lire le texte - Association des Amis de Pierre Teilhard de Chardin

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Français – p. 1
Anglais – p. 11
Espagnol – p. 19
Une amitié indéfectible
Numéro spécial dédié à la mémoire de Pierre Teilhard de Chardin
par le Centre Teilhard du Sri Lanka
Pierre Leroy (1900-1992), prêtre et jésuite, a été l’ami de Teilhard pendant de nombreuses
années. Cet article est le texte d’une causerie qu’il donna à l’occasion de l’inauguration du
Centre d’Etudes Teilhardiennes de l’université de Georgetown, le mercredi 1 er avril 1987.
Personne n’aurait pu prévoir que, trente-deux ans après la mort de Teilhard, je me
trouverais ici aujourd’hui, à Washington, pour l’inauguration d’un Centre dédié à l’étude de
son œuvre. J’ai été surpris et surtout ravi de recevoir l’invitation du Père Thomas King et l’ai
acceptée avec enthousiasme malgré mes raisons évidentes de ne pas entreprendre un tel
voyage. Je dois reconnaitre que tout a été fait pour rendre possible mon séjour parmi vous.
Tout d’abord, je voudrais remercier le Père King, M. Jeffs et tous les autres organisateurs de
ce grand jour. Je suis sûr qu’ils accepteront mes vœux chaleureux pour le succès de leur
entreprise. Puisse l’influence spirituelle et intellectuelle de ce Centre s’exercer non
seulement en Amérique mais dans le monde entier, pour donner une vraie image de la
personne de Teilhard de Chardin. Et merci à vous tous d’être ici aujourd’hui. Votre présence
m’encourage à évoquer mes souvenirs d’une amitié qui a enrichi ma vie.
J’ai eu le grand privilège de connaitre intimement le Père Teilhard. J’ai vécu avec lui en Chine
pendant six longues années. Je l’ai suivi lors de son retour en France en 1946 ; j’étais à
Chicago quand il est mort subitement à New-York en 1955. J’ai pu bénéficier de son
influence et de son exemple pendant les grands évènements que nous avons vécus côte à
côte. Comme toutes les vraies grandes âmes, il faisait passer, profondément, chez ceux qui
le comprenaient, un courant fort qui les entrainait pour toujours dans son sillage.
Ma brève intervention sur Teilhard et son œuvre comportera trois parties :
Premièrement je rappellerai quelques-uns des évènements marquants qui ont eu lieu au
cours des vingt-sept dernières années de la vie de mon ami.
Deuxièmement nous allons considérer les principes fondamentaux qui sous-tendent son
œuvre. Ils devraient constituer, pour tous les chrétiens, un enchainement d’idées cohérent
et logique.
Pourtant Teilhard a dû faire face à de nombreux détracteurs et à beaucoup d’humiliations.
Comment il a trouvé la force de ne pas céder à l’amertume sera la troisième partie de ce que
je voudrais dire.
Après cela, j’espère que vous aurez une image un peu plus claire de cette âme
exceptionnelle, entièrement vouée à son idéal : redonner au Christ la place qui lui revient
dans nos vies et dans l’évolution de l’Univers dont il est le Maître et l’inspiration
incomparable.
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PREMIERE PARTIE
LA RENCONTRE
Jeune Jésuite, en 1928 j’étais en Lorraine, étudiant en Biologie Générale dans une université
laïque. Notre savant professeur, Lucien Cuénot, nous avait prouvé que la théorie de
l’évolution était réellement applicable aux créatures vivantes. Depuis la première petite
entité biologique jusqu’à l’homme (peut-être la seule créature capable de réflexion) il était
possible de suivre l’expression individuelle et temporaire d’un courant de conscience
universelle ascendante. L’homme ne faisait pas exception. Il dépendait également de ce
courant.
Je trouvais cette conclusion déconcertante. Elle contredisait l’enseignement de la
philosophie. En vérité, si la vie spirituelle montait progressivement depuis le début même de
la création jusqu’à la l’apparition de l’homme, je ne voyais pas où Dieu pouvait intervenir
pour créer des âmes en cours de route. L’action directe de Dieu était soudain devenue
superflue.
Qui avait raison ? La science de l’évolution où mon catéchisme ?
Dans mon incertitude je cherchais de l’aide mais aucune réponse satisfaisante ne m’était
apportée.
J’avais entendu dire que le Père Teilhard était à Paris pour un court séjour. Je ne le
connaissais que d’après ses articles. Pourquoi ne pas lui écrire ? Peut-être pourrait-il
m’apporter la solution que je cherchais. Il me répondit aussitôt : « Venez me voir au
laboratoire de paléontologie du Museum ». C’est ainsi que quelques semaines avant les
examens j’abandonnai tout, y compris les cours magistraux et les travaux dirigés.
Le laboratoire du Museum dans lequel je fus introduis était pratiquement vide. Rien n’était
exposé, ni papier, ni objet d’aucune sorte. Il n’y avait que quelques livres et quelques
brochures sur les rayonnages. La lumière qui se déversait par les grandes fenêtres rendait la
nudité de la pièce encore plus frappante.
Et là, devant moi, se tenait Teilhard. Un col de clergyman et un long par-dessus de prêtre lui
donnait un air de grande distinction. Mais c’est son regard qui m’impressionna le plus. Son
regard vous transperçait sans vous faire de mal. Son expression rayonnait de bonté
naturelle.
Il me présenta une chaise et se percha avec décontraction sur le bord de la table. J’eus du
mal à m’exprimer. Les mots se mélangeaient et j’étais incapable d’exposer mon problème
clairement. Mais il me comprit tout de suite et me rassura de son sourire inimitable. Il avait
rencontré lui-même exactement les mêmes difficultés. Il me quitta après deux heures de
conversation. Je dois reconnaître que je ne compris pas tout à fait sa réponse sur le moment.
Mais j’avais retrouvé ma paix intérieure. J’avais trouvé un maître sur lequel je pouvais
compter et le maître allait devenir mon ami.
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Cela s’est passé il y a près de soixante ans !
UNE RENCONTRE DECISIVE
Après cette rencontre nous avons correspondu par intervalles. Malheureusement j’ai perdu
toute trace de notre correspondance pendant la deuxième guerre mondiale. Pour moi, la
grande période débuta vers la fin de 1939. Teilhard revint des Etats-Unis pour reprendre son
poste en Chine où il avait séjourné pendant l’année précédente. A l’époque je dirigeais le
Museum d’Histoire Naturelle de Tien-Tsin. Les conséquences de la guerre sino-japonaise
nous obligèrent à quitter Tien-Tsin pour Pékin où Teilhard vivait. Deux maisons adjacentes
mises à notre disposition par l’ambassade de France nous procurèrent un foyer et un endroit
où stocker les collections apportées de Tien-Tsin. Nous étions trois. Un vieux père s’occupait
de tenir la maison. Le Père Teilhard avait son laboratoire au rez-de-chaussée et le mien était
au premier étage.
UN PRIVILEGE
Depuis son exil en Chine en 1926, Teilhard était devenu un éternel voyageur. Il allait d’une
mission scientifique à l’autre, parcourant toute l’Asie de la Chine à l’Inde, de Pékin au nord
de la Mandchourie, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Comme si cela ne suffisait pas, il eut
aussi à aller et venir entre l’Amérique, la Chine et l’Europe. C’était en fait un réel évènement
quand il réussissait à passer quelques semaines d’affilée dans l’une de nos maisons. De 1939
à 1946, la guerre le retint captif à Pékin. La dureté de l’attitude des Japonais rendait
impossible tout travail sur le terrain. Nous avons dû nous contenter de ce qui était
disponible. Nous vivions sous le même toit et j’ai eu tout le loisir d’observer Teilhard
pendant cette vie monotone, qui, sans lui, aurait été étouffante. Chaque matin, après le
petit-déjeuner, nous parlions pendant environ vingt minutes. Puis chacun vaquait à ses
occupations. Vers cinq heures de l’après-midi nous allions rendre visite à des amis tant nous
nous sentions isolés dans cette grande capitale chinoise. Nous rentrions à la maison
quelques heures plus tard.
Et ainsi alla la vie de 1940 à 1946. L’atmosphère d’oppression due à l’occupation japonaise
aggravait notre situation. Les cercles scientifiques de Pékin n’avaient ni personnel, ni
ressources. Cela devenait difficile pour nous de continuer. Nos amis anglais et américains
étaient traités comme des prisonniers. Ils ne pouvaient plus quitter leurs maisons ni recevoir
leurs amis. Quand le Japon s’effondra en août 1945, nous n’avions plus qu’un désir : rentrer
en Europe le plus tôt possible. Les moyens de communication faisaient complètement
défaut, ce n’est qu’en mai 1946 que Teilhard parvint à regagner la France. Il alla à la maison
des jésuites à Paris où il avait déjà séjourné auparavant (aux Etudes, rue Monsieur).
