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14/06/06
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Page 1
Théâtre des Cybèle et Théâtre de la Vieille 17
Prélude aux
Alexandrettes
Document d’accompagnement
à l’intention des professeurs
Photo : Mathieu Girard
Alexandrettes réimpr. 06 3
Prélude
Les Alexandrettes abordent les grands classiques, dans votre classe,
et avec chic ! Conçu pour les écoles secondaires et animé par deux
comédiennes professionnelles — Nathaly Charrette et Suzanne Lambert —
cet atelier-spectacle explore les univers de Molière et de Marivaux.
Les ateliers, qui se déroulent de façon décontractée et stimulante,
permettent aux élèves de la 9e à la 12e année d’approfondir leurs
connaissances de la langue française et du théâtre classique tout en
faisant le lien avec la réalité actuelle. Les exercices leur permettront
notamment de traduire les vers (alexandrins) dans la langue
d’aujourd’hui et d’en composer de leur propre cru (en rap, en chanson,
en chœur...). Un spectacle de 45 minutes constitué d’extraits de pièces
de Molière — Les Femmes savantes, Le Misanthrope, Tartuffe — et de
Marivaux — La Surprise de l’amour, Le Jeu de l’amour et du hasard —,
liés par des commentaires et des anecdotes des Alexandrettes sur la vie des
gens de théâtre à cette époque et aujourd’hui, clôt l’intervention en beauté.
Ce document d’accompagnement contient des informations sur les
auteurs et sur les extraits de pièces présentés, des explications sur la
rythmique des vers, des suggestions d’exercices, un extrait du Tartuffe
et un lexique pour vous aider à préparer vos élèves à cette rencontre.
Pour bien comprendre les extraits qui seront présentés, nous vous
suggérons fortement de lire ou de faire lire les résumés des pièces
contenus dans ce guide à vos élèves.
Bonne lecture !
Table des matières
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière
4
Chamblainde Marivaux
Pierre Carlet de Chamblain
5
Les alexandrins
6
Exercice pour mieux comprendre
les alexandrins
7
Exercices pour mieux comprendre
le sens de la scène et le vocabulaire
7
TARTUFFE, Acte II, scène 4
8
Résumés des pièces
15
Lexique (par scène)
18
Les producteurs
19
Les collaborateurs
20
Après l’intervention théâtrale
21
Prélude aux Alexandrettes – 3
Jean-Baptiste Poquelin,
dit Molière
1622 – 1673
Jean-Baptiste Poquelin naît à Paris en France, en 1662. Fils d’un tapissier
ordinaire du roi, Jean-Baptiste fréquente le collège de Clermont où les
jésuites assurent l’instruction des fils de la riche bourgeoisie, puis entreprend des études en droit qu’il abandonne plus tard. En 1637, il prête
serment pour recueillir la charge de son père et lui succéder ainsi.
L’HÉRITAGE THÉÂTRAL
DE MOLIÈRE
Molière est maître de la comédie
française du XVIIe siècle. Ses
pièces sont passées à l’histoire
et son œuvre est considérable. Il a exploré et approfondi
plusieurs genres :
La farce
une pièce bouffonne qui veut
provoquer le rire, comme Le
Médecin malgré lui.
La comédie d’intrigue
un mélange de jeux de mots,
de situations burlesques et de
coups de théâtre, comme L’École
des femmes.
La comédie de mœurs
un témoignage des mœurs de
l’époque. Ce sont ses pièces
dites « sociales », comme Le
Misanthrope.
La comédie de caractère
une étude de personnages, de
leurs qualités et de leurs défauts
qui mène souvent à la création
d’un type, comme Le Tartuffe
et L’Avare.
4 – Prélude aux Alexandrettes
Il rencontre peu après la comédienne Madeleine Béjart, et lorsque la
famille de celle-ci fonde L’Illustre Théâtre, Jean-Baptiste s’associe à eux et
renonceà la succession paternelle. En 1644, il prend le nom de Molière
et devient responsable de la troupe qui joue à Paris. Mais les affaires sont
mauvaises et Molière est emprisonné pour dettes. Libéré quelques jours
plus tard, ilpart en tournée en province. Pendant une douzaine d’années,
il joue destragédies et compose des comédies, se familiarisant avec les
rouages du théâtre et les subtilités de la nature humaine.
Repérée en 1658 par Monsieur Philippe, duc d’Orléans et frère du roi
Louis XIV, la troupe est invitée à s’installer dans une petite salle
parisienne, le théâtre du Petit-Bourbon. En 1659, Molière présente
Les Précieuses ridicules qui remporte un grand succès. C’est alors que la
carrière de l’auteur prend véritablement son envol. La troupe déménage
ses pénates dans la salle du Palais-Royal, qui deviendra plus tard la
Comédie-Française.
En 1662, Molière crée L’École des femmes, pièce d’un genre nouveau qui
pose un regard critique sur la société et qui comporte une intention
morale. Plusieurs crient au scandale, mais la production connaît un franc
succès. Molière a également la faveur du roi, qu’il amuse. Cette même
année, il épouse la comédienne Armande Béjart pour qui il écrira ses plus
Malheureusement
pour lui, le roi vieillit. Il se rapproche de l’idéologie
beaux
rôles féminins.
conservatrice
du
parti
position
contre
des
Malheureusement pour dévot
lui, le qui
roi avait
vieillit.pris
Il se
rapproche
de L’École
l’idéologie
femmes. En 1664, devant le mécontentement de la cour, le roi retire
conservatrice du parti dévot qui avait pris position contre L’École des
son soutien à Molière et interdit Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie
femmes. En 1664, devant le mécontentement de la cour, le roi retire son
religieuse. L’année suivante, la pièce Dom Juan est retirée de l’affiche
soutien à Molière et interdit Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie reliavant même que le roi ne l’ait vue.
gieuse. L’année suivante, la pièce Dom Juan est retirée de l’affiche
avant même que le roi ne l’ait vue.
