AMP 1er degré 46 (reconversion) - Sgen-CFDT Midi

Transcription

AMP 1er degré 46 (reconversion) - Sgen-CFDT Midi
Syndicoopérativement
Sgen46 - Ensemble, changer l’école
AutomneAutomne-Hiver 2014
Edito: Changement de métier - choix ou nécessité?
Mobilité, changement de métier, conversion, reconversion, seconde
carrière… Ces mots font-ils peur ou, au contraire, font-ils rêver? Entrevoir des solutions, donner des idées?
Pourquoi et pour quoi faire? Retrouver un emploi, changer de métier,
de « boîte »? Changer de vie, gagner plus? Qui, dans sa vie, à 30, 40
ou 50 ans ne s’est pas posé ou ne se posera pas, au moins une fois,
sérieusement la question, un soir de fatigue ou un matin de grandes
résolutions?
Question de vocabulaire
On peut dire que les mobilités sont horizontales (d’un métier à l’autre) ou verticales (évolution de carrière). Elles se feront « en interne » (dans l’Education Nationale) ou « en externe » (dans un autre
secteur). On parle de reconversion quand il s’agit, contraint ou par
choix, de changer radicalement ou partiellement de métier.
Changer de métier est à l’évidence un changement de cap, tant pour
les savoirs à mobiliser que pour les compétences à mettre en œuvre.
On parlera enfin de 2nde carrière lorsque d’une façon (changer) ou
d’une autre (évoluer dans) il est proposé d’aménager la fin de sa carrière.
Pour le Sgen et la CFDT, c’est un objectif majeur que de permettre à
chacun de choisir, et de développer ainsi son autonomie, son épanouissement et l’émancipation sociale. Vaste ambition certes, mais
qui est à l’opposé du « subir »!
Ce journal vous a été remis par
un-e adhérent-e du Sgen-CFDT
ou vous l'avez reçu dans votre école.
Il est destiné à vous faire découvrir l'action, les idées et les revendications des
représentants du personnel et militants
du Sgen-CFDT.
Reconversion, fin de carrière, quelles
perspectives pour les enseignants?
Le Sgen-CFDT organise dans différentes régions des colloques
sur la reconversion et les fins de carrière des enseignants en
présence, entre autre, de Rémy Boyer (de l'association Aide
Aux Profs).
Rémy Boyer, lui-même enseignant reconverti, il a conçu, en 2006,
un dispositif sur internet pour venir en aide aux enseignants qui
cherchent à se reconvertir. Il a bien voulu partager, avec son auditoire, les enseignements tirés de l’expérience de son site «aide aux
profs», très fréquenté par des enseignants de toutes disciplines.
Reconversion?
Les enseignants peuvent-ils se reconvertir ? La difficulté croissante
du métier, les carrières plus longues, invitent les enseignants à se
poser la question de la reconversion. Même s’ils n’en ont pas conscience, les enseignants, au quotidien, pratiquent «l’ingénierie de formation» (analyse, conception, réalisation, évaluation), un concept
transposable dans le cadre d’une reconversion. La mise en place du
socle commun des compétences ne peut qu’aider les enseignants à
assimiler et à transposer pour eux-mêmes cette forme d’évaluation,
en particulier lors de la rédaction d’un curriculum vitae.
Compétences transposables?
Rémy Boyer énumère les savoirs, savoir-faire, savoir-être et savoiragir développés par les enseignants dans l’exercice quotidien de leur
métier, compétences qui non seulement sont transposables mais de
plus recherchées.
Dans les savoir-faire, par exemple, la
conduite de projet, les qualités rédactionnelles ou l’esprit de synthèse sont
des compétences que l’enseignant peut
faire valoir lors d’une recherche d’emploi. La liste est longue…
Possibilités de reconversion?
Intégrer les établissements publics nationaux (EPN) qui, avec d’autres organismes, 800 au total, proposent près de 30 000 postes de
détachement qui, pour beaucoup, sont aussi ouverts aux enseignants contractuels.
