accompagner la coopération

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accompagner la coopération
Postures et enjeux pour accompagner la
coopération d’acteurs
Restitution de la séance « Analyse de pratique » du 24 octobre 2013
La session de l’automne 2013 est consacrée à l’accompagnement à l’ancrage territorial de
l’ESS. Différents indices ont conduit à privilégier cette thématique : l’ancrage territorial fait
l’objet d’expérimentations, par exemple à travers l’émergence et le développement de
coopérations territoriales, comme les PTCE. Le développement de réseaux territoriaux de
l’ESS témoigne de l’enjeu d’une coordination et de questionnements quant à de possibles
évolutions des pratiques de gouvernance territoriale. La relation entre collectivités, Etat et
champ de l’ESS est particulièrement questionnée par les évolutions de l’actualité.
Une première séance en septembre était consacrée à une analyse des incidences de l’acte III
de la décentralisation et du projet de loi cadre sur l’ESS sur les projets et leur
accompagnement avec en invité d'honneur Michel Abhervé, professeur associé à la Filière
ESS de l’Université Paris Est Marne la Vallée et Anne Laure Federici du Réseau des
Territoires pour l’économie solidaire.
Cette séance d'analyse de pratique du 24 octobre dont le compte rendu est présenté ici
s'intéresse plus particulièrement aux développements de coopérations territoriales et
notamment des pôles territoriaux de coopération économiques.
Sommaire
• Introduction - Postures et enjeux pour accompagner la coopération d’acteurs
• La coopération territoriale et l’ESS
• Etudes de cas : identification d’enjeux d’accompagnement
des Pôles Territoriaux de Coopération Economique
Partenaires financeurs :
LES RÉCIPROQUES, C’EST QUOI ?
Plus de 400 organisations d’accompagnement soutiennent le développement des acteurs de
l’ESS sur le territoire francilien. La grande diversité des problématiques et les spécificités
économiques, juridiques, culturelles et sectorielles est difficile à appréhender par chacune de
ces organisations. Pourtant, l’accompagnement et le soutien des entreprises de l’ESS
nécessitent une lecture globale de cette complexité et une anticipation des évolutions. Pour
renforcer l’action des experts de l’accompagnement en ESS, pour les aider à mieux se
connaître et à travailler en complémentarité, l’Atelier proposait sur l’année 2013 un cycle de
formation et d’échange réparti en 2 séquences ( L'accompagnement à la qualité de l'emploi et
L'accompagnement à l'ancrage territorial). Ce document restitue la synthèse de la séance clef
de lecture de la deuxième séquence.
A propos de l’Atelier
L’Atelier, Centre de ressources de l’économie sociale et solidaire a pour objet de favoriser
le développement de l’économie sociale et solidaire sur le territoire francilien. Cette association
créée à l’initiative du Conseil régional d’Île-de-France, de la CRESS IDF et d’acteurs du
secteur conseille les futurs créateurs d’activités sociales et solidaires, appuie les collectivités
territoriales et sensibilise le grand-public.
Il porte notamment la mission de Centre Régional de Ressources et d’Animation (C2RA)
pour animer la chaîne de l’accompagnement. Le cycle « les réciproques » est proposé dans le
cadre de cette mission.
8-10, Impasse Boutron - 75010 Paris
Métro Gare de l’Est
www.atelier-idf.org
Le cycle est réalisé en partenariat avec L’Atelier Coopératif, coopérative de formation,
d’études et de conseils qui inscrit ses actions dans le soutien aux activités de l’économie
sociale et solidaire (ESS). www.latelier.coop
Réalisation novembre 2013
Partenaires financeurs :
Introduction - Postures et enjeux pour accompagner la
coopération d’acteurs
A partir de l’intervention de Sébastien Cornu, Atelier coopératif
La coopération d’acteurs est un principe d’action promu à tous les niveaux, au sein des
politiques publiques, comme dans les logiques de développement et de structuration des
territoires, et des acteurs eux-mêmes. Les objectifs de politiques de coopération territoriale
européenne en témoignent, avec des accents mis sur la compétitivité des territoires et des
logiques réparatrices qui interrogent la coopération entre acteurs de l’ESS : « Le rôle de
l'objectif de coopération territoriale européenne est de renforcer la compétitivité des régions,
réduire les effets négatifs des frontières, et de mettre en réseau les acteurs et les citoyens de
part et d'autre de la frontière. »
Cette dernière décennie, plusieurs politiques nationales ont été mises en œuvre en faveur de
la coopération économique territoriale, notamment à l’appui du concept des Systèmes
Productifs Locaux, qui recouvre l’ensemble des pôles de coopération, cluster et autres grappes
d’entreprises. Les « Pôles de compétitivité » des zones urbaines et les « Pôles d’excellence
rurale » se définissent comme des groupements ou réseaux de PME/TPE sur un territoire
délimité, sur la base d’activité industrielle et/ou de développement économique territorial,
associant acteurs publics et privés, centres de recherche et de formation. En parallèle, des
groupements et organisations d’acteurs expérimentent des logiques coopératives plus ou
moins ascendantes à visée de structuration, de changement d’échelle et développement local.
