CENTENAIRE DE VERDUN Annemasse – Dimanche 29 mai 2016

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CENTENAIRE DE VERDUN Annemasse – Dimanche 29 mai 2016
CENTENAIRE DE VERDUN
Annemasse – Dimanche 29 mai 2016
Madame la Sous-préfète,
Monsieur le Sénateur,
Madame la conseillère départementale,
Monsieur le conseiller régional,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Ce dimanche à Verdun, la France et l’Allemagne vont partager une nouvelle étape de leur réconciliation
fraternelle.
Le Président de la République et la Chancelière fédérale inaugurent le nouveau mémorial.
La dimension franco-allemande sera également soulignée par la présence de 4 000 jeunes français et
allemands qui illustreront le message de paix dont Verdun doit être porteur.
Tous les départements seront représentés pour rappeler que les soldats qui ont combattu et qui ont vu
leur vie brisée à Verdun sont venus de toute la France.
Hier, capitale de la guerre et de la mort ; Verdun est aujourd’hui capitale de la paix et de l'espoir.
Partout dans notre pays, comme ici à Annemasse, pour la Haute-Savoie, des cérémonies font écho à
cette nouvelle page d'histoire.
Le 11 novembre dernier, le Gouvernement invitait les maires de France à trouver un relais à cette
commémoration exceptionnelle.
J’ai voulu que la Ville d'Annemasse réponde favorablement. Merci Madame la Sous-préfète, de nous
honorer de la présence et de la participation de l’État à nos cotés.
Certains se demandent mais pourquoi sans cesse se retourner vers notre passé ?
Pourquoi commémorer ?
Au delà du respect que nous devons à cette génération sacrifiée, celle par exemple des 101
Annemassiens morts lors de la Grande Guerre, à qui nous venons de rendre hommage.
Il faut redire combien, il est vital dans notre présent, parfois troublé, de comprendre notre Histoire.
Combien il est essentiel pour se projeter dans l’avenir de songer aux rouages et aux affres du passé.
Car comme l'écrivit avec justesse Alfred de Musset :
« Les larmes du passé fécondent l'avenir. »
Il y a 100 ans précisément, l'Allemagne et la France venaient de s'engager l'une contre l'autre dans un
conflit qui allait concerner 72 pays, et jeter 65 millions d'hommes dans une infernale tuerie.
Dans notre histoire, la Grande Guerre occupe une place particulière. Elle s’inscrit en effet dans notre
mémoire nationale : cette mémoire où se mêlent, s’enchaînent, s’enchevêtrent les histoires
personnelles et le destin d’un pays, le nôtre.
Songez que pour Annemasse qui lors du recensement de 1911 ne comportait que 3334 âmes, c’est un
homme sur trois de 20 à 40 ans qui a été tué ou grièvement blessé.
Rares sont ceux qui n'ont pas eu l'un des leurs, engagé dans cette guerre, rares encore sont ceux qui
n'ont pas payé de la mort d'un être cher le sacrifice consenti.
La mémoire de la Grande Guerre n'est plus celle des témoins, ils ont tous disparu depuis déjà
longtemps. Nous avons la responsabilité d’inscrire dans l’éternité de la pierre et de nos paysages le
souvenir de ces combats et l’hommage de la Nation aux victimes.
C'est celle des héritiers, nous sommes des héritiers.
Les Poilus de 1914 nous rappellent à nos devoirs ; ils parlent à nos consciences.
Cette journée nous conduit à honorer ceux qui, dans le monde entier, ont pris part au combat : Français
d'Outre-mer, combattants des peuples d'Afrique du Nord, d'Afrique noire, d'Indochine, dont la
contribution fut immense à la défense de notre liberté, de notre indépendance.
Leurs descendants gardent de cette époque, où le sang se mêlait sans que nul ne songeât à distinguer
la différence, une fierté. N'oublions pas l'ensemble de nos alliés dont la présence sur les fronts, fut
déterminante.
La bataille de Verdun a été régulièrement commémorée mais cette année 2016 est si particulière, elle
marque en effet le centenaire de l’événement.
Verdun appartient à notre patrimoine, à notre communauté nationale.
Drames vécus en ces lieux, dans le sang et les larmes ; la résistance opiniâtre sans laquelle il n'y
aurait pas eu la victoire ni la paix.
Verdun, c'est le symbole de la grande guerre, même s'il y eut tant et tant d'autres combats, tant et tant
d'autres drames sur cette ligne de front qui traversait la France de part en part, et qui devait bientôt, par
les mers et les continents, tracer les tragiques frontières de la première guerre mondiale, dont l'Europe
a mis des décennies à se relever.
Les souvenirs des combattants sont encore parmi nous, relayés par les générations de leurs
descendants.
Ils nous expriment combien chaque mètre carré de cette terre a été disputé.
Pas un coin, pas un recoin qui n'ait été le théâtre d'une lutte, jamais vraiment gagnée, toujours
recommencée.
Douaumont, fort de Douaumont, enjeu suprême de deux armées, tour à tour perdu, conquis, reperdu,
reconquis, Fort de Vaux, bois de Cumières, Fleury, crête de Souville,... j'en passe, on n'en finirait pas
d'égrener ces noms devenus synonymes du courage et de la peine des hommes, synonymes de la
grandeur que peut atteindre un peuple quand il croit en lui-même et à ses raisons d'être.
