Psychanalyse et criminalité - Association Freudienne de Belgique

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Psychanalyse et criminalité - Association Freudienne de Belgique
Le Bulletin Freudien n°25-26
Juin 1995
Psychanalyse et criminalité
Marie-Jeanne GÉRARD-SEGERS
(211)J’ai, en 1991, parcouru la littérature psychanalytique accessible en langue française sur le thème de la
criminalité depuis 1985. Je fais état de certains textes fondateurs dans l’espoir d’établir une continuité entre
eux et les travaux récents. Voici le résultat.
En quelques mots, on constate qu’il s’agit d’un thème important selon les textes fondateurs, mais qu’il
est poursuivi d’une manière hésitante et parfois discordante par les auteurs actuels. Il s’en dégage cependant
nombre d’éléments dignes d’intérêt dans l’approche d’une interprétation de la violence.
Dès les premiers temps de sa découverte de la psychanalyse, Freud a porté sa pratique hors du cabinet
privé. Par la suite, il ne refusera jamais que la psychanalyse prenne en considération d’autres domaines et
d’autres situations issues du « malaise dans la civilisation ». Freud a exploré, tout au (212)long de son
oeuvre, les productions et les modes de penser humains. Il a démontré largement la fécondité de cette
exploration, qu’il s’agisse du cas Schreber, de Léonard de Vinci, des études socio-anthropologiques, de
Moïse, de l’art et de la religion.
En ce qui concerne l’intérêt de la psychanalyse pour la criminalité, la situation se présente actuellement
d’une manière chaotique. Par exemple, Freud ne cite pas la criminalité parmi les extensions possibles de la
psychanalyse (Freud, 1913). Il pose cependant deux crimes au fondement de l’humani té (le parricide et
l’union incestueuse avec la mère), et leur interdit à l’articulation de la nature et de la culture. J. Lacan n’a pas
traité longuement la criminalité. Il débute cependant son oeuvre par l’étude d’un cas (Aimée) où une tentative d’homicide intervient dans une psychose (Lacan, 1932). Ceci l’entraîne à faire état du mode
« paranoïaque » de toute connaissance, ce qui donnera lieu au développement du fameux « stade du miroir »
(Lacan, 1949). Il est l’auteur d’importantes contributions psychanalytiques sur l’agressivité (1948) et la
criminologie (1950).
Plus récemment, deux ouvrages procèdent à une mise au point de la situation de la psychanalyse. Leurs
auteurs ne sont pas des moindres puisqu’il s’agit de J. Laplanche qui veut énoncer des « Nouveaux
fondements » pour la psychanalyse (Laplanche, 1987) et S. Leclaire qui procède à ce qu’il appelle un « état
des lieux » de la psychanalyse (Leclaire et l’A.P.U.I., 1991). Dans le premier cas, le mot criminalité n’est pas
prononcé, pas plus qu’aucun représentant du champ sémantique qui s’y rattache. En revanche, l’auteur
accorde une place privilégiée à la théorie de la séduction – séduction sexuelle précoce de l’enfant par un
parent –, soit ce qui est mis en cause dans l’inceste et dans la perversion. Dans le second cas, l’état des lieux
est étrangement silencieux sur ce qui touche de près ou de loin à la criminalité. Il est seulement fait mention
de certaines pratiques d’inspiration analytique dans le secteur social et en milieu pénitentiaire. Ces pratiques
font, il est vrai, également partie de l’expérience analytique à côté de la théorie et il n’en est pas toujours
rendu compte.
P. Legendre, quant à lui, consacre un ouvrage au parricide avec le crime du caporal Lortie, mais il est
très critique vis-à-vis de la criminologie dont il dénonce le caractère hautement suspect et qu’il amalgame à
toutes les formes (213)d’utilitarisme dé-subjectivant (Legendre, 1989). J.-M. Labadie déclare que les
documents psychanalytiques sur le crime sont « ternis par le temps », que la psychanalyse « s’enlise » dans
une « stagnation théorique », tout en faisant preuve « d’imprudence », de « mégalomanie naïve » et de « peu
d’originalité » (Labadie, 1979, p. 301). Il consacre cependant à l’oeuvre freudienne un volume de sa thèse
d’Etat et se réfère à elle dans une grande mesure en chacune de ses publications.
C’est donc poussée par la curiosité face à une ambivalence et une ambiguïté de la littérature
psychanalytique sur la criminalité que j’ai fait le point sur le sujet de 1985 à 1991. Je citerai également des
publications antérieures lorsque leur référence reste d’actualité. L’exposé qui suit est ainsi divisé en trois
sections. La première rassemble les principaux textes fondateurs ; la deuxième reprend les contributions qui
procèdent à une réfexion approfondie sur la criminalité ; la troisième partie passe en revue des thèmes
particuliers tels que la criminalité violente, l’adolescence délinquante, la toxicomanie, l’alcoolisme, l’inceste
et la perversion.
1 – Les textes fondateurs
Sigmund Freud fait référence explicitement à la criminalité dans plusieurs de ses oeuvres. Il y a, dans l’ordre
chronologique de la parution de celles-ci, un texte qui concerne, très curieusement, un parallélisme de
méthode entre la psychanalyse et l’établissement des faits en matière judiciaire (Freud, 1906). Le « secret » du
criminel est caché et se dévoile selon les mêmes lois que le « secret » de l’hystérique. En 1912, paraît Totem et
Tabou, une interprétation par la psychanalyse de la vie sociale des peuples primitifs. Freud y décrit la criminalité
rituelle et son sens profond, sacré ; violences sont exercées dans certaines conditions sur le chef ou les
ennemis qui, dans certains cas, sont mis à mort et mangés. Le complexe d’Oedipe y apparaît avec les
fantasmes qui l’accompagnent, c’est-à-dire criminels. Il est question, dans ce livre, pour la première fois, du
père mort qui sera repris dans les formulations actuelles de « père symbolique » ou « métaphore paternelle ».