C’est le cas par exemple des Groupements de Coopération Sanitaire Social et MédicoSocial qui sont des outils d’organisation des services de santé coordonnant acteurs publics et
privés. Les Groupes Economiques Solidaires (GES) élaborés par le Coorace développent
des coopérations territoriales à l’appui d’acteurs de l’insertion par l’activité économique.
D’autres démarches et processus existent, dans des approches de filières ou transversales, à
l’exemple des Solima (Schéma d’orientation Musiques Actuelles) co-construits entre l’Etat, les
collectivités territoriales et les acteurs qui organisent les relations et activités des acteurs à
différentes échelles territoriales jugées pertinentes.
Les PTCE (Pôles Territoriaux de Coopération Economique - appellation issue des Etats
Généraux de l’ESS de 2011), sont des formes structurées et novatrices de coopérations et
mutualisations économiques dans les territoires. Forts de l’intérêt qu’ils suscitent, les PTCE
sont inscrits en 2013 dans le projet de loi ESS et font l’objet d’un appel à projet national
interministériel. Ils sont définis comme des « regroupements, sur un même territoire, des
entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui s’associent à d’autres entreprises, et le
cas échéant à des collectivités locales, des centres de recherche et des organismes de
formation. Ils ont pour vocation la mise en œuvre d'une stratégie commune et pérenne de
mutualisation au service de projets économiques socialement innovants et porteurs d’un
développement local durable. »
Regards d’accompagnateurs sur des caractéristiques des PTCE
La définition initiale repose sur l’existence d’une démarche partenariale d’acteurs, c’est-à-dire
que le modèle n’est pas descendant, sous la forme d’un dispositif ou modèle, par exemple,
impulsé par l’Etat.
Une des différences caractéristiques entre la définition du Labo de l’ESS et celle apportée par
l’Etat dans le cadre de l’appel à projets et du projet de loi ESS, est notamment la déclinaison
d’un rôle facultatif des collectivités (« le cas échéant »). Néanmoins, dans l’appel à projets,
l’existence d’un financement des collectivités apparaît être une des conditions importantes. Les
participants constatent également la disparition de la référence aux réseaux et au monde
associatif, ou encore le passage de la notion de « PME socialement responsable » à celle
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« d’entreprises ». Cette nuance pourrait s’expliquer par le souci pragmatique de l’instruction
sur la nécessité de vérifier ce caractère « socialement responsable ».
Un autre point de différence notable porte sur « la vocation à mettre en œuvre une stratégie »
qui renvoie à l’émergence et à l’amorçage et qui n’est pas reprise non plus dans la définition
de l’Etat.
La coopération territoriale et l’ESS
Coopérer et mutualiser sont des principes essentiels de l’Economie Sociale et Solidaire qui,
mis en exergue aujourd’hui, deviennent des impératifs de développement pour faire face aux
crises actuelles. Le territoire de proximité est le nouveau lieu de compromis entre
l’économique, le social et l’écologique pour un développement soutenable.
L’économie sociale et solidaire, rompue au développement des coopératives et de la
coopération au sein de l’entreprise, est face à ce nouvel enjeu de coopération entre les parties
prenantes d’un territoire. En d’autres termes, s’associer, coopérer et mutualiser entre
structures est un enjeu de développement local et un mode de régulation en complément des
régulations concurrentielle et administrative.