Amer et malade, Molière écrit Le Misanthrope. En 1667, il parvient à faire
rejouer Tartuffe. La pièce est aussitôt interdite. L’Archevêque de Paris
menace d’excommunication ceux qui présenteront, liront ou écouteront
la pièce. Le roi, en 1669, l’autorise enfin : la pièce est présentée dans la
version qu’on connaît aujourd’hui.
Entre 1671 et 1672, Molière triomphe avec Les Fourberies de Scapin,
Le Bourgeois gentilhomme et Les Femmes savantes. En 1673, il crée
finalement Le Malade imaginaire, pièce dans laquelle il interprète le rôletitre. Le 17 février, il est épuisé, mais monte sur scène tout de même. Il
est prisde convulsions. On le ramène chez lui, où il meurt un peu plus
tard. L’Église, qui ne lui a jamais pardonné de s’être moqué d’elle, refuse
qu’il soit enterré dans un cimetière catholique. Louis XIV intervient pour
qu’il soit inhumé dans un endroit réservé aux non baptisés. Molière
repose aujourd’hui au Cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Pierre Carlet de Chamblain
de Marivaux
1688 – 1763
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux voit le jour à Paris en France,
le 4 février 1688.
En 1698, Marivaux étudie au Collège de l’Oratoire de Riom. Plus tard,
il s’inscrit à la Faculté de droit de Paris, mais, tout comme Molière, il
s’intéresse davantage à la littérature.
En 1712, il abandonne ses études et publie Le Père prudent et équitable,
sa première comédie en vers. Marivaux se met à fréquenter des
journalistes. Ses romans sont déjà révélateurs du style et des qualités
psychologiques du jeune écrivain plutôt « moderne ». En 1717, il épouse
Colombe Bologne, fille d’un riche avocat. Ce mariage lui assure un
confort matériel suffisant pour pouvoir se consacrer uniquement à
la littérature.
En 1720, ruiné par une faillite qui engloutit la fortune de sa femme,
Marivaux, qui n’a pas encore trouvé son style, écrit la comédie Arlequin
poli par l’amour pour les Comédiens italiens, et la tragédie Annibal
pour les Comédiens-Français. La première réussit, l’autre échoue.
L’année suivante, Marivaux termine sa licence de droit. Il est reçu avocat,
mais n’exercera jamais réellement. Il lance le journal Le Spectateur
françois. Unique rédacteur, il est à la fois conteur, moraliste, et philosophe.
Il devient l’intime des Comédiens italiens et il leur écrit plusieurs pièces
sur mesure (La Double Inconstance, Le Jeu de l’amour et du hasard).
Leur jeu vif et allègre lui plaît infiniment mieux que le jeu lent et
apprêté des Comédiens-Français. Ces derniers montent tout de même
neuf de ses comédies, mais seules trois d’entre elles remportent un
véritable succès.
En 1723, son épouse meurt. Il poursuit son œuvre journalistique tout
en s’attelant à deux romans : La Vie de Marianne, qu’il met dix ans à
rédiger (1731-1741) et Le Paysan parvenu (1734-1735). Les deux œuvres
reflètent bien la philosophie de l’auteur, son goût de l’analyse psychologiqueet son attitude moraliste à l’égard d’une société de classes
qu’il conteste.
Sa notoriété et ses appuis lui valent d’être élu à l’Académie française
en 1742, contre un rival nommé Voltaire. Ses dernières comédies, bien
que publiées, ne sont pas jouées. Malade depuis 1758, Marivaux meurt
le 12 février 1763 à Paris.
L’HÉRITAGE THÉÂTRAL
DE MARIVAUX
Chez Marivaux, la comédie
devient une peinture de l’amour,
délicate et légèrement ironique,
loin de la farce. Son théâtre
est une analyse minutieuse et
spirituelle de la subtilité, de
la fantaisie et de la sincérité du
jeu amoureux. L’intrigue de
ses pièces est toujours basée sur
« la surprise de l’amour », c’est-àdire de la conquête des cœurs
par l’amour.
L’obstacle à l’amour n’est pas
extérieur — comme dans les
pièces de Molière — mais
réside dans l’amour-propre des
personnages. À la suite d’un
malentendu, d’un préjugé, d’un
quiproquo ou de déceptions
antérieures, les jeunes protagonistes ne veulent pas reconnaître
qu’ils sont amoureux et leur
amour-propre leur dicte moult
détours. Mais comme il s’agit d’un
jeu, le dénouement est toujours
heureux et l’amour triomphe.
Marivaux a créé la comédie
psychologique amoureuse. On
lui doit l’expression « tomber
amoureux », qui n’existait pas
encore à l’époque.
Prélude aux Alexandrettes – 5
Les alexandrins
Un alexandrin est un vers français de 12 pieds ou 12 syllabes.
Pour compter le nombre de syllabes que contient un vers, il faut
le scander, c’est-à-dire le lire en séparant clairement les syllabes qui
le composent.
Ex. : Et ce n’est point du tout la prendre pour modèle,
Ma soeur, que de tousser et de cracher comme elle.
1
Et
Ma
2
ce
soeur
3
n’est
que
4
point
de
5
du
tous
6
tout
ser
7
la
et
8
pren
de
9
dre
cra
10
pour
cher
11
12
mo
dèl(e)
comm(e) ell(e)
Autrefois, tous les sons de la langue française étaient prononcés; ce
qui n’est plus le cas aujourd’hui. Pour calculer les syllabes, il est
important de connaître deux règles particulières, celle du « e » muet
et celle de la diphtongue.
La règle du « e » muet
Le « e » muet ne correspond pas toujours à celui du langage parlé actuel.
Il se prononce et compte pour une syllabe entre deux consonnes (le « h » aspiré compte pour une consonne) :
Ex. : Consonne + « e » + consonne :
Sur quelle sale vue il traîne la pensée ?
1
Sur
2
quel
3
le
4
sa
5
le
6
vue
7
il
8
traî
9
ne
10
la
11
pen
12
sée
6
les
7
ré
8
u
9
nit
10
dans
11
un
12
pré
11
je
12
fass(e)
Ex. : Consonne + « e » + « h » aspiré :
Un tendre hasard les réunit dans un pré.
