La longévité et la valeur des conseils
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La longévité et la valeur des conseils
La longévité et la valeur des conseils – Document de travail 20 1 5 MIT 2 BIOGRAPHIE INTRODUCTION Joseph F. Coughlin Rocco Taglioni [email protected] [email protected] Joseph F. Coughlin, PhD est le Directeur fondateur du MIT AgeLab. Il enseigne au département d’études urbaines & planification au MIT et au programme de formation des cadres supérieurs de la Sloan School of Management. Il collabore régulièrement avec des entreprises dans le monde entier et des journaux tels que le Wall Street Journal MarketWatch, Bank Investment Consultant, Huffington Post Science ou encore la publication Disruptive Demographics que l’on retrouve ici : BigThink.com. Vous pouvez le suivre sur Twitter @josephcoughlin. Vice-président principal, distribution et marketing, assurance individuelle et gestion de patrimoine, Financière Sun Life À propos du MIT AgeLab Le Massachusetts Institute of Technology AgeLab (agelab.mit.edu) est un programme de recherche multidisciplinaire commandité par des entreprises, des gouvernements et des ONG du monde entier pour réfléchir à des moyens innovateurs de transformer la longévité en occasion de vivre mieux plus longtemps. Les gens vivent plus longtemps. De nombreuses statistiques produites à ce sujet sont étonnantes, comme celle qui montre les répercussions mondiales de la longévité. En effet, plus de la moitié des enfants nés depuis l’an 2000 au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Italie, au Japon et dans les autres pays avec une longue espérance de vie, célébreront leur 100e anniversaire1. Les effets de l’augmentation de la longévité auront des répercussions à tous les niveaux de la société et modifieront notre conception de l’éducation, de la carrière, du lieu où nous vivons et nos plans financiers. Les conseillers devront aussi répondre aux besoins de retraite de leurs clients pour une période de vie encore indéfinie passant de quelques années à plusieurs décennies. Dans le cadre du leadership éclairé de la Financière Sun Life, pendant plus de trois ans, je vous ai fait part de plusieurs aspects de la longévité et de ses effets sur les plans financiers et les plans de retraite des gens d’ici. De plus, sachant que les conseillers consomment une grande quantité d’informations à ce sujet, cela nous permet d’affirmer qu’il suscite un intérêt particulier. Le nouveau partenariat de la Financière Sun Life avec MIT AgeLab promet de générer des compléments d’informations pertinentes pour aider les conseillers à mieux répondre aux besoins de leurs clients. Leurs attentes entraîneront une demande croissante pour des services qui vont au-delà des produits d’assurance et de placement. Par exemple : • formation et perfectionnement professionnel pour une plus longue durée de vie; • revenu de retraite qui ne s’épuise pas de leur vivant; • futurs traitements et coûts d’une maladie chronique; • gestion des relations avec les enfants et les parents vieillissants. Pour enrichir les conversations et renforcer les relations avec les clients et leur famille, les conseillers auront besoin d’un autre modèle d’affaires. Le document de travail, L’évolution de la valeur des conseils financiers dans le cadre des nouvelles tâches liées à la longévité, de Joseph F. Coughlin, directeur fondateur du MIT AgeLab, peut vous aider à entrevoir l’impact d’une plus grande longévité et à améliorer la valeur de vos conseils. 1 The Lancet, vol. 375, no 9708, janvier 2010, p. 25. LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 3 L’évolution de la valeur des conseils financiers dans le cadre des nouvelles tâches liées à la longévité Joseph F. Coughlin Directeur fondateur du MIT AgeLab Le secteur des services financiers sera bouleversé. La technologie permet de multiplier les contacts avec les clients, mais elle crée aussi des occasions pour ces derniers de se passer de certains services offerts traditionnellement par les conseillers. Les baby-boomers et les générations X et Y sont plus instruits, plus technophiles et plus exigeants que les générations précédentes. Cependant, c’est l’augmentation de la longévité et la perspective de vivre mieux plus longtemps qui incitera les clients à exiger davantage de leurs conseillers. En effet, ces derniers voudront des conseils pour prévoir et faire face aux situations qu’ils pourraient affronter en vieillissant. La présente communication porte sur l’évolution du contexte du vieillissement et décrit un