ELILLA - Paradores

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ELILLA - Paradores
Melilla: Ville DeE
Citadelles
“Le ciel me protégeant.
Si les chemins de ce sol
vous ne connaissez pas, par chance
vous m’avez trouvé ; moi qui vais
à Melilla.”
MELILLA
Et son Parador
Juan Ruíz de Alarcón
ans la partie orientale de la chaîne montagneuse marocaine du
Rif, au bord de la Méditerranée et à la frontière de l’Afrique,
Melilla fixe les côtes espagnoles. Certains des premiers hominidés ont
marché ici. L’Afrique du Nord était humide. Ses forêts et ses savanes
étaient peuplées d’hippopotames, de rhinocéros, d’éléphants et de girafes.
C’est ici que ces races « pré-néanderthaliennes » qui ont laissé des traces
de leur culture et leur technologie à Casablanca, Rabat et Tanger, ont
commencé à évoluer. L’assèchement soudain du climat a provoqué un
changement brusque de l’écosystème.
D
L’Afrique du nord est alors isolée entre la mer et le désert du Sahara.
Les plus anciens gisements de Melilla remontent à cette époque, au
voisinage du mont Gourougou. On doit chercher les vestiges néolithiques
plus loin, à environ 30 kilomètres de la ville, à Punta Negri.
Ce sont les Phéniciens, peuple méditerranéen commerçant, consacrés
selon Homère, au commerce et au pillage des villages des îles, qui
inaugurent l’histoire de Melilla. Ils apportent l’alphabet, le vin, le cèdre,
l’art de la navigation.... En retour, ils viennent probablement pour
prendre les métaux.
Les Phéniciens, ainsi appelés en raison de la couleur pourpre avec
laquelle ils teignaient leurs vêtements, entreprennent la colonisation des
côtes méditerranéennes, venant en masse de leur Phénicie natale, au
Liban actuel, au fil des siècles entre 1200 et 332 av. J.-C. Jusqu’alors,
l’ancien peuple sémite développait le commerce maritime en transportant
les marchandises dans leurs bateaux ventrus, d’une côte à l’autre, fondant
des fabriques et des colonies.
Le peuplement phénicien à Melilla, certainement postérieur au Ve
siècle, est principalement dû à la géographie, favorable au cabotage.
L’enclave avait très apparemment pour référence le cap des TroisFourches. Les vents dominants d’ouest et d’est permettent un ancrage
parfait à Melilla ou à Cazaza.
Les attraits de la zone, aux yeux des Phéniciens, ne se limitent
certainement pas à ses qualités logistiques. Ils pratiquaient la navigation
hauturière, c’est-à-dire, en se passant de la référence de la côte, déjà
plusieurs siècles avant la fondation de Melilla, franchissant sans difficulté
les 235 milles qui séparent Oran de Gibraltar. Ainsi, s’ils s’arrêtaient à
Melilla, ce n’était pas que pour y passer la nuit. De leur présence, le temps
nous laisse le témoignage de la nécropole du cerro de San Lorenzo.
Rusadir, tel était son nom, passe entre les mains des Carthaginois à
partir du VI e siècle av. J.-C.. Peu de temps après, les Romains y frappent
la monnaie. Rien que dans l’excavation (ouverte aux visites) de la Casa
del Gobernador, on a trouvé au cours des dernières fouilles : un patio
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avec un puits central, plus de 50 000 fragments de céramique, 15 types
d’amphores, une zone de logements du IIe siècle av. J.-C. et un grand
nombre de monnaies.
premier contact, l’arabisation connaît une seconde phase qui coïncide avec
l’arrivée des Bédouins au XIe siècle et une troisième à partir du XVe
siècle, avec l’arrivée d’un grand nombre d’andalous.
L’ordre de magnitude historique de cette période de splendeur, où
Melilla faisait partie de la province Mauritania Tingitana, incite les fouilles
archéologiques de Melilla la Vieja, qui deviendra sans doute bientôt une
ville-musée.
Mais pour en revenir à notre sujet, Melilla est maintenant musulmane,
croît et devient un prospère lieu de commerce. Sa situation côtière attire
même les Vikings qui la pillent au IXe siècle. La ville met presque cent
ans à se relever du terrible assaut, jusqu’à ce que les troupes du calife
Abderrahman III, la prennent en charge en 926, et l’incorporent au
Califat de Cordoue.
