jahrhunderts kann nicht direkt auf das „Reißverschlußmodell“ angewendet
werden/ ist nicht direkt auf das Reißverschlußmodell anwendbar/ *wird
nicht direkt auf das Reißverschlußmodell angewendet.
(45):
Parfois, le français aussi se sert explicitement du verbe modal comme en
(45) Des cassures de l’ADN et des fragmentations chromosomiques peuvent
alors s’observer.
DNA-Strangbrüche und Chromosomenfragmentierungen können dann
beobachtet werden/ sind dann beobachtbar/ *werden dann beobachtet.
Pour résumer, on peut constater que les classes C1-C7 montrent de très
forts parallélismes entre les deux langues. En revanche, la classe C8, le passif
réfléchi, est soumis à des contraintes syntaxiques très importantes et n’est
guère représenté en allemand (C8A). Les exemples de la classe 8B se
traduisent par un passif processuel en werden.
En français, la construction réfléchie couvre donc un domaine
fonctionnel plus large qu’en allemand (Haspelmath 1990: 43), le processus de
grammaticalisation de la forme pronominale est apparemment plus avancé en
français qu’en allemand. 10
2.2. Constructions réciproques
Pour terminer, nous aborderons les différents sous-groupes de la
réciprocité. Tout comme pour les classes C1-C7, la traduction allemande
montre un fonctionnement parallèle des deux langues.
En allemand, sich réciproque est en général interchangeable avec
einander. Le lexème gegenseitig sert à renforcer la relation de réciprocité et
correspond au lexème français mutuellement. C11 est le seul groupe qui fasse
exception.
C9
En C9, il y a réciprocité et réflexivité avec réciprocité de la référence.
La grammaticalisation des formes réfléchies va encore plus loin dans d’autres
langues indo-européennes, v. Haspelmath 1990.
10
187
Cahier du CIEL 1996-1997
(1) C’est ainsi que le dialogue s’est engagé entre les deux personnages qui
s’éclairent depuis mutuellement. En écrivant sur l’un, je vois mieux qui est
l’autre.
So hat der Dialog zwischen den zwei Personen/ Persönlichkeiten
begonnen, die sich (gegenseitig)/ einander seither beleuchten. Indem ich
über den einen schreibe, sehe ich besser, wer der andere ist.
(49) Les chromatides appariées se repoussent l’une l’autre.
Die gepaarten Chromatiden stoßen sich (gegenseitig)/ einander ab.
(50) Ainsi les deux géants semblent prêts à se livrer bataille.
So scheinen die beiden Riesen dazu bereit zu sein, sich (gegenseitig)/
einander zu bekämpfen.
C10
C10 regroupe les constructions réciproques avec relation du tout à la
partie.
(2) (....): duo où les danseurs se masquent mutuellement les yeux; (...)
Ein Duo, bei dem die Tänzer sich (gegenseitig)/ einander die Augen
zuhalten.
(3) (...) Les candidats désignés ont été élus, mais Amal et le Hezbollah se sont
mutuellement refusé leurs voix et leur inimité n’a fait que croître.
(...) Die designierten Kandidaten sind gewählt worden, aber Amal und
Hezbollah haben sich (gegenseitig)/ einander ihre Stimmen verweigert und
die Feindschaft hat sich nur verschärft.
(52) Il existe plusieurs modèles qui se distinguent les uns des autres par la
forme de la touche entrée.
Es gibt verschiedene Modelle, die sich durch die Form der ENTER-Taste
voneinander unterscheiden.
C11
C11 comprend les constructions réciproques avec autres relations
métonymiques. Pour la plupart des exemples, la traduction allemande se sert
d’une construction réfléchie réciproque.
(4) Ne se sentant pas le courage de parler à leurs parents, les deux amies se
confièrent l’une à l’autre.
Da sie nicht den Mut hatten, mit ihren Eltern zu sprechen, vertrauten sich
die zwei Frenundinnen einander an.
(54) Les erythrocytes peuvent se fixer aux macrophages (...).
Die Erythrozyten können sich an die Marcrophagen heften (...).
Dans (56), il faut traduire par un verbe intransitif.
Cependant, nous avons aussi trouvé un exemple où le remplacement de
sich par einander est impossible:
(56) La symptomatologie s’accompagne le plus souvent d’une importante
dilatation gastrique et d’une altération rapide de l’état général.
Die Symptomatik geht meist mit einer starken Magenerweiterung und
einer raschen Verschlechterung des Gesamtzustandes einher.
188
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
2.3. Conclusion
Le tableau 7 résume les règles traductologiques et ne veut en aucun cas
donner une représentation globale de l’emploi des formes réfléchies de
l’allemand. Notons en outre que les règles sont données avec une grande
probabilité, mais il ne s’agit pas de certitudes absolues.
Tableau 7: tableau traductologique des constructions réfléchies (proposition de
traduction en allemand pour chaque type repéré pour le français)
Classement
Construction réfléRelation tout-partie Autres relations
chie avec coréférence
métonymiques
ou en boucle
reflexivité vraie
C1
C2
C3
pseudoreflexivité
lexicale
pseudoreflexivité
grammaticale
sich
C4
sich
C5
sich
C6
sich
V Intr
...
C7
sich
V Intr
...
sich
V Intr
...
sich /
V Intr/
werden + Adjectif
...