Malgré la désorganisation de la vie à Paris qui se remettait tout juste des années
d’occupation allemande, Teilhard pu retrouver ses amis. Beaucoup de gens vinrent le voir,
d’autres encore lui demandèrent de participer aux mouvements intellectuels qui se
développaient dans le Paris de l’après-guerre. Malheureusement une attaque cardiaque
l’obligea à arrêter toutes ses activités. Après plusieurs mois de soins il se sentit assez bien
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pour se rendre à New-York où il passa la fin de 1947 et le printemps de 1948. Quand il revint
à Paris, des crises d’angoisse l’empêchèrent de travailler.
Teilhard avait à faire face à deux problèmes. Tout d’abord, allait-il enfin être autorisé à
publier son livre « Le Phénomène Humain » ? Son manuscrit avait été envoyé aux censeurs
mais il n’en avait plus entendu parler. Deuxièmement, allait-il obtenir de ses supérieurs
jésuites l’autorisation d’occuper une chaire d’enseignement au Collège de France, à Paris ?
Pour régler le problème une fois pour toute, il sollicita une interview avec le Général de
l’ordre des jésuites à Rome. Le Père Janssens lui réserva un accueil chaleureux mais retint
néanmoins l’autorisation.
Je voudrais souligner ici la force de caractère du Père Teilhard. Les déceptions répétées qu’il
avait dû subir, les unes après les autres, auraient suffi à remplir d’amertume tout un chacun.
Mais, apparemment, pas lui. Il se remit courageusement au travail et donna une série de
conférences à la Sorbonne à Paris. Puis, il fut de nouveau frappé par un accident de santé et
dut passer plusieurs semaines de convalescence à l’extérieur de Paris. Je lui rendis visite
presque chaque jour.
En mai 1950 il fut élu « Membre de l’Institut », une récompense suprême réservée aux élites
du monde scientifique.
Après un rapide voyage en Afrique du Sud, il revint en France pensant qu’il s’agissait d’un
retour définitif, quand, en 1953, il reçut un nouveau coup : cette fois-là il fut obligé de
quitter Paris pour toujours. C’est en Amérique qu’il devait trouver refuge. A partir de ce
moment il vécut à New-York. Parmi d’autres missions, la Fondation Wenner Gren lui confia
l’organisation d’un symposium de spécialistes à l’Université Berkeley en juin 1955. La mort le
frappa avant qu’il puisse achever cette tâche.
LA MORT DE TEILHARD
C’est à New-York que j’ai vu le Père Teilhard pour la dernière fois, quelques jours avant Noël
1954. Je l’ai trouvé affaibli et stressé. Je ne me doutais pas que je devais ne jamais le revoir
vivant. Je suis retourné à Chicago où j’avais entrepris une recherche scientifique. Nous nous
appelions régulièrement pour nous donner des nouvelles. Le dimanche de Pâques, le 10 avril
1955, on m’informa par téléphone de sa mort subite. Quel chagrin ! Et quel changement !
Le dimanche de Pâques avait été un jour de joie. La grande ville baignait dans la lumière
printanière. Les avenues étaient pleines de promeneurs. Chacun célébrait à sa manière la
résurrection du Christ. Contrairement à ses habitudes Teilhard avait assisté à la grand-messe
à Saint Patrick. Il aimait sentir la foule autour de lui, lui qui était l’ami de l’humanité entière.
L’après-midi il avait été à un concert et ses amis l’avaient ramené chez eux pour la tasse de
thé traditionnelle. Il parcourait un livre, assis près de la fenêtre, quand on vint lui dire que
tout était prêt. Il déposa son livre, fit quelques pas et s’effondra, inconscient. Après un
moment il ouvrit les yeux et demanda où il était. « Je ne me souviens de rien », dit-il, « cette
fois-ci c’est vraiment terrible ! ». Ce furent ses derniers mots. Le dimanche précédent
Teilhard avait déclaré en public, « J’aimerais mourir un dimanche de Pâques ». C’est ce qu’il
fit, de manière tout-à-fait inattendue.
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J’arrivai le matin suivant. C’était le lundi 11 avril. Il était exposé dans la chapelle des Pères du
collège Saint Ignace, Park avenue. Je demeurai avec lui un bon moment à méditer une de ses
prières, prise dans l’Hymne de l’Univers.
Les obsèques eurent lieu de bonne heure le mardi matin. La nef de l’église était presque
vide. Il n’y eu ni hymnes, ni allocutions, ni musique, pas même l’émouvant « In Paradisium »
que l’on chante généralement pour accompagner le corps au cimetière. Il fut inhumé à SaintAndrew-on-Hudson où les Pères Jésuites ont leurs tombes. Et c’est là qu’il repose à jamais.
Toute la cérémonie se déroula dans un esprit de détachement noble et impressionnant.
J’ai volontairement omis de mentionner de nombreux évènements qui ont marqué
l’existence haute en couleurs et pleine d’aventure de Teilhard ; riche également en joie, en
souffrance et en épreuves humiliantes. J’aimerais toutefois dire quelques mots sur la
personnalité de Teilhard et sur ce qu’il m’a personnellement apporté.
LA PERSONNALITE DE TEILHARD DE CHARDIN
Ce n’était pas difficile de vivre avec le Père Teilhard. Bien entendu, il avait ses défauts. Il était
têtu jusqu’à l’obstination et excessivement réservé quand il s’agissait de sa vie privée. Il a
été tourmenté par des scrupules puis par une souffrance intérieure qui l’a torturé pendant
les dernières années de sa vie. Extrêmement sensible il appréciait l’amitié des femmes. Loin
d’être pour lui un obstacle, elles lui furent d’une grande aide dans plusieurs occasions, sans
qu’il souhaite transgresser les normes de vie respectables de l’Eglise catholique. Il se fixait
comme règle d’être fidèle en toutes choses. Avec la force et la pureté transparente de sa
logique spirituelle, il osa aller de l’avant dans la vie comme un homme dans « le sens
pleinement humain et pleinement chrétien » du terme, selon sa propre expression. En
présence d’un tel homme, la vie prenait des couleurs nouvelles et un nouveau relief.
Teilhard m’a donné confiance en moi. Je ne lui cachais rien. Il connaissait mes positions, mes
conflits intérieurs, mes succès et mes échecs. Dans les moments de crise, quand on avait
envie de tout abandonner, il vous sauvait la vie.
Tout en consacrant une bonne partie de son temps au silence et à la réflexion, il était ouvert
aux autres et avait bon caractère. Ami fidèle, il ne se dérobait jamais quand on avait besoin
de lui. Il était sensible au charme de la conversation. Il aimait les bonnes histoires et
appréciait les repas bien préparés. Son ouverture d’esprit et sa franchise évidente facilitaient
les contacts avec lui. Il n’hésitait pas à se servir de son sens inné de l’humour.
Teilhard détestait l’hypocrisie collet-monté, l’humilité ostentatoire et tout ce qui ressemblait
à de la suffisance. Il écoutait ses interlocuteurs avec beaucoup d’attention et était très
éloigné de la condescendance dédaigneuse dont les grands hommes font parfois preuve.
Comme Teilhard l’a lui-même écrit, il était plein de respect pour tout homme, quels que
soient son pays, sa croyance, son milieu social, pourvu que cette personne soit animée du
même esprit de recherche que lui. C’était un contact profond qui s’établissait
immédiatement. Tout en s’attachant à faire connaitre ses idées, il n’essayait jamais de les
imposer. Il souhaitait aider les autres à penser par eux-mêmes tout en espérant, bien sûr,
être capable de les convaincre.
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Toutes mes perspectives ont changé. Au fil du temps j’ai découvert que, dans la vie
spirituelle, cela pouvait être une erreur de brimer sa personnalité dans le but de s’approcher
davantage de Dieu. Dans le souffle de vie qui nous porte nous devons aimer de plus en plus
pour savoir comment aimer mieux. Le paradoxe caractéristique de Teilhard de
« l’attachement-détachement » me semblait toujours plus essentiel et plus exigeant. Il
s’agissait de le vivre et cela revenait à franchir beaucoup de seuils difficiles. Il me semble que
je peux dire en toute honnêteté que sans l’exemple de Teilhard, ma vie aurait été
complètement différente.
DEUXIEME PARTIE
DES IDEES FONDAMENTALES
Laissez-moi vous présenter maintenant l’œuvre du Père Teilhard. Pour beaucoup de lecteurs
elle est difficile à comprendre : ses néologismes, le style de ses écrits et la nouveauté de sa
pensée semblent autant d’obstacles insurmontables. Permettez-moi donc d’essayer de vous
expliquer les trois idées fondamentales sur lesquelles son œuvre est fondée, comme le Père
Teilhard me l’a dit lui-même.
1- Il considérait l’évolution comme un phénomène universel. A tous les niveaux du
minéral comme du vivant, l’évolution est la caractéristique essentielle de la réalité
expérimentale. L’évolution n’est pas créatrice en elle-même comme la science l’a
pensé à un moment donné. Elle est l’expression de la création dans l’espace-temps.
2- Deuxièmement, l’évolution prend place dans un mouvement qui emporte toutes les
créatures vivantes vers le psychisme, ou la vie psychique, le facteur psychique
devenant de plus en plus manifeste au fur et à mesure de l’avancement des
structures vers plus de complexité. Le point culminant de ce mouvement ascendant
est la réflexion, le fait de savoir et de savoir que l’on sait. C’est cette faculté qui fait
de la personne humaine le centre spirituel de la Pensée, de la Liberté et de l’Amour.