Les traces de l’histoire s’estompent à la chute de l’Empire romain,
malgré le célèbre assaut des Vandales en 429. Les flammes ne laissent de la
ville que le nom phénicien et la décadence jusqu’à la période musulmane.
Arabes Et Berbéres
L
es documents anciens relatent la résistance épique de la
population locale à la fin du VII e siècle face à l’envahisseur
arabe. Les chroniques nous narrent la férocité de ce peuple et le courage
surhumain de son guide Kahina la sorcière. Le peuple en question, les
Berbères, venait probablement de la population préhistorique qui vivait au
Sahara, venue jusqu’à ces côtes au début de la désertification de ses terres,
vers 6000 av. J.-C..
La migration les pousse jusqu’à la Péninsule Ibérique où ils laissent un
héritage culturel, que l’on remarque dans la langue et les peintures
schématiques. Cela signifie qu’avant l’invasion arabe, le péninsulaire de la
future Espagne manifestait déjà des traits d’origine africaine dans sa
généalogie économique, sociale culturelle et ethnique.
Au XIIIe siècle, la ville passe entre les mains des Mérinides de Fez. Aux
XIVe et XVe siècles, les disputes successives entre les sultanes Tlemencen
et de Fez entraînent Melilla dans une nouvelle période de décadence et de
laisser-aller.
L’occupation Chrétienne
L
e chroniqueur de la Casa Ducal de Medina Sidonia conte qu’un
jour dégagé de septembre 1497, les marins de la troupe
espagnole « se detuvieron en el mar para no llegar de día, e allegando la
noche, la primera cosa que hizieron fué sacar a tierra un enmaderamiento
de vigas que se encaxavan e tablazón que llevavan hecho de Hespaña. E
trabaxaron toda la noche de lo hacer e poner a la redonda de la muralla
derribada a la parte de fuera, donde andaban los alárabes... que cuando el
otro día amaneció, los moros alárabes que andaban por los campos que
avian visto el día antes Melilla asolada e la vieron amanecer con muros e
Rusadir devient Melilla, du substantif Melil (fièvre), c’est-à-dire,
toujours, La Fébrile. Les Berbères vaincus, fuyant de Melilla au début du
huitième siècle choisissent de se réfugier dans les montagnes du Rif, un
relief propice pour continuer la résistance. On les reconnaît à leur coutume
de se raser la tête, d’utiliser la djellaba et de manger du couscous. Ces
coutumes, métiers, systèmes économiques et la langue réunissent toutefois
de nombreux et divers groupes ethniques. L’Amazigh (berbère est un terme
grec signifiant barbare) est –selon Guillermo Alonso Meneses –Aussi bien
un Almohade, un Almoravide, un zenata, un habitant du Rif qu’un Kabyle
; qu’il soit blond aux yeux clairs ou à la peau basanée ou noire et cheveux
frisés. »
À partir du VIIe siècle quand l’Islam commence à se répandre, le
substrat culturel Amazigh subit des transformations significatives. Après le
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torres, e sonar a tambores e tirar artillería, no tuvieron pensamiento que
estuvieran en ella cristianos sino diablos, e huyeron de aquella comarca a
contar por los pueblos cercanos lo que avían visto."
(se sont arrêtés en mer pour ne pas arriver de jour. La nuit approchant, la
première chose qu’ils ont fait est de débarquer des poutres qui s’emboîtait
et une planche ramenées d’Espagne. Et ils ont travaillé toute la nuit à faire
et mettre la ronde de la muraille effondrée à l’extérieur, où étaient les
Arabes… qu’au lever du jour, les maures arabes qui étaient dans les
champs et qui avaient vu Melilla dévastée et l’ont vu avec des murs et des
tours, et entendu les tambours et l’artillerie, ne pensaient pas qu’il y avait
en elle des Chrétiens, mais des diables et ont fuit cette région en racontant
ce qu’ils avaient vu dans les villages voisins)
Le capitaine Gómez Suárez, premier gouverneur de Melilla et ses
successeurs, après la conquête, concentrent leurs efforts et une grande
partie des ressources économiques à doter la ville de bonnes défenses. Ces
investissements sont tellement extrêmes qu’en 1556, les Ducs renoncent à
la place en faveur de la Couronne, les dépenses étant trop élevées. C’est
alors sous le contrôle local de Venegas, gouverneur et ambassadeur du Roi
Prudent, que se produisent les événements extraordinaires de l’assaut
manqué des Morabites, recueillis par un maître du siècle d’Or, Juan Ruíz
d’Alarcón dans l’?uvre la Manganilla de Melilla (La ruse de Melilla).
