La pizza et le fromage

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La pizza et le fromage
FAARE e.V.
Universitätsstraße 16
Geb. J (WiWi)
86135 Augsburg
La pizza et le fromage : Phénomène de culture ? Non, plutôt d’économie et
d'histoire.
Par Erick Behar Villegas
Ancien Président de FAARE e .V
« La découverte d'un mets
nouveau fait plus pour le genre humain
que la découverte d'une étoile. »
Brillat Savarin La Physiologie du goût
Sans exagérer comme Monsieur Brillat-Savarin en disant qu’un dessert sans fromage est comme une
belle à qui il manque un œil, on est d’accord que la gastronomie est un pont pour mieux connaître
une personne, un pays, etc. Pourtant, je vais essayer de me débarrasser un peu des syllogismes inappropriés qui nous disent : si tu manges un plat grec, alors tu connaitras mieux leur culture. On va
approfondir un peu en se débarrassant du mets grec pour développer une pensée gastroéconomique. Non, ceci n’est pas une maladie.
L’histoire de la pizza nous illustrera un peu mon idée. Jadis, Virgile mentionna un disque comestible
dans son Enéide, pendant que Dumas parlait déjà au 19e siècle des mœurs des napolitains en ajoutant des tomates au pain (plain?). Et bien, ce qu’on voit comme un développement historique pour la
pizza, id est, ajouter des tomates, était lié strictement à leur «découverte » en Amérique. Ce trésor
colonial, la tomate, inspirée par un essor ambitieux de s’enrichir comme un bon mercantiliste, commençait à influencer la culture italienne et ainsi la culture gastronomique occidentale. On est bien
d’accord que la pizza a été plus facile à accepter que M. Hernan Cortéz aux Amériques.
Intéressement, il y a des produits assez complexes comme le fromage ou le vin, qui abritent ces développements avec des informations tacites pour le consommateur affamé. Restons sur le fromage
et suivons un peu la logique marxienne en disant que le matériel influe sur l’immatériel dans la vie
humaine. C’est ici que je reviens pour attaquer ledit syllogisme inapproprié. Si tu manges un camembert, alors tu connais la France mieux ? Non, au contraire, tu peux même te faire des idées qui
t’éloignent de la France.
Je vois dans mon jour-le-jour du travail tout type de camembert, même ceux qui ont une date limite
de consommation d’un an ! Alors ces produits nous racontent plus sur un développement économique qui se bouleverse sur la société et ergo sur la gastronomie. On ne compte en France que 8
fromageries traditionnelles du camembert au lait cru de Normandie. Lactalis et les autres multinatioFAARE Vorstand
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nales dictent déjà ce qui se mange (de plus en plus), même en France. Il y a quelques semaines, dans
le rayon fromage de Carrefour de Ducey, j’ai dû faire un effort pour trouver les petits trésors traditionnels. Alors, je répète ma thèse : la nourriture est un symbole du développement économique
plutôt qu’un professeur de culture qui nous transmet des messages clairs. Ses messages sont tacites
et la compréhension de la culture ne ressort qu’en comprenant l’histoire économique.
Oui, le cibus a beaucoup à nous dire, mais il faut savoir comprendre d’un côté ce qui fait partie d’une
culture gastronomique en tant que soi et de l’autre ce qui n’est qu’un produit de la standardisation
mondiale. Alors, cher lecteur, la prochaine fois que tu mangeras un feta, ne sois pas trop surpris si tu
finis par ne pas connaître la culture grecque mais celle de la Pologne.
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