Comment imaginer que le sort du monde, en tout cas de l'Europe, s'est décidé sur un terrain aussi
étroit et aussi exigu ?
Rien ne peut rendre compte du calvaire vécu par les soldats de cette bataille-là, l'attente dans les
tranchées, les multitudes clouées au sol, puis arrachées à elles-mêmes, les vagues d'assaut vite
rompues, et dans le fracas des armes, la solitude, soudain, l'éternelle solitude de l'homme devant la
mort.
Verdun, c’est 300 jours et 300 nuits de combats ; c’est 2,5 millions de combattants français mobilisés,
venus de métropole, d’Outre-mer et des anciennes colonies.
C’est le sacrifice de plus de 700 000 soldats, français et allemands sur la terre meusienne.
Le courage des poilus de Verdun et des « Felgrau » allemands, dans le fracas des canons et le
crépitement des mitrailleuses n'était pas seulement né de la contrainte patriotique.
Le sacrifice a été largement consenti, comme un devoir civique qu'on estimait légitime et inévitable,
sans joie mais sans colère.
Ni fanatiques, ni simples marionnettes..les « mutins » eux-mêmes, justement réhabilités pour la
première fois par Lionel Jospin, puis Jacques Chirac, n’étaient ni des lâches, ni des déserteurs, ni des
objecteurs de conscience.
Ils refusaient de monter à l'assaut pour rien ; mais ils ne fuyaient pas le champ de bataille.
Et surtout, ces soldats sacrifiés pensaient se battre pour un idéal.
Verdun ne fût possible et la victoire en même temps, que parce que la France a su, une fois de plus, se
rassembler à l'heure du plus grand péril.
Est-il donc nécessaire qu'il n'y ait plus d'autre choix que celui-là, la patrie ou la mort ?
Alors que la patrie devrait toujours être porteuse des espérances de la vie.
Pourquoi la France ne se rassemble-t-elle pas davantage dans la démocratie ?
Cela implique de la part des citoyens, de tous les dirigeants, au-delà des divergences et des
oppositions légitimes, nécessaires, de respecter les diversités et les minorités, le droit à la différence,
de préférer toujours l'unité à la division, tout en recherchant, selon leurs convictions, ce qu'ils croient
utile aux intérêts généraux du pays.
Verdun, c’est une cicatrice dans l’Histoire de notre pays, le résumé sanglant de la Première Guerre
mondiale.
Verdun, c’est aussi une ville, victime de la guerre, ravagée par les bombardements, reconstruite dès
l’après-guerre grâce à la solidarité internationale.
Verdun, c’est enfin ce lieu où François Mitterrand et Helmut Kohl ont immortalisé la réconciliation
franco-allemande en une poignée de main en 1984.
C’est alors devenu ce lieu de réflexion sur la paix. Car la paix demande, elle aussi, du courage.
Songeons d'abord à Robert Schuman ; il redoutait toujours d'avoir tort tant il était scrupuleux et
pourtant, pour avoir avec Jean Monnet et d'autres illustres européens cru à l'Europe, c'est lui qui a eu
raison.
Point de salut pour nos peuples hors de l'Europe, obligation toujours de notre temps.
Nous n'avons pas le droit de laisser dépérir notre idéal européen ; nous n'en avons pas le droit !
La réconciliation franco-allemande est cependant devenue réalité, (vous pourrez voir ses différentes
étapes en images à l'hôtel de ville).
Elle demeure le pilier de l'Europe.
La Ville d’Annemasse a voulu prendre toute sa place dans ce devoir de mémoire.
C’est une responsabilité que nous assumons avec volontarisme.
Envers les centaines de milliers de combattants tombés sur nos champs de bataille.
Envers leurs familles, et leurs descendants, qui viennent se recueillir sur le lieu de leurs souffrances.
Hier pèlerin, aujourd’hui touriste de la mémoire.
Envers les jeunes générations, ici présentes et je les en remercie vivement.
La Ville d’Annemasse poursuivra ses actions en faveur du devoir de mémoire tout au long du
centenaire avec l'épilogue du 11 novembre 2018, pour les 100 ans de l’Armistice.
Se souvenir d'hier pour agir aujourd'hui.
Oui à Annemasse, le passé a de l'avenir.
Le souvenir de la Grande Guerre ne s’est jamais effacé.
Le monument aux Morts inauguré en 1926 en est la preuve.
Les hommes de 1914-18 continuent de nous parler, nous les entendons.
Ils nous parlent comme ces soldats allemands cantonnés dans une ville de Lorraine en 1916, qui
avaient laissé un message dans une bouteille avant de rejoindre le champ de bataille de Verdun.
Cette bouteille, ce message a été retrouvé 65 ans plus tard.
Sur cette feuille de papier, ils avaient écrit, pour que des inconnus un jour puissent les lire dans le futur,
ces mots simples.
Je les cite :
« L'avenir d'un monde meilleur ne pourra se retrouver que dans une Europe unie, entre des
peuples amis, dans laquelle se réalisera cette vérité divine que nous sommes tous frères ».
Soyons à la hauteur de cette histoire, de celles et ceux qui venus de France et du monde entier, et ont
payé de leur vie la défense de notre terre et de ses valeurs.
Vive la République !
Vive la France !
Seul le prononcé fait foi.

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