PIMIENTA: Si vous allez voir le gouverneur,
je pense que vous arrivez trop tard.
SALOMON : Comment ?
PIMIENTA: Il est déjà parti à Melilla pour sauver son âme.)
Murailles Robustes
Et Invulnérables
D
ès ce moment et jusqu’au XIXe siècle, l’histoire de Melilla s’écrit
avec des créneaux, des pierres de taille, des tours et l’ingénierie défensive
composant et rénovant les murailles de la ville. Les assauts sont tous plus
acharnés les uns que les autres. Le plus tenace de tous est celui de Muley
Ismail, qui a maintenu le siège de la ville pendant cinquante ans au XVIIe
siècle. On entreprend alors la grande réforme et l’augmentation de la
défense. En 1716, l’ancienne Hornabeque est transformée en un front
fortifié imprenable, avec les bastions de San Pedro et San José Alto
marquant la seconde enceinte. La rénovation des murailles qui protègent
la vieille ville constitue l’étape suivante ; le gouverneur Alonso Guevara
Vasconcellos avec l’aide de Juan Martín Zermeño, sont ses artisans. Le
résultat de ce grande ouvrage est une Melilla entourée d’une première
enceinte style Renaissance renforcée par une seconde et
une troisième à remparts. Mais la tour de guet
ne s’achève que deux décennies plus tard,
avec la construction de la quatrième enceinte
et des forts Victoria Chica, Victoria Grande, San
Carlos et Plataforma. Les écrits historiques nous
indiquent l’efficacité de la forteresse, rejetant le
siège de 1774, qui confronte l’artillerie chrétienne
contre l’armée dix fois supérieure en nombre et en
armement dirigée par le sultan Muley Abdalah.
Le traité de Wad-Ras signé en 1860 avec le sultan
du Maroc paraît mettre terme à la longue
histoire de sièges subie par la ville, en
établissant les frontières entre l’Espagne
et le Maroc. La souveraineté espagnole sur
Melilla devra toutefois affronter de nouveaux
écueils.
La Campagne De Melilla
E
n 1902, Bou Hamara « El Rogui » défie l’autorité du sultan
Abdelaziz en formant son propre royaume indépendant dans le
nord-est marocain. Il compte sur les forces des Kabyles de Rif qui veulent
expulser l’Espagne et la France du territoire. Dans ce contexte politique
instable, surgissent des entrailles de la terre, tout près de Melilla, des
minéraux inconnus qui résultent être des gisements de plomb et de fer.
Immédiatement, le gouvernement espagnol contacte El Roghi, obtenant le
permis de leur exploitation en 1907. Les gens du Rif interprètent la
concession comme une trahison de leur chef et agissent pour leur compte.
Les travaux dans la mine sont momentanément paralysés. Trop d’intérêts
sont en jeu. Les Français, partenaires des Espagnols dans l’aventure
minière, menacent d’intervenir. C’est ainsi que l’Espagne entreprend la
dénommée campagne de Melilla.
La mobilisation de réservistes pour combattre au Maroc motive une
réaction populaire inattendue dans la péninsule qui dérive en révolte
sanglante et entre dans l’histoire sous le nom de « Semaine tragique » de
Barcelone. Dans le Barranco del Lobo, à proximité de la ville de Melilla,
tout n’est pas non plus au mieux : La Brigade mixte de Madrid subit une
défaite terrible où 1000 à 1500 soldats perdent la vie. Quarante mille
soldats débarquent alors à Melilla et attendent le mois de septembre pour
agir sous les ordres du général Darío Diez Vicario, prenant finalement le
mont Gourougou.
Une fois l’ordre rétabli dans la zone, les compagnies minières se partagent
l’exploitation du territoire. La Compañía Española de Minas del Rif, S.A.
(Compagnie espagnole des mines du Rif) monopolise le fer des Montagnes
d’Uixan et d’Axara, alors que la Compañía del Norte Africano se charge du
gisement du Mont Afra. La nouvelle et soudaine ère industrielle a des effets
immédiats sur Melilla. La zone de chargement de minéraux est construite
sur des terrains gagnés sur la mer en remplissant et nivelant, depuis les
hauteurs de San Lorenzo où se trouvent aujourd’hui les arènes.