Ces expressions de J. Lacan sont reprises par P. Legendre pour désigner la Référence ultime, la Loi universelle. Cette notion est centrale dans tout éclairage psychanalytique (214)de la criminalité. Nous
reviendrons à ces auteurs.
En 1916, paraît le texte de Freud qui traite le plus directement de notre thème ; il s’agit de Quelques types
de caractère dégagés par le travail psychanalytique. En fait, tous les personnages décrits sont des criminels
(Richard III, Macbeth et lady Macbeth, Rebecca, l’héroïne meurtrière d’un roman d’Ibsen). On ne retient
habituellement de ce texte que le passage qui concerne les criminels par conscience de culpabilité. A tort, car
l’ensemble du texte développe la démonstration de ce qui reste un apport décisif de la psychanalyse à la
compréhension de la criminalité. Les délits, les actions illicites, les vols, les tromperies, les incendies
volontaires sont commis alors que la culpabilité (en partie inconsciente) est déjà présente, et pour fxer celle-ci.
Cette intense culpabilité résulte d’aspirations issues du complexe d’Oedipe, soit des voeux conjoints de
meurtre du parent rival et d’union au parent de l’autre sexe. Ce sont les enjeux oedipiens qui animent, dans
tous les cas, le criminel. Ils ont une force indestructible et sont en grande partie inconscients. Ce sont les
enjeux oedipiens propres aux situations dans lesquelles interviennent les passages à l’acte criminel, qui
feront dire à Lacan (1950), qu’il s’agit de conduites « irréelles », « symboliques ». Legendre (1989) reprendra
cela en parlant de la fliation, cette particularité de la généalogie qui relevant de l’institutionnel pur, relève
aussi de « l’ordre symbolique ».
Un essai sur Dostoïevski paraît en 1928. Freud y reprend d’une manière complète l’origine dynamique
complexe des tendances criminelles. A la culpabilité décrite précédemment, Freud ajoute une nuance : les
enjeux du complexe d’Oedipe peuvent entraîner la certitude inconsciente d’être criminel. Ce fut le cas de
Dostoïevski, torturé par la question du parricide. Marinov a relevé les thèmes criminels dans deux des
romans de Dostoïevski. On y trouve le matricide, le parricide, l’infanticide, la séduction pédophile, le viol de
fllettes et le suicide de personnages donjuanesques (Marinov, 1990). Il faut dire, avec Freud, que Dostoïevski
ne « s’interprète » pas en termes psychanalytiques ; il faut plutôt dire qu’il dit la même chose que la
psychanalyse, et peut-être mieux, à savoir que le crime ramène à la constellation familiale et que la horde
fraternelle est plus riche, plus complexe et plus ambiguë que celle du schéma freudien.
Freud évoque indirectement la criminalité dans Malaise dans la civilisation, (215)lorsqu’il cite certaines
formes de révolte contre la société (Freud, 1929). Or, ce cas lui paraît différent de celui des criminels par
sentiment de culpabilité, sans qu’il en dise toutefois beaucoup plus sur ce cas qu’il associe aux criminels qui
n’éprouvent aucune culpabilité. Parlant des criminels par culpabilité, Freud dit : « Ce sont pour ces criminels
que sont faites les lois pénales » ; il exclut ainsi de ses considérations les criminels qui n’ont développé aucune
inhibition morale ou « ceux qui se croient autorisés à agir comme ils le font dans leur lutte contre la société » (Freud
1916, p. 171). Pour l’ensemble de l’oeuvre, les références freudiennes au crime seraient successivement les
théories de la séduction, de l’intention oedipienne et du crime originaire, du criminel narcissique et, enfn, de
la culpabilité que l’on retrouve dans le mythe, la perte et les identifcations (Labadie, 1989). En ce qui
concerne l’instance du Surmoi, qui est chez Freud la notion centrale pour la compréhension du marquage
par la notion de bien et de mal chez un sujet, on en trouvera une reprise dans Le désir et la Loi (Florence,
1985).
M. Klein énonce ses conceptions dans un texte qu’elle intitule Les tendances criminelles chez les enfants
normaux (Klein, 1927) ; elle les reprend brièvement dans une conférence publiée sous le titre La criminalité
(Klein, 1934). Certaines idées viennent, à propos à ce propos, compléter celles de Freud et sont aussi
décisives dans la compréhension du comportement criminel. Selon M. Klein, des tendances criminelles sont
présentes chez l’enfant normal ; elles visent les parents, puis les frères et soeurs. L’enfant dirige vers eux de
manière préférentielle ses pulsions, selon le complexe oedipien qui l’anime. Ces pulsions sont sadique-orale
et sadique-anale entre un et trois ans. L’enfant est très angoissé à l’idée de subir lui-même ce qu’il souhaite
aux autres, ce dont son surmoi précoce le menace (manger, faire cuire, découper, éventrer, maîtriser). Ces
fantasmes paraîtraient extravagants si on ne les trouvaient, réalisés, dans la chronique des journaux (« Leur
pulsion meurtrière n’est jamais assouvie », le Nouvel Observateur du 22 août 1991, notamment) et dans la
pratique de l’expert psychiatre.
La destruction réelle par l’enfant intervient suite à une angoisse particulièrement forte et pour
supprimer celle-ci. Toutefois, après un apaisement temporaire, l’angoisse est accrue du fait de l’acte et
pousse à la répétition de la destruction.
(216)C’est par l’expérience de rapports pacifants avec ses parents que l’enfant normal peut surmonter
ce cercle vicieux. Ceci n’a pas été possible chez l’enfant comme chez l’adulte criminel. L’importance accordée
aux situations réelles et notamment aux relations positives avec parents et éducateurs sera reprise et
poursuivie par D. W. Winnicott (1945). M. Klein fait état de succès thérapeutiques avec ces enfants. Sur le
débat de la culpabilité du criminel, elle ajoute un point qui permet de sortir de l’impasse : c’est parce que le
criminel se sent persécuté qu’il détruit les autres et l’absence d’amour chez lui ne serait qu’apparent. En fait,
pour éviter ses propres sentiments de haine et de persécution pour son « objet » d’amour, le criminel préfère
supprimer tout souvenir et toute conscience de sentiments d’amour pour un quelconque « objet ».
