Chez les Touaregs

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Chez les Touaregs
Utbildningsradion – A l’écoute 2001/2002
Chez les Touaregs
Programnr: 01050/ra 5
Chez les Touaregs
par Isabella Thinsz
Sänds den 9 oktober 2001
Programlängd : 14’20
Narratrice : La nuit tombe quand j’arrive au campement touareg d’Arharous,
fatiguée après le long voyage. Deux hommes viennent à ma rencontre. Ce sont des Touaregs. A la façon touareg, ils portent sur la
tête des turbans qui cachent leurs visages, sauf les yeux. Ils ont de
grands yeux noirs mais je ne peux pas voir s’ils me sourient.
Un de ces hommes porte un manteau bleu clair et un turban
blanc, c’est Issouf. « Venez ! Je vais vous montrer votre tente » dit-il.
Issouf parle français parfaitement.
La tente est grande. Par terre, il y a des matelas. Une à une
les étoiles apparaissent sur le ciel noir. D’abord je vois la planète
Vénus, ensuite des milliers d’autres étoiles. Je suis sûre que je vais
bien dormir.
Musique
Narratrice : Le matin, je suis réveillée par les premiers rayons du soleil. Il fait très
froid, 5 ou 6 dégrées et je n’ai pas envie de me lever tout de
suite. Par l’ouverture de la tente, je regarde le campement où je
vais passer une semaine. 20 minutes plus tard, il commence à faire
chaud et je me lève. C’est un petit campement, je vois dix tentes
en tout, quatre pour les visiteurs et six pour Issouf et sa famille et
pour quelques autres familles. Je vois beaucoup de chèvres et aussi
quelques chameaux.
Tous ceux qui vivent ici sont des Touaregs et ils vivent très
simplement. Il n’y a pas d’électricité. Pour faire la cuisine, ils sont
obligés de chercher du bois et de faire un feu, Et il n’y a pas d’eau.
Pour chercher de l’eau, ils sont obligés de faire trois kilomètres à pied
ou avec un âne. Partout, il y a du sable. Du sable ! Que de sable ! Et
les animaux, qu’est-ce qu’ils trouvent à manger ?
Musique
Narratrice : Issouf vient me chercher pour me montrer le campement. D’abord,
nous allons voir les chameaux. Comme tous les Touaregs, Issouf aime
beaucoup les chameaux.
Issouf :
Il y a des chameaux pour transporter la caravane, le sel, aller chercher
du mil, tout ça, qui sont donc les transporteurs. Il y a le chameau de
selle pour monter dessus. Il y a le groupe de chamelles qu’on appelle
laitières qui produisent du lait. Si c’est un mâle, s’il est très, très beau,
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on peut le faire géniteur, donc il devient géniteur du groupe pour
qu’il puisse donner des petits qui vont être aussi beau que lui, qui
vont produire du lait comme sa mère, et tout ça quoi !
Narratrice : Issouf m’explique que les Touaregs ont toujours vécu dans le désert,
qu’ils sont nomades et qu’ils ont traversé le Sahara sur leur chameaux
pendant des milliers d’années. Je lui demande comment ils peuvent
survivre avec leurs animaux quand il ne pleut pas, quand il y a la
sécheresse.
Issouf :
Les touaregs, ils sont pauvres parce qu’ils vivent des produits de
l’élevage, ils font de l’élevage dans un pays ou il y a souvent des
sécheresses. Donc, chaque fois qu’il y a une sécheresse qui vient, elle
fait des catastrophes parce qu’il y a beaucoup de gens qui perdent
leurs animaux parce que les animaux n’ont rien à manger, ils meurent
de faim.
Narratrice : Quand les animaux meurent, les touaregs sont obligés de changer de
vie. Déjà, il y en a qui restent sur place, qui ne sont plus nomades,
qui essaient de cultiver la terre et qui envoient leurs enfants à l’école.
C’est la première fois que les enfants de ce campement peuvent aller
à l’école.
Je demande si je peux visiter voir la petite école primaire
d’Arharous. Elle est installée sous une tente. Autour de l’école il y a
du sable, seulement du sable, pas d’herbe, pas un seul arbre. Lorsque
nous nous approchons nous entendons les voix des élèves. Ils sont en
train d’apprendre une chanson française.
Enfants qui chantent A la claire fontaine
Instituteur : Il faut organiser. Il faut aller ensemble, il faut parler ensemble. Qui
va chanter en tamacheq ?
Chanson en tamacheq
Instituteur : Je m’appelle Issouf Abdou, directeur de l’école primaire d’Arharous.