3- En dernier lieu, la personne humaine, dans la mesure où elle est distincte d’une
simple entité, trouve sa pleine signification dans une Personne Suprême, le Christ, le
Point Omega, le Centre dans lequel l’univers tout entier sera transfiguré.
Donc, pour résumer, il y a trois lignes directrices :
1- L’évolution est omniprésente et progressive
2- L’évolution va vers la personne humaine
3- La personne humaine trouve sa pleine signification dans la Personne Suprême, le
Point Omega.
Vu sous cet angle, l’univers a un centre spirituel vers lequel toutes choses convergent.
Teilhard s’est attaché à rassembler ce que les judéo-chrétiens et les philosophes grecs
avaient séparé : le ciel et la terre, matière-instinct, l’âme-corps et l’esprit. En réalité, tous ces
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facteurs se combinent dans un élan dynamique vers l’avant. Tout est dans tout. Et ainsi
l’univers devient un processus cohérent plutôt qu’un ordre (établi). (tome V, p.341)
L’énergie initiale (l’esprit-matière) s’est différentiée au fil du temps en une énergie physicochimique, matérielle et spirituelle. Quand la vie a émergé, la conscience psychique est
apparue également, dans un mouvement ascendant vers la Réflexion. Le couronnement de
cette ascension est le point Omega.
En présentant la Création comme une synthèse, Teilhard ne s’éloigne en aucune façon de la
science. Plus les scientifiques observent l’univers, plus ils semblent se rapprocher du modèle
suggéré par Teilhard il y a environ cinquante ans. Pourtant des hommes célèbres comme
Gregory Simpson et P.B. Medawar ont vu dans cette théorie une explication mystique de
l’Evolution. Ils ont donc rejeté un travail de longue haleine sous prétexte qu’il n’était pas
scientifique, parfois en des termes insultants.
Il est inutile de dire que le progrès scientifique accompli au cours des vingt dernières années
a modifié de nombreuses données qui n’étaient pas comprises auparavant. Un fait demeure
néanmoins : tout ce qui existe dans notre univers est relié à la fois à ce qui est advenu
auparavant et à ce qui adviendra par la suite. Il en est de même pour l’humanité. L’homme
apparait dans la lignée des primates comme distinct de tous les spécimens antérieurs. Il est
le produit de la Terre et nous pouvons témoigner que son évolution continue. Produit
exceptionnel d’un cosmos complexe, l’homme n’est pas un individu comme un animal au
milieu d’un troupeau. Il est un être pleinement personnalisé. Il est « lui-même ». Aucun être
au monde ne peut le remplacer. L’homme a reproduit d’autres hommes. Aucun d’entre eux
n’a été sans signification. Il est une personne qui n’a peut-être pas d’équivalent dans
l’Univers.
Toutes ces personnes forment une unité organique qu’on appelle l’humanité, mais au-delà
de cette uniformité, il y a une humanité pensante « étirée comme un film à la surface de
notre planète, ultime enveloppe » où l’âme de la Terre est concentrée. Teilhard nomme
cette couche pensante la Noosphère, ou sphère de l’esprit de même que la biosphère
signifie sphère de la matière vivante. Cette couronne, pour ainsi dire, ne colore pas la terre
en vert ou en bleu, mais rend la terre « phosphorescente de pensée ».
LA FIN DE L’EVOLUTION
La personne humaine met-elle un point final à l’Evolution ?
Nombreux sont ceux qui à notre époque prévoient l’arrivée future d’un Superman. Ils
fondent leur désir, ou leur souhait, sur la mutation du code génétique ou sur un
accroissement de la puissance cérébrale. Il nous est impossible de prévoir jusqu’à quel point
les techniques modernes permettront à l’homme de maitriser la nature. Je peux, toutefois,
vous assurer que jamais, à aucun moment, Teilhard n’a imaginé que l’homme pourrait
devenir l’esclave de quelque invention scientifique. Il rêvait au contraire de promouvoir
l’esprit et le cœur.
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La figure symbolique du cône va nous aider à suivre la logique d’une telle aspiration. La base
du cône se trouve dans « le cœur de la matière », dans la partie la plus profonde de l’Univers
que Teilhard nomme « la multitude ». Au fil du temps, les côtés du cône s’élèvent, la
multitude inorganisée cède peu à peu la place à de l’organisé. Plus nous montons, plus nous
trouvons du psychique. Le psychique finit par atteindre la réflexion, c’est-à-dire l’humanité
et la Personne humaine. Avec une grande audace, Teilhard a extrapolé à partir de cette
figure d’une manière que nul n’avait imaginé auparavant, il a prolongé les côtés du cône en
pointillé jusqu’à ce qu’ils convergent au sommet. Pour lui ce sera la rencontre finale, la fin
décisive de l’aventure humaine. Tout se rejoindra en Omega. A partir de ce moment-là, la
Personne humaine, flèche de l’Evolution, ne pourra plus s’égarer dans le néant. Absorbée
par le Christ Omega, elle demeurera en lui. La Personne Suprême, le premier né de la
création, Lui en qui tout est réuni.
POINTS DE VUE SPIRITUELS
Si tout ce qui existe est finalement réuni en Omega, le « salut » n’est plus une affaire
individuelle mais « collective ».
Il ne nous suffit pas de préparer notre avenir du mieux que nous pouvons en fonction des
circonstances. Nous devons tirer de ce monde toute la vérité et toute l’énergie contenues
dans la création.
Pour Teilhard, il existe une « obligation naturelle de continuer à chercher. Jusqu’à la fin nous
devons lutter pour voir plus clairement, pour agir avec plus de force, non seulement par
enthousiasme cosmique mais par devoir strictement naturel et moral ». Nous voyons que
cela ne concerne pas seulement l’homme mais également la matière. C’est la matière qui
procure au psychisme (et à l’esprit) la structure dont il a besoin pour se manifester ; la
matière a donc une valeur spirituelle.
Mais écoutons ce que Teilhard a à nous dire à ce sujet :
« Bénie sois-tu, âpre Matière, glèbe stérile, dur rocher, toi qui… nous force à travailler si nous
voulons manger. Bénie sois-tu, dangereuse matière, mer violente, indomptable passion, toi
qui nous dévores, si nous ne t’enchaînons…Toi qui résistes et toi qui plies, - toi qui enchaines
et toi qui libères…- Sève de nos âmes, Main de Dieu, Chair du Christ, Matière, je te bénis »
(Jersey, 8 août 1919).
Nous sommes bien loin du matérialisme qui ne voit dans la matière qu’une « masse de force
brutale et de pulsions inférieures ». Nous sommes aussi bien loin des Pères du Désert dans
leur fuite du monde. Il s’agit de réincarner le christianisme une deuxième fois, de mieux le
comprendre pour lui donner une nouvelle naissance.
Teilhard fit lui-même l’expérience de cette approche spirituelle ; Il a vécu ses attachements
et ses déracinements dans un grand renoncement à lui-même, comme les grands pénitents,
bien que de façon moins spectaculaire. Son Journal de 1915 à 1919, ses Ecrits du Temps de
la Guerre et Genèse d’une pensée expriment clairement la spiritualité qui était la sienne.
« Le christianisme est un prolongement de l’élan vital. Il doit recevoir la sève de toutes les
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ambitions humaines pour s’en nourrir ». Quelques années plus tard, en 1923, au cours d’une
expédition scientifique dans la région désertique des Ordos, il écrivit l’inoubliable Messe sur
le Monde.
« Puisque, une fois encore, Seigneur, non plus dans les forêts de l’Aisne, mais dans les steppes
d’Asie, je n’ai ni pain, ni vin, ni autel…je vous offrirai… sur l’autel de la Terre entière, le travail
et la peine du Monde ».
En 1927, il a soumis le manuscrit du Milieu Divin à des censeurs religieux. Ils ont tous
réclamé sa publication immédiate. Son édition ne fut pourtant possible que trente années
plus tard. Depuis lors il été traduit et diffusé dans le monde entier et demeure un grand
classique de la littérature religieuse.
Le visage du Christ Universel, de ce « Centre Total » dans lequel tout sera réuni, apparait en
filagramme dans toute l’œuvre de Teilhard. C’est dans le Cœur de la Matière que sa pensée
religieuse se révèle le plus clairement. Voici, en conclusion, quelques citations de ce livre :
« Plus les années passent, Seigneur, plus je crois reconnaitre que, en moi et autour de moi, la
grande et secrète préoccupation de l’Homme moderne est beaucoup moins de se disputer la
possession du Monde que de trouver le moyen de s’en évader. L’angoisse de se sentir, dans la
Bulle cosmique… la recherche anxieuse d’une issue… voilà… la peine qui pèse obscurément
sur l’âme aussi bien des Chrétiens que des Gentils, dans le monde d’aujourd’hui ».
« Ce Dieu tant attendu de notre génération, n’est-ce pas vous, tout justement qui le
représentez…Jésus ? ».