Ferenczi parle dès 1914 de « criminologie psychanalytique » et aborde la criminalité à plusieurs
reprises, notamment, dans son Journal clinique (1932). Il parle du mécanisme de projection de la haine en lieu
et place du deuil de l’amour, des effets de l’inceste sur la personnalité de l’enfant, et analyse très fnement les
effets produits chez les partenaires et témoins, et chez l’analyste par la criminalité d’un patient. Il y a la
parution en 1963, en français, de l’ouvrage d’A. Aichhorn, pionnier de la réfexion psychanalytique en
criminologie. Le crime est une des formes d’asocialité qui résulte d’une économie pulsionnelle défectueuse.
Certains criminels ne seraient disponibles à aucun transfert et donc peu aptes à bénéfcier d’une cure
analytique type. M. Bonaparte (1927) analyse l’histoire clinique d’un crime dont l’auteur n’éprouve aucun
sentiment de culpabilité et se trouve, en outre, guérie à la suite de son geste. Pour Alexander et Staub (1938),
les conduites asociales des criminels ont un but, celui de se faire rejeter, ce qui apaise leur culpabilité
inconsciente d’origine oedipienne. J. Boutonnier (1950) tient des propos surprenants puisqu’elle parle de
l’application de la psychanalyse au traitement des criminels et parle « d’expert psychanalytique ».
Friedlander (1951) aborde la conduite criminelle comme un autre symptôme psychique : il exprime un sens
qui est à interpréter par la méthode traditionnelle. Reik (1958) montre, à l’aide de nombreux exemples
convaincants, qu’il existe chez le criminel une tendance compulsionnelle à avouer. L’acte criminel lui-même
fait fonction d’aveu là où le langage est incapable d’exprimer la vie inconsciente.
(217)La criminalité apparaît ainsi comme une projection de « l’autre scène », l’inconscient. Lagache
propose un recours généralisé à la psychanalyse pour la compréhension des criminels ; il se centre sur la
pathologie des identifcations et la projection de confits internes (Lagache, 1979).
J. Lacan a écrit cinq textes qui constituent un apport considérable à une compréhension de la
criminalité. Sa thèse, tout d’abord, développe une théorie de la paranoïa à partir du cas Aimée, coupable de
tentative d’homicide (Lacan, 1932) ; il écrit ensuite un commentaire sur le crime des soeurs Papin (Lacan,
1933) ; il expose les ressorts de la criminalité : haine, jalousie, agressivité, dans son texte fameux sur la famille
(Lacan, 1938). Lacan présente ensuite, en 1948, un rapport théorique sur l’agressivité au XI e Congrès des
psychanalystes de langue française réuni à Bruxelles. Il présente, enfn, une communication en 1950 qui
s’intitule « Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie ». Ces deux
communications sont parues dans les Ecrits (Lacan, 1966). Voici brièvement en quoi consiste son apport.
Dans les psychoses paranoïdes, l’homicide intervient comme un acte qui vise à libérer de la persécution
vécue en supprimant celui auquel cette persécution est imputée, pour des raisons essentiellement
projectives, en une cristallisation hostile. Un état d’équilibre ou de rupture des tensions sociales existe
normalement chez l’individu. La criminalité apparaît dans le contexte de cette tension relationnelle dont la
paranoïa constitue le paradigme pathologique avec les formes délirantes voisines (jalousie, érotomanie,
interprétation), parfois la paraphrénie. Ces formes délirantes sont unies par une communauté de structure et
justifent dès lors la même analyse. L’acte criminel constitue une réaction passionnelle justifée par les
arguments du délire.
C’est la pulsion agressive qui sert de base à la psychose. Dans la mesure où cette pulsion est
inconsciente, elle n’a accès à la conscience que sous la forme d’un compromis avec les exigences sociales
intégrées par l’individu ; c’est ce compromis qui fournit le matériel du délire. Il est à la fois construction
justifcative et négatrice de la pulsion criminelle. Cette pulsion agressive a, dit Lacan, même si elle ne se
réalise pas, toujours l’intentionnalité d’un crime, parfois celle d’une vengeance ou le sens d’une punition.
Elle prend, dans certains cas, les aspects d’un acte de moralité ; parfois encore elle a la (218)portée d’une
expiation. C’est le même mouvement qui anime la réaction de la société à l’égard du criminel. Les experts
arrivent parfois à des conclusions erronées parce que le caractère manifeste du délire varie. Ces variations
suivent celles de l’agressivité qui s’atténue avec son assouvissement. Seule la structure psychique demeure
constante et c’est elle qui doit être repérée.
Il s’agit, dans la paranoïa, d’une inversion anormale du complexe fraternel (Lacan, 1938) en désir.
L’hostilité primitive entre les frères devient une fxation amoureuse. Celle-ci est la condition de la première
intégration des pulsions individuelles aux tensions sociales, mais elle devrait être dépassée par la traversée
du complexe d’Oedipe où l’enfant, prenant appui sur le personnage paternel, apprend à rivaliser avec soimême et non plus avec un double idéalisé et aliénant. La situation du criminel se trouve fxée à ce moment
très narcissique où « l’objet » choisi est le plus semblable au sujet. C’est ainsi qu’on a pu parler
d’homosexualité désignant moins par là une pratique sexuelle, plutôt marquée par l’hypogénitalité, qu’une
confguration des rapports au semblable. Cette tendance homosexuelle ne s’exprime la plupart du temps
qu’en une « négation éperdue d’elle-même ». J. Allouch reprend dans le détail l’histoire d’Aimée et de ses
rencontres avec Lacan, pour relancer la problématique de la folie à deux (Allouch, 1990). Le même auteur
avait signé précédemment sous l’hétéronyme de Francis Dupré, un livre sur le double crime des soeurs
Papin (Dupré, 1984). Ceci mène, en guise de prolongement, à une étude que nous avons réalisée sur un cas
de folie à deux où le crime prend une fgure centrale (Segers, 1993).