Distinguer différents niveaux de coopération
S’il est entendu que la coopération se base sur un socle de principes fondamentaux communs
aux différentes parties prenantes, différents niveaux d’engagements peuvent être distingués
suivant leurs dimensions opérationnelles, économiques ou stratégiques.
1. Opérationnelle, une volonté de faire ensemble, une action précise et circonscrite,
chacun pouvant servir ses objectifs propres, en mutualisant ponctuellement des
moyens,
2. Economique ou entrepreneuriale, des finalités et des objectifs économiques
communs qui donnent lieu à la l’élaboration d’outils et de moyens financiers
mutualisés (fonds, groupement d’employeurs, outils de gestion…).
3. Stratégique ou politique, un positionnement commun plus large, stratégique et
économique en rapport avec des constats et enjeux partagés sur le territoire. Les
parties prenantes mutualisent et mettent en synergie leurs moyens opérationnels
(personnels, financements, matériels…), stratégiques (structures, activités…) et
politiques (réseaux, gouvernance, partenariats…).
Regards d’accompagnateurs sur les différents niveaux de coopération
Faut-il partager un diagnostic de la situation pour faire coopération ? Quels sont les processus
pour faire accord ?
L’importance d’un partage d’éléments de diagnostic n’est pas soulignée dans le tableau.
Pourtant dans l’histoire, le constat est que la coopération (et l’économie sociale) est « fille de la
nécessité » (C. Gide). Le partage de constats communs est à cet égard un des éléments de
ciment potentiel de la coopération. Le tableau a surtout pour fonction de valoriser l’existence
de différents niveaux d’engagement en termes de coopération. Dans les faits, ces 3 niveaux ne
sont pas aussi cloisonnés. Il est rappelé que la coopération ne se décrète pas, elle se
construit.
Le niveau opérationnel est très « léger » en termes d’engagements, et interroge sa
différenciation avec la notion de partenariat. Mais la notion de partenariat est vaste. La
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construction de protocoles d’accords est un des moyens de nommer des constats comme
d’identifier les nécessaires questions à résoudre. Les processus pour y parvenir sont à
qualifier. Des participants rappellent la plus value de pratiques de concertation. La notion de
« diagnostic partagé » est questionnée. La réalisation d’un diagnostic n’est-il pas un élément
de rigidification de la coopération ? Est-il nécessaire d’être d’accord sur toutes les notions
fondamentales pour faire coopération ?
Le rôle de collectivités dans les dynamiques de PTCE
Le RTES réalise une étude sur le rôle de collectivités dans ces dynamiques. Cette étude vise à
outiller les élus et techniciens afin de contribuer au développement de politiques publiques de
soutien aux PTCE. Dans un contexte de recomposition des territoires et d’attention renouvelée
à l’économie sociale et solidaire, les hypothèses d’étude sont les suivantes :
- Le rôle des collectivités est fonction du territoire avec ses caractéristiques
(historique, sociodémographique, économique…), ses besoins (sociaux, économiques,
de développement local…) et son tissu d’acteurs (densité, nature, composition, tailles,
problématiques…).
- La coopération économique n’est pas naturelle, elle est fonction des postures et
pratiques des acteurs entre eux (non-concurrence, capacité d’évolution, partage de
valeurs, éthique) ; des postures et pratiques des collectivités en interne (transversalité),
entre elles (articulation des politiques et dispositifs), et dans leurs relations aux acteurs
(concertation, co-construction…) ; de l’existence d’un
leadership (individuel ou
collectif, élu ou de la société civile…) ; de la relation de confiance qui s’établit entre les
parties prenantes.
- La coopération s’accompagne. Elle nécessite une réflexion stratégique partagée et
du temps (appropriation, médiation, création de lien…), des compétences (animation),
du partage de valeurs, d’outils et de méthodes spécifiques de fonctionnement, et de
l’accompagnement collectif et individuel des membres.
Les premiers travaux ont permis d’identifier près de 50 initiatives sur l’ensemble du territoire,
dont 43 ont fait l’objet d’une analyse quantitative. : les trois quarts des PTCE sont sous statut
associatif, forme jugée la plus adaptée à l’émergence des projets par sa souplesse de mise en
œuvre. Quelques pôles existent sous forme de SCIC, SAS, UES ou encore portés par les
collectivités (EPCI). Les PTCE sont diversement répartis sur le territoire (urbain, périurbain ou
rural), mais avec de forts contrastes entre les régions. Les activités des Pôles sont fortement
axées sur le développement local (98%), le développement économique (80%), et la
production de services (71%).