« Seigneur de mon enfance et Seigneur de ma fin… qui êtes désormais le seul à pouvoir nous
satisfaire, écartez enfin tous les nuages qui vous cachent encore … O Christ toujours plus
grand ! ».
Pour Teilhard un pont s’est progressivement formé et a comblé le fossé qui séparait la
science et la foi. Il a vu que le Dieu de l’En-haut et le dieu de l’En-avant ne faisait qu’un seul
et même Dieu, attirant à lui la fine fleur des énergies spirituelles de ce monde. L’amour du
monde et l’amour de Dieu étaient enfin devenus inséparables.
CONCLUSION
Plus de trente ans se sont écoulés depuis que Teilhard a fermé les yeux un dimanche de
Pâques. Dans un monde tourmenté, harcelé par la vitesse du changement, les gens de notre
époque, privés de toute réalité métaphysique, se concentrent sur le profit financier. Ils n’ont
pas de sensibilité religieuse et ne vivent plus en harmonie avec eux-mêmes. Pour beaucoup
d’entre eux l’observance religieuse n’est que pur ennui. La religion elle-même ne leur
apparait que comme un tas d’idées vieux-jeu. De tous côté, c’est ce que nous voyons.
L’œuvre du Père Teilhard est pour nous une cure. Elle nous enseigne « la volonté de vivre »
et la volonté d’aller de l’avant, grâce à une meilleure compréhension du rôle joué par
l’homme dans le processus universel de l’Evolution. « Pour sortir de l’incertitude qui risque
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de paralyser notre volonté d’agir, je ne vois pas d’autre solution que de nous élever au-dessus
d’elle et d’émerger, afin d’avoir une vision plus claire ». Tout au long de sa vie il a toujours
vécu en conformité avec ce qu’il écrivait et disait. Jusqu’à son dernier jour son visage
irradiait le silence et la paix. « J’ai l’Univers tout entier devant moi », écrivait-il, « avec ses
nobles luttes, avec ses passionnantes recherches. En plein labeur humain, je puis et je dois me
jeter à perdre haleine. Plus j’en prendrai ma part, plus j’atteindrai le Christ ». Il dirait encore
la même chose aujourd’hui, à une époque où nous sommes témoins de changements si
profonds, préludes d’un nouveau bond en avant des sociétés humaines.
J’espère que vous vivrez comme lui et agirez comme il le fit, sans peur mais dans le feu de
l’Espérance. C’est ainsi que vous trouverez la paix, la joie de vivre et le goût de la vie. « C’est
le manque d’audace et de foi qui réduit la vie à rien » avait-il coutume de dire. Je ne peux
que vous souhaiter de prêter à ses paroles toute l’attention qu’elles méritent !
Versailles, février 1987
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UNFAILING FRIENDSHIP
Talk by Pierre Leroy published in the special issue dedicated to the memory of
Pierre Teilhard de Chardin by the Teilhard Center, Sri Lanka
Pierre Leroy (1900-1992), a Jesuit priest, was a friend of Teilhard's over many years. This article is the
text of a talk he gave at the opening of the Teilhard Study Centre at Georgetown University on
Wednesday, April 1, 1987.
No one could have foreseen that, thirty-two years after the death of Pierre Teilhard de Chardin, I
would be here today in Washington for the opening of a Centre dedicated to the study of his work. I
was surprised and even more delighted to get Father Thomas King's invitation and I accepted
enthusiastically, despite the obvious reasons I had for not venturing on such a journey. I must say
that everything has been done to make my stay with you possible.
First of all, I would like to thank Father King, Mr Jeffs and all the other organisers of this great day. I
trust they will accept my heartfelt wishes for the success of their undertaking. May the spiritual and
intellectual influence of the Centre be felt, not just in America, but throughout the world in the true
image of Teilhard de Chardin himself. And thank you, all of you, for being here today. Your presence
gives me heart to talk about some of the memories I have of a friendship that has enriched my life.
I had the great privilege of knowing Father Teilhard intimately. I lived for six long years with him in
China. I followed him on his return to France in 1946: I was in Chicago when he died suddenly in New
York in 1955. I was able to benefit from his influence and the example he gave me during the great
events we lived through side by side. Like all truly great souls, he instilled, deep down in those who
understood him, a strong current that was to carry them ever in his wake.
My brief account of Teilhard and his work is divided into three chapters so to speak:
First I shall recall some of the outstanding events that took place in the last twenty-seven years of my
friend's life.
Secondly, we are going to take a look at the fundamental principals underlying his work. For all
Christians they should appear as a coherent, logical chain of ideas.
Yet, Teilhard had to face many detractors and humiliations. How he found the strength not to give in
to bitterness is the third part of what I would like to say.
Afterwards, I hope you will have a clearer picture of this exceptional soul, entirely devoted to his
ideal which was reinstate Christ in His rightful place in our lives and in the evolution of the Universe,
of which He is the Master and the incomparable inspiration.
PART ONE
THE MEETING
As a young Jesuit in 1928, I was in Lorraine studying General Biology in a lay university. Our learned
professor, Lucien Cuénot, had proved to us that the theory of evolution was truly applicable to living
creatures. From the first humble biological entity to man, maybe the only creature capable of
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reflection, we could trace the individual and temporary expression of a current of ascending
universal consciousness. Man was no exception. He was also dependent on that current.
I found this conclusion disconcerting. It was contradictory to the teachings of philosophy. Indeed, if
spiritual life was gradually ascending right from the beginning of creation until man arrived on the
scene, I could not see where God came into the picture to create souls on the way. The direct action
of God had suddenly become superfluous.
Who was right? The science of evolution or my catechism?
In my uncertainty I looked for help, but no satisfactory reply was forthcoming.
I had heard that Father Teilhard was on a short stay in Paris. I only know him from his articles. Why
not write to him, I thought? Perhaps he could bring me the solution I was looking for. He replied at
once: “Come and see me at the paleontological laboratory at the Paris Museum.” So, a few weeks
before the exams, I threw everything over, including lectures and tutorials.
The Museum laboratory into which I was shown was practically empty. There was nothing in the
bench, no papers, no object of any sort. On the book shelves were a few books and some pamphlets.
The light pouring through the large windows made the bareness of the room even more striking.
And there, before me, was Teilhard. A clergyman's collar and a long priest's overcoat gave him a look
of great distinction. But what impressed me most were his eyes. They were eyes that saw straight
through one without hurting. His expression was one of radiant natural goodness.
He showed me a chair and perched himself casually on the edge of the table. I found it difficult to
express myself. The words got mixed up and I was unable to state my problem clearly. But he
immediately understood me. With his inimitable smile, he reassured me. He had come up against the
very same difficulty himself. I left him after a conversation that lasted two hours. To be honest, I did
not quite understand his reply at the time. But I had recovered my peace of mind. I had found a
master on whom I could rely and the master was to become my friend.
That happened nearly sixty years ago!
A DECISIVE MEETING
After that meeting, we corresponded off and on. Unfortunately, I lost all trace of our correspondence
during World War II. The great period for me began towards the end of 1939. Teilhard came back
from the U.S.A. To take up his post again in China where I had been for the past year. At the time, I
was director of the Natural History museum of Tientsin. The effects of the Sino-Japanese war forced
us to leave Tientsin for Peking where Teilhard was living. Two adjacent houses, lent to us by the
French embassy, provided us with a home and a place to store the collection brought from Tientsin.
There were three of us. An elderly father was in charge of the housekeeping. Father Teilhard had his
laboratory on the ground floor and mine was one floor up.
A PRIVILEGE
Since his exile in China in 1926, Teilhard had become an eternal wanderer. He was packed off from
one scientific mission to another, travelling all over Asia – from China to India, from Peking to
northern Manchuria, from North to South, from East to West. As if that were not enough, he also had
to go backwards and forwards between America, China and Europe. It was, in fact, a real event when
he was able to spend a few weeks running in one of our houses. From 1939-1946, the war held him
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captive in Peking. The severe attitude of the Japanese made all work in the field impossible. We
simply had to make do with what was available. We lived under the same roof and I had plenty of
time to observe Teilhard in the monotony of a life that, without him, would have been stifling. Every
morning, after breakfast, we talked for about twenty minutes. Then each went about his own
business. At about five in the afternoon, we would go to visit friends, isolated as we were in the great
Chinese capital. We came home a few hours later.
And so life went on from 1940 until 1946. The oppressive atmosphere of the Japanese occupation
aggravated our situation. The scientific circles in Peking had neither personnel nor resources. It was
becoming difficult for us to keep going. Our English and American friends were treated as prisoners.
They could no longer leave their homes nor entertain their friends. When Japan collapsed in August
1945, we had only one desire – get back to Europe as soon as possible. Means of communication
were totally lacking and it was only in May 1946 that Teilhard reached France. He went to live at the
Maison des Jésuites in Paris where he had stayed formerly (aux Etudes, rue Monsieur).
In spite of the disorganization of life in Paris, only just beginning to recover from the years of German
occupation, Teilhard found his friends again. Many people came to see him. Several more asked him
to take part in the intellectual movements that sprang up in post-war Paris. Unfortunately, his
activities were brought to a standstill by a heart attack. After several months' care, he felt well
enough to travel to New York where he spent the end of 1947 and spring 1948. When he came back
to Paris, crisis of anguish prevented him from working.