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Le Désastre D’annual
a séculaire aspiration espagnole, tant de fois freinée par une
cause ou une autre, de développer la nation dans le continent
africain, ressurgit en 1919. Le général Silvestre, à la tête de Melilla, réussit
à doubler le territoire autour de la ville, ce qui, une fois de plus, provoque
la population du Rif qui assène une défaite exemplaire au poste espagnol
d’Annual en été 1921. Dix mille soldats morts et un recul de la ligne
frontalière sont le bilan négatif de la politique offensive menée par le
gouvernement espagnol. Par conséquent, suivant le modèle que le
gouvernement français avait appliqué huit mois auparavant, l’Espagne
forme un protectorat civil, fortement gardé par des effectifs de l’armée. La
proposition se concrétise en 1927, après le débarquement d’Alhucemas en
1925 qui a supposé la victoire sur l’Abd-el-Krim et la pacification
définitive de la zone. Le protectorat durera jusqu’en 1956 lorsque le
Maroc obtient l’indépendance.
L
Avec l’indépendance marocaine, Melilla enregistre une diminution de sa
population. Une bonne partie des troupes est retournée à la péninsule.
Mais c’est durant ces années que la ville commence la construction de son
infrastructure moderne. Gare maritime, nouveau réseau de distribution
des eaux, front de mer, fin du chantier de l’aéroport (qui supposera
l’indépendance définitive de l’infrastructure marocaine de l’aéroport
Tarima) et inauguration, quatre ans plus tard, en 1973, du Parador
National.
Derriére Les Murailles,
Devant Les Murailles
au guide. Le parcours de vieille Melilla commence par la visite de
l’exposition permanente où le voyageur approfondit l’histoire à travers des
projections et des maquettes. Ensuite on parcourt les Aljibes (citernes
d’eau), la seconde enceinte, la Cueva del Conventico (grotte du petit
couvent), à la muraille de la Cruz où se réfugiaient les habitants pendant
les guerres ; le musée militaire et le musée archéologique, dans la Torre de
la Vela, visite à ne pas manquer dans la première enceinte historique. Le
musée a souvent changé de lieu avant de s’installer ici, son siège définitif,
récemment restauré pour mieux profiter de ses fonds précieux. Les
collections sont classées en cinq sections : Préhistoire, Numismatique,
Antiquité classique, Moyen Âge et Âge Moderne et Contemporain. Sans
quitter la vieille Melilla, le visiteur pourra par lui-même découvrir l’église
baroque de la Purísima et d’autre coins mémorables.
Il existe d’autres temples importants à Melilla extra-muros : plus d’une
dizaine de mosquées, huit églises, une demi-douzaine de synagogues et un
temple indou. Du point de vue de l’architecture, le nombre de bâtiments
remarquables se réduit à trois : la synagogue Or Zoruah ou d’Yamín
Benarroch (dans la rue López Moreno) ; ?uvre, bientôt nous le verrons, du
père du modernisme de Melilla, Enrique Nieto, qui a inauguré cette
synagogue en 1924. La Mosquée centrale (rue García Cabrelles), ?uvre du
même architecte réalisée en 1945, avec minaret et coupole andalouse. Et
le Temple indou (rue Castelar), seul édifice de culte de la Communauté
indoue de Melilla.
Il est malheureusement impossible de voir les trois temples en un seul jour,
puisque, à l’exception du temple indou, les visites de la synagogue (mardi
et jeudi) et de la mosquée (dimanche) sont limitées.
L
e Parador surmonte la ville. Il contemple la vieille Melilla et la
nouvelle Melilla. Au pied de ses balcons, se dévoile un vaste
panorama : une zone boisée touffue à proximité de la colline, puis la ville,
armant son relief vers le continent, et la mer et la montagne occupant
l’horizon.
Le parc Lobera est l’emplacement superbe du Parador de Melilla,
entouré de jardins et de piscine, avec un accès privilégié à la ville
originale, la plus ancienne, encore en citadelle.