L’étude confirme la très forte présence des collectivités, aux premiers rangs desquelles les
Régions (95%), et les intercommunalités (86%), à toutes les étapes des initiatives, mais plus
fortement à l’émergence et au développement des projets. Si leurs contributions sont multiples
et diverses, les moyens mobilisés restent limités (moyenne de 15k€ à 40k€ suivant les
collectivités) au regard de l’ambition et de la taille des projets.
Un des premiers enseignements de l’étude est de révéler la diversité des initiatives, dans leurs
histoire, leur forme, leur portage, leur composition, leurs ambitions... Il ne peut être réellement
fait de typologie. L’approche privilégie plutôt l’identification des freins et clés de réussite. Il y a
des caractéristiques comme le rôle d’un élu, d’un leader qui peut faciliter la mise en relation
d’acteurs très différents, ou encore des initiatives très citoyennes qui font masse, …Une des
limites méthodologiques est d’être pour la grande majorité des cas sur des initiatives récentes.
Il est possible de distinguer plusieurs approches qui caractérisent les Pôles :
- « Filière » qui vise la structuration d’activités autour de savoirs faires préexistant ou
émergents, tels que les métiers et industries du bois, du textile, de la laine, du
bâtiment, de l’énergie…
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-
« Services aux entreprises » axés sur le développent des moyens et des services
mutualisés et portés collectivement,
« Développement local », plutôt présent en milieu rural, qui s’attache à (re)créer des
liens et à revitaliser les territoires en développant des projets et services aux
populations,
« Culture » ou industries créatives qui placent la créativité comme levier de
développement local.
Regards d’accompagnateurs sur les auteurs et acteurs de PTCE
Sur la réalité de la nature des acteurs mobilisés, quasiment tous les PTCE repérés sont avec
des entreprises de l’économie classique, des artisans. Quelques uns sont adossés à un gros
groupe d’entreprises. La place des SIAE, de l’IAE est effective dans beaucoup de projets de
PTCE.
Interrogation est faite du « renouveau productif » : quelle forme prend-il dans les différentes
pratiques de PTCE ?, … L’IAE peut être mobilisée, par exemple, pour redéployer un métier.
Le rôle de l’Europe ? Beaucoup de PTCE ont fait appel à la mesure 423 du FSE. Les projets
les plus structurés ont fait appel à des financements plus lourds de type FEDER. Mais ce n’est
pas généralisé. Une des questions porte sur la capacité à mobiliser les financements FEDER
dans les nouveaux programmes opérationnels.
Existe-il une dynamique d’échange d’expériences entre les PTCE ? Les pôles témoins
conduisent un vrai travail d’échanges et de contribution à l’explication. Le processus de
capitalisation des pratiques est en cours, par exemple, avec un travail sur le référentiel
d’action. Ils sont nombreux à avoir fait l’objet d’accompagnement, il y a une demande, mais
celle-ci n’est pas encore fortement qualifiée
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Etudes de cas : identification d’enjeux d’accompagnement
des Pôles Territoriaux de Coopération Economique
Trois projets ont été présentés : Rue de la mode (filières textile et mode, Goutte d’Or, Paris
18e), Paris Mix (Culture, Paris 19e), Plaine de saveurs (Restauration, 93). Après une prise de
connaissance des projets, des groupes de travail se sont organisés pour approfondir les
enjeux de l’accompagnement sur 3 trois thématiques d’analyse : l’ancrage territorial, le rôle
des collectivités, les processus de coopération.
La structuration de la filière textile et mode design sur la
Goutte d’or
Présenté par Fabienne Goudeau, chargée de mission à la BGE PARIF,
missionnée sur l’accompagnement du projet.
Ce projet sur la filière textile se développe dans un contexte sectoriel marqué par la crise. Il
s’agit d’un projet émergent, malgré l’ancienneté de la démarche. Le projet de la Goutte d’Or
existe en effet depuis 2009, à travers des études conduites sur les pistes de développement
économique et d’emploi dans ce quartier politique de la ville.
