Rosés : un marché en pleine expansion

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Rosés : un marché en pleine expansion
10 juin 2013
Rosés : un marché en pleine expansion
Les 4èmes rencontres internationales du rosé se sont déroulées à Marseille les 23 et 24 avril 2013.
L’occasion pour les professionnels de la filière de se retrouver autour des trois mots-clés : marché,
science et éthique des vins rosés. Les deux premiers modules, consacrés à la demande et à l’offre,
sont synthétisés dans cet article.
Dans l’introduction au module consacré à la demande, Frederico Castellucci, directeur général de
l’OIV, est revenu sur la définition du vin rosé ou plus exactement sur l’absence de définition. Bien que
le terme rosé soit universel, les textes réglementaires, les documents officiels, certaines limites
réglementaires (SO2, acidité volatile, …) ne font état que des vins rouges et des vins blancs. Les rosés
sont dans certains cas « considérés » comme des vins blancs et dans d’autres comme des vins
rouges. La seule avancée sur ce plan provient des discussions autour du coupage des vins sans
AOP/IGP qui ont abouti à la fameuse maxime « couper n’est pas rosé ». Cette absence de définition
au plan international rend difficile le travail des économistes qui doivent travailler à partir de
plusieurs sources de données afin d’établir des statistiques de production, de consommation et de
flux internationaux. Michel Couderc, responsable Economie et études au conseil interprofessionnel
des vins de Provence, l’a rappelé au début de son intervention visant à donner les principaux
indicateurs du marché.
Des flux internationaux accrus
Dans une production mondiale de vins tranquilles de 265 millions d’hectolitres en 2011, les rosés en
représentent 24 millions soit 9% de la production mondiale. Leur production a augmentée de 1% en
2011 par rapport à la moyenne 2002-2005 due notamment aux progressions significatives des pays
du nouveau monde et de la France. La France est d’ailleurs le premier producteur mondial de vins
rosés et pèse 27% des volumes avec environ 6,5 millions d’hectolitres en 2011. Associée à l’Italie, aux
USA et à l’Espagne, ces quatre pays représentent 75% de la production mondiale en 2011. En
s’intéressant plus spécifiquement à la France, Michel Couderc montre que la production française a
augmenté de 29% entre 2002 et 2011 et que l’impact de la faible récolte 2012 a été contenu sur les
rosés (-13% contre -20% pour l’ensemble des vins). Cet élément montre une nouvelle fois
l’importance du marché du rosé. Côté consommation, dans un volume mondial de 244 millions
d’hectolitres en 2011, la consommation des vins rosés représente près de 10%. La France est le pays
le plus consommateur de vins rosés (34% de la consommation mondiale). La consommation, tout
comme la production mondiale, a augmenté entre 2001/2005 et 2011 de 15%. La croissance de la
consommation des vins rosés se fait dans les pays importateurs traditionnels et la France. Michel
Couderc a également livré deux autres éléments de réflexion sur ce marché en évolution : le rosé
représente environ 60% de la consommation de vins en Tunisie et Uruguay, 25% en France, etc.
Aujourd’hui, 1 bouteille de rosé sur 3 traverse une frontière avant d’être consommée contre
seulement 2 sur 10 en 2002 !
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10 juin 2013
Quelques clés de lectures des marchés chinois et américains
En Chine, la France est le premier importateur en volume et en valeur. Ses importations se
répartissent en volumes entre 80% de vins rouges, 19% de vins blancs et moins de 1% de rosés. Ces
volumes augmentent pour les blancs et les rouges mais sont stables pour les rosés. M. Chen de la
National Kaohsiung University of Hospitality and Tourism explique les freins à la consommation des
vins rosés de la part des chinois par plusieurs faits : le rouge est meilleur pour la santé, le rosé semble
dilué et donc de moindre qualité, il semble être un mélange de blanc et de rouge, le rouge porte
bonheur, une sangria est présentée comme rosé espagnol sur l’étiquette... Outre ces points, M. Chen
insiste sur les conditions de transport des vins de l’Europe vers la Chine : ils passent deux fois
l’équateur et sont donc soumis à des variations de température très importantes. D’après ses
travaux, les vins ayant voyagé en container frigorifique sont préférés. Après une traversée de l’océan
pacifique, Denis Lesgourgues de la société Baron François, importateur aux Etats-Unis, a ensuite
délivré quelques clés de lecture du marché américain. Les Etats-Unis représentent 14% de la
consommation mondiale de vins rosés ; elle est notamment concentrée en Californie, à New-York et
en Floride. La consommation de vins rosés augmente rapidement et représente actuellement 13%
des vins consommés. La génération 21-34 ans représente à elle seule 25% de la consommation des
rosés des USA. Si le consommateur américain de rosé devait être caricaturé, on pourrait dire qu’il est
plutôt jeune, urbain (grandes métropoles) et curieux. Il rechercherait des vins rosés fruités à la
couleur attrayante. M. Lesgourgues termine son état des lieux en précisant que la fraicheur des vins
proposés est primordiale ; les vins du millésime n-1 sont très difficiles à vendre. Dès avril, il est
nécessaire de proposer le dernier millésime à la vente !
Associer la couleur aux arômes
L’acte d’achat du consommateur et les faits déclencheurs restent la question primordiale. Muriel
Jacquot de l’école nationale supérieure d'agronomie et des industries alimentaires de Nancy s’est
notamment intéressée à l’influence que peut avoir la couleur dans le choix du produit. 85% des
consommateurs déclarent qu’elle influence leur achat. En effet, la couleur d’un produit nous
renseigne sur la comestibilité, son agréabilité, son goût. Ainsi, une étude coréenne a montré qu’il
semblait être possible de prédire le goût de chocolat à partir des couleurs. Muriel Jacquot et son
équipe se sont inspirées de ces travaux pour travailler et développer une méthodologie originale sur
le lien entre couleurs et odeurs. Ainsi, des consommateurs ont pu associer librement des couleurs à
des odeurs qui leur étaient soumises et ce dans différents pays. La base de données ainsi obtenue a
permis d’établir un réel lien entre couleur et arômes. Finalement, ces travaux ont abouti à la création
d’une start-up qui propose une aide au développement d’un packaging en synergie avec l’odeur du
produit.
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10 juin 2013
Les rosés s’éclaircissent…
Gilles Masson directeur du centre du rosé a présenté les résultats de l’étude de la collection de rosés
constituée grâce au concours des rosés du Monde. Il démontre que, sur leur échantillonnage, les
degrés, les teneurs en sucres et le pH moyens sont stables. Ces moyennes cachent cependant de
grande diversité en fonction des pays de 11,08 à 15,03 pour le TAV, de 2,8 à 13,6 g/L pour les sucres
et de 3,22 à 3,64 pour les pH. Le focus sur l’analyse de la couleur montre que globalement les vins
ont tendance s’éclaircir entre 2004 et 2012 ; les intensités colorantes passent de 0,80 à 0,51.
Les organisateurs des rencontres internationales du rosé ont également proposé une approche
sociologique de la consommation du rosé à travers les interventions de Stéphane Hugon du centre
d’étude de l’actuel et du quotidien et de Jacques Maby de l’université d’Avignon. Les présentations
de l’ensemble des modules sont consultables sur le site officiel. Consultez-les !
E. Besseas-InterLoire
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