Pour le moment j’ai 40 élèves.
Narratrice : Je regarde les élèves. Je vois qu’ils n’ont pas de crayons et pas de
papiers pour écrire mais ils écrivent avec de la craie sur des ardoises.
Instituteur : Bon, on se plaint pas. Il y a le nécessaire pour travailler mais ne n’est
pas du tout suffisant. Il manque surtout les manuels, les documents
à travailler. Et aussi le mobilier scolaire. Les tables ! Vous voyez mon
bureau ! Et vous voyez les tables-bancs des élèves !
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Narratrice : Et c’est vrai que l’école n’est pas bien équipée. L’instituteur a une
toute petite table comme bureau et les élèves sont assis sur des
planches en bois. Quelle langue est-ce qu’on parle à l’école ? La
langue maternelle des enfants, le tamacheq ?
Instituteur : Nous enseignons en français parce que c’est la langue officielle de
notre pays.
Narratrice : Est-ce que ce n’est pas difficile de faire l’enseignement en français ?
Instituteur : Pas du tout, c’est pas difficile, seulement les difficultés qu’on trouve
c’est… c’est surtout les problèmes de matériel, sinon il n’y a pas de
problèmes pour les enseigner. Je ne connais pas leur langue, ils ne
connaissent pas les miennes, là c’est plus actif même parce que ça va
pousser l’instituteur à parler français aux enfants.
Narratrice : Les enfants parlent déjà français un petit peu. Quel âge ont-ils ?
Enfants :
Je m’appelle…J’ai 13 ans…8 ans, 20 ans, je ne sais pas …s.
Une petite fille chante en français
Narratrice : Issouf est un des rares Touaregs qui a eu la possibilité de faire des
études. Quand les années de sécheresse sont venues, il a vu que la
vie des nomades du Sahara, une vie basée sur l’élevage n’était plus
possible. C’est alors qu’Issouf est entré en contact avec Pierre Rabhi
et ensemble ils ont pris l’initiative de créer un centre agro-écologique
à Arharous.
Maintenant Issouf veut me présenter Pierre Rabhi. Nous le trouvons dans le jardin écologique en train de faire un compost avec
des herbes sèches, des branches sèches et un peu d’eau. Quelques
jardiniers sont en train de l’aider. Il explique comment il faut faire,
comment on peut enrichir la terre avec des composts et cultiver sans
utiliser des engrais chimiques et des pesticides. Rabhi a déjà fait cette
expérience. Il a crée d’autres centres écologiques au Burkina Faso, au
Mali et en Mauritanie où il apprend aux paysans de travailler avec
des composts.
Chanson à la guitare
Il est tard. Le soleil se couche et il commence à faire un peu frais.
Issouf et Pierre Rabhi m’invite à dîner avec eux. A la façon des
Touaregs, nous sommes assis par terre et nous mangeons tous dans
le même plat. Nous parlons de la sécheresse, Pierre et Issouf sont
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d’accord - les Touaregs sont obligés de changer de vie.
Pierre Rabhi : Ils sont obligés. C’est pas un choix. Ils n’ont pas le choix. Ils sont
obligés de changer ou bien de partir mais ils se rendent compte euxmêmes qu’ils sont obligés d’avoir maintenant recours au travail de la
terre pour essayer de survivre.
Narratrice : Pour Issouf aussi, c’est important que les Touaregs et leurs enfants
apprennent à cultiver la terre mais il y a autre chose qui est tout
aussi important - que les enfants soient fiers de leur passé et de leur
culture.
Issouf :
Je voudrais que les enfants étudient, qu’ils apprennent à lire et à
écrire, qu’ils comprennent ce qui se passe autour d’eux, Je veux qu’ils
sachent qu’en fait, ils ont un pays, ils ont un territoire, ils ont une
culture dont ils peuvent être fiers et qu’ils peuvent défendre partout.
Narratrice : Et Pierre Rabhi, pourquoi est-ce qu’il vient de si loin pour apprendre
aux nomades à cultiver la terre ?
Pierre Rabhi : On est obligé en tant qu’être humain de faire ce qu’on doit faite
sans savoir si on va réussir vraiment ou si on va échouer. C’est
notre devoir d’essayer de sortir de cette folie humaine qui est d’avoir
une merveilleuse planète qu’on n’arrête pas de détruire, de polluer,
qu’on n’arrête pas de malmener. Donc pour moi, il est absolument
important que je participe, disons, à soigner un petit peu cette
planète, à l’aimer. Le peu que ce soit, c’est un devoir.
Chanson à la guitare
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