mohamed bourouissa
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mohamed bourouissa
MOHAMED BOUROUISSA Né en 1978 à Blida, Algérie Vit et travaille à Paris, France Unknown #6 (Shoplifters), 2014-2015 Photographie Couleur © Blaise ADILON Œuvre Shoplifters, 2014-2015 Série de photographies en couleur, 39x30 cm | Le macLYON Description L’œuvre se compose d’une série de portraits photographiques d’inconnus qui présentent des produits de consommation courante, nourriture, boissons ou produits d’hygiène. Toutes les scènes se déroulent dans des épiceries de Brooklyn, en témoignent les étales bien fournies qui se distinguent au second plan. Le cadrage des sujets est sensiblement similaire d’une photographie à l’autre. Ils sont photographiés en plan américain ou en plan rapproché. Nous sommes rapidement inquiétés par la mauvaise qualité des images. Elles sont floues, mal définies. L’absence de réglage de la lumière ne nous permet pas de voir distinctement certains visages. Pistes d’exploitation - Pratique infâmante : cette œuvre s’apparente à un geste de réécriture. Les portraits n’ont pas été directement réalisés par l’artiste. Au cours d’un voyage aux États Unis, Mohamed Bourouissa « re-photographie » des polaroids réalisés par des gérants d’épiceries. Les sujets ont été photographiés contre leur gré par les épiciers qui les avaient surpris en train de commettre un vol. Sous réserve de ne pas contacter les services de police, les gérants exigeaient une photographie de ces bandits d’un jour. Une fois affichés sur les murs des épiceries, ces portraits deviennent particulièrement humiliants pour leurs sujets. - Appropriation, déplacement, opération esthétique et critique : en produisant un second geste photographique, et en les présentant dans un contexte d’exposition l’artiste produit une dimension artistique inattendue et par retour tend à rendre une dignité aux personnes photographiées. Les portraits perdent leur caractère punitif et dissuasif. - Galerie de portraits : l’individu marginalisé et l’homme du commun portés à notre attention : cette galerie de portraits s’apparente à l’archive d’une réalité sociale, souvent MOHAMED BOUROUISSA 1 dissimulée ou volontairement ignorée. L’artiste prend pour sujet des personnes laissées pour compte à qui la parole est rarement donnée, à mi-chemin entre l’intégration et l’exclusion. - Singularité de l'événement et protocole archivistique. Portraits insolites. Entre indifférence et drame pathétique. - Critique sociale : Mohamed Bourouissa évoque les conditions précaires dans lesquelles vit un nombre croissant d’américains, les conséquences de l’inégale redistribution des richesses à l’échelle d’une société et révèle les contradictions de notre vie moderne : le quotidien escamoté de la société contemporaine. - Geste artistique qui puise en marge des codes artistiques établis. Références, rapprochements et/ou comparaisons possibles - - Inégalité, précarité accrue dans laquelle vivent certaines classes sociales. Rapport à l’image : appropriation et déplacement par le geste photographique. L’artiste détourne le sens et l’esthétique des images originelles et modifie le contexte d’exposition (du « mur de la honte » à la salle muséale) afin d’opérer un déplacement du regard. Andy WARHOL : polaroïds mondains ou d’anonymes Pistes pédagogiques et liens aux programmes scolaires - 4ème : Présentation des images, contextualisation des images. Photos de voleurs dans les supermarchés prises par les gérants. Photographie et mode opératoire ; DISPOSITIF DE REPRÉSENTATION. Répétition d'un dispositif, série. « Les images et leurs relations au réel »/ « Images et pouvoir » - TERMINALE OPT. FAC : LA PRÉSENTATION. Le statut de l'œuvre. - TERMINALE SPÉCIALITÉ : L'OEUVRE. L'œuvre, le monde. Dialogue de l'œuvre avec la diversité des cultures. Regroupement(s) thématique(s) - L’œuvre et le monde, l’œuvre et son contexte - L’image - Dedans / Dehors Des mots pour en parler Geste photographique / réécriture / auteur / réalité sociale / portrait MOHAMED BOUROUISSA 2 MOHAMED BOUROUISSA Né en 1978 à Blida, Algérie Vit et travaille à Paris, France The Hood, 2015 Tirage argentique noir et blanc sur carrosserie, 60 capots © Blaise ADILON Œuvre The Hood, 2015 Installation de photographies en noir et blanc. Tirage argentique expérimental sur des objets du répertoire automobile, portières et capots accrochés au mur et disposés au sol. l La Sucrière Description Sur des éléments de carrosserie, capots et portières de voiture, des images photographiques se devinent. Des images de rues, de jeunes adolescents sur des chevaux, des scènes du quotidien à priori banales prennent place sur des supports qui habituellement ne côtoient pas le champ artistique. L’artiste met en place un procédé expérimental de tirage