Teilhard had to face two problems. First, would he at least be allowed to publish his book The
Phenomenon of Man? The manuscript had been sent to the censors but he had heard nothing since.
Secondly, would he get from his Jesuit superiors permission for a professorship at the Collège de
France in Paris? To settle the matter once and for all, he asked for an interview with the Father
General of the Jesuit order in Rome. Father Janssens gave him a warm welcome; however, he
withheld the authorization.
I would like to stress here Father Teilhard's strength of character. The repeated disappointments he
had suffered, one after the other, would have been enough to have embittered anyone. But,
seemingly, not him. He went bravely back to work and gave a series of lectures at the Sorbonne in
Paris. Once again he was struck down by ill health and had to spend several weeks' convalescence in
a place just outside Paris. I went to see him nearly every day.
In May 1950, he was elected “Membre de l’Institut”, a crowning reward reserved for the élite among
scientists.
After a quick trip to South Africa, he came back to France, as he thought for good, when, in 1953,
another blow befell him. This time he had to leave Paris for ever. It was in America that he found
refuge. From then on, he lived in New York. At the Wenner Gren Foundation, among other duties, he
was entrusted with the organization of a symposium of specialists at Berkeley University for the
month of June 1955. Death overtook him before he could complete that task.
TEILHARD’S DEATH
The last time I ever saw Father Teilhard was in New York, a few days before Christmas 1954. I found
him weaker and harassed. Little did I know that I was never to see him again alive. I went back to
Chicago where I was engaged in scientific research. We called each other for news regularly. On
Easter Sunday, April 10th towards late afternoon, I was told over the telephone of his sudden death.
What sorrow! And what a contrast!
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Easter Sunday had been a day of joy. The great city was bathed in spring light. The avenues were full
of strollers. Everyone was celebrating the resurrection of Christ in his own way. Contrary to his
habits, Teilhard had attended High Mass at Saint Patrick’s He wanted to feel people around him, he
who was a friend to all mankind. In the afternoon he had been to a concert and his friends had taken
him back to their home for the traditional cup of tea. He was sitting by the window, looking through
a book, when they came to tell him that all was ready. He put the book down, walked a few steps,
then collapsed unconscious. After a few moments, he opened his eyes and asked where he was. “I
can’t remember anything,” he said, “this time it’s really dreadful.” These were his last words. The
Sunday before, Teilhard had declared in public, “I would like to die on an Easter Sunday.” And he did,
quite unexpectedly.
I arrived the next morning. It was Monday April 11 th. He was laid out in the chapel of the fathers of
Saint Ignatius College on Park Avenue. I stayed with him a long time, meditating on a prayer of his
taken from the Hymn of the Universe.
The funeral took place early on the Tuesday morning. The nave of the church was well-nigh empty.
There were no hymns, no speeches, no music, not even the moving “In Paradisium” that is normally
chanted as the body is borne to the cemetery. He was buried at Saint-Andrew-on-Hudson where the
Jesuit fathers have their own grave. And there he rests for ever. The whole ceremony was performed
with impressive and noble detachment.
I have purposely left out many of the events that marked Teilhard’s richly adventurous and colourful
existence: rich also in joy, in suffering and humiliating trials. I would, however, like to say a few words
on Teilhard’s personality and what he brought me, personally.
THE PERSONALITY OF TEILHARD DE CHARDIN
It was not difficult to live with Father Teilhard. Although he spent long periods in silence and
reflection, he was open to others and good-natured. A faithful friend, he never backed out when he
was needed. He was sensitive to the charms of conversation. He liked a good yarn and enjoyed a
well-cooked meal. His openness and apparent candour made him easy to approach. He did not
hesitate to make use of his natural sense of humour.
Teilhard detested stiff-collared hypocrisy, ostentatious humility and everything that might appear
conceited. He listened to others carefully, far from him that disdainful condescension which the great
sometimes display. As Teilhard himself wrote, he was full of respect for any man whatever his
country, creed or social background, provided that that person was inspired by the same spirit of
research. It’s a deep contrast that was immediately established. Although he was keen to make his
ideas known, he never tried to impose them. He wanted to bring others to think for themselves,
hoping, of course, that he would be able to convince them.
Naturally he had his shortcomings. He was self-willed to the point of being obstinate and overreserved whenever his private life was brought up. He was tormented by scruples and, later on, by
the agony of mind that tortured him in the last years of his life. As a highly sensitive man, he
welcomed the friendship of women. Far from being an obstacle, they were a great help to him on
several occasions – not that he wished to transgress the very respectable customs code of the
Catholic Church. He made it a rule to be faithful in all things. In the transparent purity and strength of
this spiritual logic, he dared to go forward in life as a man, I the “fully human and fully Christian
sense” as he himself put it. In the presence of such a man, life took on new colours, new relief.
Teilhard gave me confidence. I hid nothing from him. He knew my attitudes, my inner conflicts, my
successes and my failures. At a time of crisis, when you feel like giving everything up, he was a life
saver.
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My whole outlook changed. As time went on, I discovered that, in the spiritual life, it might be a
mistake to crush one’s personality in order to draw closer to God. In the breath of life that sustains
us, we must love more and more in order to know how to live better. The typical Teilhard paradox of
“Attachment-Detachment” seemed always more essential, more demanding. It was something you
had to live and that meant crossing many difficult thresholds. I think I can honestly say that, without
Teilhard’s example, my life would have been different altogether.
PART TWO
FUNDAMENTAL IDEAS
Now let me introduce you to Father Teilhard’s work. For many readers it is difficult to understand –
new words, the style of writing, the novelty of his thinking seem like so many unsurmountable
obstacles. So let me try to explain to you clearly the three main ideas on which, Father Teilhard told
me himself, his work was based.
1. He considered that evolution was a universal phenomenon. At all inorganic and living levels,
evolution is the essential property of experimental reality. Evolution is not in itself creative,
as Science once believed. It is the expression of creation in time and space.
2. Secondly, evolution takes place in a movement that carries all living creatures towards
psychism, or psychic existence, the psychic factor becoming more manifest as the structures
become more complex. The culmination point of this ascending movement is reflection, the
fact of knowing and knowing that we know. It is this faculty that makes the human person
the spiritual centre of Thought, Freedom and Love.
3. Lastly, the human person, as distinct from just an entity, finds his full meaning in a Supreme
Person, Christ, the Point Omega, the Centre in which the whole universe will be transfigured.
Briefly then, there are three guidelines:
1. Evolution is omnipresent and progressive.
2. Evolution leads to the human person.
3. The human person finds his whole meaning in the Supreme Person or Omega Point.
Seen like this, the universe has a spiritual centre towards which all things converge.
What Teilhard did was to reassemble what the Judeo-Christian and the Greek philosophers had
pulled apart: the sky – the earth, matter – instinct, soul – body and mind. In reality, all these factors
combine in a dynamic thrust forward. Everything is in everything. Hence the universe becomes a
coherent process instead of an (established) order. (Vol.V, p.341)
The initial energy (spirit – matter) became differentiated in time into physicochemical, material and
spiritual energy. When life emerged, so did psychic awareness, in an ascending movement towards
Reflection. The crowning point of this ascension is Omega Point.
In presenting Creation as a synthesis, Teilhard in no way detracts from Science. The more scientists
examine the Universe, the more they seem to come to the pattern Teilhard suggested some fifty
years ago. Yet, famous men like Gregory Simpson and P.B. Medawar saw in this theory a mystical
explanation of Evolution. Consequently, they rejected a lasting work on the grounds that it was
unscientific, and sometimes in insulting terms.
Needless to say, the scientific progress accomplished over the last twenty years has changed much of
the data that formerly were misunderstood. One fact remains nevertheless: everything that exists in
our universe is linked both to what came before and what comes after it in time. The same applies to
mankind. Man appears on the line of Primates distinct from all the previous specimens. He is the
product of the Earth, and we can witness to say that his evolution is still going on. The exceptional
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product of a complex cosmos, man is not an individual like an animal in a herd. He is a fully
personalized being. He is “himself”. No other being in the world can replace him. Man has
reproduced other men. None have been meaningless. He is a person, perhaps without his equivalent
in the Universe.
All these persons form an organic unit called mankind, but beyond this uniformity, there is thinking
mankind “stretched like a film on the surface of our planet as an ultimate envelope” in which the
soul of the Earth is concentrated. Teilhard calls this thinking layer the Noosphere, meaning the
sphere of the spirit as biosphere means the sphere of living matter. This crown, so to speak, does not
colour the earth green or blue but makes the earth “phosphorescent with thought”.
THE END OF EVOLUTION
Does the human Person put an end to Evolution?
Many men of our time foresee in the future the arrival of a Superman. They found their desire, or
their wishful thinking, in mutation in the genetic code and on increase of brain power. We cannot
possibly forecast how far modern techniques will enable man to master nature. I can, nevertheless,
assure you that Teilhard never, at any time, imagined that man might be enslaved to some scientific
invention. On the contrary, he dreamed of promoting mind and heart.