Sur le versant oriental du Cap des Trois-Fourches, à son pied, où il
s’ouvre sur la lagune de Mar Chica, on voit Melilla « La Vieja » avec ses
quatre enceintes emmuraillées. La ville est en réalité un ensemble de
quatre citadelles unies, anciennement par des ponts-levis. Pour tirer profit
d’un tel patrimoine, riche et très complexe, le mieux est de faire confiance
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Moderniste Et
Cosmopolite
Depuis la place, vers l’intérieur, nous pouvons tracer un triangle parfait
que les jardins du Parc Hernández et le diagramme en fuite de rues
ouvrent en éventail.
a nouvelle Melilla naît à côté de l’ancienne encore en plein
usage de ses défenses. Au début du XXe siècle, les métropoles en
changement, y compris celles d’une taille modeste, commencent à faire de
leurs côtes et promenades des avenues et des allées. Une nouvelle
géométrie illustrée qui intervient dans l’architecture des constructions
comme dans le plan urbain des parcs, ports et nouveaux quartiers.
L’expansion de Melilla aboutit après deux tentatives échouées à la fin du
XIXe siècle. Eusebio Redondo commence au centre-ville les débuts de l’
Ensanche de Reina Victoria, actuellement connu comme Triangle d’or,
héritier incontestable du Cerdá de Barcelone qu’il prend comme modèle.
Toujours sur la même Plaza de España, nous avons remarqué les
grandes constructions de l’hôtel de ville et du Casino militaire. En
avançant vers l’ Avenida de Rey Juan Carlos I, à gauche du Casino et à
droite du parc, nous trouvons immédiatement, au numéro 1, le plus
magnifique des bâtiments desinés par Nieto, à côté du bâtiment
néobaroque voisin signé par Guerrero Stracham. Pour mener à bien le
grand ouvrage de l’Avenue, Nieto a pris pour référence les modèles
catalanistes de l’art nouveau, en particulier, les travaux du maître
Doménech y Montaner. De l’autre côté de la rue, au numéro 2, un autre
bâtiment intéressant, que nous devons à Manuel Rivera Vera, exemple du
modernisme géométrique, marqué par la tour en coupole.
L
Les similitudes avec la capitale du modernisme ne s’arrêtent pas là. La
zone d’expansion urbaine récemment inaugurée attire les investissements.
Presque mille bâtiments modernes et similaires sont construits, tous
d’après les styles alors à la mode (rationalisme, éclectisme, art déco,
En avançant dans l’Avenue, au niveau de la Rue Cervantes qu’elle
traverse, on voit une paire de bâtiments d’Eusebio Redondo presque
symétriques, dans le beau cadre des murailles au fond. Aux numéros 11 et
9, Enrique Nieto montre à nouveau son talent avec un précieux exemple
art déco de 1936 et l’ancien économat militaire, construit deux
décennies auparavant, considéré comme l’un des temples
du modernisme de Melilla, avec une décoration florale
abondante parcourant une façade dominée par une série de
balcons ondulants. Aux numéros 18 et 20, se dresse un
édifice classiciste d’Eusebio Redondo.
À gauche de l’Avenue, presque toutes les rues offrent des exemples du
travail des architectes déjà cités et de bien d’autres. On peut s’engager
dans les rues perpendiculaires comme Rosa Chacel ou la suivante, General
Pareja. Enfin, à côté de l’angle du Parc, dans la rue Castillejos, il y a un
ensemble remarquable de bâtiments militaires éclectiques.
Zouks Et Bazars
D
historicisme) communément classé dans le groupe appelé « modernisme ».
L’étranger qui visite Melilla pour la première fois visite est surpris du
développement fabuleux du modernisme dans cette ville. Si nous devons
donner un nom et attribuer un mérite à un architecte, nous mentionnerons
sans doute le Barcelonais Enrique Nieto. Importateur de modèles
européens au début, Nieto développe le long des quatre décennies où il
travaille à Melilla, plusieurs styles, tous débordants de créativité avec une
abondante décoration florale.
Les rues et les maisons parlent d’elles-mêmes. Le voyageur intéressé de
voir une architecture marquante du début du XXe siècle dispose de
multiples routes et stratégies. Celle que nous suggérons ici n’en est qu’une
à travers la seconde ville d’Espagne en patrimoine moderniste.
Le visiteur peut aller à la Plaza de España qui est aussi un lieu parfait
pour aborder la ville d’aujourd’hui, quelles que soient ses intentions :
acheter, prendre un café, aller au marché...
ans cette direction, vers le sud, le marcheur trouve entre autres
éléments, les arènes (plaza de Toros, avec le palais des Congrès, quelques
rues vers l’ouest, fierté métropolitaine construite en 1997), le marché du
bon accord, le quartier Concepción, le fleuve...