Pour cela, consulter les sites: biep.gouv.fr ; www.cnap.fr ;
ciep.fr ; cap.territorial.fr
*Autres: créateur de sites web, aide à la création d’entreprise, graphiste, commercial, orthophoniste, coach…
* Doubles carrières: certaines disciplines s’y prêtent (arts plastiques, EPS, économie…)
R. Boyer conseille d’utiliser les dispositifs existants, congés pour disponibilité, indemnité de départ volontaire (I.D.V. - attention, importants changements en mai 2014) et de démarrer leur nouvelle activité en gardant un temps partiel d’enseignement, pour se laisser le
temps de réussir leur deuxième carrière.
Reconversion envisageable
Rémy Boyer s’est montré très confiant dans les possibilités de reconversion des enseignants: du bilan de carrière en passant par la
préparation de curriculum vitae, l’entretien d’embauche, les moyens
nécessaires (formation, coaching…), les délais de reconversion
(courts), et le niveau de rémunération.
La motivation reste le paramètre le plus important pour réussir une
nouvelle carrière.
Une reprise d’études, un développement de potentialités seront peut
-être nécessaires à la réussite du projet. C’est sa force de conviction
et sa capacité à valoriser tous ses savoirs qui permettra à l’enseignant d’emporter le poste sur lequel il postule. La mobilité est aussi
une condition importante à considérer.
Fin de carrière
La reconversion dans l’Education nationale est actuellement très limitée (changement de disciplines, de niveau d’enseignement). Seuls
les congés maladie accumulés jusqu’aux congés longue durée peuvent permettre aux enseignants en souffrance de terminer leur carrière….
Aux plus de cinquante ans, R. Boyer recommande
de privilégier les doubles carrières avec temps partiel d’enseignant. Du fait de l’ancienneté et du niveau de rémunération atteint, il leur serait plus difficile d’intégrer un nouveau métier.
Reconversion et évolution du métier
Les difficultés rencontrées au cours
des différentes phases d’une carrière, ont toujours amené les enseignants à se poser des questions sur
leur métier.
Nombreux sont ceux qui ont été
contraints de changer de niveau
d’enseignement, de discipline, voire
de métier ou qui y ont songé fortement.
La reconversion interroge le métier
Même si pour la plupart des enseignants, ce métier est d’abord un
métier passionnant, les conditions
de travail des enseignants sont difficiles, une enquête flash du Sgen46
l’a attestée dès 2008. Corroborée
depuis par d’autres enquêtes, elle
révélait que le métier se dégradait:
surcharge de travail, modification
des missions, manque de reconnaissance sociale et financière, classes
chargées, relations difficiles… les effets sur la santé sont nombreux.
Un contexte politique et économique difficile
En juin 2012, le rapport de la sénatrice Brigitte Gonthier Maurin, inscrivait la souffrance des enseignants
dans un contexte politique et économique plus général.
L’éducation nationale est désormais
touchée par des évolutions déjà bien
avancées dans les entreprises, où
les salariés sont soumis à des injonctions contradictoires: exigence
de qualité et demande de rapidité,
esprit d’initiative et respect des pro-
-tocoles, engagement et recul.
Soumis à une évaluation externe
permanente, les travailleurs
n’ont pourtant aucun contrôle
sur les objectifs assignés. Leurs
propres critères d’appréciation
de ce qui constitue du «bon travail» sont niés et pourtant on
leur demande d’être fiers de leur
activité et de l’organisation à laquelle ils appartiennent. Ils perdent ainsi progressivement prise
sur leur travail. Face aux défaillances du système, l’enseignant
ne peut plus compter que sur
ses propres ressources, et si le
métier ne le protège plus, alors
la santé (physique et psychique)
est menacée.
Une adaptation imposée
Les réformes qui se sont succédé ont eu pour conséquences la
disparition de filières et l’apparition de nouvelles formations.
Les reconversions, la plupart du
temps envisagées dans l’urgence, provoquées par les réformes,
traitées «au cas par cas» dans
les académies, ont révélé l’absence de politique de ressources
humaines et de moyens, tant sur
le plan prévisionnel qu’en matière de formation continue.
Les enseignants percutés par
cette évolution, ont dû, bon gré
mal gré, s’adapter pour rester
dans le métier. Cela ne s’est pas
fait sans souffrance.
Temps de travail
Jusqu’à peu, les enseignants avaient
la possibilité de finir leur carrière en
cessation progressive d’activité
(aménagement de fin de carrière
réduisant le temps de travail). La
réforme des retraites a mis un terme à cette pratique.
