d`ici et d`ailleurs

Transcription

d`ici et d`ailleurs
LITTÉRATURE
Clameur(s) à Dijon
Jacques Lacarrière photographié
en 1997 pour Bourgogne Magazine
à Sacy (Yonne) où il a passé la
deuxième moitié de sa vie et écrit
de nombreux livres. Le village est
d’ailleurs longuement cité dans son
ouvrage Chemin faisant.
D’ICI ET
D’AILLEURS
Si l’écrivain voyageur Jacques Lacarrière, Bourguignon de cœur attaché au
village de Sacy (Yonne), nous a quittés en 2005, ses récits vivent toujours
à travers la voix de sa compagne Sylvia Lipa-Lacarrière et quelques notes
de musique. Tout naturellement, la pensée de ce « citoyen du monde »
tiendra une place de choix dans les 4ème rencontres littéraires dijonnaises
dédiées aux migrations.
Par Nadège Hubert – Photo : Jean-Luc Petit
L
’étranger et la Grèce en particulier ont
captivé Jacques Lacarrière et son épouse
Sylvia. C’est d’ailleurs la Grèce qui a conduit
ces deux amoureux de voyage et d’écriture à
se rencontrer comme elle le raconte :
« C’était l’époque du coup d’Etat des colonels
en Grèce (ndlr : 1967). J’avais passé du temps
là-bas et on m’avait demandé d’aller chez Jacques car il fallait
passer par lui pour transmettre des informations. J’y suis allé et
je ne suis jamais repartie. » Un rêve devenu réalité pour cette
comédienne qui a volontiers délaissé sa carrière pour vivre
une nouvelle aventure à deux. « Je voulais rencontrer un
écrivain et j’ai eu la chance de vivre avec cet homme qui aimait la
vie et la poésie. »
Sylvia Lipa-Lacarrière
en train lire des textes
de son époux Jacques
sur scène, accompagnée
par des musiciens grecs.
Deux globetrotteurs bohêmes
Pendant 35 ans, Sylvia a suivi Jacques Lacarrière dans une vie
où le personnel et le professionnel ne faisaient qu’un. Quand lui
écrivait dans son grenier, elle faisait vivre leur maison, toujours
ouverte aux amis. Elle y construisait aussi les spectacles où
l’œuvre de son compagnon était mise en lumière par sa voix.
« Avec Jacques, nous aimions lire ensemble. La lecture offre une
émotion instantanée avec le public que l’écriture n’apporte pas.
Malgré tout, Jacques adorait écrire et il se faisait une joie d’aller
chercher le courrier tous les matins pour lire les lettres de ses
lecteurs, des lecteurs de tout âge et tout horizon. » Et Sylvia Lipa-
18 • Dijon-Beaune Mag - économie et art de vivre
Lacarrière de poursuivre en s’effaçant, comme pour mieux
mettre l’accent sur l’homme qui a partagé sa vie : « On était si
proches que, quand je parle de lui, je parle aussi de moi. J’avais
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économie et art de vivre - Dijon-Beaune Mag • 19
LITTÉRATURE
Clameur(s) à Dijon
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rêvé ma vie et j’ai eu la chance de vivre mes rêves, mais
aussi de rencontrer l’amour. » De sa voix posée, elle
continue aujourd’hui à faire vivre Jacques à travers des
lectures-concerts où elle livre les mots et les voyages de
ce dernier : la Grèce, l’Inde, la Turquie… De leurs
pérégrinations, ces deux globetrotteurs bohêmes ont
tiré une ouverture d’esprit et une envie de partager qui
ne s’est jamais démentie.
Cette continuelle ouverture au monde s’inscrit à point
nommé dans les quatrièmes rencontres littéraires
Clameur(s) qui ont pour thématique les migrations. Un
sujet qui ne laisse pas indifférente Sylvia Lipa-Lacarrière,
marraine de l’événement : « Mes origines sont empreintes
de Russie et de Roumanie. Je suis une petite-fille de
l’immigration, mais le contexte a changé. » Pour elle,
l’immigration, gage de richesse et de rencontres,
apporte un regard différent, incite à la curiosité, livre la
connaissance d’un autre monde… « Si nous n’étions tous
que des Français de souche, on s’ennuierait ! Il suffit de lire
ce que Jacques a écrit sur le sujet pour le comprendre. »
Une chose est certaine : grand amoureux de la
Méditerranée, qu’il a maintes fois sillonnée et dont il
aimait à dire que nous en sommes tous issus, enfants
bâtards ou légitimes, Jacques Lacarrière n’aurait pas été
insensible au sort des migrants qui s’échouent sur ses
rives aujourd’hui.