L’autre immense attrait de Melilla est le prix considérablement plus
économique que dans la péninsule d’une multitude d’articles. Les prix,
dans cette zone franche où l’on ne perçoit pas de droits de douane ni de
TVA, s’applique surtout aux articles électroniques.
Melilla est réputée pour ses articles en argent, en or et sa bijouterie en
général. Entre les boutiques et les magasins de marques internationales, on
trouve des boutiques d’artisanat, de maroquinerie, des commerces
musulmans, juifs, Indiens...Si, malgré tout, le voyageur meurt d’envie de
marchandises ambulantes, il sera satisfait par l’exotisme en parcourant le
Mercadillo, installé à un nouvel endroit, le Polygone du SEPES, et rempli
de stands et du charme immortel d’un zouc marocain. Parmi les souvenir
exposés : tapis, babouches, vaisselle, parfums, taffetan, vêtement arabe
oriental, qui est sans doute l’un des articles les plus attrayants. Les
Berbères amazigh l’ont adopté dans tout le Maroc et toutes les femmes le
portent qu’elles soient citadines ou paysannes.
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Il y a encore plus à voir et à faire à Melilla. S’il reste encore des forces
au voyageur, ou qu’il pense prolonger son séjour, il doit savoir que la ville
dispose d’un important port depuis 1911, en plein processus de
modernisation, avec un service actif de ferry, de nombreux kilomètres de
plage, l’archipel de Chafarinas, la crique des Galapagos, d’une grande
valeur environnementale et l’immense valeur patrimoniale d’un lieu classé
bien d’intérêt Culturel.
Nador Et Fez
N
ador est la ville la plus proche de Melilla, à seulement 12
kilomètres. Avec plus de 130 000 habitants, cette ville côtière
est protégée de la mer Méditerranée par une mer intérieure dans un isthme
que l’on appelle Mar Chica (Petite mer). C’est ici qu’arrive chaque jour un
flux de subsahariens motivés par le rêve d’atteindre l’Europe. Cette ville
est fondée par des Espagnols et son architecture est marquée par le style
andalou. Sa proximité avec Melilla fait de Nador le lieu préféré de
centaines d’habitants de Melilla qui parcourent quotidiennement les stands
du « Corte Moro », un marché qui mérite le détour.
Bien que nous soyons déjà au Maroc, l’influence occidentale y est très
prononcée. Une excursion plus intéressante et riche au Maroc nous
emmène à Fez, à environ 350 kilomètres de Melilla par la route. En
partant de Nador, il est possible de faire le voyage en autobus. La route
entre par la partie est du Rif. Au mi-chemin vers Fez, il est intéressant de
faire une étape à Alhucemas. Sa fondation espagnole paraît incontestable.
Tout comme Nador, Alhucemas s’est développée à l’époque du protectorat,
vers 1926, après avoir réussi à soumettre les rebelles du Rif. Villa Sanjurjo
est son nom chrétien, en mémoire du général victorieux qui a pris la place
: Alhucemas, le nom arabe avec lequel elle a survécu. Il s’agit aussi d’une
grande ville, bien que sensiblement moins importante que Nador. Son
littoral offre d’impressionnantes vues sur des rochers dominant la mer.
S’aventurer Dans Les
Montagnes Et Le Désert
M
elilla propose de nombreuses excursions très intéressantes mais
toutes à une distance considérable. Les voyageurs les plus variés
viennent ici : aventuriers, plongeurs sous-marins, amateurs de tout terrain,
randonneurs, européens, américains, nostalgiques des ambiances du
protectorat, artistes... ils disposent tous de voyages organisés ou
d’infrastructures pour des circuits indépendants.
Une excursion abordable, aventureuse mais sans risque, avec départ et
retour à Melilla parcourt le parc naturel du Mont Gourougou. Outre le
charme géographique de son relief accidenté, il y a des ruines romaines et
une colonie de magots, singes de Barbarie (ou macaques de Gibraltar),
déjà mentionné dans la Bible, même si les écritures les mentionnait tout
simplement par singes. Celui qui connaît le Rocher aura sans doute vu ce
petit singe qui est ici un citoyen de plus et très à l’aise. Apparemment le
macaque de Gibraltar est arrivé en Afrique alors qu’il était déjà
domestiqué.
La contemplation directe du désert demande une plus grande audace.
Il existe plusieurs façons d’y accéder, en excursion organisée ou en véhicule
particulier ou de location. Oasis, dunes et palmiers sont sous le grand soleil
et la grande lune. Le mieux est de s’adresser au premier office du tourisme
marocain, après la frontière. Vous y obtiendrez des informations
indispensables.