cadre axé sur la clientèle pour comprendre ce qui peut faire la valeur d’un conseiller aux yeux des clients des différentes générations. Elle présente trois propositions de valeur pour les conseillers : les conseils basés sur les opérations, les conseils basés sur la planification et les conseils basés sur la longévité. Depuis quelque temps, les salons funéraires constatent que leurs ventes ne sont plus ce qu’elles étaient. Cette activité d’environ 20 milliards de dollars est victime de ce qui est peut-être la plus grande réussite de l’humanité : une plus grande longévité. Sachant que dans ce monde, rien n’est certain à part la mort et les impôts, si l’allongement de la vie perturbe l’industrie funéraire, il y aura certainement des effets sur les autres secteurs d’activité, notamment sur les services et les conseils financiers. LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 4 Encaisser le dividende de la longévité De nos jours au Canada, l’espérance de vie est d’au moins 80 ans1, et les personnes de 60 à 65 ans constituent la tranche d’âge qui enregistre la plus forte croissance2. L’Organisation mondiale de la santé estime qu’une personne de 60 ans peut espérer vivre encore près de 20 ans en santé et sans handicap majeur. Les progrès de la médecine et de la technologie pourraient encore allonger ces années, nous procurant un dividende de longévité de près de 30 à 40 ans de plus qu’il y a un siècle. Les chercheurs pensent désormais que la moitié des enfants nés aujourd’hui dans le monde industrialisé vivront jusqu’à 100 ans et certains prédisent une longévité supérieure. Il est désormais raisonnable d’envisager une vie de centenaire comme la nouvelle norme, surtout pour les personnes qui ont accès à des aliments, de l’eau, un logement, une éducation et — évidemment — des soins de santé de qualité. Imaginez vivre 100 ans. L’ajout de plusieurs décennies à cette dernière période de la vie change la façon dont nous abordons les autres. Quand prend fin l’enfance et l’adolescence; quand commence la vie adulte; quand et combien de fois ferons-nous des études, combien de carrières (sans compter les emplois) aurons-nous; quand nous marierons-nous (et pour combien de temps) et quand prendronsnous notre retraite? Nous devrons réfléchir à la durée de notre retraite et ses conséquences. Que devrons-nous et voudrons-nous avoir durant cette période indéfinie de la vie dont la durée est en train de passer de quelques années à plusieurs décennies? Chaque heure, 45 Canadiens fêtent leur 68e anniversaire3. La génération X vieillit également, atteignant 50 ans cette année. Alors que la génération Y est encore jeune et nombreuse, les membres de la génération Z font déjà leur entrée sur le marché du travail. Il est possible de débattre des différences entre ces groupes, mais elles ont un point commun. En effet, toutes s’attendent à vivre mieux plus longtemps et l’allongement de la vie est un dividende à encaisser. Les progrès de la technologie, de la médecine et de la vie quotidienne les ont convaincu qu’elles disposeront d’un produit ou d’un service répondant à chacun de leurs besoins et ce, tout au long de leur vie. De plus, chaque génération s’attend à ce que la vie continue de s’allonger et de s’améliorer avec le temps. Statistique Canada. Tableau 102-0512 Statistique Canada. Tableau 051-0001 3 Statistique Canada. Tableau 051-0001 1 2 LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 5 Comprendre le nouveau contexte du vieillissement Si une plus grande longévité et une augmentation du nombre de personnes âgées étaient les seules réalités démographiques auxquelles doit faire face le secteur des services financiers, la réponse serait assez simple : il suffirait d’ajouter des produits et des services répondant aux besoins de ce marché en expansion. Cependant, les clients d’âge mûr actuels et futurs diffèrent des générations précédentes. En général, ils sont plus instruits, technophiles et vieillissent dans un contexte très différent de celui de leurs parents. Instruits et éclairés Les baby-boomers sont plus instruits que les générations précédentes. Le nombre d’adultes ayant fait des études supérieures a plus que doublé en vingt ans. L’instruction s’ajoute à l’accès universel à l’information et véhicule l’idée qu’il est toujours possible de prendre une décision optimale si on se donne la peine de chercher au bon endroit. D’Apple à Wal-Mart, les détaillants fournissent des outils à leurs clients (en magasin ou en ligne) pour qu’ils choisissent le bon produit. Le Genius Bar