1
Un
2
ten
3
dre
4
ha
5
sard
Il ne se prononce pas et ne compte pas pour une syllabe :
Ex. : À la fin des vers, il forme alors la rime féminine et s’écrit « e », « es », « ent » :
Contre un père absolu que veux-tu que je fasse ?
1
2
Contr(e) un
3
pèr(e)
4
ab
5
so
6
lu
7
que
8
veux
9
tu
10
que
7
et
8
suis
9
10
prêt(e) à
11
tout
12
fair(e)
7
Do
8
ri
9
ne
11
te
12
rends
Ex. : Devant une voyelle :
C’en est fait, je me rends, et suis prête à tout faire.
1
C’en
2
est
3
fait
4
je
5
me
6
rends
Ex. : Devant un « h » muet :
Mon Dieu, de quelle humeur, Dorine, tu te rends !
1
Mon
2
Dieu
6 – Prélude aux Alexandrettes
3
de
4
5
quell(e) hu
6
meur
10
tu
La règle de la diphtongue
On appelle diphtongue deux voyelles qui se suivent à l’intérieur d’un mot
(ex. : luire, adieu). Elles peuvent être prononcées en une ou deux émissionsde la voix et compteront selon le cas pour une ou deux syllabes.
Une syllabe
1
2
lui
re
Deux syllabes
1
2
lu
i
3
re
8
lit
9
com
10
me
Ex. : Et dans l’occasion mollit comme vous faites.
1
Et
2
dans
3
l’oc
4
cas
5
i
6
on
7
mol
11
vous
12
fait(es)
Exercice pour mieux comprendre les alexandrins
En vous basant sur la scène du Tartuffe qui se trouve à la page suivante,
demandez à vos élèves de découper quatre vers en douze pieds comme
dans l’exemple suivant :
VALÈRE
Ne vous excusez point sur mes intentions :
Vous aviez pris déjà vos résolutions,
Et vous vous saisissez d’un prétexte frivole
Pour vous autoriser à manquer de parole.
1
Ne
Vous
Et
Pour
2
vous
a
vous
vous
3
ex
viez
vous
au
4
cu
pris
sai
to
5
sez
dé
sis
ri
6
point
jà
sez
ser
7
sur
vos
d’un
à
8
mes
ré
pré
man
9
in
so
tex
quer
10
ten
lu
te
de
11
ti
ti
fri
pa
12
ons
ons
vol(e)
rol(e)
Note
Lire la scène et essayer de l’interpréter : par groupe de deux, jusqu’à
l’arrivée de Dorine, par groupe de trois, jusqu’à la fin de la scène.
Exercices pour mieux comprendre le sens de la scène
et le vocabulaire
Après la lecture de la scène, cherchez les mots que vous ne connaissez
pas dans le dictionnaire ou utilisez le lexique contenu dans ce guide.
Amusez-vous à demander à vos élèves d’essayer d’en deviner le sens
avant de leur donner ou de leur faire chercher la véritable signification.
Posez ces questions à vos élèves :
Qui est Mariane et que veut-elle ?
Qui est Valère et que veut-il ?
Qui est Dorine et que veut-elle ?
Comment s’y prennent-ils pour arriver à leur fin ? Pourquoi ?
Demandez-leur de résumer les vers dans leurs propres mots.
Les Alexandrettes vous aideront à approfondir votre compréhension de
la scène au moment de l’atelier.
Prélude aux Alexandrettes – 7
PERSONNAGES : MARIANE et VALÈRE, son amoureux, et DORINE.
VALÈRE
On vient de débiter, Madame, une nouvelle
Que je ne savais pas, et qui sans doute est belle.
MARIANE
Quoi ?
VALÈRE
Que vous épousez Tartuffe.
MARIANE
Il est certain
Que mon père s’est mis en tête ce dessein.
VALÈRE
Votre père, Madame…
MARIANE
A changé de visée.
La chose vient par lui de m’être proposée.
VALÈRE
Quoi ? sérieusement ?
MARIANE
Oui, sérieusement;
Il s’est pour cet hymen déclaré hautement.
VALÈRE
Et quel est le dessein où votre âme s’arrête,
Madame ?
MARIANE
Je ne sais.
VALÈRE
La réponse et honnête.
Vous ne savez ?
MARIANE
Non.
VALÈRE
Non ?
MARIANE
Que me conseillez-vous ?
VALÈRE
Je vous conseille, moi, de prendre cet époux.
8 – Prélude aux Alexandrettes
MARIANE
Vous me le conseillez ?
VALÈRE
Oui.
MARIANE
Tout de bon ?
VALÈRE
Sans doute.
Le choix est glorieux et vaut bien qu’on l’écoute.
MARIANE
Hé bien ! c’est un conseil, Monsieur, que je reçois.
VALÈRE
Vous n’aurez pas grand’peine à le suivre, je crois.
MARIANE
Pas plus qu’à le donner en a souffert votre âme.
VALÈRE
Moi, je vous l’ai donné pour vous plaire, Madame.
MARIANE
Et moi, je le suivrai pour vous faire plaisir.
DORINE, se retirant dans le fond du théâtre.
Voyons ce qui pourra de ceci réussir.
VALÈRE
C’est donc ainsi qu’on aime ? Et c’était tromperie,
Quand vous…
MARIANE
Ne parlons point de cela, je vous prie.
Vous m’avez dit tout franc que je dois accepter
Celui que pour époux on me veut présenter;
Et je déclare, moi, que je prétends le faire,
Puisque vous m’en donnez le conseil salutaire.
VALÈRE
Ne vous excusez point sur mes intentions :
Vous aviez pris déjà vos résolutions,
Et vous vous saisissez d’un prétexte frivole
Pour vous autoriser à manquer de parole.
MARIANE
Il est vrai, c’est bien dit.
VALÈRE
Sans doute; et votre cœur
N’a jamais eu pour moi de véritable ardeur.
MARIANE
Hélas ! permis à vous d’avoir cette pensée.