The symbolical figure of the cone will help us to follow the logical course of such an aspiration. The
base of the cone lies in the “heart of matter”, in the deepest part of the Universe in what Teilhard
named “multitude”. As time goes on, the sides of the cone rise, the inorganic multitude gradually
gives way to the organic. The higher we go, the more psychism do we find. Psychism finally reaches
reflection, that is to say mankind and the human Person. With great audacity, Teilhard extrapolated
on this figure in a way no one had ever thought of, he extended the sides in dotted lines until they
converge at the summit. For him, this will be the final encounter, the decisive end to the human
adventure. All will come together in Omega. From that moment, the human Person, spearhead of
Evolution, can no longer stray into nothingness. Absorbed by Christ Omega, he will remain in Him,
The Supreme Person, the first-born of Creation, He in whom everything is reunited.
SPIRITUAL VIEWPOINTS
If everything that exists is to be reunited in Omega, “salvation” is no longer an individual but a
“collective” issue.
It is not enough for us to arrange our personal future as best we can in the circumstances. We must
draw from this world all the truth and energy that creation contains.
For Teilhard, there exists a “natural obligation to go on seeking. Right up to the end, we must
struggle to see more clearly, to act more powerfully, not only out of cosmic enthusiasm but out of
strictly natural moral duty”. So we can see that it is not just a question of man but of matter as well.
It is matter that gives the necessary structure psychism (and spirit) to manifest itself and therefore
matter has a spiritual value.
But listen to what Teilhard has to say on this point:
“Blessed be you, harsh matter, barren soil, stubborn rock, you…
Who force us to work if we would eat.”
“Blessed be you, perilous matter, violent sea, untameable passion;
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You who, unless we fetter you, will devour us.”
“You who resist us and yield to us: you who wreck and you who build
… sap of our souls, the hand of God, the flesh of Christ, it is you, matter that I bless.”
(Jersey, 8 August 1919)
We are far removed from the narrow materialism that sees in matter only a “mass of brute force and
base appetites.” We are also a long way from the Desert Fathers in the flight from the world. It is a
matter of reincarnating Christianity a second time, of understanding it better in order to give it new
birth.
Teilhard experimented this spiritual approach on himself. His attachments and uprootings were lived
through, with a much self-denial as the great penitents, even if it was less spectacular. His Diary 1915
to 1919, Writings in Time of War and The Making of a Mind clearly state the spirituality he practiced.
“Christianity is an extension of the vital impetus. It must receive the sap of all human ambitions on
which to feed.” A few years later, in 1923 during a scientific expedition in the barren regions of
Ordos, he wrote the unforgettable Mass on the World.
“Since once again, Lord, though this time not in the forests of the Aisne but in the steppes of Asia, I
have neither bread nor wine nor altar, I will make the whole earth my altar and will offer you the
labours and suffering of the world.”
In 1927 he submitted the manuscript of The Divine Milieu to religious censors. They all asked for it to
be immediately published. It was only possible to set it into print thirty years later. Since then it has
been translated and distributed all over the world and remains a great classic in religious circles.
The face of the Universal Christ to that total “Total Centre” in which everything will assemble,
appears like a watermark through everything Teilhard ever wrote. The evolution of his religious
thought is more clearly revealed in The Heart of Matter. Here, in conclusion, are a few quotations
from this book.
“The more the years go by, Lord, the more I believe, I recognize that in myself and those around me,
the great and secret concern of modern man is much less a struggle for the possession of the World
than a search for a way of escaping from it. The agony of feeling that one is imprisoned in the cosmic
Bubble. The fretful hunt for a way out… A focus for Evolution, that is the sorrow, the price to be paid
for a growing planetary Reflection that lies heavy … on the soul of both Christian and Gentile.”
“Who is this God for whom our generation looks so eagerly? Who but you, Jesus, who represent him
and bring him to us?”
“Lord of my childhood and Lord of my last days… who are henceforth the only being that can satisfy
us, sweep away, at last, the clouds that still hide you. O ever-greater Christ!”
The gap between Science and faith was gradually bridged for Teilhard. He saw that the God of Above
and the God of Going Forward were one and the same God calling towards him the finest of religious
energies of this world. The love of the world and the love of God were at last inseparable.
CONCLUSION
Over thirty years have passed since Teilhard’s eyes closed on that Easter Sunday. In a worried world,
harassed by the speed of change, people of our time, deprived of metaphysical reality, are focused
on financial profit. They are insensitive to religion and no longer live in harmony with themselves. For
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many the reaction to religious observance is sheer boredom. Religion itself looks like a mound of
fusty ideas. Whichever way we turn, this is what we see.
Father Teilhard’s work brings us a cure. It preaches the “will to live” and the will to go forward,
thanks to a better understanding of the part played by man in the universal process of Evolution. “To
get out of the uncertainty that risks paralyzing our will to act, I can see nothing for it but to rise above
it, to emerge in order to get a clearer view.” Throughout his existence, he always lived up to what he
wrote and said. Until the very end, his face bore the marks of silence and radiant peace. “I have the
whole Universe before me,” he wrote, “with its noble struggles and passionate research. I can and I
must throw myself whole-heartedly into human labours. The more I take my share of it, the closer do I
draw to Christ.” He would still say the same thing today, at a time when we are witnessing such
profound changes, prelude to a new leap forward for human societies.
I hope you will live like him and act as he did without fear, but with the fire of Hope. That is where
you will find peace, the joy of living and the appetite for life. “It is a lack of daring and faith that
brings life to nothing” he used to say. I can wish you no better than to heed his words!
Versailles, February 1987
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Una amistad indefectible
Número especial dedicado a la memoria de Pierre Teilhard de Chardin
en el Centro Teilhard de Sri Lanka
Pierre Leroy (1900-1992), sacerdote y jesuita, fue el amigo de Teilhard durante muchos años. Este
artículo es el texto de un encuentro que tuvo lugar a la ocasión de la inauguración en el Centro de
Estudios de Teilhard de la Universidad de Georgetown, el miércoles 1 de abril 1987.
Nadie hubiera podido prever que treinta dos años después de la muerte de Teilhard me encontraría
aquí, en Washington, para inaugurar un Centro dedicado al estudio de su trabajo. He estado
sorprendido y encantado de recibir la invitación del Padre Tomas King, que he aceptado enseguida a
pesar de razones evidentes que tenía para no emprender este viaje. Tengo que decir que todo se ha
arreglado para que sea posible mi estancia entre vosotros.
Quería dar las gracias al Padre King, al señor Jeffs y a todos los otros organizadores de este gran día.
Estoy seguro que aceptarán mis felicitaciones por el suceso de este acontecimiento. Espero que la
influencia espiritual e intelectual de este Centro, se extienda no solamente en América, si no por
todo el mundo para que sea dada una verdadera imagen de la personalidad de Teilhard de Chardin.
Os agradezco vuestra presencia que me alienta a evocar los recuerdos de una amistad que ha
enriquecido mi vida.
He tenido el gran privilegio de conocer íntimamente el Padre Teilhard. He vivido con él en China
durante seis años. Le he seguido durante su repatriación en Francia en 1946, yo estaba en Chicago
cuando murió inesperadamente en 1955. He beneficiado de su influencia y de su ejemplo durante los
grandes avenimientos que hemos vivido uno al lado del otro. Como todas las verdaderas grandes
almas, la suya transmitía a los que le acompañaban un fuerte influjo que les atraía para siempre
hacia él.
Mi breve intervención sobre Teilhard y su obra, comportara tres partes.
La primera, tratara de algunos de los acontecimientos que tuvieron lugar durante los veinte y siete
últimos años de la vida de mi amigo.
La segunda será una reflexión sobre los principios fundamentales que son la base de su obra. Estos
deberían constituir para todos los cristianos, un enriquecimiento de ideas coherente y lógico.
En la tercera parte os diré como Teilhard ha encontrado la fuerza para no ceder a la amargura que le
ocasionaron sus numerosos detractores y las múltiples humillaciones que sufrió.
Al final yo espero que tendréis una imagen mejor de esta alma excepcional que fue completamente
dedicada a su ideal: volver a dar a Cristo el lugar que le pertenece en nuestras vidas y en la evolución
del Universo del cual él es el Maestro y la inspiración incomparable.
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Primera Parte
El encuentro
En 1928 yo era un joven jesuita estudiando en Lorraine la Biología General, en una universidad del
estado. El profesor Lucien Cuénot nos había explicado que la teoría de la evolución era aplicable a los
seres vivos, empezando por la más pequeña identidad biológica hasta llegar al hombre, (que quizás
sería el único ser capaz de reflexionar) era posible de seguir la expresión individual y en el tiempo, de
una corriente ascendente de consciencia personal. El hombre, sin excepción, dependía de esta
corriente. Esta conclusión me parecía desconcertante. Ella contradecía lo que nos enseñaba la
Filosofía. Porque si la vida espiritual avanzaba de una forma progresiva desde el comienzo de la
creación hasta la aparición del hombre, yo no veía como Dios podía crear las almas entre tanto. La
acción directa de Dios era superflua.
¿Quién tenía razón? ¿La ciencia de la evolución o mi catecismo?
En mi incertitud, yo buscaba ayuda, pero no encontraba ninguna respuesta satisfaciente.