C8
C8 a (rare)
Sich uniquement pour les constructions avec adverbe de manière
C8 b (très fréquent)
Passif en werden
On constate que, tout comme le français, l’allemand aussi a la possibilité
d’employer une forme réfléchie pour les classes C1 à C8. Etant donné qu’il
s’agit de deux systèmes de langues différents il ne peut évidemment pas s’agir
d’une projection 1:1. 11 Dans la catégorie des pseudoréfléchis lexicaux, la
traduction allemande se sert soit d’une construction réfléchie, soit d’un verbe
intransitif. Pour la traduction de la classe 7, la construction intransitive n’est
pas exclue non plus.
La démarche inverse, c’est-à-dire la traduction de l’allemand vers le français
donnerait probablement des résultats équivalents: il existe aussi des verbes réfléchis en
allemand qu’on devrait traduire par des verbes intransitifs en français.
11
189
Cahier du CIEL 1996-1997
Le tableau 8 montre les règles traductologiques pour la construction
réciproque qui se traduit presque systématiquement par une forme réfléchie
en allemand, le pronom sich réciproque étant en général interchangeable avec
einander.
Tableau 8: tableau traductologique des constructions réciproques (proposition de
traduction en allemand pour chaque type repéré pour le français)
Classement
Construction
Relation tout-partie Autres relations
réciproque vraie
métonymiques
Réciprocité
C9
C10
C11
sich
einander
sich
einander
...
sich
einander
V Intr
...
A partir de ces observations traductologiques, on peut énoncer une
hypothèse en ce qui concerne le système des constructions réfléchies et
réciproques de l’allemand.
Tableau 9: tableau hypothétique des constructions réflechies de l'allemand
Classement
Construction
Relation toutAutres relations méréfléchie avec
partie
tonymiques
coréférence ou en
boucle
réflexivité „vraie“ C1
C2
C3
(5'): Die Patienten (58'): ...ich
(21') Heute haben sich die
haben sich mit
wusch mir das
digitalen Techniken
einer Reihe von
Gesicht .... ich
durchgesetzt (...).
Unterscheidungen zog mich wieder
vertraut gemacht. an
pseudoréflexivité C4
C5
C6
lexicale
(22'): Warum
(31'): Innerhalb C6A
sollte man sich
eines jeden
(32') (...) die besagte Kondarüber wundern, Lungenflügels
vention ist nicht auf Perdaß eine nicht
verzweigt sich
sonenminen beschränkt
-sequentielle
die Hauptbron- (...)
Form
chie unzählige
C6B
Schwierigkeiten
Male, (...).
(39'): (...) es handelt sich
hat, (...) ein
um ein empfindliches
Publikum zu
Peripheriegerät.
finden?
pseudoréflexivité C7
grammaticale
(40'): (...) sie lösen sich langsam darin auf.
C8
ATTENTION: emploi restreint au type C8A (avec adverbe)
(60) Das Buch liest sich gut.
190
C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
Tableau 10 : tableau hypothétique des constructions réciproques de l'allemand
Classement
Construction
Relation tout-partie
Autres relations
réciproque vraie
métonymiques
réciprocité
C9
C10
C11
(49') Die gepaarten (2') (...): ein Duo, bei (54') Die
Chromatiden
dem sich die Tänzer
Erythrozyten könstoßen sich
gegenseitig die Augen nen sich an die Magegenseitig ab.
zuhalten.
crophagen heften,
(...)
Il faut bien sûr souligner qu’il s’agit de tableaux purement
hypothétiques sur le système des constructions pronominales de l’allemand, la
validité de ces tableaux restant à vérifier avec un corpus allemand.
3. RÉSUMÉ
L’étude d’un corpus de textes spécialisés français nous permet de
proposer un classement d’emploi de constructions réfléchies. Dans ce
classement, nous distinguons 11 sous-classes selon la fonction syntaxique et
sémantique du pronom réfléchi, à savoir les vrais réfléchis, les
pseudoréfléchis lexicaux, les pseudoréfléchis grammaticaux et les
constructions réciproques. Dans la catégorie des vrais réfléchis et dans celle
des réciproques, on peut différencier les constructions réfléchies avec a.
coréférence exacte, b. coréférence par la relation du tout à la partie, c.
coréférence par la relation métonymique. La catégorie des pseudoréfléchis
lexicaux regroupe les constructions réfléchies avec a. réduction de la
coréférence à un bouclage du procès sur lui-même, b. avec lexicalisation de la
relation du tout à la partie et c. avec lexicalisation de la relation métonymique.
Dans la catégorie de la pseudoréflexivité grammaticale, la distinction entre
construction réfléchie ergative et (médio-)passive s’impose. La traduction des
exemples en allemand permet de déduire une règle traductologique qui peut
expliquer l’observation courante que les textes spécialisés allemands
contiennent plus de tournures passives que les textes spécialisés français. On
observe un très grand parallélisme entre les deux langues dans l’emploi de la
construction réfléchie mais la construction réfléchie (médio-)passive,
extrêmement fréquente dans le corpus, se traduit (presque systématiquement)
par une forme passive en allemand. Dans le corpus, 1/5 des constructions
réfléchies se traduisent par un passif allemand et environ la moitié par des
réfléchis. Ainsi, se trouve mis en évidence un parallélisme frappant entre
l’emploi des réfléchis allemands et celui des réfléchis français dans 10 classes
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Cahier du CIEL 1996-1997
des 11 distinguées et une opposition radicale sur le plan du réfléchi passif
français qui est rendu en allemand dans la très grande majorité des cas par le
passif en werden.
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