Prélude aux Alexandrettes – 9
VALÈRE
Oui, oui, permis à moi; mais mon âme offensée
Vous préviendra peut-être en un pareil dessein;
Et je sais où porter et mes vœux et ma main.
MARIANE
Ah ! je n’en doute point; et les ardeurs qu’excite
Le mérite…
VALÈRE
Mon Dieu, laissons là le mérite :
J’en ai fort peu, sans doute, et vous en faites foi.
Mais j’espère aux bontés qu’une autre aura pour moi,
Et j’en sais de qui l’âme, à ma retraite ouverte,
Consentira sans honte à réparer ma perte.
MARIANE
La perte n’est pas grande, et de ce changement
Vous vous consolerez assez facilement.
VALÈRE
J’y ferai mon possible, et vous le pouvez croire.
Un cœur qui nous oublie engage notre gloire;
Il faut à l’oublier mettre aussi tous nos soins.
Si l’on n’en vient à bout, on le doit feindre au moins;
Et cette lâcheté jamais ne se pardonne
De montrer de l’amour pour qui nous abandonne.
MARIANE
Ce sentiment, sans doute, est noble et relevé.
VALÈRE
Fort bien, et d’un chacun il doit être approuvé.
Hé quoi ! vous voudriez qu’à jamais dans mon âme
Je gardasse pour vous les ardeurs de ma flamme,
Et vous visse à mes yeux passer en d’autres bras,
Sans mettre ailleurs un cœur dont vous ne voulez pas ?
MARIANE
Au contraire; pour moi, c’est ce que je souhaite,
Et je voudrais déjà que la chose fût faite.
VALÈRE
Vous le voudriez ?
MARIANE
Oui.
VALÈRE
C’est assez m’insulter,
Madame, et de ce pas je vais vous contenter.
(Il fait un pas pour s’en aller et revient toujours.)
MARIANE
Fort bien.
10 – Prélude aux Alexandrettes
VALÈRE, revenant.
Souvenez-vous au moins que c’est vous-même
Qui contraignez mon cœur à cet effort extrême.
MARIANE
Oui.
VALÈRE
Et que le dessein que mon âme conçoit
N’est rien qu’à votre exemple.
MARIANE
À mon exemple, soit.
VALÈRE, en sortant.
Suffit; vous allez être à point nommé servie.
MARIANE
Tant mieux.
VALÈRE, revenant encore.
Vous me voyez, c’est pour toute ma vie.
MARIANE
À la bonne heure !
VALÈRE s’en va, et, lorsqu’il est vers la porte, il se retourne.
Euh ?
MARIANE
Quoi ?
VALÈRE
Ne m’appelez-vous pas ?
MARIANE
Moi ? Vous rêvez ?
VALÈRE
Hé bien ! je poursuis donc mes pas.
Adieu, Madame. (Il s’en va lentement.)
MARIANE
Adieu, Monsieur.
DORINE, à Mariane
Pour moi, je pense
Que vous perdez l’esprit par cette extravagance,
Et je vous ai laissé tout du long quereller,
Pour voir où tout cela pourrait enfin aller.
Holà ! seigneur Valère.
(Elle va l’arrêter par le bras, et Valère fait mine de grande résistance.)
Prélude aux Alexandrettes – 11
VALÈRE
Hé ! que veux-tu, Dorine ?
MARIANE
Venez ici.
VALÈRE
Non, non, le dépit me domine.
Ne me détourne point de ce qu’elle a voulu.
DORINE
Arrêtez.
VALÈRE
Non, vois-tu, c’est un point résolu.
DORINE
Ah !
MARIANE, à part.
Il souffre à me voir, ma présence le chasse,
Et je ferai bien mieux de lui quitter la place.
DORINE, quitte Valère et court à Mariane.
À l’autre ! Où courez-vous ?
MARIANE
Laisse.
DORINE
Il faut revenir.
MARIANE
Non, non, Dorine, en vain tu veux me retenir.
VALÈRE
Je vois bien que ma vue est pour elle un supplice,
Et sans doute il vaut mieux que je l’en affranchisse.
DORINE, quitte Mariane et court à Valère.
Encor ? Diantre soit fait de vous si je le veux !
Cessez ce badinage, et venez çà tous deux.
(Elle les tire l’un et l’autre.)
VALÈRE, à Dorine.
Mais quel est ton dessein ?
MARIANE, à Dorine.
Qu’est-ce que tu veux faire ?
DORINE
Vous bien remettre ensemble et vous tirer d’affaire.
(À Valère.)
Êtes-vous fou d’avoir un pareil démêlé ?
12 – Prélude aux Alexandrettes
VALÈRE
N’as-tu pas entendu comme elle m’a parlé ?
DORINE, à Mariane.
Êtes-vous folle, vous, de vous être emportée ?
MARIANE
N’as-tu pas vu la chose, et comme il m’a traitée ?
DORINE, à Valère.
Sottise des deux parts. Elle n’a d’autre soin
Que de se conserver à vous; j’en suis témoin.
(À Mariane.)
Il n’aime que vous seule, et n’a point d’autre envie
Que d’être votre époux; j’en réponds sur ma vie.
MARIANE, à Valère.
Pourquoi donc me donner un semblable conseil ?
VALÈRE
Pourquoi m’en demander sur un sujet pareil ?
DORINE
Vous êtes fous tous deux. Çà, la main, l’un et l’autre.
(À Valère).
Allons, vous.
VALÈRE, en donnant sa main à Dorine.
À quoi bon ma main ?
DORINE, à Mariane.
Ah ! çà, la vôtre.
MARIANE, en donnant aussi sa main.
De quoi sert tout cela ?
DORINE
Mon Dieu ! vite, avancez.
Vous vous aimez tous deux plus que vous ne pensez.
(Valère et Mariane se tiennent quelque temps par la main sans se regarder.)
VALÈRE, se tournant vers Mariane.
Mais ne faites donc point les choses avec peine.
Et regardez un peu les gens sans nulle haine.