Une étude diligentée par l’EDL de la Goutte d’Or (Equipe de Développement Local de la Mairie
de Paris) a conforté l’idée d’une piste pertinente sur cette filière, du fait de la présence de
différents acteurs sur le quartier, quel que soit leur statut et leur rôle. La Mairie a beaucoup
porté la mobilisation des acteurs économiques locaux jusqu’à passer le relais à la couveuse
de la BGE PARIF. Un groupe de travail s’est monté, à l’appui de la création d’une association
en juillet 2011. L’association compte 25 adhérents à ce jour (entrepreneurs affiliés à la maison
des artistes, SARL, personnes morales et physiques, sur différents métiers textile, mode et
design, …) mais mobilise plus largement. L’équipe de développement local se positionne
aujourd’hui principalement en soutien logistique.
Il a été difficile, au départ, de trouver une unité au groupe. La mobilisation était hétérogène :
comment agir au profit de couturiers africains dans la pratique informelle, tout autant qu’au
profit du distributeur de sac de luxe ? Le PTCE rencontre de fait un besoin de formalisation
d’activités sur la Goutte d’Or, par exemple en créant des parcours de professionnalisation.
L’existence d’une offre de produits et services très large, la présence d’un ensemble de
compétences, de savoir faire et d’un potentiel créatif, était un premier constat à partager.
Favoriser par la coopération le dépassement des difficultés économiques de chacun était une
idée à faire passer.
Le poste de chargé de mission en est la première mutualisation, autour de fonctions de
structuration et de mobilisation de financements. Dans l’idéal, il serait opportun de trouver des
moyens (locaux, machines) qui concernent différents acteurs économiques mobilisés. Certains
ont également des besoins prioritaires de visibilité.
L’identification de besoins de soutien
La mission actuelle, portée au sein de la BGE PARIF, est organisée autour des fonctions
d’expertise, d’animation, d’appui à la structuration. Au terme de trois ans, l’objectif est
d’internaliser le poste. Une des clés en est l’implication des adhérents.
Passer de la mobilisation à l’implication n’st pas un fait aisé, et doit se construire, en tenant
compte de l’existence de besoins très différents. Un des points faibles est de concevoir la
coopération comme une addition de besoins individuels. Des groupes thématiques sont
proposés pour progresser dans la coopération.
L’ancrage territorial est le point de force de ce PTCE. Il existe une vraie spécificité des
compétences présentes sur le territoire, d’une part et d’autre part, le projet de pôle comprend
la mobilisation d’autres acteurs apportant des compétences spécifiques (ex. formation). La
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mobilisation de ces compétences transversales est une des plus value du groupement. Il s’agit
d’ailleurs, pour travailler sur cet atout, d’élargir les pistes de travail réseaux et filière en
s’ouvrant à différents réseaux de partenaires. Il s’agit notamment de passer d’une logique de
politique de la ville à une logique de développement économique par un travail de valorisation
des professions comme des compétences professionnelles.
La relation aux collectivités est marquée par une forte présence de la ville de Paris. Plus
largement, l’acteur public est mobilisé sur ce projet, par exemple la DDCS. Ils sont en soutien
au fonctionnement de postes plus que sur une logique de projets car la période est encore
celle de l’émergence. Le passage de témoins entre la ville et les acteurs privés n’est pas
pleinement opéré. Les rôles ne sont pas bien définis, ce qui peut être un frein. Il y a un enjeu
de clarifier qui fait quoi.
Le Mode de gouvernance est en soi un objet de travail actuel. Des réunions ont lieu mobilisant
les acteurs publics et privés. Elles commencent à être des espaces de décision. Pour autant,
ce n’est pas encore une structuration de la chaine des pouvoir et de la représentativité. Pour y
parvenir, il est nécessaire de travailler la clarification de la relation à la collectivité et l’adhésion,
au sens de l’implication, des acteurs privés. Celle-ci se travaille notamment à travers la mise
en œuvre d’actions concrètes, comme la valorisation des activités par la communication.
