La parentalité Claire Blanchoz – Psychologue

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La parentalité Claire Blanchoz – Psychologue
Auxiliaires de puériculture : La parentalité
Claire Blanchoz – Psychologue clinicienne
La parentalité
La parentalité désigne les processus psychiques qui se déroulent chez un individu qui devient père ou
mère. Du côté de la mère on parlera de « maternalité » (terme créé par P.C. Racamier) et du côté du père
on pourra parler de « paternalité ».
Pour parler de l’arrivée d’un enfant dans un couple, A. Ciconne quant à lui évoque un« traumatisme
ordinaire »1.
Ce « traumatisme ordinaire » amènerait tout une désorganisation psychique (repères, identité,
relations aux autres…) nécessitant ensuite une réorganisation.
La maternalité
La maternalité désigne tous les changements psychoaffectifs lors de la maternité d’une femme tels que
l’émergence d’un grand nombre de souvenirs liés à l’enfance (complexe d’œdipe) et une réorganisation
des relations avec ses propres parents. Devenir mère s’accompagne de changements physiologiques,
psychologiques et sociaux.
La préoccupation maternelle primaire
Concept développé par D. Winnicott, la « Préoccupation maternelle primaire » correspond à un état
maternel qui se « développe graduellement pour atteindre un degré de sensibilité accrue pendant la
grossesse et spécialement à la fin »2. Il s’agit d’un repli au cours duquel la mère investit avant tout son
bébé et développe une hypersensibilité vers tout ce que le bébé lui communique. On peut parler
d’une adaptation sur mesure aux besoins du bébé.
La paternalité
Lors de la grossesse, certains pères développeront ce que l’on appelle la couvade, à savoir un ensemble
de symptômes (prise de poids, nausées…) s’apparentant à la grossesse.
La mère étant fragilisée par cet état d’hypersensibilité décrite par D. Winnicott, l’un des rôles du père
sera donc de protéger cette dyade mère-bébé. Il les protégera des diverses agressions extérieures et il
aura également une fonction de rassurance auprès de sa compagne quant à ses capacités de mère.
Le père peut également offrir de bonnes capacités de nursing dans les soins prodigués à son bébé, on
pourra alors parler de « paternage »3. Le père est très vite un objet de relation pour l’enfant. Le bébé
percevra très vite les différences de stimulations entre son père et sa mère et s’y adaptera.
1
Ciccone. A, La psychanalyse à l’épreuve du bébé, Dunod, 2011, p129
2
Alvarez.L, Golse.B, La psychiatrie du bébé, Que sais-je, p.41
A.Ciccone in Manuel de psychologie et psychopathologie clinique générale, Masson, 2007, P89
3
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Tout comme chez la mère, la paternité pourra s’accompagner chez l’homme d’importants
remaniements identitaires. Le père pourra ainsi s’interroger sur sa position de fils (possible rivalité
avec le bébé) mais aussi sur sa part de féminité. Tous ces remaniements peuvent également occasionner
chez le père des décompensations ou les ruptures conjugales entourant la naissance.
De ce fait la dynamique de couple est elle aussi chamboulée. Chacun perd sa place auprès de l’autre et
va devoir en reconstruire une nouvelle.
Les projections parentales
Devant tout d’abord l’inconnu que représente un enfant dans le ventre de sa mère puis devant les
éventuelles difficultés à comprendre son bébé et à s’ajuster à ses besoins, les parents vont projeter des
idées, des sentiments qui leur sont propres. Ces sentiments puisent très souvent leurs origines dans
l’enfance du parent. C’est d’ailleurs au regard de cette enfance que les parents auront eux-mêmes des
attentes vis-à-vis de leur bébé (un enfant qui répare ou console par exemple).
Décompensations post partum
Le « baby blues » ou « syndrome du 3ème jour » concerne 50% à 80% des femmes. Il survient entre le
2ème et 5ème jour après l’accouchement et cède au bout de quelques jours. Les symptômes sont entre
autres : la fatigue, des pleurs récurrents, des changements d’humeur, une hypersensibilité, une
irritabilité, une anxiété ainsi que la sensation de ne pas y arriver, d’être une mauvaise mère…
La Dépression postnatale concerne 15% à 20% des femmes. Elle s’installe au cours de la première
année suivant l’accouchement et plus fréquemment dans les 3 à 6 semaines. Les symptômes sont les
mêmes que ceux du « baby blues » mais ils sont plus intenses et durent plus longtemps. Dans ce cas de
figure, il est également possible que la jeune mère ne se percevant pas dans la capacité de s’occuper de
son enfant s’en désintéresse. L’angoisse est également très présente ainsi que des plaintes concernant
des symptômes somatiques.
Les Psychoses puerpérales : concerne 2 ‰ à 5 ‰ des femmes. Elles surviennent souvent de
manière brutale dans les 3 semaines qui suivent l’accouchement et plus fréquemment autour du 10 ème
jour. Elles s’accompagnent d’un discours délirant et/ou d’hallucinations. Ces délires portent beaucoup
sur l’enfant avec la possibilité d’un déni de l’accouchement ou d’un délire sur la filiation, ou délire de
substitution ou de subtilisation de l’enfant ou encore d’imminence de la mort, de malédiction ou de
malformation… L’anxiété est très
importante et le risque suicidaire ou d’infanticide aussi.
L’hospitalisation est nécessaire.
Les facteurs favorisants sont entre autres : le fait que la mère soit primipare, très jeune, isolée, vivant
dans précarité, qu’elle ait des antécédents psychiatriques, des antécédents de traumatismes
(maltraitance), que la grossesse n’est pas été désirée, qu’il y ait des conflits conjugaux, des évènements
pendant la grossesse tels qu’un deuil ou une séparation ou encore des complications pendant la
grossesse ou l’accouchement…
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