Compagnons bâtisseurs. Huit ans de chantiers
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Compagnons bâtisseurs. Huit ans de chantiers
17. Lorient Vendredi 20 septembre 2013 Le Télégramme Compagnons bâtisseurs. Huit ans de chantiers mestre 2014. Notre liste d’attente est importante, d’autant que nous avons pas mal de chantiers prioritaires. Mais cela ne veut pas dire que la situation s’est aggravée. C’est juste qu’on répond aujourd’hui à un besoin qui ne trouvait pas, hier, de réponse. Les Compagnons bâtisseurs aident les foyers modestes à rénover leur logement. À l’occasion des rencontres de l’auto réhabilitation accompagnée, organisées hier à Lorient, retour sur huit ans de chantiers à Lanester et Lorient avec Guillaume Piel, chef de projet pour le Morbihan. Vous affichez une cinquantaine de chantiers par an sur Lorient et Lanester, soit près de 250 chantiers depuis 2005. Pourriez-vous en faire davantage ? Non, à moins de revoir le contenu des conventions avec l’ensemble des partenaires et leur participation financière : Caf, Villes de Lorient et Lanester, Lorient Agglo, bailleurs sociaux, Région, département. On équilibre actuellement grâce à l’ensemble des financeurs. Guillaume Piel souligne que les bénéficiaires des chantiers sont essentiellement des gens qui vivent de minima sociaux. À quoi servent les compagnons bâtisseurs ? Nous sommes là pour aider les gens, les accompagner à refaire leur logement, sous conditions de ressources. Nous intervenons auprès de ceux qui n’ont ni les moyens financiers, ni les moyens techniques de restaurer leur habitat. À Lanester, la convention ne concerne que les locataires du parc public et privé. Par contre, à Lorient, les propriétaires occupants sont également concernés. Quel public peut bénéficier de votre aide ? Il s’agit de gens qui vivent généralement en dessous du seuil de pauvreté. À 90 % bénéficiaires des minima sociaux. Beaucoup font appel à nous dans le cadre d’une mutation bloquée : un locataire a l’intention de quitter son logement, mais son bailleur lui impose de le remettre en état : peinture, papier peint, petite maintenance (plomberie, électricité, faïence). Des travaux impossibles à réaliser pour des revenus Lorient et Lanester : 235 chantiers réalisés depuis 2005 tiers concernaient des mutations, deux des départs. Même tendance en 2011. Les familles monoparentales en tête Profil des bénéficiaires : une majorité de familles parentales (42 %) ou de personnes seules (37 %). Les couples, avec ou sans enfant, représentent 18 % des bénéficiaires. Une cinquantaine de chantiers sont réalisés chaque année. 235 chantiers Les Compagnons bâtisseurs, implantés à Lanester depuis 2005, travaillent à Lorient depuis trois ans. À ce jour, 235 chantiers ont été réalisés - 250 le seront d’ici la fin de l’année - à raison d’une cinquantaine par an, ce qui représente 548 pièces (600 en projection). Une majorité qui reste dans leur logement En 2012, les chantiers ont concerné majoritairement des locataires ou propriétaires (28 logements) qui restaient dans leur lieu d’habitation. 22 chan- 509 ateliers d’apprentissage Depuis 2005, on dénombre 509 ateliers d’apprentissage sur Lorient et sa région. Passage obligé avant de bénéficier d’un chantier chez soi, les ateliers ont lieu tous les lundis, de 14 h à 17 h, à Lorient et Lanester. Les thèmes abordés : peinture, pose de papier peint et toile de verre, préparation des fonds, économies d’énergie. La Bretagne en avance La Bretagne a été la première implantation régionale des Compagnons bâtisseurs (1968). Aujourd’hui, le réseau couvre dix régions, soit 136 salariés permanents et 116 volontaires (25 salariés et 80 bénévoles en Bretagne), 916 foyers accompagnés (soit 2.190 personnes), 45 actions territoriales et plus de 100 collectivités mobilisées. et un mois, à raison de quatre jours par semaine ou en fonction des disponibilités des habitants. Vous n’intervenez pour l’instant qu’à Lanester et Lorient. D’autres collectivités vous ont-elles sollicités ? Pour l’instant, non et nous n’irons pas les chercher. Notre devise : aller là où on nous demande. Mais Lorient Agglo réfléchit à la manière