Paris Mix
Ce projet est à l’initiative d’un élu (Christian Sautter) et d’un entrepreneur (Mondo Mix),
conjointement mobilisés sur un enjeu d’accompagnement de la filière des Musiques du Monde,
dans un contexte d’évolution sectoriel lié au développement du Numérique. Un SPL a été crée
au départ, avec 17 acteurs des Musiques du Monde. Il a pris une forme associative, sur l’objet
de développer économiquement la filière, touchée par le développement du numérique, et
s’est installé dans des locaux situés au Nord de l’avenue des Poissonniers. La Ville de Paris
(DPVI) et la direction Economie Emploi Enseignement (Conseil Régional) ont souhaité soutenir
Paris Mix.
Le Pôle compte aujourd’hui 40 adhérents (associations, TPE, PME) majoritairement de la
filière de la Musique. 25% sont des Start Up qui innovent dans le son et la vidéo ; Harmonia
Mundi est également partie prenante. Les membres ont des chiffres d’affaire de 60 K€ à 2
milliards. Une des forces de Paris Mix, dont les activités sont orientées sur le tryptique
Musique, Innovation, Diversité réside dans l’entraide entre petits et gros acteurs, sur une
logique centrale de mutualisation d’outils.
Ses actions se sont développées autour des besoins suivants :
- L’enjeu de visibilité web (valorisation des artistes) a conduit à créer un groupement
d’employeurs pour une mutualisation de poste ciblée sur les métiers du numérique et
du web. 15 adhérents de la grappe utilisent ce groupement. Une coordinatrice est en
cours de recrutement ;
- La mutualisation d’outils techniques, comme la Mix Box, plateau technique équipé en
vidéo. Le parti pris est de baisser les coûts de production en mutualisant cette espace.
Cet outil se veut accessible à différents acteurs de la filière, au-delà des membres.
- Le besoin de lieu et de dynamique de travail a conduit à la genèse d’un espace de co
working ciblant notamment d’intermittents et auto entrepreneurs.
Le Pôle développe donc des collaborations avec divers acteurs, y compris de l’emploi et de
l’insertion. Ainsi, un projet de chantier école pour les jeunes du quartier a vu le jour au sein de
la grappe, pour accompagner l’accès à la formation qualifiante voire à l’emploi direct de ces
jeunes, en partenariat avec Réseau 2000 sur les métiers du web et du numérique.
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L’économie du projet repose sur l’exploitation de la Mix Box (37% de ressources) en
progression depuis 4 ans. Un complément nécessaire provient du soutien public (Mairie DPVI, DES - région IDF et ACSE (chantier Ecole, groupe de travail filière).
L’identification de besoins de soutien
Cette initiative a un caractère très construit. La problématique actuelle importante est celle
du modèle économique. La perspective d’une fusion avec la MILA, label de musique
indépendant, est envisagée, avec la suggestion des collectivités. Une question majeure
est comment opérer cette fusion alors que le modèle économique n’est pas stabilisé ?
Comment la collectivité locale va-t’elle s’engager au regard de cette perspective ? Un
partenariat se développe actuellement avec la MSSH pour conduire une évaluation de
Paris Mix sur trois ans.
L’ancrage territorial est effectif. Le travail sur le chantier école a eu un impact positif à cet
égard, sur les jeunes du territoire. Cette action contribue à apaiser les relations avec le
territoire.
La relation aux collectivités est encore marquée par un certain flou. Elles ont joué un rôle
de facilitation et d’impulsion, mais ce rôle rencontre des limites.
La gouvernance est acquise, puisque c’est bien du Conseil d’administration de Paris Mix
que les projets émanent. C’est un vrai atout, car les adhérents s’engagent au regard du
fonctionnement et sont capables de solidarité entre eux. A cet égard, le travail de
mutualisation a permis de lever des craintes par rapport à la plus value que représente le
croisement de compétences. Néanmoins le montant des adhésions, symbolique, ne
favorise pas la consolidation du modèle économique. La complémentarité, le dépassement
des positionnements individuels est également toujours un aspect à travailler.
Regards d’accompagnateurs sur ces deux projets parisiens
Le constat partagé est que le contexte de ces deux projets est celui de projets fragiles, en
cours de constitution, à qui il est demandé de contribuer à la requalification du territoire.