Cela pose aujourd’hui un réel problème; en même temps que le métier devient plus difficile, la carrière
s’allonge. Un nombre conséquent
d’enseignants en fin de carrière se
trouvent en difficulté dans leur métier, accumulant une fatigue physique et nerveuse, ou atteints de
troubles musculo-squelettiques
(TMS).
Certains préfèrent partir en retraite
alors même qu’ils n’ont pas réuni
toutes les conditions pour obtenir le
taux plein de leur pension de retraite (décote), d’autres ont recours à la
longue maladie ou l’invalidité pour
finir leur carrière lorsqu’ils sont en
incapacité de travailler.
L’abandon comme tentation
Le rapport 2011 du Carrefour Santé
Social et les enquêtes de victimation
menées ces dernières années par
l’équipe d’Eric Debarbieux, montrent
que l’exposition des personnels
d’enseignement et d’éducation à des
violences répétées (violences verbales essentiellement des élèves mais
aussi développement du harcèlement entre adultes) qui mettent en
cause le climat général de vie dans
l’établissement, est un facteur de
difficultés, de tensions, voire d’épuisement professionnel (burn-out).
La dernière enquête de victimation
et climat scolaire dans le 2nd degré
montre que la souffrance des enseignants les pousserait au départ:
30 % des enseignants pensent
quitter l'enseignement.
Changer de carrière?
Face à ces difficultés, nombre
d’enseignants en viennent à se poser la question d’une autre carrière. Mais souvent, avec le préalable: «Je ne sais rien faire d’autre.»
Alors quitter le métier, est-ce
la solution?
C’est lorsqu’un enseignant se sent
épuisé par le métier qu’il envisage
une reconversion. La souffrance
des enseignants: le stress et ses
facteurs déclenchants, la solitude,
voire l’isolement dans le travail, le
harcèlement… Toutes les recherches convergent pour montrer
qu’ils sont autant de symptômes
d’une organisation déficiente du
travail. L’Éducation nationale a-telle conscience de la souffrance
exprimée? Cherche t-elle des solutions à mettre en place pour une
organisation du travail plus respectueuse des personnels qui sont
sous leur responsabilité?
Pour que les enseignants puissent
vraiment faire le choix d’une reconversion, le métier doit d’abord
retrouver tout son sens.
Les premiers groupes de travail
sur les métiers de l'enseignement,
sur “les missions de façon à intégrer les réformes pédagogiques”,
sur les “thématiques des parcours
professionnels et de la formation”
semble aller dans le bon sens...
mais pour l'instant, rien de
concret! n'est en ligne de mire!
Pourquoi changer de métier?
Jeune enseignante affectée loin (très loin) de chez elle
en Seine-Saint-Denis étant originaire de Midi-Pyrénées,
Céline entame une démarche de mobilité vers les ressources humaines. Voici son témoignage…
N’y aurait-il que les profs déprimés, ceux qui « n’avaient pas les épaules » pour tenir une classe, qui voudraient changer de métier? Difficile de ne
pas éveiller les soupçons quand on se présente comme une personne saine
d’esprit, dynamique, et qu’on affirme en même temps vouloir s’éloigner de l’Éducation nationale.
Pourtant les raisons ne manquent pas d’avoir envie de côtoyer autre chose que les salles de classe. Tout d’abord notre Institution n’épargne pas les
débutants. Je me suis retrouvée, comme beaucoup, dans une école difficile en
ZEP en tant que néo-titulaire. On me promettait des points de bonus pour la
mutation inter-académique au bout de trois ans dans cet établissement.
En clair, l’Éducation nationale restreint énormément ma liberté, tout en
exigeant de moi une certaine abnégation. Car il faut avoir travaillé dans ce type de classe pour comprendre toute la maîtrise de soi qu’il faut y déployer. On
doit encaisser des attitudes agressives à longueur de journée, avec un recul
inébranlable. De plus, les conseillers pédagogiques sont eux aussi souvent débordés.
Ainsi chacun bricole dans son coin, tentant d’être utile aux élèves au milieu d’une joyeuse cacophonie. Enseignants de ces classes difficiles, vous avez
de l’avenir dans le coaching tendance zen! Cela dit être enseignant en ZEP à
25-30 ans (notre moyenne d’âge dans ce type de salle des profs) requiert une
connaissance de soi et des élèves qui dépasse de beaucoup celle qu’on possède à cet âge-là.