d’Apple est un lieu d’apprentissage offrant beaucoup plus qu’un service de réparation de téléphones. L’épicerie Whole Foods fournit des renseignements sur l’origine, les aspects environnementaux et la qualité de ses produits, en plus de conseils sur la façon de les préparer. Wal-Mart guide les consommateurs par son « Smart Shopper Network » au moyen d’écrans installés dans les allées des magasins. Même dans des domaines complexes comme le secteur médical, Statistiques Canada nous apprend que 60 % des baby-boomers utilisent Internet pour trouver des informations4. Désormais, les clients ne se contentent plus uniquement de personnes compétentes; ils veulent avoir plus de contrôle sur leurs choix, leurs comportements et les résultats qu’ils obtiennent dans toutes les sphères de leur vie. 4 Les activités en ligne des baby-boomers et des aînés canadiens. Statistique Canada, 2009. LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 6 Comprendre le nouveau contexte du vieillissement (suite) Maîtrise de la technologie Évolution de la dynamique familiale La haute technologie est souvent associée aux clients plus jeunes. Or, l’utilisation de la technologie dépend plus des études et du revenu que de l’âge. Les baby-boomers et les générations qui suivent se sont accoutumés aux téléphones intelligents, aux ordinateurs portables et aux téléviseurs à écran plats. Selon Ipsos Reid, 43 % des Canadiens de plus de 55 ans ont un profil sur les réseaux sociaux5. La technologie fait désormais partie de la vie quotidienne de chaque génération. De ce fait, les clients ne se demandent plus si une application ou un site Web existe pour les aider mais plutôt quelle sera la prochaine amélioration technologique qui rendra leur expérience plus conviviale et personnalisée. Traditionnellement, la famille procurait aux aînés le soutien physique et social nécessaire pour bien vieillir. Or, la famille a changé et beaucoup d’aînés font face à un avenir incertain. La fertilité a chuté de façon vertigineuse. Tandis que les parents des baby-boomers avaient en moyenne 3,9 enfants, les baby-boomers n’en ont eu que 1,9 et actuellement, 48 % des couples au Canada n’ont pas d’enfants contre 46 % en 20066. Par conséquent, il y a moins d’enfants pour prendre soin des parents vieillissants. Même ceux qui en ont ne sont pas certains qu’ils pourront rester près d’eux car les enfants sont encouragés à déménager pour poursuivre leur carrière professionnelle. On constate donc que même si les nouveaux clients âgés s’estiment ingénieux et technophiles, leur capacité à vivre mieux plus longtemps est limitée par l’évolution des réalités sociales et la montée de nouveaux défis démographiques. 5 Ipsos Reid, 2011. Familles comptant un couple selon la présence d’enfants dans les ménages privés. Statistique Canada, Recensement de 2011. 6 LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 7 Les tâches liées à la longévité L’éminent théoricien du marketing Theodore Levitt soutient que les consommateurs se procurent des biens et des services pour s’acquitter d’une « tâche » spécifique. Il cite l’exemple de la perceuse. Les consommateurs achètent-ils une perceuse pour en posséder une ou pour percer un trou dans un mur? L’objectif n’est pas de posséder une perceuse (ou n’importe quel bien ou service) mais d’accomplir une tâche. Plus un bien ou service s’acquitte de la tâche que lui confie le consommateur, plus il a de la valeur. Lorsqu’il répond intégralement aux besoins du consommateur, il possède une valeur maximale. La longévité et son contexte génèrent de nouvelles tâches à planifier, à financer, et à accomplir. Songez à quelques-uns des défis à relever pour vivre mieux plus longtemps : TRANSITIONS : La longévité fait évoluer le concept de la retraite. Selon Statistiques Canada, un Canadien de 65 ans peut espérer vivre en très bonne santé jusqu’à l’âge de 78,8 ans7. Le besoin de revenu, de socialisation ou de donner un sens à sa vie incite bien des gens à prolonger leur vie active, en conservant leur emploi, en changeant d’employeur, en travaillant à temps partiel ou même en changeant de carrière. Or, une transition professionnelle doit se planifier. Il faut tenir compte des conséquences financières de la transition, ainsi que des études, de la formation technologique et des autres exigences à respecter pour passer, par exemple, d’un poste d’ingénieur à un emploi de tuteur en mathématiques à l’école secondaire. 