Oí decir que el Padre Teilhard estaba en Paris por unos días. Yo no le conocía más que por sus
artículos. ¿Porque no escribirle? Quizás podría darme la respuesta que yo esperaba. Me contesto
enseguida:” Venga a verme al laboratorio de Paleontología”. Es por esta razón que algunas semanas
antes de los exámenes, yo abandone todo: los cursos magistrales y los trabajos dirigidos.
El laboratorio del Museo en el que fui introducido estaba completamente vacío. No había nada
expuesto, ningún papel, ninguna clase de objeto. Solo había algunos libros y algunos catálogos en las
estanterías. La luz que venía a través las grandes ventanas, acentuaba la desnudez de la sala.
Allí, delante de mí, se encontraba Teilhard; un cuello de clergyman, y un gran abrigo de cura le daban
un aire de una gran distinción. Pero fue su mirada lo que me impresiono. Su mirada nos atravesaba
sin causaros daño. Tenía una expresión iluminada de bondad natural. Me propuso una silla y se sentó
con desenvoltura sobre el borde de la mesa. Yo no sabía que decir, yo era incapaz de exponer mi
problema de un modo claro. Pero me comprendió enseguida y me tranquilizo con su sonrisa
inimitable. El mismo había encontrado los mismos problemas. Se fue después de dos horas de
conversación. Debo decir que no comprendí su respuesta inmediatamente. Pero yo había
encontrado mi paz interior. Había encontrado un maestro sobre el que podía confiar y el maestro
llego a ser mi amigo.
¡Esto paso hace más o menos sesenta años!
Un encuentro decisivo
Después de este encuentro, correspondimos de vez en cuanto. Desgraciadamente perdí todas las
cartas escritas durante la segunda guerra mundial. El mejor periodo para mí, empezó al final del año
1949. Teilhard volvió de la Estados Unidos para continuar su trabajo en China, donde había estado el
año anterior. En aquel momento yo dirigía el Museo de Historia Natural de Tien-Tsin. Las
consecuencias de la guerra chino-japonesa nos obligaron a salir de Tien-Tsin para ir a Pekín, donde
vivía Teilhard. La Embajada de Francia puso a nuestra disposición dos casas adyacentes que nos
sirvieron de hogar y de local donde guardar las colecciones que trajimos de Tien-Tsin. Estábamos tres
en la casa, un Padre anciano que se ocupaba de la casa. El Padre Teilhard tenía su laboratorio en la
planta baja y el mío estaba en el primer piso
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Un Privilegio
Desde que estuvo en el exilio en China, Teilhard fue un viajante perpetuo, iba de una misión
científica a otra por todo el continente asiático; de China a India, de Pekín al norte de Manchuria, de
Norte a Sur, de Este a Oeste. Como si esto no fuera suficiente, también iba y venía de América a
China y Europa. Era un acontecimiento cuando lograba pasar unas semanas seguidas en una de
nuestras casas. De 1939 a 1946, la guerra le mantuvo como cautivo en Pekín. La actitud muy dura de
los japoneses, impedía toda forma de actividad sobre el terreno. Nos tuvimos de contentar de lo que
podíamos. Vivíamos bajo el mismo techo y tuve todo el tiempo para poder observar Teilhard en esta
vida monótona, que sin su presencia hubiera sido agobiadora. Todas las mañanas, después del
desayuno, hablábamos durante unos veinte minutos. Luego cada uno iba a su trabajo. A las cinco de
la tarde íbamos a ver algunos amigos, porque nos sentíamos muy solos en esta gran capital de China.
Unas horas después, volvíamos a casa.
Nuestra vida fue así entre 1940 y1946. La atmosfera que nos imponía la ocupación japonesa era
angustiosa y agravaba nuestra situación. Los centros científicos de Pekín, no disponían ni de personal
ni de dinero. Era muy difícil para nosotros de continuar así. Nuestros amigos ingleses y americanos
estaban tratados como prisioneros. No podían salir de casa, ni recibir amigos. Cuando Japón perdió
en agosto 1945, no teníamos otro deseo que el de volver a Europa lo antes posible. No había medios
de comunicación. Fue en mayo 1946 que Teilhard pudo llegar a Francia, en la casa de los jesuitas a
Paris, donde ya había estado alojado antes (en los Etudes, calle Monsieur).
A pesar de la desorganización de la vida en Paris, que acababa de salir de los años de ocupación
alemana, Teilhard encontró sus amigos. Mucha gente vino a verle, otros le pedían de participar a los
movimientos intelectuales que surgían en el Paris de después de la guerra. Desgraciadamente una
crisis cardiaca le obligo a parar todas sus actividades. Después de varios meses de cuidados se sintió
bastante bien para ir a Nueva York donde paso el final de 1947 y la primavera de 1948. Cuando volvió
a Paris unas crisis de stress le impidieron de trabajar.
Teilhard estaba enfrentado a dos problemas: Quizás estaría autorizado para publicar su libro “Le
Phénomène humain”, pero el manuscrito se había enviado a la censura y no se había oído hablar más
de él. El otro problema era que quizás iba a obtener que sus superiores jesuitas le permitieran de
ocupar una catedra de enseñamiento en el Collège de France en Paris. Para resolver este problema
de una vez, pidió una entrevista con el Padre General de los jesuitas a Roma. El Padre Janssens le
acogió muy afectuosamente, pero no le dio la autorización.
Querría hablar de la fuerza de carácter de Teilhard ; las múltiples decepciones que sufrió, unas
después de otras hubiesen llenado de amargura cualquiera de nosotros, en apariencia, no le dañaban
a él. Se puso de nuevo a trabajar, y dio una serie de conferencias a la Sorbona a Paris. Luego tuvo
otro accidente de salud y tuvo que pasar unas semanas de convalecencia a las afueras de Paris Yo le
iba a ver casi todos los días.
En mayo 1950 fue elegido “Membre de l’Institut”, era la máxima recompensa reservada a “les élites”
del mundo científico
Después de un viaje rápido en África del Sur, volvió en Francia, pensando que iba a quedarse
definitivamente allí, pero en 1953 recibió un nuevo golpe: esta vez tuvo que irse de Paris para
siempre. Encontró refugio en América, a partir de entonces vivió en Nueva York. La fundación
Wenner Gren le confió la organización de un Simposio en la Universidad de Berkeley en junio 1955, la
muerte llego antes que pudiera hacer este trabajo.
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La muerte de Teilhard
La última vez que vi al Padre Teilhard fue unos días antes de Navidad en el año 1954. Lo encontré
adelgazado y nervioso, pero no pensé que no volvería a verle en vida, nunca más. Me fui otra vez a
Chicago, donde yo trabajaba haciendo experimentos científicos. Nos llamábamos por teléfono
regularmente para darnos noticias. El Domingo de Pascua, 10 abril 1955, me llamaron por teléfono
para anunciarme su muerte súbita. ¡Qué pena! ¡Y qué cambio!
El domingo de Pascua había sido un día de alegría. La ciudad estaba iluminada por la luz de la
primavera. Las calles estaban repletas de gente que se paseaba. Cada uno celebraba a su manera la
Resurrección de Cristo. Contrariamente a su costumbre, Teilhard asistió a la misa solemne en la
Catedral St. Patrick. Le gustaba sentirse rodeado de gente, el que era amigo de la humanidad entera.
Por la tarde fue a un concierto, y sus amigos lo llevaron en su casa para ofrecerle una taza de té
como de costumbre, ojeaba un libro, sentado al lado de la ventana, cuando le llamaron para decirle
que todo estaba a punto, dejo el libro dio unos pasos y se cayó, inconsciente, luego abrió los ojos y
pregunto dónde estaba. “No me acuerdo de nada”, dijo, “¡esta vez es verdaderamente terrible!”
Estas fueron sus últimas palabras. El domingo anterior había dicho públicamente, “Me gustaría morir
un Domingo de Pascua”, es lo que hizo de una forma inesperada.
Yo llegué la mañana siguiente. Era lunes, 21 de abril, estaba expuesto en la capilla de los Padres de
san Ignacio, Park Avenue. Me quede con él para meditar un buen momento una de sus plegarias de
su libro “L’Hymne de L’Univers”
Las obsecras tuvieron lugar el martes por el mañana temprano. La Iglesia estaba casi vacía. No hubo
ni cantos, ni sermón, ni música, ni tan solo “In Paradisium’ que se canta para acompañar el cuerpo al
cementerio. Fue enterrado en St. Andew-on-Hudson donde los Padres jesuitas tienen sus tumbas. Es
allí que tiene su reposo para siempre. Toda la ceremonia se hizo con una especie de sobriedad noble
e impresionante.
He olvidado de decir de una forma intencionada, las múltiples situaciones que han marcado la
existencia de Teilhard que fue muy coloreada y llena de aventuras; llena de alegría, de sufrimientos y
de penas humillantes. Ahora me gustaría hablar de la personalidad de Teilhard y de lo que ella me ha
enseñado.