Nous voilà maintenant à Fez, ville de réputation internationale et
destination préférée de centaines de milliers de touristes chaque année.
Fondée au IXe siècle par Idris II, cette métropole qui avoisine le million
d’habitants, est fière de posséder la plus ancienne médina du Maroc et
l’une des plus grandes de tout le Maghreb. Le voyageur remarque
immédiatement ses contrastes prononcés. Ce n’est pas étonnant car Fez se
compose en réalité de trois villes : la contemporaine, fondée par les
français en 1920, Fez el Bali, avec un troublant labyrinthe de rues
médiéval et Fez el Jedid, extension de l’ancienne ville, réalisée sous la
dynastie des Bénimérines, au XIII e siècle. À Fez el Bali, les corps de
métiers coexistent dans leurs quartiers respectifs comme depuis des siècles
: tailleurs, potiers, forgerons et bien sûr les tanneurs. Avec ceux de
Tétouan, les tanneurs de Fez sont les seuls du pays qui réalisent le tannage
et la teinture du cuir selon les vieilles traditions.
Un véritable spectacle, un assaut des sens qui émouvra le voyageur de
la tête aux pieds.
L’Heure Du Repas
a gastronomie de Melilla a des racines andalouses, la diversité de
la cuisine internationale et bien entendu, le style marocain. Vous
trouverez un peu de tout cela au restaurant du Parador. Outre le couscous
et les salades de crudités, il faut goûter la soupe de légumes et de viande et
les dattes fourrées.
L
À Melilla, comme dans toute l’Espagne, on se plaît beaucoup à prendre
des tapas avant de passer à table. La ville offre trois circuits où alterner les
apéritifs : le front de mer, le centre et le quartier del Real. Aux choix :
fruits de mer, petits poissons, spécialités de Melilla...
Passons au repas principal : légumes (on vient de la péninsule chercher
ceux de Melilla), asperges, artichauts, tomates, haricots verts... préparés
un peu comme en Andalousie, sur la côte est (Levante) et à Murcie, c’est-
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à-dire, légèrement au four ou dans de délicieuses soupes. Vu les
températures, on peut commencer le festin par un léger ajo blanco (soupe
à l’ail) à presque n’importe quelle époque de l’année.
Pour le plat principal, ce serait dommage de ne pas goûter, le poisson
méditerranéen ou les fruits de mer. Nous suggérons un ragoût de lotte, ou,
si vous préférez, un assortiment de fritures. Les desserts sont succulents.
Certains cuisiniers marocains font même des brochettes de poisson blanc,
avec du piment moulu, du persil, de l’ail et du cumin.
La tradition juive nous offre aussi notamment la « chouchouca » ou la
viande aux oignons. Et pour ne pas oublier la culture indoue, dégustons
des fruits frais du terroir dans un typique raïta au yaourt.
Le repas ne peut pas être considéré comme achevé sans un thé vert à la
menthe accompagné d’une friandise marocaine riche en amandes. La pâte
à filo et l’eau de fleur d’oranger sont irrésistibles.
LA RECETTE SECRÈTE:
POISSON COCHO À LA CORIANDRE
Ingrédients : 1 kg de mérou, 2 tomates, 1 piment fort, une demi-dent
d’ail, un bouquet de feuilles de coriandre, sel, huile et paprika.
Préparation :
Après avoir vidé le mérou et retiré ses arrêtes, coupez-le en dés moyens.
Saupoudrez de paprika et salez.
Ajoutez ensuite l’ail et la coriandre hachés. L’arôme de cette herbe
utilisée de la Chine à l’Amérique, également connue comme persil
mexicain, est la clé de ce plat. Faites frire dans une poêle les tomates et les
poivrons déjà coupés et lavés. Ajoutez ensuite le poisson à laisser cuire en
le recouvrant presque complètement d’eau. Le plat sera prêt après avoir
mijoté.
Parador de Melilla
D. Pedro de Estopiñán
Avda. Cándido Lobera,s/n. 52001 Melilla
Tel.: 95 268 49 40 - Fax: 95 268 34 86
e-mail: [email protected]
Centrale de Reservations
Requena, 3. 28013 Madrid (España)
Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32
www.parador.es / e-mail: [email protected]
Textos: Miguel García Sánchez Dibujos: Fernando Aznar
MELILLA ET SON PARADOR
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