biografia colomer_fr

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BIOGRAPHIE
Jordi Colomer est né à Barcelone le 23 février 1962, peu après l’excommunication de Fidel Castro par Jean XXIII et peu avant
l’obscure disparition de Marilyn Monroe. Durant son enfance, une mystérieuse affection fébrile l’oblige à garder le lit une année
entière. Ces fièvres, que seules des piqûres d’adrénaline peuvent apaiser, reviendront de manière récurrente à chacun des
moments charnières de sa vie. L’attachement à cette substance explique certains des dangereux loisirs de l’adolescence de
Colomer, tels que des courses illégales de moto sur les routes du mont Tibidabo.
En 1977, Colomer vit l’effervescence de la Barcelone postfranquiste et participe aux fameuses « Jornadas libertarias »
dans le parc Güell. Dès 1980, il fréquente les cours de l’École d’art et design de Barcelone, institution indépendante
communément appelée « Bauhaus de Vallvidrera », du nom du quartier où elle était établie. Il y suit un séminaire consacré à la
« scénographie de la fête », et participe à la fondation du magazine Àrtics, tandis qu’il est de nouveau sujet à des crises de
fièvre hallucinatoire. Peu après, il s’inscrit à la faculté d’histoire de l’art, qu’il quitte pour celle d’architecture en 1983. Colomer
est alors déjà une figure bien connue des nuits du Teatro Maravillas et de l’Avenida del Paralelo, où on l’aperçoit souvent en
compagnie de la célèbre vedette Tania Doris.
Pendant cette période de formation, il met en pratique le principe des vases communicants entre sculpture, architecture,
performance, photographie et théâtre. Seule la pratique artistique paraît finalement répondre à la diversité de ses intérêts et,
en 1986, a lieu sa première exposition à l’Espai 10 de la Fondation Joan Mirò de Barcelone, sous le titre Prototips Ideals. En
1989, il voyage en Bulgarie et découvre les ultimes splendeurs des studios Boyana. En 1991, il s’installe à Paris où il vivra
désormais, par intermittence. Au cours de ces années, marquées par des découvertes déterminantes, ses recherches gravitent
autour des rapports problématiques entre photographie et échelle.
Dans son exposition de 1994 au Tinglado 2, à Tarragone, Jordi Colomer présente ses premières sculptures « portatives »,
hybrides entre la scène de théâtre et le fragment d’architecture. En 1994 et 1995, il étudie de manière exhaustive le cinéma
allemand de l’entre-deux-guerres et découvre à Munich l’œuvre filmographique de Karl Valentin qui, précipitant son utilisation
de la vidéo, laissera une trace importante dans son travail. Un peu plus tard, en 1997, il présente au MACBA sa première vidéo, Simo, bientôt suivie de Pianito (1999) et Les Jumelles (2000), chacune étant installée dans une salle de projection spécifique.
Parallèlement, Colomer collabore comme scénographe à des représentations de pièces de Beckett, Novarina, Ashley ou
Brossa.
Avec
Le Dortoir (2001) s’achève sa période de films de studio, et débute celle des œuvres-voyages : Père Coco (2002),
Anarchitekton (2002-2004), Arabian Stars (2006) parcourent la France, le Brésil, la Roumanie, le Japon et le Yémen. Après
avoir survécu à un accès de fièvre, occasionné par un moustique lunfardo, il réalise dans le désert de l’Atacama, au Chili, son
projet le plus récent, En la pampa (2008). Cette œuvre marque le début d’une étape nouvelle, dont seul l’avenir révélera la
forme. Pablo Siracusa, Paris 2008