Nous tombons donc dans des écueils d’implication excessive, ou d’idéalisme forcené, qui nous
épuisent dès le début de carrière. Quoi de plus
normal, alors, que de vouloir bifurquer? Cette
envie tombe sous le sens: nos conditions
d’exercice développent en nous bien des compétences transférables à d’autres activités.
Il ne viendrait pas à l’idée d’un Anglo-Saxon de
penser qu’un prof n’est bon qu’à se plaindre en
attendant ses prochaines vacances. En France,
les idées reçues sont plus tenaces, et un ensei-
-gant du 1er degré en mal de changement se voit
proposer de passer un CAPES ou bien l’agrégation. Ce doit être le remède à tous les maux?!
Quelle alternative avons-nous? Les plus «
farfelus » vont sur I-Prof et briguent les postes
d’enseignement dans les hôpitaux. Les plus «
aventuriers » soignent consciencieusement leur
dossier pour obtenir un poste dans un établissement français à l’étranger – ce qui suppose de se
prêter au jeu de la sacro-sainte inspection, au
passage.
Mais toutes ces brillantes perspectives ne
nous enferment-elles pas irrémédiablement dans l’enseignement? L’idée de
changer d’activité professionnelle serait-elle donc scandaleuse en 2012? Pourtant il suffit d’élargir son champ de vision au-delà de l’Éducation nationale
pour percevoir la banalité d’un tel projet.
Ainsi, loin de me laisser démonter par l’absence d’équivalent public au
Fongecif, par la difficulté à obtenir un congé de formation avant cinq ans de
carrière pour autre chose que l’agrégation ou le doctorat, par le parcours du
combattant que constitue la quête d’informations, j’ai décidé de me reconvertir dans les Ressources humaines. Cependant j’aborde un chemin semé d’embûches. Les a priori de nos concitoyens sur les
enseignants, les tracasseries administratives
liées à toute démarche « inhabituelle » (même
si cela évolue), les sacrifices financiers qu’implique un minimum de formation dans mon futur
domaine, tout cela joue en ma défaveur. Je déplore que ce « tout cela » constitue un frein
psychologique puissant, à la source du fatalisme
de nombreux enseignants, tristement résignés à
quatre décennies d’Éducation nationale. Pourtant nombre d’entre nous découvrent petit à
petit des failles dans leur vocation. Ressentirions-nous autant de culpabilité si nous exercions un autre métier au départ?
Céline
Merci au Sgen-CFDT pour l’accompagnement dans mes démarches et pour le
soutien des militants!
Bilan social académique des professeurs
des écoles (2013): y a comme un malaise!
Chaque année, le Rectorat publie un bilan social de la situation
des personnels sur notre académie. De nombreux indicateurs
confirment le malaise actuel de notre profession:
• Augmentation des congés et absences: le taux d'absentéisme passe de 4,9% en 2012 à 5,4% en 2013. Surtout, il y a
une hausse très sensible des CLD (Congés Longue Durée +27%)
et des CLM (Congés Longue Maladie +4%), alors qu'il y a moins
de congés pour maladies "ordinaires". Une première analyse rapide laisserait supposer que de plus en plus de collègues ont de
sérieux problèmes de santé. Le vieillissement de la population
enseignante, le stress et des conditions dégradées de travail
pourraient être une première explication à ce phénomène, sans
en tirer des conclusions hâtives.
• Augmentation des accidents du travail: +46% entre 2011
et 2013. Le Sgen-CFDT a demandé des précisions sur les causes
de ces accidents du travail.
• Augmentation des demandes de mobilité de carrière:
+54% de consultations de la cellule mobilité du Rectorat. Ce sont
surtout des femmes, majoritairement entre 36 et 45 ans qui envisagent une reconversion ou une autre carrière.
Le Sgen-CFDT a demandé à la Rectrice que ces données
soient affinées et que ce sujet soit mis à l'ordre du jour du
prochain CHSCT Académique car elles nous paraissent inquiétantes pour la situation des collègues dans le 1er degré et révélatrices de difficultés sur lesquelles nous alertons nos autorités depuis trop longtemps.
Pour nous joindre: [email protected]
Sgen-CFDT Lot
2, rue Victor Delbos 46100 Figeac
Tel: 05.65.40.93.56 + 06.80.55.91.61
http://sgenmidipy.fr