Dzemal Bijedic, mort il y a 36 ans, ou la courte histoire de

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Dzemal Bijedic, mort il y a 36 ans, ou la courte histoire de
Dzemal Bijedic, mort il y a 36 ans, ou la courte histoire de la malédiction des leaders politiques bosniaqu
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Dzemal Bijedic, mort il y a 36
ans, ou la courte histoire de la
malédiction des leaders
politiques bosniaques
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Date de mise en ligne : samedi 19 janvier 2013
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Dzemal Bijedic, mort il y a 36 ans, ou la courte histoire de la malédiction des leaders politiques bosniaqu
Trente six ans après sa mort tragique dans un accident d'avion, les Bosniaques se
souviennent toujours avec émotion de ce grand homme, patriote, anti-fascistes, homme d'Etat
: Dzemaludic Bijedic, une personnalité unique dans la région.
Né à Mostar en 1917, Dzemal Bijedic était un haut fonctionnaire d'Etat de l'ex République fédérale de
Bosnie-Herzégovine. Ami proche du président Tito, il a été trois fois Premier ministre de l'ex-Yougoslavie, ce qui dit
long de ses capacités et de sa réputation en Yougoslavie. Toutefois, si en Bosnie-Herzégovine sa mémoire est
encore si vive, c'est que l'homme a apporté une immense contribution à la question nationale des Musulmans en
Yougoslavie, le troisième peuple de Yougoslavie, après les Serbes et les Croates.
''A cause de son insistance qu'on donne aux Musulmans de Yougoslavie et aux Bosniaques un statut de peuple,
beaucoup de gens lui en voulaient et le critiquaient surtout au sein de l'Armée Nationale Yougoslave (JNA). ",
explique son neveu Bahrudin Bijedic, ancien consul général de la Yougoslavie, dans une interview accordée à
l'agence turque Anatolija.
En évoquant la mort tragique de son célèbre cousin, Bahrudin Bijedic ne cache pas ses soupçons que Dzemal
Bijedic était tué, ce jour là, le 18 janvier 1977, avec son épouse Razija et six membres d'équipage, lorsque son
avion, volant de Belgrade vers Sarajevo, s'est écrasé sur une colline de la montagne Lisin, au dessus de la petite
ville de Kresevo.
Le mystère sur cet accident n'a jamais été résolu, mais selon Bahrudin Bijedic, le thèse de l'accident est
sérieusement compromis lorsqu'on sait que l'ancien chef de la technologie à la base de l'Armée nationale
yougoslave (JNA), le premier arrivé sur les lieux de l'accident, avait constaté que l'altimètre était réglé pour afficher la
hauteur supérieure de 20 mètres de plus qu'il ne faut.
''Le meurtre de Dzemal a été commandité par l'armée yougoslave, parce qu'il était héritier naturel de la fonction de
Tito. Il était l'homme d'Etat yougoslave le plus respecté sur la scène internationale. Il avait fait trois mandats en tant
que Premier ministre de Yougoslavie, Tito l'a beaucoup aimé et respecté. C'est essentiellement pour cela qu'il a été
tué mais aussi pour d'autres raisons. Dzemal a été un grand Yougoslave mais un grand Bosnien aussi, c'est grâce à
lui que les Musulmans de Yougoslavie étaient reconnus en tant que peuple et traités en toute égalité avec les autres
peuples yougoslaves", souligne Bahrudin Bijedi qui n'exclue pas la possibilité que Dzemal Bijedic a été victime des
forces qui rêvaient de la Grande Serbie.
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La dernière fois que Bahrudin Bijedic a vu son oncle Dzemal, ce fut trois mois avant la mort de celui-ci, le 23 octobre
1977, dans un chalet à Trnovo, près de Sarajevo.
"Il m'a dit à l'oreille : ''Mon petit Bahro, je sais trop de choses, ils vont me tuer". Il a dit que Tito était isolé, que tout
était filtré par son épouse Jovanka. Il m'a parlé de la JNA. Sans doute, il pressentait sa mort. Je n'ai pas su lui poser
les bonnes questions qui permettraient de clarifier ses propos car nous n'étions pas seuls au chalet. J'ai été
consterné par ses affirmations".
Depuis 1939, plusieurs morts mystérieuses des chefs bosniaques
Toutefois, Dzemal Bijedic n'est pas le seul représentant des Bosniaques qui a péri dans les circonstances obscures
au cours du 20e siècle. Le 29 juin 1939, Mehmed Spaho, chef de l'Organisation musulmane yougoslave (JMO) et
premier Bosniaque entré dans le gouvernement du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, meurt également
dans les circonstances mystérieuses.
Selon les témoignages, Mehmed Spaho s'était rendu en train à Belgrade. A l'hôtel "Srpski kralj" où il était descendu,
il avait commandé un café. Une seconde après l'avoir bu, il était mort. Son décès était présenté d'abord comme étant
naturel mais plus tard on évoquait qu'il était probablement empoisonné car on lui reprochait son opposition à la
division de la Bosnie-Herzégovine qui avait été préparé au cours des négociations entre Dragisa Cvetkovic et Vlatko
Macek...
Après la mort de Dzemal Bijedic en 1977, Hamdija Pozderac est le homme politique bosniaque le plus en vue dans
les années 80. Mais en 1988, lui aussi meurt comme les autres, subitement et mystérieusement. Peu avant sa mort,
l'affaire Agrokomerc avait détruit sa carrière politique, puis en avril 1988, l'homme meurt subitement, dans un hôpital
de Sarajevo.
La série noire des disparitions des dirigeants bosniaques ne s'est pas arrêtée après l'indépendance de
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Bosnie-Herzégovine proclamée en 1992. La dernière mort inexpliquée date du 28 mai 1995 lorsque le ministre
bosnien des Affaires Etrangères, Irfan Ljubjankic périt dans un crach d'hélicoptère près de Slunj en Croatie, avec six
autres passagers. L'accident n'a jamais été totalement élucidé.
Avant, le 8 janvier 1993, près de l'aéroport de Sarajevo, Hakija Turajlic, le vice Premier ministre de la République de
Bosnie-Herzégovine est froidement tué par les forces serbes. Turajlic était pourtant transporté au bord d'un véhicule
de la FORPRONU et sa sécurité, en tant que haut fonctionnaire d'Etat, devait être assuré par les soldats de paix.
Mais lorsque les Serbes arrêtent le véhicule sur le check-point "Sierra 4", les soldats français se décident
curieusement d'ouvrir les portes de leur véhicule blindé. Personne n'a jamais été tenu responsable de ce meurtre.
BH Info avec Anadolija
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