(Mariane tourne l’œil sur Valère et fait un petit sourire.)
DORINE
À vous dire le vrai, les amants sont bien fous_!
VALÈRE, à Mariane.
Ho çà ! n’ai-je pas lieu de me plaindre de vous ?
Et, pour n’en point mentir, n’êtes-vous pas méchante
De vous plaire à me dire une chose affligeante ?
Prélude aux Alexandrettes – 13
MARIANE
Mais vous, n’êtes-vous pas l’homme le plus ingrat ?…
DORINE
Pour une autre saison, laissons tout ce débat,
Et songeons à parer ce facheux mariage.
MARIANE
Dites-nous donc quels ressorts il faut mettre en usage.
DORINE
Nous en ferons agir de toutes les façons.
Votre père se moque, et ce sont des chansons.
Mais, pour vous, il vaut mieux qu’à son extravagance
D’un doux consentement vous prêtiez l’apparence,
Afin qu’en cas d’alarme il vous soit plus aisé
De tirer en longueur cet hymen proposé.
En attrapant du temps, à tout on remédie.
Tantôt vous payerez de quelque maladie
Qui viendra tout à coup et voudra des délais;
Tantôt vous payerez de présages mauvais :
Vous aurez fait d’un mort la rencontre fâcheuse,
Cassé quelque miroir, ou songé d’eau bourbeuse.
Enfin, le bon de tout, c’est qu’à d’autres qu’à lui
On ne vous peut lier que vous ne disiez oui.
Mais, pour mieux réussir, il est bon, ce me semble,
Qu’on ne vous trouve point tous deux parlant ensemble.
(À Valère.)
Sortez, et sans tarder, employez vos amis,
Pour vous faire tenir ce qu’on vous a promis.
(À Mariane.)
Nous allons réveiller les efforts de son frère,
Et dans notre parti jeter la belle-mère.
Adieu.
VALÈRE, à Mariane.
Quelques efforts que nous préparions tous,
Ma plus grande espérance, à vrai dire, est en vous.
MARIANE, à Valère.
Je ne vous réponds pas des volontés d’un père;
Mais je ne serai point à d’autre qu’à Valère.
VALÈRE
Que vous me comblez d’aise ! Et quoi que puisse oser…
DORINE
Ah ! jamais les amants ne sont las de jaser.
Sortez, vous dis-je.
VALÈRE, fait un pas et revient.
Enfin…
DORINE
Quel caquet est le vôtre !
(Les poussant chacun par l’épaule.)
Tirez de cette part, et vous, tirez de l’autre.
14 – Prélude aux Alexandrettes
Résumés des pièces
Les extraits sont présentés ici dans l’ordre où ils seront joués lors du
spectacle après l’atelier.
La Surprise de l’amour, de Marivaux
Comédie d’intrigue en 3 actes et en prose présentée en 1722.
Résumé de la pièce
Lélio s’est retiré à la campagne et a juré de ne plus tomber amoureux. Par
fidélité, son serviteur Arlequin décide de faire de même. La Comtesse,
veuve fortunée, habite à côté de chez Lélio avec sa suivante Colombine.
Elle n’a pas encore connu l’amour. La servante de Lélio et le jardinier de
la Comtesse veulent s’épouser et demandent à leur maître respectif
d’arrangerleur mariage. Pour cela, Lélio et la Comtesse doivent se
rencontrer et se parler. Ils tombent alors amoureux, mais n’en savent rien
et n’en veulent rien voir. Colombine, avec l’aide d’Arlequin tombé sous
son charme, décide d’aider sa maîtresse et Lélio à avouer leur amour. Ce
n’est qu’à la dernière scène, que la Comtesse et Lélio vont s’ouvrir leur
cœur, premiers surpris de ce qui leur arrive.
Scène présentée lors du spectacle : Acte III, scène 2
La Comtesse a perdu son portrait et le cherche. Elle ne sait pas que c’est
Colombine qui l’a pris pour le confier à Arlequin afin qu’il le cache dans la
poche d’habit de Lélio. Elle est de mauvaise humeur et rabroue sa suivante
pour rien. Colombine, sachant pourquoi elle est dans tous ses états,
prend plaisir à lui répondre franchement et à la contredire.
Colombine
Personnages
LA COMTESSE, veuve qui s’est
installée à la campagne. Elle
n’a jamais connu l’amour et
n’apprécie guère la compagnie
des hommes.
COLOMBINE, personnage tiré de
la commedia dell’arte (théâtre
traditionnel italien masqué). Elle
est la suivante de la Comtesse.
Toute l’intrigue de la pièce arrive
par elle. Elle est coquine, portée
à la manigance et coquette. Elle
veut le bien de sa maîtresse et
souhaite la voir heureuse.
Prélude aux Alexandrettes – 15
Les Femmes savantes, de Molière
Comédie en 5 actes et en vers créée à Paris au théâtre du Palais-Royal
le 11 mars 1672.
Résumé de la pièce
Armande
Personnages
ARMANDE, sœur aînée. Elle tente
d’imiter sa mère et de se « marier »
à la philosophie.
HENRIETTE, jeune sœur cadette
d’Armande. Jeune fille terre-àterre et pleine de bon sens. Elle
ne désire qu’une seule chose :
épouser Clitandre, son amoureux.
À Paris, Philaminte, une mère autoritaire, mène son monde à la baguette,
y compris son mari Chrysale. Elle se dit « savante » et parvient à entraîner
sa fille aînée Armande et sa belle-sœur Bélise à sa suite. Elle veut unir un
exaspérant poète à la mode nommé Trissotin à sa fille cadette Henriette
qui aime Clitandre, et voir sa fille Armande épouser ce dernier. Soutenue
par son père, son oncle et la servante, Henriette résiste à ce mariage,
alors que sa sœur Armande veut bien obéir à sa mère. Deux clans
s’opposent donc. Devant le notaire, on craint que Chrysale cède devant
la volonté de sa femme et on apprend que la famille est ruinée. Trissotin
ne veut alors plus épouser Henriette. Clitandre, lui, n’en montre que plus
d’amour pour la cadette. Coup de théâtre ! Tout était une ruse afin que
surgisse la vérité. Henriette épouse finalement Clitandre et Armande se
console avec la philosophie.