Je souhaite relever encore trois des idées des textes très riches de Lacan.
–
La notion de responsabilité et celle de punition impliquent nécessairement un assentiment subjectif ;
celui-ci est par ailleurs nécessaire à la signifcation même de la punition. Or, cette adhésion subjective aux
institutions et plus généralement aux « croyances » de la communauté est absente dans certaines formes de
pathologie mentale. De même, l’aveu est adhésion subjective et, du même coup réintégration dans la
communauté.
–
Les structures de la société sont symboliques ; l’individu normal s’en sert pour des conduites réelles,
tandis que le criminel s’exprime par des (219)conduites symboliques, telles que celles où les enjeux oedipiens
sont manifestes. C’est ce que signife ce propos de Lacan souvent cité, selon lequel la psychanalyse
« irréalise » le criminel.
–
Un objet devient criminogène dans la « suspension de la dialectique du moi » (Lacan, 1950, p. 142). Aimée
frappe la représentation de l’idéal qu’elle a d’elle-même ; les soeurs Papin n’ont même pas « la distance qu’il
faut pour se meurtrir » (Lacan, 1933, p. 397). Ceci s’ajoute au fait que le moi humain se constitue de toute
manière sur le mode négatif à plusieurs moments de son articulation : aliénation au double idéal, négation
comme modalité la plus assurée de l’aveu inconscient et tension oedipienne de la structure familiale.
D.W. Winnicott apporte à son tour des éléments de réfexion incontournables. Il les concentre plus
spécialement sur la délinquance et les comportements anti-sociaux. Ceux-ci sont déjà présents selon lui chez
l’enfant sous forme d’incontinence ou de voracité, et ils peuvent aller chez l’adulte jusqu’aux perversions et
aux autres formes de psychopathie (Winnicott, 1984). C’est dans le dernier ouvrage paru, Deprivation and delinquency, que l’on retrouve le plus complètement exposées les thèses de Winnicott ; il s’agit d’un recueil de
textes, épuisés ou inédits, écrits entre 1939 et 1970. Ces textes traitent de la genèse psychologique de la
délinquance, de la situation des délinquants avérés, des conditions souhaitables d’accueil des délinquants et
des perspectives offertes par la thérapie individuelle dans ces cas (Winnicott, 1984). Nous souhaitons également citer de cet auteur quelques très beaux textes sur le sujet tant du point de vue littéraire que
scientifque : Le sens moral inné du bébé (1949), Le vol et le mensonge (1945), La tendance à voler (1949) et Quelques
aspects psychologiques de la délinquance juvénile (1946). L’auteur y commente notamment la valeur positive des
comportements anti-sociaux : tentative, dans certains cas désespérée, de faire le deuil de personnes chères ou
de trouver la sécurité, un « cadre », « la sécurité de quatre murs, même si cela doit être ceux de la cellule d’une
prison » (Winnicott, 1946, p. 173). Il insiste également sur l’importance de la tâche du magistrat. Les actes
anti-sociaux impunis imposent à la société une tension considérable qui constitue une menace sociale réelle
par le potentiel de vengeance inconscient du public qu’il maintient actif.
2 – Les réfexions approfondies
(220)Dans la série de Leçons de P. Legendre que Fayard publie sous l’intitulé général de Dogmatique
industrielle, un ouvrage témoigne de son entreprise et parle directement de la criminalité. Cette entreprise
consiste à penser les fondements de l’homme et de la société qui l’institue comme sujet, au sens juridique et
au sens psychanalytique. Il aborde un Traité sur le père à partir d’un cas de parricide déplacé sur une effgie
du père (le Gouvernement du Québec) (Legendre, 1989). Ce travail de réfexion sur les fondements du
« vivant parlant » prend également l’exemple du génocide des juifs par les nazis. C’est l’absence du statut
d’humanité chez un sujet qui le livre à la folie et au parricide. Ici aussi les raisons sont de structure. En effet,
pour Legendre, tout meurtre est un parricide parce qu’il est une atteinte au principe de différenciation ; en
effet, le père est le tiers garant de la mise en place d’une logique de l’altérité. Lorsque cette fonction n’est pas
occupée comme il se doit, la fliation, qui est l’institution même de la différenciation, n’est pas symbolisée et
l’enchaînement généalogique n’est pas mis en place pour les fls (flles). Il peut même être inversé lorsqu’un
fls est mis en position de mettre lui-même une limite, ce qui est la fonction du père. A ce titre, un père tyran
et pervers (incestueux) est une « négation de père ».
Le crime, ici le meurtre et l’inceste, est ramené à une faillite fondamentale de la symbolisation de la
différence des générations. Cette faillite place certains sujets devant l’impasse qui consiste à tenter de s’autofonder, mais cette tentative constitue une véritable « contradiction délirante » : supprimer l’obstacle et tuer le
tyran, c’est succomber à l’identifcation au tyran. On retrouve ici un dépassement et une prolongation du
travail de Lacan sur l’impasse du moi dans la psychose, la fonction de l’acte criminel et l’étrange familia rité
du crime et de la folie qui semblent croître d’un seul et même mouvement. Legendre se centre toutefois
beaucoup plus que Lacan sur la situation sociale et aussi institutionnelle du sujet. Il est le premier à
souligner aussi vigoureusement que les institutions sont solidaires d’une représentation qui serait, dans nos
sociétés utilitaristes industrielles, particulièrement décadente et impropre à fonder ce qui devrait l’être : un
sujet humain, dont l’institution obéit à un impératif de différenciation généalogique.
(221)Cet ouvrage constitue une pièce maîtresse dans ce domaine. il s’agit d’un remarquable
renouvellement de la réfexion avec l’ouverture de perspectives fécondes dans le domaine de la culpabilité,
des conditions d’une « subjectivation » possible du criminel par le droit pénal, l’expertise et la psychiatrie. Le
mérite de cet ouvrage est d’arriver, là où de nombreuses études échouent, à conserver une perspective
rigoureusement psychanalytique (Segers, 1991). Le travail de Legendre se prolonge dans un ouvrage paru
ultérieurement (Legendre et Papageorgiou-Legendre, 1990) qui ajoute le suicide au meurtre et à l’inceste
parmi les effets d’impasses de la fliation.