argentique pour développer directement ses négatifs à la surface des éléments de carrosserie. Ici le support ne s’efface pas au profit du sujet représenté. Les capots et les portières de différentes couleurs se transforment en sculpture et discutent difficilement avec les images qu’ils accueillent. Lors d’un voyage à Philadelphie, l’artiste a réalisé une série de photographie de la ville, de l’architecture et des habitants de Fletcher Street, quartier défavorisé du nord de Philadelphie. Habités par les classes sociales aisées jusque dans les années 1950, ces quartiers qui comptent de nombreuses écuries sont réhabilités à l’initiative des citoyens. Un club d’équitation, le fletcher urban riding club, donne la possibilité aux enfants et aux adolescents de pratiquer l’équitation. Ces cavaliers d’un nouveau genre s’emparent ponctuellement des rues de Philadelphie se transformant en cowboys des temps modernes. Dans cette mégapole, où la voiture a depuis longtemps remplacé le cheval, l’anachronisme de ces scènes produit un certain amusement. Ici la figure du cowboy perd ses attributs traditionnels: le mâle à la peau clair s’efface au profit de figures d’adolescents noirs. Les baskets et les tee-shirts ont remplacé les santiags et les chemises à carreaux. En regard de ces œuvres, l’artiste dispose dans l’espace quelques capots vierges de toute image et parfaitement lustrés. Lorsque le regardeur fait face à ces éléments, une image se devine. Une image en mouvement constant qui échappe au contrôle de l’artiste. C’est notre propre reflet, aux contours flous, à la silhouette déformée qui apparaît à la surface de ces pièces automobiles. A l’instar des photographies qui nous côtoient, nous devenons nous même images. MOHAMED BOUROUISSA 3 Pistes d’exploitation - L’idée d’impressionner des photographies sur des éléments de carrosserie a germé dans l’esprit de l’artiste lors de son voyage, quand il vit les paysages de la ville se refléter sur les capots parfaitement polis des voitures américaines. L’image du paysage était alors déformée, et présentait une version subjective de la réalité. La photographie agit également comme telle. Associé à l’idée que cet outil capte de manière la plus objective qui soit la réalité, les images capturées sont de fait une version déformée, subjective et orientée du réel. Animé d’une volonté de montrer «les gens du mieux possible», il met en lumière des réalités sociales et des comportements en les extrayant de leur contexte souvent documentaire. Ces photographies sont autant de propositions pour montrer l’image de l’Autre en rompant avec les codes normés des images-médias. Il interroge notre rapport au médium en flirtant avec des gestes, des supports, des techniques qui n’appartiennent pas au lexique de la photographie traditionnelle. Dans The Hood, La mythologie du cheval et de la voiture est convoquée, tous deux emblèmes de liberté, de puissance, et de progrès, en somme de modernité. En utilisant des éléments de carrosserie de voitures de marques françaises, il fait dialoguer des référents culturels de deux territoires : le vieux continent et le nouveau monde. - L’image et son support «objet» se confondent. Dans cette œuvre, la photographie quitte le domaine du 2D pour devenir sculpture. Le regard du visiteur oscille entre ce qui est présenté et représenté. Le support et l’image achèvent leur rencontre en fusionnant. - Déplacement des codes culturels et de représentation, tant au plan artistique, car la démarche de Mohamed BOUROUISSA explore des zones laissées en friches par la culture institutionnalisée, qu’au plan de l’observation du monde et des frontières sociales qu’elle nous donne à percevoir : réappropriation d’un quartier laissé à l’abandon dans les années 1950 par les classes favorisées. Initiatives citoyennes afin de se réapproprier un contexte urbain. Ici, la lumière est faite sur la réappropriation d’un motif associé à la culture bourgeoise, le cheval, dans un contexte social moins favorisé. - Monde mécanique / Monde animal Pistes pédagogiques et liens aux programmes scolaires - 3ème : L'espace, l'oeuvre et le spectateur dans la culture artistique - 1ère OPT. FAC: LA REPRÉSENTATION - Les procédés de représentation. Les codes de la représentation. Modèles, écart, ressemblance - TERMINALE OPT. FAC : LA PRÉSENTATION. Le statut de l'œuvre. - TERMINALE SPÉCIALITÉ : L'OEUVRE. L'œuvre, le monde. Dialogue de l'œuvre avec la diversité des cultures. Regroupement(s) thématique(s) - Matériau / Matérialité / Image - Ligne / Limite / Frontière - L’œuvre et le monde, l’œuvre et son contexte - L’œuvre et son dispositif de présentation - L’objet dans l’œuvre Des mots pour en parler Tirage argentique / support photographique / paysage / reflet / réalité déformée / représentation MOHAMED BOUROUISSA 4