Scène présentée lors du spectacle : Acte I, scène 1
C’est le début de la pièce. Armande, la sœur aînée, reproche à Henriette
de préférer se marier plutôt que d’élever son esprit vers la philosophie
comme le fait leur mère. Henriette, très amoureuse de Clitandre, lui
explique franchement ses préférences. Armande, jalouse que sa sœur
soit courtisée par son ancien amoureux, tente de semer le doute dans le
cœur de sa sœur.
Le Misanthrope
Comédie en 5 actes et en vers présentée le 4 juin 1666 au théâtre
du Palais-Royal.
Résumé de la pièce
Personnages
CÉLIMÈNE, amante d’Alceste.
Jeune femme sensuelle, coquette
et médisante. Elle aime la
présence des hommes autour
d’elleet qu’on lui fasse la cour.
ARSINOÉ, amie de Célimène.
Femme plus âgée, fausse prude,
hypocrite et rancunière.
16 – Prélude aux Alexandrettes
Alceste, le misanthrope, est amoureux de Célimène, une jeune femme
coquette qui ne partage pas du tout ses idées sur la vérité et l’honnêteté à
tout prix. Il lui conseille de quitter ses habitudes frivoles, mais elle ne
l’écoute pas. Sa cousine Arsinoé, amoureuse d’Alceste, laisse planer des
soupçons sur la fidélité de Célimène. En colère, Alceste demande une
explication, mais Célimène tourne la situation à son avantage et fait mine
de le tromper avec Oronte. On lui demande tôt ou tard de choisir entre
les deux. Au même moment, des amis apportent des preuves que
Célimène a menti et ridiculisé les deux hommes. Elle opte pour Alceste,
mais celui-ci exige qu’elle quitte le monde avec lui. Elle refuse. Dans la
dernière scène, Alceste voit Philinte, son seul ami prêt à l’aider, partir
avec Eliante qui elle aussi le laisse tomber. Incapable d’accepter les imperfections du monde, il reste seul.
Scène présentée lors du spectacle : Acte III, scène 4
Chez Célimène à Paris, les deux marquis qui conversaient avec elle ont
quitté la pièce à l’arrivée d’Arsinoé. Sur un ton faussement charitable, elle
informe Célimène des rumeurs qui courent sur sa conduite. Célimène lui
répond de la même façon polie et hypocrite.
Tartuffe (ou L’Imposteur), de Molière
Comédie en 3 actes et en vers présentée à Versailles le 12 mai 1664,
puis, sous sa forme définitive, en 5 actes, le 5 février 1669.
Résumé de la pièce
Nous sommes à Paris. Tartuffe, un imposteur, sous l’apparence d’un
dévot passe pour un bourgeois aux yeux de Monsieur Orgon et pour
un saint homme auprès de sa mère, Madame Pernelle. Il s’est établi
chez la famille et tente de s’approprier leurs biens. Orgon veut le
marier à sa fille Mariane malgré l’avis contraire du reste de la famille,
mais Tartuffe est surpris par Damis, le fils de la famille, aux pieds
d’Elmire, la seconde femme d’Orgon. Faisant preuve d’une grande
habileté, le faux dévot réussit à s’en sortir, fait chasser Damis, et
accepte qu’Orgon lui donne tous ses biens, ainsi que la garde de
papiers compromettants. Devant l’aveuglement d’Orgon, Elmire tend
un piège à Tartuffe et oblige son mari à se cacher sous la table.
Tartuffe est enfin démasqué, mais il est maintenant maître de tous les
biens d’Orgon. Toutefois, l’intervention d’un exempt (officier de
police), envoyé par le roi, permet d’arrêter Tartuffe et sauve la famille
d’un désastre.
Scène présentée lors du spectacle : Acte II, scène 3
Monsieur Orgon a annoncé à sa fille son projet de la marier à Tartuffe,
mais Dorine, la suivante de Mariane, qui a surpris la conversation,
dit franchement à son patron que ce projet est cruel et fou. Dorine
reproche maintenant à Mariane de ne pas se défendre comme il se
doit, que s’il est vrai qu’elle aime Valère, elle doit s’affirmer et tenir
tête à son père. Découragée, Mariane lui laisse entendre qu’elle
préfère mourir plutôt que d’épouser Tartuffe.
Le Jeu de l’amour et du hasard, de Marivaux
Monsieur Tartuffe
Personnages
DORINE, suivante de Mariane. Elle
est un peu comme sa nourrice,
c’est pourquoi elle se permet de
lui parler franchement. Elle n’a pas
la langue dans sa poche et dit ce
qu’elle pense, même à Monsieur
Orgon, son patron.
MARIANE, fille de Monsieur Orgon
et amante de Valère. Timide et
réservée, elle est aussi obéissante
et ne veut pas déplaire à son
père qui veut lui faire épouser
Monsieur Tartuffe.
Comédie d’intrigue en 3 actes et en prose présentée en 1730.
Résumé de la pièce
Silvia, fille de Monsieur Orgon, craint d’épouser, sans le connaître, le
jeune homme qui lui est destiné, Dorante. Elle décide de se travestir
et d’échanger son habit avec sa femme de chambre, Lisette. Elle
espère ainsi pouvoir mieux observer son prétendant. Mais Dorante a
eu la même idée et se présente chez Monsieur Orgon déguisé en un
serviteur nommé Bourguignon, alors que son valet, Arlequin, se fait
passer pour son maître. Monsieur Orgon et son fils Mario sont seuls
informés du travestissement des jeunes gens et décident de laisser
ses chances au « jeu de l’amour et du hasard ». Lisette et Arlequin,
en habits de bourgeois, se jurent un amour éternel. Silvia veut enfin
obtenir de Dorante une très grande preuve de son amour : celle de
l’amener à la demander en mariage alors qu’il la croit femme de
chambre. La pièce se termine dans la joie.