7 SANTÉ ET BIEN-ÊTRE : Le financement de la santé joue souvent un rôle clé dans la planification financière. Pour avoir une idée de ces montants, les dépenses moyennes sont souvent utilisées comme hypothèses de planification. Or, la réalité peut parfois être bien différente et réserver de mauvaises surprises. D’après Statistiques Canada, plus de 2,3 millions de gens souffrent d’asthme et 2 millions souffrent de diabète8. Chacune de ces maladies multipliera le coût des soins de santé avec l’âge. De plus, si ces maladies sont mal prises en charge, elles peuvent compromettre la carrière professionnelle qui reste la stratégie la plus courante pour se constituer de l’épargne retraite. Par ailleurs, le coût lié au maintien d’une bonne qualité de vie malgré plusieurs maladies dépasse largement les frais des soins de santé de base que les assureurs remboursent. Statistique Canada. Tableau 102-0122 Statistique Canada. Tableau 105-0501 8 LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 8 Les tâches liées à la longévité (suite) AIDANTS NATURELS : De plus en plus d’aînés comptent sur les aidants naturels pour leur qualité de vie. Plus de 8 millions de gens s’occupent d’un proche qui souffre d’une longue maladie, d’invalidité ou de vieillesse9. L’aide peut aller d’un simple coup de téléphone à un trajet occasionnel au magasin en passant par la surveillance de la prise des médicaments ou encore le paiement des factures. Typiquement, l’aidant naturel d’un aîné est son conjoint ou l’aînée de ses filles qui a entre 47 et 57 ans. Celle-ci doit relever le défi de gérer sa propre vie et celle de ses proches, ce qui exige de concilier vie professionnelle, personnelle (enfants et couple) et soins à un aîné. 9 MAINTIEN À DOMICILE : Il est rarement question de l’endroit où l’on vivra en vieillissant. Certains rêvent de soleil et de terrains de golf, mais peu déménagent dans les régions au climat plus doux. Même ceux qui envisagent d’opter pour une résidence plus petite doivent réfléchir au genre de maison qu’ils peuvent s’offrir et à l’endroit qui répondra le mieux à leurs besoins avec l’âge. Actuellement, la majorité des gens choisissent de vieillir dans la maison qu’ils habitaient à 50 ans et qui abrite tous les souvenirs de leur vie familiale. Pourtant, le fait de rester à la maison présente des défis. Comment maintenir son autonomie à domicile quand le corps devient plus fragile, que les enfants sont partis ou qu’on est seul? Le simple fait de changer une ampoule peut s’avérer fastidieux — voire périlleux. Comment des aînés qui ne peuvent plus aussi bien conduire qu’avant peuvent-ils se déplacer là où ils doivent ou veulent aller? Déjà difficile pour un couple âgé, l’entretien d’une maison est encore plus problématique pour une personne seule. Un quart des Canadiens de plus de 65 ans vit seul. Les femmes sont deux fois plus susceptibles de vivre seule – 31,5 % comparé à 16% des hommes10. Statistique Canada. Tableau 114-0001 La situation des personnes âgées dans les ménages. Statistique Canada, Recensement de 2011. 10 LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 9 Le nouveau paysage des conseils financiers T N UE DE S CO N SE IL S PO UR LE CL IE Conseils basés sur les solutions de longévité R AC CR Conseils basés sur la planification EU La figure 1 ci-dessous présente la valeur des services des conseillers sous forme de continuum défini par deux axes. L’axe des y illustre la qualité de la relation que le la relation est étroite avec le client (et son réseau familial/social) et plus la planification financière apporte des solutions concrètes aux enjeux de la longévité, plus grande sera la valeur de la relation. LA LONGÉVITÉ ET LE CONTINUUM DE LA VALEUR DES CONSEILS VA L Ainsi, les clients chercheront des solutions aux défis de la longévité et ses impacts. Cette « gestion de la longévité » est en train de modifier le paysage des conseils financiers en changeant la nature des services que les clients recherchent et pour lesquels ils sont prêts à payer un conseiller. conseiller entretient avec le client, son réseau social et familial. L’axe des x illustre la diversité des thèmes abordés avec le client dans le cadre de la planification et du financement de la longévité. Plus QUALITÉ DE LA RELATION Les services et les conseils financiers se basent traditionnellement sur les produits et sont axés sur une stratégie de placement fructueuse dans le but de procurer les ressources nécessaires à la retraite. Cette approche reste pertinente, mais la plus grande longévité et le nouveau contexte du vieillissement rendent cette proposition de valeur incomplète aux yeux des clients. Conseils basés sur