Nous avons déjà cité Laplanche (1987) avec la reprise de la théorie freudienne de la séduction infantile.
Les réactions à la réalité matérielle de l’inceste ne sont compréhensibles qu’en fonction de la réalité
psychique. Trop souvent les criminologues s’occupent de la première et les psychanalystes de la seconde,
alors que les deux réalités se combinent, se renforcent mutuellement et sont indissociables. Quant au crime,
on le conçoit en psychiatrie comme « originaire » au sens où Laplanche défnit ce terme, soit à la fois présent
aux origines et inéluctable. Rappelons qu’il ne parle que de la séduction infantile par l’adulte et qu’il n’évoque
pas le meurtre du père.
Il faut rappeler le texte du même auteur sur la réparation et la rétribution pénale (Laplanche, 1983). S.
Leclaire et l’A.P.U.I. (Association pour une instance), déjà cités, font état d’institutions pénitentiaires et du
secteur social comme de lieux où l’on trouve des pratiques thérapeutiques d’inspiration analytique (Leclaire
et al., 1991). Un groupe de recherche à l’Institut de criminologie de la faculté de droit de Paris I Panthéon, est
également cité parmi les extensions de la psychanalyse. On peut s’étonner, à juste titre, du peu de place accordée dans cet ouvrage au travail de réfexion psychanalytique dans le secteur de la criminalité.
Une abondante référence est faite à l’oeuvre freudienne par J-M. Labadie, qui s’intéresse directement au
crime. Après un texte écrit sur ce sujet en 1979, déjà cité, intervient la thèse de doctorat d’Etat : « Le crime,
phénomène humain. Lecture comparative et différentielle des principales théories du crime au XIXe et au XXe siècles »,
soutenue en juillet 1988. Cette thèse est suivie de la publication de l’exposé de soutenance de celle-ci
(Labadie, 1989). A cela s’ajoutent trois textes publiés en 1988, dont (222)Le névrosé a eu besoin du criminel, ainsi
qu’un article paru en 1990 sur le champ de la psychopathologie criminelle (Labadie, 1990).
L’auteur procède à une lecture des différentes tentatives pour expliquer le crime. Cette lecture révèle,
selon lui, une inadéquation entre les propositions théoriques avancées à ce jour et la signifcation du crime.
Parmi ces lectures, il privilégie l’anthropologie criminelle et la théorie freudienne. Il observe l’existence
d’intuitions communes, qu’il appelle des pertinences. Elles sont deux essentiellement : le crime ramène à la
question de l’origine de l’homme et à sa faillibilité ; il met en cause l’absence d’altérité et la confusion comme
des formes majeures d’altération. Il souligne l’importance du crime dans la théorie freudienne qu’il oppose à
la discrétion de l’ensemble de la littérature analytique sur ce sujet. Sa présentation est historique et son point
de vue davantage épistémologique que psychanalytique. A propos de la place du crime dans la théorie
freudienne, Labadie reprend le fait que le crime se trouve à l’origine de toute névrose ; la névrose serait « une
intériorité d’après le crime » (Labadie, 1990, p. 178) et la névrose obsessionnelle « une pensée d’après le crime »
(Labadie, 1990, p. 181). Après avoir traqué l’événement criminel lui-même, Freud s’en serait détaché
progressivement. Le crime devient dès lors intériorisé et l’identité du criminel lui-même change ; ce n’est
plus désormais l’adulte pervers qui est coupable de l’acte, mais l’hystérique qui est coupable du désir de
l’acte. Labadie reste insatisfait du silence de la littérature analytique sur l’instant de l’acte ; en effet, dans la
réalisation du crime un geste est posé « entre le dehors et le dedans, entre l’événement et l’intériorité » (Labadie,
1990) et cet instant, ce geste sont de nature à échapper à tout discours possible, bien qu’ils constituent l’objet
même de la psychopathologie criminelle. Nous pensons qu’une partie de la réponse à cette insatisfaction et à
ces questions se trouve chez Lacan, qui envisage la psychose, en plus de la névrose, et chez Legendre qui
parle de la psychose et du fait de l’acte.
Un colloque a eu lieu en juin 1987 qui fait l’objet d’une publication ayant pour titre Le sujet et la loi – La
petite délinquance : approche juridique et psychanalytique (1988). Les interventions à ce colloque révèlent la
diversité des abords possibles des thèmes de la transgression, du sujet et de la loi par des juristes,
criminologues, psychanalystes, psychiatres et travailleurs sociaux. (223)Cette diversité révèle, en même
temps, leur constante proximité. Les contributions abordent l’interdit de l’inceste et élaborent des « réponses
pour une limite ». Le problème de la prévention est évoqué, ainsi que les thèmes de la culpabilité et du sujet,
réalités tellement différentes d’un point de vue juridique et psychanalytique. La problématique de la
toxicomanie est également posée et, enfn, la réintégration et la réparation sont traitées au travers de la
pratique d’un juge des enfants.
Il faut citer une étude psychanalytique très complète de la culpabilité (Goldberg, 1985). On y trouve
traités des phénomènes tels que le besoin de punition, le sado-masochisme et la criminalité par sentiment de
culpabilité, la honte et l’infériorité. Parmi les approches psychanalytiques récentes de thèmes étroitement
associés à la criminalité, il faut citer une étude sur la haine (Jeammet, 1989). Enfn, il y a la contribution
importante à l’étude des comportements violents réalisée par Cl. Balier (1988). Il s’agit d’un témoignage
concernant une pratique de psychothérapie d’inspiration analytique en institution pénitentiaire et de la
réfexion théorique qui accompagne cette expérience.
