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Prochain arrêt, la Singularité (3/4) : De la réalité intelligente au
Computronium
Posted By Rémi Sussan On 8/9/2008 @ 16:41 In Articles, Débats, Nanotechnologie | 4 Comments
Dans quel monde vivront nos successeurs, qu’il s’agisse d’humains “augmentés” ou de pures
intelligences artificielles ? Peut-être dans un monde rendu lui aussi “intelligent”, capable de se
conformer au moindre de nos désirs.
[1] Deux voies pour accomplir ce but ultime, sont
présentées dans le numéro spécial de IEEE Spectrum.
La première a pour champion Ray Kurzweil, qu’on ne
présente plus, et pour qui l’avenir consiste
essentiellement à construire une réalité virtuelle ultrasophistiquée dans laquelle nous pourrions nous
installer définitivement.
L’autre idée est de rendre la matière elle-même plus
“intelligente”. C’est la voie choisie par [2] Neil
Gershenfeld, professeur au MIT, où il dirige le [3]
Centre pour les bits et les atomes. Gershenfeld est
connu notamment pour la création des [4] Fablabs,
ces micro-usines peu onéreuses permettant à tout un
chacun, particulièrement dans les contrées pauvres,
de manufacturer les objets qu’il souhaite. Mais son
ambition va bien plus loin encore. Gershenfeld cherche
à éliminer la barrière entre le monde de la physique et
celui des ordinateurs : il veut rendre le processus de
computation omniprésent.
Toujours donc l’intelligence avant toute chose, dans la droite lignée de la pensée singularitarienne
Vingienne…
Mais l’attitude de Gershenfeld est particulièrement intéressante, car elle indique un emploi
particulièrement positif des mythes issus de la Singularité. Bien, que l’homme soit habité par des
visions très lyriques et singularitariennes du futur du monde physique intelligent, l’essentiel de
son travail consiste à rendre ce genre d’idées fécondes dans notre environnement actuel,
notamment à l’aide de technologies en direction des pays en voie de développement, comme le
Fablab.
Les conceptions de Kurzweil et Gershenfeld sont-elles vraiment opposées ?
Dans le “futur de Gershenfeld, les ordinateurs disparaissent et deviennent une part de la réalité”.
Dans le futur de Kurzweil, au contraire, “la réalité disparait et devient une partie des ordinateurs”.
Si apparemment les deux buts semblent contradictoires, ils se complèteraient plutôt : “comme
l’explique Neil, nous allons intégrer à la réalité physique une computation, distribuée,
autoorganisée et ubiquitaire. Et dans le même temps nous utiliserons ces ressources massives et
en constante expansion pour créer des environnements de réalité virtuelle complètement
immersifs et de plus en plus réalistes, qui entreront en compétition avec la réalité réelle et
finalement la remplaceront”, explique Kurzweil.
Et de son côté Gershenfeld renchérit : “que les ordinateurs fusionnent avec la réalité ou que la
réalité fusionne avec les ordinateurs, le résultat est le même : la frontière entre les bits et les
atomes disparait. C’est comme si Ray était parti vers l’est et moi vers l’ouest, pour arriver au
même point, ce qui est exactement la définition d’une Singularité”.
Cette notion d’univers intelligent, poussée à son maximum, aboutit au concept de Computronium,
très prisé par certains singularitariens extrémistes. On va là plus loin que truffer la matière de
dispositifs intelligents : on la reconfigure pour la rendre “intelligente”, capable d’effectuer des
calculs au niveau moléculaire. Avec du Computronium, la puissance de calcul disponible
deviendrait quasiment infinie, tout en conciliant les idées de Gershenfeld et Kurzweil.
Reste que par certains côtés le Computronium est une idée dangereuse. En effet, pour
transformer l’ensemble de notre environnement en un cosmos sur mesure, nous allons avoir
besoin de matière première : le Computronium pourrait être obtenu en “désassemblant” la
matière “stupide” originelle, pour la convertir en son équivalent intelligent. Autrement dit, pour
créer notre paradis numérique, il faudra peut-être détruire un petit peu le monde. Mais bon, il ne
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faut pas exagérer : [5] pour Ray Kurzweil, convertir 1/20 du système solaire en Computronium
devrait suffire aux besoins des transhumains. Nous voilà rassurés.
Reste à savoir si une super intelligence artificielle s’arrêtera-t-elle là ? Quelle serait la “nourriture”
d’une telle entité ? L’information, bien évidemment. Notre IA, si elle s’avère insuffisamment
“amicale” (ou si elle est mue par un sens très personnel de l’amitié), pourrait bien transformer
toute matière (y compris nous même) en Computronium pour maximiser ses capacités de calcul.
Le Computronium ne serait alors qu’une version “intelligente” de la “[6] gelée grise“, mais pas
nécessairement plus optimiste. Pour [7] Nick Bostrom, qui dirige à Oxford [8] l’Institut pour le
futur de l’humanité et qui s’est spécialisé dans les “risques existentiels” qui la menacent, une telle
situation pourrait bien se produire comme un stupide accident, en “élevant un sous-but au statut
de superbut. Par exemple en demandant [à l’intelligence artificielle] de résoudre un problème de
mathématiques, et que pour cela, elle convertisse l’ensemble du système solaire en une
gigantesque machine à calculer, tuant par la même la personne qui a posé la question”.