Scène présentée lors du spectacle : Acte I, scène 1
C’est le début de la pièce. Silvia avoue à Lisette, sa femme de chambre,
qu’elle craint d’épouser quelqu’un qu’elle ne connaît pas. Lisette ne
comprendpas les hésitations de sa maîtresse, d’autant plus que la
rumeur veut que Dorante soit bel homme et intelligent.
Sylvia
Personnages
SYLVIA, jeune fille noble, intelligente et décidée.
LISETTE, sa suivante un peu naïve.
Prélude aux Alexandrettes – 17
Lexique (par scène)
Les définitions données correspondent au contexte de la scène uniquement.
La Surprise de l’amour
Diantre : juron, exclamation qui marque l’étonnement, l’affirmation. >> Syn. : diable !
Dessein : idée que l’on forme d’exécuter quelque chose. >> Syn. : intention, but
Impertinences : ce qui est déplacé, contraire à la raison. >> Syn. : absurdités
Dupe : personne que l‘on trompe sans qu’elle en ait le moindre soupçon.
Ballots : paquets de vêtements, d’affaires personnelles.
Équivoque : dont la signification n’est pas certaine, qui peut s’expliquer de diverses façons.
Fourbe : qui agit mal en se cachant. >> Syn. : hypocrite, sournois
Les Femmes savantes
Fi : interjection qui exprime la désapprobation, le mépris. >> Syn. : pouah !
Claquemurer : enfermer à l’étroit.
Clartés : connaissances d’un certain niveau de culture.
Spéculations : considérations d’ordre théorique.
Le Misanthrope
Bienséances : les usages à respecter, les bonnes manières.
Vertu singulière : une conduite remarquable.
Caution : garantie.
Déportements : écarts de conduite.
Zèle : vive ardeur à servir une personne ou une cause. >> Syn. : dévouement, empressement
Pruderie : sentiment hautain et outré dans tout ce qui touche la pudeur et le relâchement des mœurs.
Lieux dévots : endroits religieux.
Médisances : commérages, potins que l’on dit d’une personne.
Offices : rencontres, rendez-vous.
Tartuffe
Parer : se défendre ou se protéger.
Ardeur : passion, désir.
Sornettes : affirmations qui ne reposent sur rien. >> Syn. : balivernes
Bourru : peu aimable, peu civil, désagréable.
Fieffé : qui possède au plus haut degré un défaut, un vice.
Mouche du pied : se prendre pour quelqu’un d’important.
D’heur : avoir de la chance.
Hymen : mariage.
Coche : grande voiture tirée par des chevaux.
Musettes : valse musette, danse au son de la cornemuse.
Fagotin : singe savant célèbre à l’époque.
Courroux : colère, fureur.
Tâterez : en ferez l’expérience.
Nonobstant tout : malgré tout.
Le Jeu de l’amour et du hasard
Pardi : exclamation qui renforce une déclaration. >> Syn. : mon Dieu !
Hétéroclite : bizarre, singulier.
Fat : prétentieux, suffisant, vaniteux.
Fantasque : qui est sujet à des sautes d’humeur, dont on ne peut prévoir le comportement.
Badine : (de badiner) plaisanter avec enjouement et légèreté.
18 – Prélude aux Alexandrettes
Les producteurs
Théâtre des Cybèle
Photo : Mathieu Girard
Le Théâtre des Cybèle est né du désir de sa fondatrice, Nathaly Charrette,
de faire découvrir la beauté de la langue française aux jeunes francoontariens à travers des textes classiques et contemporains. Pour
présenter cette première intervention théâtrale, le Théâtre des Cybèle
s’associe au Théâtre de la Vieille 17, un partenaire expérimenté.
Théâtre de la Vieille 17
Compagnie de théâtre de création franco-ontarienne ouverte sur le
monde, le Théâtre de la Vieille 17 crée et diffuse des spectacles pour
la jeunesse (Le Nez, Mentire, Maïta…) et pour les adultes (Les murs de
nos villages, Exils, Épinal…) depuis 1979 à l’échelle régionale, nationale
et internationale. Ses activités comportent en outre un programme
d’animation et d’éducation théâtrale.
Nathaly Charette
Les Alexandrettes
Nathaly Charrette
Nathaly partage son temps entre la scène et la création. Elle est diplômée
du Conservatoire d’art dramatique de Montréal où elle a obtenu une
formation en jeu, en voix, en phonétique et en diction. Elle a aussi
complété un certificat de traduction à l’Université du Québec en Outaouais
et travaille dans la région d’Ottawa depuis 2002. Elle a participé à de
nombreuses productions théâtrales ainsi qu’à des émissions de télévision,
dont Les Héritiers Duval, Le Retour, Histoires de filles et Radio-Enfer.
Suzanne est comédienne, mais touche également à l’écriture et à la
traduction. Elle est diplômée du Conservatoire d’art dramatique de
Montréal où elle a obtenu une formation en jeu, en enseignement de
la voix, ainsi qu’un brevet de phonétique et de diction. Elle a aussi
complété une maîtrise en création littéraire à l’Université du Québec à
Montréal. Elle travaille dans la région d’Ottawa depuis une dizaine
d’années et a participé à de nombreuses productions dont Jean et
Béatrice au Théâtre du Trillium qui a remporté le Masque de la
meilleure production franco-ontarienne 2005.
Photo : Mathieu Girard
Suzanne Lambert
Suzanne Lambert
Prélude aux Alexandrettes – 19
Les collaborateurs
Esther Beauchemin, conseillère artistique
Esther mène sa barque au théâtre depuis une vingtaine d’années en tant
que comédienne (Maïta, Mentire, Le nez, Premières de classe) et plus
récemment comme auteure au théâtre (Maïta, La Meute) et à la télévision
(Sciences Point Com, Radio-Canada). Maïta, créé par le Théâtre de la
Vieille 17 et le Théâtre de Sable, a enthousiasmé l’Ontario, le Québec et
le Mexique (dans sa version espagnole). Le texte s’est en outre mérité le
prix du Salon du livre de Toronto en 2002 et une nomination pour le
Masque du meilleur texte en 2003. Esther, qui collabore avec le Théâtre
de la Vieille 17 depuis 1990, s’est récemment jointe à l’équipe en tant
que codirectrice artistique.