3 – Les thèmes particuliers
Toxicomanie et alcoolisme
Le Poulichet (1987) réalise sur le thème du toxique une étude patiente, exhaustive et systématique. L’histoire
du toxique et les représentations socio-culturelles qui l’ont entourée ne peuvent être dissociées des discours
actuels sur la toxicomanie. Outre une interrogation psychanalytique sur la fonction du toxique, l’auteur
témoigne des réussites et des diffcultés rencontrées dans sa pratique analytique avec des patients
toxicomanes. On retrouve l’idée selon laquelle les discours sur la toxicomanie, y compris celui des patients
lorsqu’il est concentré dans l’évidence d’une identité (« je suis toxicomane »), masquent ce dont il s’agit et
occultent les véritables enjeux de l’aliénation. Des études cliniques sur l’alcoolisme et la toxicomanie sont
envisagées dans cet ouvrage d’une manière complète.
Il s’agit ici de l’établissement d’un « profl » du patient et de sa famille. (224)L’ensemble met en
évidence la relation qui existe entre les assuétudes et la dépression ; les premières masquent la seconde.
Citons également deux contributions à l’ouvrage de J. Schotte, celle de J. Geberovitch (1990) et celle de
Lekeuche (1990) qui procèdent à une étude de la toxicomanie à partir d’une approche pathoanalytique
d’inspiration szondienne, en particulier par la dimension existentielle du Contact. L’importante contribution
de Geberovitch (1990) approche une réfexion approfondie sur la toxicomanie, à une critique serrée des
études psychanalytiques de celle-ci, à un renouvellement de la réfexion sur le sujet et à une reprise de la
fonction de l’objet toxique dans l’oeuvre freudienne. L’auteur montre les points communs entre la
toxicomanie et la mélancolie, la douleur et la nostalgie. Lekeuche (1990), quant à lui, insiste sur ce qui fait
défaut chez le toxicomane : c’est précisément le contact, ce champ de la vie pulsionnelle formulé par Szondi
et repris par Schotte, à côté des champs sexuel, paroxysmal et du moi. La résolution d’un abus de toxique
passe, selon l’auteur, par une phase de deuil et de nostalgie.
La perversion.
P.-L. Assoun décrit très bien la perversion comme un certain rapport à la loi dans son Désir de règlement
(Assoun, 1985). Ce rapport particulier à la loi pourrait bien être le point commun de domaines aussi
étrangers et cependant également qualifés de « pervers » que sont les perversions sexuelles et une certaine
délinquance d’affaire qui est pratiquée par les « grands » escrocs. La perversion du rapport à la loi, qui
consiste à se mettre en règle tout en contournant la loi, est, selon Assoun, l’essence même d’une perversion
de la modernité : « se vouer au règlement » ce n’est plus vraiment « croire à la loi » (Assoun, 1985, p. 238).
Du même auteur est paru un ouvrage sur perversion et féminité, à la fois plus littéraire et plus psychanalytique en son objet (Assoun, 1989). Deux articles sur le suicide rapprochent celui-ci de la solution perverse.
Pour Godfrind (1988), la solution perverse, tout comme le geste suicidaire, utilisent l’acte comme défense ; ils
ont pour effet de protéger un sentiment de toute-puissance. Morvan (1986) établit un lien entre l’apparition
du désir sexuel à l’adolescence et la propension au geste (225)suicidaire.
Trois ouvrages psychanalytiques sur la perversion sont parus en 1987. Il s’agit des livres de J. Dor
(1987), de D. Sibony (1987) ; l’ouvrage de Clavreul (1987) traite plus généralement du Désir et de la Loi, mais
consacre une importante partie à la perversion et à l’alcoolisme, dans leur rapport à la loi. Cet ouvrage est
clair, agréable et très accessible aux praticiens par les situations concrètes auxquelles il est fait référence.
L’ouvrage de Micheline Enriquez mérite d’être cité ici parce qu’il aborde certaines formes particulières de
perversions telles que le sadisme et le masochisme pervers (Enriquez, 1984) qui se retrouvent dans certaines
formes de criminalité violente. Elle approfondit théoriquement, à partir de son expérience clinique, les
formes de la violence. La violence intérieure s’extériorise et structure la relation au semblable sur le mode du
« persécuteur-persécuté » par l’élaboration d’un complexe « haine-souffrance ». Stoller (1978) avait déjà
qualifé la perversion de « forme érotique de la haine ».
L’inceste
A partir de témoignages de femmes ayant eu des relations sexuelles incestueuses avec leur père, De Neuter
(1991) analyse les conséquences de ces situations sur leur vie de femme. Ces conséquences sont
incontestablement désastreuses : stérilité, frigidité, échecs amoureux, épisodes psychotiques, etc. Ce travail a
le mérite de raviver le débat sur les conséquences d’une situation réelle : l’acte a des effets et une signifcation autre que le fantasme qui représenterait la situation accomplie. Ledoux (1990) traite le thème de l’inceste
comme un « événement qui n’a pas lieu, mais se réalise » (Ledoux, 1990, p. 167). Il reprend la fonction de
l’inceste comme interdit dans le champ social, comme fantasme dans le champ psychique et comme
événement dans les familles incestueuses. Il propose des voies thérapeutiques en institution par une
articulation de la loi à la répartition du temps et de l’espace, comme « stratégie pour incarner le père, sans
tomber dans le piège de l’amour ou dans le passage à l’acte » (Ledoux, 1990, p. 173). Il faut également citer sur ce
thème un ouvrage, Le drame de l’inceste (Weiss, 1986), et deux articles, l’un de Lebovici (1985) et l’autre de
Ahami (1991).