La migration de l’exil
Nuancée, Sylvia tient à distinguer une autre facette de la
migration, celle de l’exil : « Il y a l’exil choisi, qui reste
difficile, et puis il y a la souffrance. J’ai déjà ressenti le
besoin d’évoquer cet univers à travers des poèmes qui sont
malheureusement toujours d’actualité puisque les guerres
et les conflits se répètent. » Accompagnée de musiciens,
elle a ainsi mis en lumière des poésies de femmes
kurdes, afghanes ou iraniennes. Elle a bien sûr
également évoqué la Grèce. « Je crois que, quand on aime
un pays, on partage ce qu’il vit. Le peuple grec est très
courageux et je ressens aussi ses joies et ses tristesses. »
« N’ayant pas le don de l’écriture », Sylvia Lipa-Lacarrière
sait utiliser sa voix pour transcrire les émotions que l’on
retrouve dans les livres de son époux. « Pour les
rencontres littéraires Clameur(s), je n’ai pas encore choisi
les textes, mais je vais m’intéresser à l’exil. » Les voyages,
la richesse de la rencontre figureront sans doute
également en bonne place dans ses lectures avec,
toujours en toile de fond, la générosité et le sens du
partage… dans le couple comme ailleurs. 
20 • Dijon-Beaune Mag - économie et art de vivre
4es RENCONTRES LITTÉRAIRES
CLAMEUR(S)
Plaidoirie pour un polar
Trois jours complètement gratuits de rencontres, de débats,
d’expositions et d’animations :
Le 10 juin
10 h, halle du marché : spectacle Le Globe-Lecteur
17 h 30, cour de Flore : grand entretien avec l’historien Benjamin Stora
20 h 30, cour de Flore : rencontre avec Dany Laferrière et lectures par Jacques Ville
Le 11 juin
9-19 h, place du Bareuzai : marché des éditeurs
10 h, halle du marché : spectacle Le Globe-Lecteur
11 h, cour de Flore : rencontre avec Colombe Schneck et Ousmane Diarra
14 h, jardin de La Nef : rencontre avec Frédéric Chau et Doan Bui
14 h, cour de Flore : rencontre avec Paula Jacques et Pascal Manoukian
14 h, centre-ville : spectacle Une ombrelle en voyage
14 h, salle de l’Académie : Des fleurs sous nos pieds
14 h 30, place Emile-Zola : Plaidoiries pour un polar + Visuel*
15 h 45, cour de Flore : rencontre avec Nicole Lapierre et Jean-Loup Trassard
17 h, bibliothèque centre-ville La Nef : temps ado « Et toi, tu viens d’où ? »
17 h 15, cour de Flore : rencontre avec Gaston Kelman et Brigitte Giraud
18 h 45, cour de Flore : rencontre BD avec Thomas Verguet
20 h 30, cour d’honneur de la bibliothèque : concert du groupe Tue Loup
Le 12 juin 11 h, place du Théâtre : rencontre jeunesse avec Carole Saturno
11 h, jardin de La Nef : rencontre avec Paolo Rumiz et Catherine Wihtol de Wenden
11 h, cour de Flore : rencontre avec Paola Pigani et Arthur Frayer-Laleix
12 h, place du Théâtre : jeux autour du monde
14 h, place du Théâtre : une empreinte pour une carte du monde
14 h 30, jardin de la Nef : rencontre avec Sylvia Lacarrière et Nedim Gürsel
15 h, cour de Flore : rencontre BD avec Kkrist Mirror et Henriette Asseo
15 h 30, place du Théâtre : rencontre jeunesse avec Didier Jean et Zad
16 h, salle de l’Académie : lecture musicale d’après Gabriel Garcia Marquez
16 h 30, cour de Flore : rencontre avec Raphaël Liogier et Karima Berger
18 h 15, cour de Flore : clôture avec Nimrod, Maram Al-Masri et Hubert Haddad
* Plus d’infos sur http://clameurs.dijon.fr
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