la dépendance sexuelle et affective - Groupe PS

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la dépendance sexuelle et affective - Groupe PS
LA DÉPENDANCE SEXUELLE ET AFFECTIVE
Question orale - 11/10/2011 - Sophie Pecriaux - Parlement de Wallonie - Aide aux
personnes
Destinataire
Eliane Tillieux, Ministre de la Santé, de l'Egalité des chances et de l'Action sociale
Monsieur le Président, Madame la Ministre, chers collègues, la dépendance
sexuelle a été mise en évidence dans les années 1970 aux Etats-Unis où il avait été
remarqué que des patients atteints d'alcoolisme développaient aussi une sexualité
addictive. La dépendance affective ou sexuelle est une maladie évolutive qu'on ne
peut éliminer, mais dont on peut, comme c'est le cas pour beaucoup de maladies,
arrêter l'évolution. ... ElIe peut prendre plusieurs formes, y compris un besoin
compulsif de sexe, une dépendance exagérée par rapport à une ou plusieurs
personnes et/ou une préoccupation permanente pour le romanesque, les aventures
sentimentales ou le fantasme. Elle se manifeste par un comportement obsessionnel
ou compulsif, soit sexuel, soit émotionnel ou les deux -, dans lequel les relations ou
l'activité sexuelle sont devenues de plus en plus destructives pour le travail, la
famille et le respect de soi, la santé également. La dépendance sexuelle et affective
a des conséquences qui ne cessent de s'aggraver si elle reste incontrôlée. Les
addictions dont nous débattons souvent au sein de notre commission sont celles qui
poussent à consommer des substances dangereuses. Ici on parle d'un besoin
physique d'assouvir une pulsion sexuelle qu'on ne contrôle pas. Le cybersexe,
apparu au cours des années 1990, a beaucoup participé à augmenter les «
sex-addicts » qui sont paralysés des heures face à leurs ordinateurs. L'apparition de
la pornographie gratuite a multiplié le nombre d'accros au sexe. On peut supposer
que comme dans beaucoup d'autres assuétudes la cause principale est l'affectif.
Contrairement à l'alcoolisme ou la toxicomanie, la suppression du comportement
n'est pas envisageable. Pour les addictions sexuelles, seul le caractère compulsif
doit disparaître pour laisser la place à une sexualité épanouie et satisfaisante.
Comment y parvenir ? En l'absence de traitement, faut-il craindre une escalade ?
Les associations d'aide aux addicts sexuels se font sur le modèle américain des
alcooliques anonymes que l'on a adapté à différentes addictions et notamment aux
addictions sexuelles. Un programme en douze étapes propose un sevrage avec une
postcure à visée psychothérapeutique. Les psychothérapies individuelles de soutien
demeurent un atout parallèle essentiel à toute autre forme de traitement puisqu'elles
permettent non seulement à long terme, de mettre fin au comportement addictif,
mais avant tout de comprendre où et pourquoi et quelles sont les origines de cette
souffrance. Les dépendants affectifs et sexuels anonymes sont une fraternité
d'hommes et de femmes pratiquant les 12 étapes de rétablissement et les 12
traditions selon le modèle suggéré par les alcooliques anonymes. Pour être membre
LA DÉPENDANCE SEXUELLE ET AFFECTIVE
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de DASA il suffit d'avoir le désir de mettre fin à ses comportements de dépendance
affective ou sexuelle. L'accès aux réunions est libre et gratuit. Il n'y a pas de
cotisation à payer pour l'inscription. Une cellule DASA existe à Bruxelles, à la
Chaussée de Haecht. J'ai connaissance d'une autre association « sexoliques
anonymes » dont je n'ai pas trouvé le lieu d'implantation, mais qui est construite sur
le même modèle que DASA et qui poursuit les mêmes objectifs. Madame la
Ministre, avez-vous connaissance de ces deux associations ? Si oui,
obtiennent-elles des subsides ? Cette dépendance qui a été mise en lumière
récemment est-elle traitée dans les associations subsidiées par votre administration
? Quelles solutions envisagez-vous pour ce genre d'addiction ?
Réponse
Je remercie Mme la Députée d'apporter sur notre table des réflexions que nous
n'avons pas l'habitude d'aborder. Comme vous le soulignez, l'addiction au sexe est
un besoin physique d'assouvir une pulsion sexuelle qu'on ne contrôle pas. La
personne se trouve alors dans un état de tension, que seul le passage à l'acte
permet d'assouvir. Comme pour les assuétudes avec les produits, l'addiction au
sexe et l'excès peuvent nuire à la personne, et ce, tant dans sa sphère psychique
que sociale, on l'imagine aisément. L'excès de sexualité peut s'accompagner de
difficultés majeures, de repli sur soi, de perte de son emploi, des repères sociaux et
cette addiction se distingue de certaines dépendances comme par exemple le sport
ou le travail, qui sont davantage valorisées que d'autres alcool, drogue, sexe -, sans
compter le tabou qui demeure autour de la question de la sexualité. Néanmoins, et
comme pour toutes les assuétudes, il est parfois nécessaire de faire appel à des
dispositifs d'aide et de soutien. Il semble communément admis que l'aide en matière
de dépendance sexuelle est essentiellement d'ordre psychothérapique. Là, j'en
reviens à la question de la santé mentale et l'existence sur le territoire wallon de 64
services de santé mentale qui constituent un dispositif non négligeable. Les «
sexohlics anonymes » notamment se basent en effet sur la rééducation
comportementale. Les initiatives auxquelles vous faites référence ne font pas l'objet
d'un financement, en tout cas au travers de mon cabinet. Je pense que des projets à
visée préventive ont toute leur importance. Comme vous le savez, la Wallonie se
centre sur le traitement. À ce titre, la région dispose de structures de soins
davantage adaptées aux auteurs d'infraction à caractère sexuels (AICS). Un accord
de coopération entre l'Etat fédéral et la Région wallonne concernant la guidance et
le traitement des AICS a été signé en 1998. Cet accord permet une étroite
collaboration entre la Région wallonne et l'unité de psychopathologie légale qui a
pour mission de soutenir les thérapeutes et le système de soins dans le traitement
des délinquants, particulièrement les délinquants sexuels. Mme Pécriaux Merci,
Madame la Ministre pour votre réponse. Je n'aurai pas l'occasion de participer à
votre journée « pirouette sous la couette », mais je me demandais si justement le
sujet ne pourrait pas éventuellement être abordé vous avez pris l'initiative avec votre
collègue MmeLaanan et votre collègue bruxellois en mettant en place des tables
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rondes sur différents types d'addiction. Sur base de ce qui a été relaté, tant dans la
question que dans la réponse détaillée que vous m'avez fournie, il serait utile et
nécessaire de pouvoir un jour envisager des tables rondes qui pourraient traiter du
sujet. En parler, c'est certainement mieux que d'occulter ce genre de domaine.
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