Le passage à l’acte
(226)Dans Le corps de l’être parlant, Zenoni (1991) énonce un point de vue psychanalytique sur différentes
sortes d’actes, qui ne sont pas réductibles à la seule motricité. Il reprend les appellations présentes dans la
littérature analytique pour en rappeler la spécifcité : l’acte symptomatique, l’acting out, et le passage à l’acte qui
désignent dans la pratique clinique des réalités bien différentes. Bien que les propos de l’auteur soient
destinés, avant tout, à un public de psychanalystes, on y trouve des exemples qui relèvent de la criminologie
(le meurtre, le suicide, le viol, la fugue) et qui pourraient servir au développement, car celui-ci reste à faire,
de la notion de passage à l’acte délinquant. L’acte est également abordé dans un numéro de la Revue belge de
psychanalyse, consacrée à l’acting out, l’agir et la mise en acte (1986). Miller (1988) reprend les propositions de
Lacan sur le passage à l’acte. Lacan s’était en effet exprimé à ce sujet, ce qui fut repris en 1984 dans la revue
Ornicar ? (Lacan, 1984).
J’ai présenté, en juin 1991, une communication aux Journées de l’Association freudienne, intitulée De
l’acte à la représentation. Cette communication porte sur l’énigme du passage à l’acte meurtrier d’un couple de
parents d’un fls suicidé, sur la personne d’un médecin. A partir des éléments de cette affaire rendus publics,
je me livre à une série d’hypothèses sur ce qui, faute d’être « représenté » ou symbolisé, se trouve agi dans le
meurtre (Segers, 1991, 1993).
Problèmes liés à l’adolescence.
G. Giret réalise une excellente étude sur le problème du meurtre à l’adolescence. L’auteur présente un
résumé des travaux réalisés sur ce thème, rappelle les notions de base pour l’abord de l’adolescence et passe
en revue les concepts psychanalytiques qui paraissent pouvoir expliquer le mécanisme du passage à l’acte.
Elle présente en outre des observations réalisées sur trente-six dossiers d’adolescents meurtriers (Giret,
1991). Dans l’ouvrage d’A. Birraux, L’adolescent face à son corps (1990), on trouve un chapitre consacré au
problème spécifque du suicide des adolescents qui constitue la deuxième cause de mortalité entre 15 et 24
ans, aux Etats-Unis. J-J. Rassial a écrit un (227)livre très fn sur l’adolescence (1990). Son point de vue
psychanalytique s’attache à la fonction positive de la délinquance à l’adolescence, ce qui est à entendre, selon
toutes les nuances qu’il expose. Alsteens (1988) propose un texte sur les avatars de la quête narcissique de
l’adolescent, quête qui peut parfois l’égarer. C’est, en effet, tout particulièrement au moment de
l’adolescence que se pose le problème de l’acte. C’est ce dont témoignent Cournut et Haber (1989), qui
soulignent que le passage à l’acte intervient face à l’échec de la symbolisation.
Parmi les contributions de valeur sur l’adolescence, qui évoquent toutes une forme ou l’autre de
délinquance et de criminalité, nous avons encore retenu Les années folles de l’adolescence (van Meerbeeck, 1988)
ainsi que deux ouvrages écrits par le même auteur avec ses collaborateurs (van Meerbeeck et al., 1989 et
1991). L’ouvrage de Marcelli et Braconnier (1984) est suivi d’un ouvrage plus récent par les mêmes auteurs
qui semble avoir, comme le premier, la vocation d’un classique dans le domaine (Braconnier et Marcelli,
1991). Ils traitent de l’agir et du passage à l’acte (fugue, errance, vol, violence, conduites psychopathiques,
toxicomanie et consommation d’alcool) et des institutions destinées aux adolescents. Un carrefour intitulé
Adolescences a eu lieu à Toulouse en avril 1987. Les communications sont publiées sous le même intitulé (Ain,
1988) ; on y trouve des interventions de Raymond Cahn, Daniel Marcelli, Tobie Nathan et bien d’autres.
Raymond Cahn vient de publier un livre qui s’intitule Adolescence et folie (Cahn, 1991). Il faut citer également
Chartier (1991) sur Les adolescents diffciles et un véritable traité : Psychopathologie juvénile (Lemay, 1988). Il y a
encore Chartier et Chartier (1986) sur psychanalyse et délinquance, Diatkine (1985) et, fnalement, Roumajon
(1989).
Un congrès sur Le rapport à la loi dans l’adolescence a eu lieu en mai 1988 à Lille. Les Actes de ce congrès
viennent d’être publiés par l’ADNSEA (Association départementale du Nord pour la sauvegarde de
l’enfance, de l’adolescence et des jeunes adultes) (1991). Cette rencontre interdisciplinaire rassemblait
psychiatres, psychanalystes, sociologues, juristes et philosophes. La problématique de la Loi est repensée
pour la période de l’adolescence, transition entre l’enfance et l’âge adulte, mais aussi moment d’articulation
entre la Loi symbolique et la loi de la Cité.
Divers
(228)Il nous reste à citer quelques travaux valables, mais qui ne manifestent pas de convergence signifcative
avec les thèmes développés précédemment. Tel est le cas du livre de Toubiana (1988) qui parle de l’ héritage
avec la psychopathologie que ce moment révèle. L’auteur annonce que le meurtre, l’inceste et les luttes
fratricides y sont au rendez-vous et que, derrière les « biens » et l’argent, on trouve mis en cause la reconnaissance de fliation, la quête d’un savoir sur ses origines et les identifcations. Matot et al. (1990) présentent
l’histoire d’un cas de suicide manqué chez un adolescent. Le suicide est également un thème abordé par
Legendre dans son dernier ouvrage (Legendre et Papageorgiou-Legendre, 1990). Il existe un excellent article
écrit par Colin (1990) sur les urgences en consultation médicale hospitalière. Urgence et crise, tel est le mode
de communication d’un malaise pour toute une population rejetée par le système carcéral et le système néoasilaire. De nombreux cas requièrent l’application de la loi : avortements, attentats sexuels, violences
intrafamiliales, placement, protection des incapables, alcoolisme et toxicomanie. Enfn, un livre a été publié
en 1985 sur l’aide aux victimes (Hellbrunn et al., 1985). Un bureau d’aide aux victimes, de prévention et de
réinsertion des détenus témoigne d’une pratique, essentiellement d’écoute, qui est largement inspirée de la
psychanalyse. Cette écoute a pour fonction de reconstituer le tissu social malmené entre la « souffrance
résiduelle » de la victime et les craintes du public ; ce tissu est éclaté pour un sujet qui se retrouve plaignant
pour la police, patient pour l’hôpital, adhérent pour les assurances, client pour l’avocat, etc.