Créer une réalité “plus vraie que la vraie”, est–ce vraiment envisageable ?
L’écrivain et mathématicien Rudy Rucker a consacré
un roman entier, [9] Postsingular, à critiquer l’idée
selon laquelle la nature pourrait être remplacée par
une version 2.0, plus intelligente.
Rucker base son argumentation sur les théories de
[10] Stephen Wolfram, le milliardaire créateur du
logiciel de calcul [11] Mathematica, également
scientifique de haut niveau. Pour résumer, disons que
d’après Wolfram, l’univers est déjà le produit d’un très
long “calcul” et qu’il présente déjà la plus grande
efficience computationnelle possible : une sorte de
version informatique du “meilleur des mondes
possibles” du philosophe Leibniz. Pour bâtir une réalité
virtuelle plus élaborée que l’originelle, il faudrait être
capable d’écrire une version optimisée du “code” à
l’origine des phénomènes naturels. [12] Mais pour
Rucker, cela est impossible. Pour employer le jargon
informatique, le code de la réalité est
“incompressible”.
“Pour simuler un ensemble de particules pendant une
certaine période de temps, il faudrait créer un
système utilisant le même nombre de particules
pendant à peu près la même période de temps. Les
phénomènes naturels n’acceptent pas les raccourcis”.
Cela signifie que “si vous construisez un univers simulé plus petit que le monde physique, la
simulation devra arrondir les angles et faire des compromis, comme utiliser des textures de bois
bitmap et des arrière-plans répétitifs comme dans les dessins animés. Les petits mondes simulés
sont condamnés à ressembler à des environnements de type Las Vegas, Dysneyland ou Second
Life.”
Pour simplifier, selon Rucker, l’univers actuel est déjà composé de Computronium, et de la
meilleure qualité possible. “Si vous voulez transformer un brin d’herbe en un ensemble de
nanomachines simulant un brin d’herbe, pourquoi se fatiguer à pulvériser le brin d’herbe ? Tout
objet peut être considéré comme un type de computation quantique. Le brin d’herbe peut d’ores
et déjà être envisagé comme un assemblage de nanomachines simulant un brin d’herbe.”
4 Comments (Open | Close)
4 Comments To "Prochain arrêt, la Singularité (3/4) : De la réalité
intelligente au Computronium"
#1 Comment By florence meichel On 8/9/2008 @ 19:43
Donc si je comprends bien le propos, le but ultime de la singularité extrème est l’obtention de la
cellule informationnelle universelle et du code associé…histoire ensuite de pouvoir (et le mot est
faible) reconfigurer l’ensemble en agissant sur le code…y-a vraiment des malades sur terre !
Mais peut-on encore parler de singularités ? A ce niveau de granulomètrie, la singularité s’efface ?
C’est l’absence de singularité qui rend possible la fuite de code et non l’inverse ? ce qui veux dire
que nous portons la responsabilité d’en fixer la limite !
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#2 Comment By florence meichel On 8/9/2008 @ 21:40
Et de son côté Gershenfeld renchérit : “que les ordinateurs fusionnent avec la réalité ou que la
réalité fusionne avec les ordinateurs, le résultat est le même : la frontière entre les bits et les
atomes disparait. C’est comme si Ray était parti vers l’est et moi vers l’ouest, pour arriver au
même point, ce qui est exactement la définition d’une Singularité”.
Pas d’accord avec ça : la singularité ultime est une absence de singularité dans la mesure ou elle
ne peut plus se définir par différence par rapport à l’Autre…comme dans toute chose, la pureté
absolue d’un concept aboutit à son non-sens !
#3 Pingback By L’Internet des Objets » Blog Archive » Prochain arrêt, la Singularité (3/4) : De la
réalité intelligente au Computronium On 9/9/2008 @ 2:18
[…] Source : InternetActu.net […]
#4 Comment By Olivier Auber On 9/9/2008 @ 12:08
“Le brin d’herbe peut d’ores et déjà être envisagé comme un assemblage de nanomachines
simulant un brin d’herbe.”
Ouf, on retombe sur le plancher des vaches, merci Rémi
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URLs in this post:
[1] Deux voies pour accomplir ce but ultime: http://www.spectrum.ieee.org/jun08/6313
[2] Neil Gershenfeld: http://ng.cba.mit.edu/
[3] Centre pour les bits et les atomes: http://cba.mit.edu/
[4] Fablabs: http://www.internetactu.net/2005/04/19/bienvenue-aux-silicon-villages/
[5] pour Ray Kurzweil: http://www.kurzweilai.net/articles/art0691.html?printable=1
[6] gelée grise: http://www.vivantinfo.com/index.php?id=140
[7] Nick Bostrom: http://www.nickbostrom.com/existential/risks.html
[8] l’Institut pour le futur de l’humanité: http://www.fhi.ox.ac.uk/
[9] Postsingular: http://www.rudyrucker.com/postsingular/
[10] Stephen Wolfram: http://www.stephenwolfram.com/
[11] Mathematica: http://fr.wikipedia.org/wiki/Mathematica
[12] Mais pour Rucker: http://www.rudyrucker.com/blog/2008/03/03/fundamentallimits-to-virtual-reality/
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