Louis Spritzer, conseiller artistique
Louis Spritzer a étudié la musique en Europe et au Canada. Ce qui l’a
amené sur plusieurs scènes du monde, ainsi qu’à la radio et à la télévision. Il a composé de la musique pour plusieurs pièces de théâtre (La
Mandagore de Jean-Pierre Ronfard), productions télévisuelles (Fingers
and Frets à CBC) et films. Il travaille depuis 40 ans avec des acteurs et
des chanteurs. Il a été professeur de voix à l’École nationale de
théâtre du Canada et au Conservatoire d’art dramatique de Montréal.
Dernièrement, il a fait une mise en scène à Hudson (Shirley Valentine)
et a travaillé avec des acteurs quatre pièces de Shakespeare à l’école
et a travaillé avec des acteurs quatre pièces de Shakespeare à l’École
d’Humanité en Suisse et au Centre National des Arts à Ottawa.
d’Humanité enSuisse et au Centre National des Arts à Ottawa.
Robert Bellefeuille, conseiller artistique
Acteur, auteur et metteur en scène, Robert Bellefeuille est diplômé du
Conservatoire d’art dramatique de Québec. Membre fondateur du
Théâtre de la Vieille 17, il en est le codirecteur artistique et général. À
titre de comédien, il a participé à plus de 40 productions, dont Exils,
Lucky Lady, Poor Superman et La Trilogie des Dragons. Pour le
compte de la Vieille 17, il a signé plus de 15 mises en scène dont
l’Inconception, Maïta, Mentire et Le Nez dont il cosignait le texte avec
Isabelle Cauchy et qui reçut le prix Chalmers en 1984. Plus récemment, le Théâtre Denise-Pelletier (Montréal) lui confiait les mises en
scène de Edmond Dantès (2004) et du Comte de Monte-Cristo (2005)
tandis que le Théâtre d’Aujourd’hui lui offrait la mise en scène de
Jouliks (2005). En septembre 2006, il mettra en scène de La Dame aux
Camélias au Théâtre du Nouveau-Monde. Robert Bellefeuille a reçu le
Prix Théâtre LeDroit et le Prix d’excellence artistique Théâtre Action,
soulignant la qualité exceptionnelle de son travail.
Yvette Tremblay, conceptrice des costumes
Depuis plus de 30 ans, la confection et la couture sont une passion
pour Yvette Tremblay. Elle a confectionné plusieurs costumes pour des
écoles de danse pendant près de 15 ans, mais aussi des costumes
d’Halloween, des costumes de théâtre, des costumes pour des compétitions de danse. Elle fait ses propres créations à partir de patrons et
croquis. Les costumes du spectacle des Alexandrettes sont le fruit de
son originalité et de son amour de la couture.
20 – Prélude aux Alexandrettes
Après l’intervention théâtrale
L’univers classique vous a intéressé ? Vous aimeriez en savoir plus ? Nous
vous invitons à faire quelques lectures et à visionner de bons films.
Si vous avez des questions ou des commentaires, vous pouvez
communiquer avec les Alexandrettes à l’adresse suivante :
[email protected] ou visiter le site Web du Théâtre de
la Vieille 17 : http://vieille17.ca.
Films
Molière, écrit et mis en scène par Ariane Mnouchkine (1978) — sur la
vie de Molière.
La Fausse Suivante, de Benoît Jacquot (1999), d’après une pièce
de Marivaux.
Beaumarchais, l’insolent, d’Édouard Molinaro (1995) — pour l’univers
des salons.
Livres
La jeunesse de Molière, de Pierre Lepeze, Paris, Gallimard Jeunesse,
coll. Folio Junior, 2003, 210 p.
Marivaux par lui-même, de Paul Gazagne, Paris, Seuil, coll. « Écrivains
de toujours », 1954, 191 p.
Molière, d’Alain Niderst, Paris, Perrin, 2004, 348 p.
Molière par lui-même, d’Alfred Simon, Paris, Seuil, coll. « Écrivains de
toujours », 1957, 192 p.
Ouvrages utilisés et sites Internet visités pour concevoir
ce document d’accompagnement
Collectif, Dictionnaire du Théâtre, Paris, Encycolopædia Universalis
et Albin Michel, 1998, 923 p.
Marivaux, Théâtre, tome 1, Paris, Éditions Gallimard et Librairie
Générale Française, Le livre de poche, 1966, 509 p.
Molière, L’Avare, Le Misanthrope, Le Bourgeois gentilhomme,
Union Européenne, Maxi-poche Classiques français, 1997, 248 p.
Molière, Les Femmes savantes, Paris, Bordas, Univers des lettres Bordas,
1977, 127 p.
Molière, Œuvres complètes, tome 3, Paris, Garnier-Flammarion, 1965,
436 p.
Molière, Le Tartuffe ou L’Imposteur, Paris, Bordas, Les petits classiques
Bordas, 1966, 127p.
www.alalettre.com
www.toutmoliere.net
http://membres.lycos.fr/bacfrench/divers/marivaudage.htm
Prélude aux Alexandrettes – 21
Remerciements
Ce projet est rendu possible grâce aux personnes et aux
organismes suivants : Conseil des arts de l’Ontario, MASC, Théâtre
de la Vieille 17 et toute son équipe (Esther Beauchemin, Robert
Bellefeuille, Simone Saint-Pierre et Marc-André Boyes-Manseau),
ainsi que Louis Spritzer, Yvette Tremblay, Danièle Aubut,
Dominique Saint-Pierre, Gilles Provost, Bianca Côté, Benjamin
Gaillard, Luc Thériault, Michel Charrette et tous ceux qui de près
ou de loin nous ont aidés.
T H É Â T R E
D E
V I E I L L E
22 – Prélude aux Alexandrettes
L A
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