d’aider les communes qui voudraient faire appel aux Compagnons. C’est une bonne chose. modestes. public. Le bénéficiaire a aussi des obligations. Quelles sontelles ? Nous signons avec lui un contrat d’engagement. Avant de démarrer le chantier, le bénéficiaire doit suivre des ateliers d’apprentissage. C’est la condition sine qua non, le passage obligé. Nous avons un deal : faire, faire avec et faire ensemble. Ces ateliers sont des lieux de grande mixité sociale, gratuits et ouverts également au grand Comment se déroule le chantier ? Nous arrivons chez les gens avec un animateur technique, salarié de l’association et professionnel du bâtiment, qui encadre une équipe de chantier composée d’un ou deux bénévoles, plus le bénéficiaire. Ça dépend de la complexité des travaux. N’oublions pas que nous intervenons souvent en logements occupés. Le chantier peut durer entre une semaine PRATIQUE Marie-Lise, bénéficiaire et bénévole Les compagnons bâtisseurs sont installés à Lanester depuis 2005 et à Lorient depuis trois ans. Quel bilan pouvez-vous faire de ces huit ans de chantier ? À Lorient, nous avons de plus en plus de demandes concernant des mutations bloquées. Notre planning d’intervention est plein jusqu’au premier tri- Les Compagnons bâtisseurs À Lorient antenne du Morbihan 77, rue Paul-Guieysse à Lorient. Tél. : 02.97.76.46.29. cbmorbihan@compagnonsbatiss eurs.org À Lanester Permanences au 80, avenue Kesler-Deviller, appartement n˚14. Tél. 02.97.76.46.29 Atelier d’apprentissage Pour connaître le calendrier des ateliers à Lanester et Lorient, gratuits et ouverts à tous, tél. 02.97.76.46.29 ou 06.80.68.49.55. « C’est très valorisant de participer aux travaux de son propre logement et d’autres chantiers aussi ». Marie-Lise habite au Petit Paradis depuis sept ans, locataire d’un appartement du Foyer d’Armor. Vivant seule avec une adolescente de 14 ans, elle a voulu, il y a deux ans, entreprendre des travaux dans son logement. « J’avais envie de neuf. Mon chat avait fait pas mal de dégâts sur les tapisseries. J’ai commencé par décoller le papier peint, mais j’ai très vite été découragée ». Depuis, les murs sont restés en l’état. « J’ai réalisé que je manquais de technicité, de moyens aussi ». « Je ne savais pas par où commencer » De la publicité affichée en bas de chez elle l’a mise sur la voie des Compagnons. « Ils proposaient des ateliers d’apprentissage. C’est en y allant que j’ai appris que je pouvais bénéficier de travaux à mon domicile ». C’était en mai. Aujourd’hui, les murs de son salon ont été refaits à neuf, ainsi que l’entrée. « Les choses ont été très vite entre la prise de contact et le début des travaux ». Depuis, Marie-Lise a participé bénévole- Votre travail dépend beaucoup des bénévoles. Sur combien de personnes pouvez-vous compter ? Une vingtaine au total, dont une dizaine d’occasionnels. Si les bénévoles font défaut sur un chantier, on avance moins vite c’est sûr, mais en général, on a toujours assez de maind’œuvre. Propos recueillis par Katell Brélivet ment à deux chantiers. « Et je compte bien poursuivre mon bénévolat épisodiquement », promet la bénéficiaire. « Je n’y connaissais rien et je ne savais surtout pas par où commencer. Désormais, je sais préparer un mur, obtenir une base propre avant de poser le papier peint ou peindre ». C’est tout le principe du chantier participatif : le propriétaire ou le locataire participe aux travaux. « Et en faisant, on apprend vite, on devient efficace, alors que tout cela me semblait insurmontable. Et puis, c’est motivant de bosser à plusieurs ». Ce chantier a aussi une valeur pédagogique pour celle qui dit avoir du mal à maintenir un projet dans le long terme. « Je me suis même attaquée, toute seule, sur les conseils de l’animateur technique des Compagnons, aux murs de ma chambre ». Et les artisans dans tout ça ? Et ne dites pas à Marie-Lise que cela fait concurrence aux artisans. « De toute façon, avec mes revenus et ma situation précaire, je n’aurais jamais pu faire appel à un artisan. Maintenant, j’apprécie de me retrouver dans mon appartement et ma fille m’a dit qu’elle pourrait inviter maintenant plus d’amis à la maison ». K. B.