les opérations Conseillerclient-conjoint-famille Accent sur les solutions de longévité Conseiller-client-conjoint Accent sur le plan financier Conseiller-client Accent sur les placements DIVERSITÉ DES DISCUSSIONS Source : Coughlin, MIT AgeLab Trois propositions de valeur ressortent pour le conseiller et peuvent se recouper selon le style de la société de conseils. Elles se caractérisent en fonction de l’orientation de la planification financière et de la relation avec les clients : solutions basées sur les opérations, la planification et les solutions de longévité. LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 10 Le nouveau paysage des conseils financiers (suite) VALEUR BASÉE SUR LES OPÉRATIONS Le conseiller axé sur les opérations procure des services plutôt traditionnels concentrés sur les placements et la sécurité financière. Habituellement, il a pour client un seul membre du ménage, p. ex., le mari. Les discussions sont centrées sur le « montant » nécessaire pour assurer une retraite à l’abri des soucis. Il est question de planification, mais celle-ci gravite autour d’hypothèses illustrant les besoins d’une famille moyenne de retraités, p. ex., dépenses de logement et de santé. La valeur de la relation conseiller/client repose sur la croissance des placements. Les interactions entre le conseiller et le client sont limitées et portent principalement sur les opérations effectuées pour atteindre un objectif quantifié. La proposition de valeur du conseiller axé sur les opérations, fondée sur la connaissance des produits et la croissance des placements est un élément central des conseils financiers. Cependant, une telle relation client/conseiller est fragile car elle dépend uniquement du bon résultat des produits de placement choisis. Étant donné le peu d’interaction et le contexte de la relation, le conseiller possède une connaissance très limitée de la famille du client, de sa dynamique décisionnelle et de sa santé. Par ailleurs, les applications technologiques qui permettent des opérations transparentes, la visibilité des placements et les calculateurs de coûts font en sorte que le conseiller axé sur les opérations est le plus susceptible d’être remplacé par des systèmes informatisés et des solutions qui permettent aux clients de gérer eux-mêmes leurs placements. Pour prendre un exemple dans le domaine de la santé, le médecin généraliste qui soigne uniquement les affections les plus bénignes, comme la grippe ou les allergies, se voit de plus en plus remplacé dans son rôle par des infirmières praticiennes en poste dans les pharmacies. Par contre, les médecins spécialistes ou ceux qui ont tissé des liens plus étroits avec leurs patients sont plus difficiles à remplacer. VALEUR BASÉE SUR LA PLANIFICATION Le conseiller axé sur la planification entretient avec son client une relation qui dépasse la stratégie de placement. Un effort concerté inclut le conjoint dans la démarche de planification. Les objectifs de placement quantifiés restent prioritaires, mais le conseiller étend la discussion à la planification des objectifs de vie, comme l’endroit où passer sa retraite. Par ailleurs, le conseiller est plus susceptible de vendre d’autres services financiers, comme l’assurance-vie, le financement des études universitaires et les prêts hypothécaires. Le conseiller renforce ses liens avec les clients au moyen de plateformes en ligne qui fournissent un complément d’information ou des outils de réflexion — sur des sujets comme la formulation d’un plan de retraite, la répartition de l’actif ou la planification fiscale et successorale — avec plus de détails possible durant les brèves rencontres en personne. Mais le conseiller axé sur la planification ne prodigue pas de conseils pour bien vivre plus longtemps : il n’aborde pas les décisions à prendre avec l’âge, les coûts de ces choix et leurs défis ou la façon de trouver les services fiables pour s’acquitter des tâches qui leur incomberont. LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 11 Le nouveau paysage des conseils financiers (suite) VALEUR BASÉE SUR LES SOLUTIONS DE LONGÉVITÉ Le conseiller axé sur les solutions de longévité est celui qui connaît le mieux ses clients et qui entretient la relation la plus étroite avec eux et leur famille. Sa proposition de valeur comporte également la plus vaste gamme de discussions et de solutions à base de produits. Par exemple, il invite toute la famille à des séminaires sur des thèmes touchant le contexte plus large de l’allongement de l’espérance de vie, p. ex., les études