Conclusion
La psychanalyse partage avec la criminologie et le droit pénal une réfexion sur des thèmes tels que la
transgression, le crime, la loi, le sujet, le passage à l’acte, la responsabilité, la culpabilité, la punition, la
thérapeutique, les institutions fermées, le Surmoi, le père, le Juge, l’aveu, la réparation, etc. Ces thèmes sont
abordés en des styles extraordinairement divers : réfexion théorique, point de vue épistémologique, cas
clinique ou témoignage ; démarche rigoureusement psychanalytique et parfois simple « psychologisation »
(229)de concepts psychanalytiques fgés et rigides en une « typologie » du criminel. Toutes ces démarches
sont différentes et il n’existe pas à ce jour une synthèse de ces éléments, d’une littérature qui se révèle
fnalement non seulement riche mais abondante ; une telle synthèse serait la bienvenue.
A propos de cette diversité, il faut rappeler que la psychanalyse est une discipline toute en nuances.
Cela signife que les concepts et leur articulation ne sont jamais fermés, fgés une fois pour toutes au Musée
des sciences humaines. La psychanalyse, dans la théorie comme dans la pratique est élaboration vivante, ceci
inclut la théorie comme la pratique, le caractère indéfniment ouvert et ré-ouvert des interrogations et des
formulations, et enfn, l’implication incontournable du penseur, de l’auteur et de l’écrivain dans son oeuvre
et la manière dont il traite son objet. Puisque c’est sur ce thème que porte particulièrement l’ambiguïté dont
je parlais dans l’introduction, je citerai Laplanche et Pontalis dans le Vocabulaire de la psychanalyse (1967),
eux-mêmes cités par G. Rosolato dans un texte sur la formation du symbole (1983, p. 225) :
« La psychanalyse consiste essentiellement “dans la mise en évidence de la signifcation inconsciente des paroles,
des actions, des productions imaginaires (rêves, fantasmes, délires) d’un sujet” ; elle se spécife “par
l’interprétation contrôlée de la résistance, du transfert et du désir” (Laplanche et Pontalis, 1967, p. 351). Or,
l’interprétation de la signifcation inconsciente ne peut se faire que par la parole, irréductible à toute autre
méthode thérapeutique (médication, action corporelle, pressions autoritaires ou violentes, suggestions ou
intuitions et idéaux partagés). Mais le langage n’est pas qu’un moyen de communication, le meilleur quant à la
fnesse d’analyse ; il structure aussi les processus et les confits psychiques dans la signifcation qu’ils prennent
pour le sujet lui-même. »
Ce passage énonce beaucoup de choses. Il spécife que l’objet de la psychanalyse n’est pas l’objet
humain en général, l’objet de la sociologie, du droit ou de la médecine ; l’objet de la psychanalyse, c’est
l’objet humain « en tant qu’il met en forme sa propre expérience » (Laplanche, 1987, p. 14). Dès lors, parler pour
un autre, comme c’est le cas dans l’interprétation du crime ou du criminel, serait faire une interprétation
sauvage, si ce n’était présenté (230)comme hypothèse de travail. Un diagnostic, formulé par un psychiatre
dans les termes du complexe d’Oedipe ou de déterminations inconscientes, n’est pas psychanalytique par le
seul recours au langage de la psychanalyse. Au contraire, une parole est thérapeutique dans la mesure où le
criminel en est le sujet, sans contrainte. C’est le sens de la démonstration de P. Legendre (1989). Cette
condition exile la psychanalyse d’un certain nombre de pratiques et de théories.
Ensuite, la psychanalyse est entièrement fondée sur la responsabilité et la reconnaissance de celle-ci. Elle
est vouée à rester étrangère, et donc jugée inutile, à tous ceux qui n’ont pas saisi cela, qui fait la psychanalyse
elle-même. C’est pour cette raison que Laplanche (1983 p. 220) considère que du point de vue de la
psychanalyse la voie du soin psychiatrique du délinquant comme du criminel est « la plus déshumanisante
de toutes ». Elle irresponsabilise, livre l’individu à l’incertitude totale et à l’arbitraire des médecins. Cette
position de principe qu’est la reconnaissance de la responsabilité fait que la psychanalyse ne pourra jamais
se substituer à une « pratique de la norme » ou à une « technique de la normalité et du droit ». Tout au plus
peut-elle dénoncer certaines voies d’aliénations.
En terminant ce travail, je choisis de rappeler certaines des voies dont la psychanalyse contribue à
changer la perspective :
–
L’acte criminel ou délinquant, tout comme l’acte de punir, interviennent comme mises en forme de la
pulsion de mort, autrement immaîtrisable. Ils ont donc, d’une certaine façon, une fonction de limite ;
–
Le sentiment de culpabilité constitue une première forme de symbolisation psychique des pulsions. Il contribue à constituer la « position dépressive » qui, selon M. Klein, doit être élaborée après la « position
paranoïde » au cours de laquelle l’agression part dans tous les sens, sans que l’on sache parfois qui est
détruit. La culpabilité serait le premier pacte conclu avec l’angoisse et l’angoisse est coextensive de
l’inconscient.
La psychanalyse apporte surtout la notion de pulsion, c’est-à-dire le sexuel. Le pulsionnel constitue le
sens ultime des actes absurdes, des conduites inutiles et les plus contraires à un élémentaire « instinct » de
(231)conservation.
C’est lorsque Dostoïevski s’est ruiné au jeu que sa production littéraire est la plus fé conde (Marinov,
1990). L’homme de l’adaptation est doublé d’un homme pulsionnel. De ce point de vue, le délinquant et le
criminel seraient, selon l’expression de Laplanche (1983, p. 219) des traumatophiles, c’est-à-dire des individus
pour lesquels le traumatisme lui-même est source d’excitation.
v
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