Le DLA peut-il se contribuer à l’accompagnement de ce type de projets ? D’après
témoignages, le DLA se situe aujourd’hui en amont de l’émergence de ce type de
coopération, y compris dans la relation à la collectivité. De plus en plus de projets de
mutualisation, requérant un travail sur les dimensions stratégique et juridique, se
développent mais ils sont plus ciblés que des projets de coopération territoriale. Il est
arrivé qu’un plan d’accompagnement s’oriente vers ce type de projets et qu’il fasse l’objet
de la mobilisation d’un financement spécifique de la collectivité. Celui-ci est nécessaire car
les volumes jours d’un accompagnement DLA sont étroits au regard des besoins d’un
projet de coopération.
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Plaine de saveurs
Mohammed Gnabaly est directeur de
animateur du collectif Plaine de saveurs.
l’association
NOVAEDIA et
Le Collectif Plaine de saveurs regroupe 6 structures, associations comme entreprises du
territoire de la Communauté d’agglomération de Plaine Commune, autour des métiers de
bouche. Une association a été créée en juin 2013. Ce collectif est le résultat de la volonté de
la Communauté d’agglomération de donner suite à un diagnostic sur des porteurs de projet du
secteur restauration. Des problèmes d’investissement, ou liés à leur bagage entrepreneurial,
limitaient leur capacité de développement.
C’est en 2011 que Plaine Commune lance une commande et favorise la réponse groupée
d’acteurs locaux. Travailler ensemble est un apprentissage : il a fallu déterminer des règles
communes. La mise en place d’un laboratoire culinaire équipé (locaux adaptés) puis d’un
incubateur culinaire (qualification des ressources humaines) permet de répondre aux différents
besoins.
Un des points de débat interne a été de savoir si les structures gardaient une identité
spécifique. Un gros travail de fond, d’une durée d’un an, a été nécessaire sur les
positionnements des structures. Novaedia a « ajusté ses activités » pour que la coopération
soit la plus poussée possible. Ce choix opéré, il s’est agi de travailler sur les
complémentarités.
Aujourd’hui, Plaine de saveurs est en capacité de développer un service traiteur multi culturel
qui combine le recours aux circuits courts et la dimension insertion. Novaedia assure la
logistique du collectif et sa gestion administrative et compte 10 salariés. C’est la
complémentarité de portage entre Novaedia et la Communauté d’agglomération qui a favorisé
le développement du collectif, Novaedia œuvrant à la mise en place de l’offre collective, la
Communauté d’agglomération travaillant sur le projet d’incubateur culinaire. La MIEL, l’ADEL
ont accompagné le projet. Aujourd’hui Novaedia anime l’ensemble, à l’appui d’un soutien
public à hauteur de 70% du chiffre d’affaires. Les emplois crées reposent sur l’usage de
contrats aidés. L’évolution pourrait transiter par un projet de transformation en coopérative
(SCIC), sous couvert de pouvoir maintenir l’activité d’insertion. Le collectif Plaine de Saveurs
est intégré au projet PHARES qui a répondu sur l’appel à projets PTCE national.
L’identification de besoins de soutien
Une des spécificités de ce projet de coopération est qu’il est coordonné par un de ses
membres actifs. Une problématique importante réside dans le passage de cap entre un rôle
actif assumé par la collectivité et l’autonomisation de la coopération entre acteurs
économiques.
Parmi les points clés qu’il s’agit de relever, il faut souligner :
Le rôle d’impulsion de la collectivité locale. La volonté de Plaine commune a été de
permettre aux acteurs économiques de coconstruire leurs propres solutions. Son effet levier a
reposé sur différentes fonctions, celle de l’incitation à la réponse groupée, la mise à disposition
de son carnet d’adresses, … son action est apparentée à l’image d’un neutron vis-à-vis des
protons. Elle a favorisé leur organisation et leur complémentarité.
L’importance d’avoir conduit un vrai travail sur les positionnements individuels de
chaque membre du groupement : il s’est agi que chacun accepte de ne pas tout faire
ensemble dans le collectif. C’est le travail sur l’identité spécifique de chacun qui a finalement
permis de travailler sur les complémentarités.
Un autre point clé a été de travailler sur une logique de compétences. C’est elle qui a
conduit à affirmer une logique de solidarité entre les membres du groupement, y compris au
profit des plus précaires : ils représentent une compétence que personne ne voulait perdre.
Un des enjeux actuels reste l’autonomisation du modèle économique.
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