et le perfectionnement professionnel tout au long de la vie ou le traitement et le coût futurs des maladies chroniques. Il peut intégrer les enfants adultes à la relation et, s’il y a lieu, initier des discussions sur la façon dont le client et sa famille envisagent l’avenir, comme l’hébergement et le mode de vie à la retraite. Le conseiller aborde la santé et le bienêtre pour éclairer les clients, mais aussi pour amener des discussions susceptibles de révéler des problèmes qui auront des répercussions profondes sur le coût des soins de santé à un âge avancé comme un diagnostic de diabète. Les solutions de longévité dépassent les placements et la planification et se concentrent sur le revenu nécessaire pour combler des besoins précis plus tard dans la vie. De plus, le conseiller axé sur la longévité agit comme intermédiaire entre les clients et des services fiables pour accomplir les tâches liées à la longévité. Par exemple, le conseiller peut connaître des spécialistes du déménagement dans une maison plus petite ou dans une résidence pour aînés ou des entrepreneurs certifiés en maintien à domicile qui peuvent suggérer aux propriétaires les meilleurs aménagements à apporter à leur maison. Parmi les innovations, les produits qui associent un revenu de placement particulier à un fournisseur de services de marque réputée pour des tâches comme l’entretien ménager peuvent être particulièrement attrayants. Les conseillers axés sur les solutions de longévité abordent un vaste éventail de questions qui se posent tout au long de la vie et peuvent aider les clients à toutes les étapes de leur vie. Au lieu de s’occuper uniquement de l’avenir, ils leur sont utiles immédiatement, et leur contribution ne fait qu’augmenter avec le temps. Par exemple, un tel conseiller peut mettre en contact des enfants adultes dans la quarantaine avec des gestionnaires de soins gériatriques et des services de soins aux aînés pour leurs parents vieillissants, ou fournir des services de transition de carrière à des clients dans la cinquantaine qui veulent continuer de travailler, mais dans un domaine différent. Pour résumer, la valeur du conseiller axé sur la longévité vient du fait qu’en plus de la sécurité financière, il procure au client un portrait de ce que peut lui réserver l’avancée en âge, en précisant qui pourra l’aider et comment tout cela sera payé. LA LONGÉVITÉ ET LA VALEUR DES CONSEILS – DOCUMENT DE TRAVAIL 2015 12 Un nouveau modèle d’affaires adapté à la longévité pour les conseillers La longévité et la transformation du contexte social du vieillissement augmentent les besoins et les attentes des clients. Les placements, la gestion des avoirs et la compétence en planification resteront des éléments essentiels de la proposition de valeur de base des conseillers. Cependant, ces compétences ne constitueront qu’une petite partie de ce que les clients attendront de leurs conseillers. Pour élargir la conversation et renforcer la relation avec les clients et leur famille, il faudra un nouveau modèle d’affaires. On attendra du conseiller qu’il agisse non seulement en professionnel des services financiers, mais aussi un peu comme travailleur social, psychologue, entrepreneur domiciliaire ou conseiller en soins aux aînés. De plus, les clients de la nouvelle génération voudront des solutions, pas seulement MIT des conseils. Les conseillers doivent faire le saut vers la planification de la longévité, ce qui leur donnera l’occasion de nouer des relations à vie avec leurs clients. Ils aborderont une vaste gamme de sujets plus souvent et dans un cadre personnel. La prestation d’un service aussi apprécié sera rémunératrice. Pour appliquer ce nouveau modèle d’affaires avec succès, il faudra accorder plus d’importance à la création d’équipes multidisciplinaires. Au cours des prochaines années, les conseillers auront la possibilité de transformer la planification de la retraite en planification de la longévité. Ils deviendront le centre d’un écosystème dans lequel les clients pourront planifier, épargner, investir, et trouver des solutions pour vivre non seulement plus longtemps, mais aussi dans de meilleures conditions. Massachusetts Institute of Technology > AgeLab 77 Massachusetts Ave, E40-278, Cambridge, MA 02139 Téléphone : 617.253.0753 > télécopieur : 617.258.7570 > [email protected] > agelab.mit.edu La vie est plus radieuse sous le soleil La Sun Life du Canada, compagnie d’assurance-vie est membre du groupe Financière Sun Life. © Sun Life du Canada, compagnie d’assurance-vie, 2015. 820-4489-09-15