La personalidad de Teilhard de Chardin
No era difícil de vivir con el Padre Teilhard, tenía sus defectos, era testarudo hasta la obstinación, y
muy reservado si se trataba de su vida privada. Estaba torturado por sus escrúpulos, y por un
sufrimiento interior que le suplicio durante los últimos años de su vida. Era extremadamente sensible
a la amistad con las mujeres. Esto no era un obstáculo para él, ellas le fueron de una grande ayuda en
varias ocasiones, sin desear transgredir las normas de vida respetables de la Iglesia Católica, se había
impuesto la regla de ser fiel en todo. Con la fuerza y la pureza transparente de su lógica espiritual, se
atrevió a avanzar en la vida como un hombre, en “el sentido completamente humano, y
completamente cristiano” de esta palabra, según su propia expresión. Delante un hombre así, la vida
toma nuevos colores, y nuevos relieves. Teilhard me ha dado confianza en mí. Yo no le escondía
nada, conocía mis proyectos, mis conflictos interiores, mis sucesos, mis fracasos. En momentos de
crisis, cuando uno tiene ganas de abandonarlo todo, él os salvaba la vida.
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A pesar de consagrar una gran parte de tiempo al silencio y a la reflexión, era abierto a los demás, y
tenía buen carácter. Fue un amigo fiel, nunca se esquivaba si tu tenías necesidad de él, era sensible al
placer de la conversación, le gustaban las buenas historias, y apreciaba las comidas bien preparadas,
su espíritu abierto, y su franqueza evidente facilitaban los contactos con él. Utilizaba a menudo su
sentido innato del humor. Teilhard tenía horror de la hipocresía burguesa, de la humildad
ostentadora, y de todo lo que parecía suficiencia. Escuchaba sus interlocutores con mucha atención,
y no era como son muchos grandes hombres, condescendiente con los otros de una manera
desdeñosa. Como lo ha escrito él mismo, tenía mucho respeto para toda clase de hombres, sin tener
cuenta ni de sus creencias, ni de su país, ni de su origen social. Si la persona en cuestión tenía el
mismo espíritu de investigación que el suyo, se creaba un contacto profundo inmediatamente.
Ensayaba de divulgar sus ideas, pero nunca las quiso imponer. Deseaba ayudar a los demás en pensar
por ellos mismos, esperando, seguramente, de convencerles.
Todos mis proyectos cambiaron. Con el tiempo he descubierto que, en la vida espiritual, podría ser
un error de contrariar su personalidad, con el deseo de estar más cerca de Dios. En el aliento de vida
que nos sostiene tenemos que amar cada vez más, para saber cómo podemos amar mejor. La
paradoja característica de Teilhard “attachement-détachement” me parecía cada vez más esencial,
más exigente. Era necesario de vivirla y esto quería decir vencer muchos obstáculos difíciles. Me
parece poder decir sinceramente, que sin el ejemplo de Teilhard, mi vida hubiera sido otra.
Segunda Parte
Las ideas fundamentales
Ahora os voy a presentar la obra del Padre Teilhard. Muchos de sus lectores la comprenden
difícilmente a causa de sus neologismos, del estilo de sus escritos, y de la novedad de su
pensamiento, que parecen obstáculos difíciles de superar. Os voy a explicar las tres ideas
fundamentales sobre las cuales su obra está construida, como me lo dijo él mismo.
1- Teilhard consideraba la evolución como un fenómeno universal. La evolución se encuentra
en todas las etapas del ser, igualmente en los minerales que, en los seres vivientes, la
evolución es la característica esencial de la realidad experimental. La evolución no es
creadora por ella misma, como lo había pensado la ciencia en cierto momento. La evolución
es la manifestación de la creación en el “espacio-tiempo”
2- La evolución se sitúa en un movimiento que conduce todas las creaturas vivientes hacia el
espíritu, o la vida espiritual, el factor espíritu se manifiesta cada vez más, a medida que las
estructuras se complican. El punto culminante de este movimiento ascendente, es la
reflexión, es el hecho de saber, y de saber que uno sabe. Es esta facultad que hace de la
persona humana el centro espiritual del Pensamiento, de la Libertad y del Amor.
3- Finalmente, la persona humana porque ella es diferente de una simple identidad, ella
encuentra su significado en una Persona Suprema: Cristo, el Punto Omega, el Centro en el
que todo el universo será transfigurado.
En resumen, hay tres líneas directivas:
1-La evolución es omnipresente y progresiva.
2-La evolución es dirigida hacia una persona humana.
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3-La persona humana encuentra su llena significación en una Persona Suprema, el Punto Omega.
Viendo las cosas así, Teilhard dice que el universo tiene un centro espiritual hacia el cual todas las
cosas convergen.
Teilhard se dedicó a reunir dos conceptos que los judeo-cristianos y los filósofos griegos habían
separado: el cielo y la tierra, la materia-el instinto, el alma-el cuerpo. En realidad, todos estos
factores se combinan en un impulso dinámico hacia adelante. Todo está en el todo, de esta forma el
universo se convierte en un proceso coherente, en vez de un orden preestablecido. (T. V. 341)
La energía inicial (espíritu-materia), con el tiempo se diferencia en una energía físico-química, que es
materia y espíritu. Cuando empezó la vida, la conciencia psíquica también apareció, en un
movimiento ascendente que llevaba a la Reflexión. El final de esta ascensión, es el Punto Omega.
Cuando Teilhard presenta la Creación como una síntesis, Teilhard no se aleja de la ciencia, vemos que
más los científicos estudian el universo, y más parecen acercarse del modelo de Teilhard, imaginado
hace ya cincuenta años. Sin embargo, hombres celebres como Gregory Simpson y P. B. Medwar, han
visto en esta teoría una explicación mística de la Evolución. Con esta excusa han rechazado el trabajo
de Teilhard diciendo que no era científico, algunas veces lo dicen de una forma insultante.
Es inútil de decir que los progresos científicos de estos veinte últimos años han modificado las
numerosas incógnitas que no habían sido comprendidas antes. Sin embargo, queda un hecho que es
que: todo lo que existe en nuestro universo esta en relación con todo lo que ha pasado antes y lo que
pasara luego. Ocurre lo mismo con la humanidad. El hombre aparece en el linaje de los primates
como un ser diferente de todos sus antepasados. Es un producto de la Tierra, y somos testigos que su
evolución continúa. Es un producto excepcional de un cosmos complejo, el hombre no es un
individuo como un animal en medio de un rebaño, es un ser completamente personalizado. Es “él
mismo”. Ningún ser en el mundo puede remplazarlo. El hombre ha reproducido otros hombres.
Ninguno de ellos ha sido insignificante. Es una persona que no tiene, quizás, equivalente en el
Universo.
Todas estas personas forman parte de una identidad orgánica que es la humanidad, pero además de
esta uniformidad hay una humanidad pensante “extendida como una película a la superficie de
nuestro planeta, como una última envoltura” donde el alma de la Tierra está concentrada. Teilhard
llama a esta etapa del pensamiento la Noosphère, o esfera del espíritu, de la misma forma que la
biosfera es la esfera de la materia viviente. Esta aureola de la tierra, no le da ni el color verde ni el
color azul, pero le da una “fosforescencia de pensamiento”
El final de la evolución
¿La persona humana es la finalidad de la evolución?
En nuestra época hay mucha gente que espera la llegada de un “Superman”. Su deseo se funda en la
modificación de un código genético o sobre un desarrollo del cerebro. Es imposible de decir hasta
qué punto las técnicas modernas permitirán al hombre de manipular la naturaleza. Yo puedo
aseguraros que Teilhard no ha imaginado nunca que el hombre podría ser el esclavo de una
invención científica. Al contrario, él deseaba aumentar el espíritu y el corazón.
La figura simbólica del cono, nos ayudara a comprender la lógica de esta inspiración. La base del cono
se encuentra en “el corazón de la materia”, en la parte más profunda del universo que Teilhard llama
“multitud”. Con el tiempo los lados del cono se elevan, la multitud desorganizada, cede poco a poco
el sitio a la multitud que se organiza. Mas subimos y más encontramos el espíritu, el psiquismo. El
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psiquismo acaba por llegar a la reflexión, que es la humanidad y la persona humana. Con una gran
audacia Teilhard ha extrapolado a partir de esta figura de una forma que nadie había imaginado
antes, él ha prolongado los lados con pequeños puntos hasta que se cruzan en el vértice. Según él,
esto será el encuentro final, el fin decisivo de la aventura humana. Todo se reunirá en Omega y a
partir de este momento la Persona humana, flecha de la Evolución, no podrá perderse nunca más en
el ”no ser”. Absorbida por el Cristo Omega, ella estará unida a él, que es la persona suprema, el
primogénito de la creación, en el que todo está reunido.
Aspectos Espirituales
Si todo lo que existe esta reunido en Omega, la salvación ya no es una cuestión individual si no
“colectiva”.
No es suficiente de preparar nuestro futuro, lo mejor posible, según las circunstancias. Tenemos que
sacar de este mundo toda la verdad, y toda la energía que existe en la creación.
Teilhard dice que “hay una obligación natural de continuar a buscar, tenemos que luchar hasta el
final de nuestros días para ver mejor, para actuar con más fuerza y esto no solamente por interés
cósmico, si no por deber natural y moral” Vemos que esto no concierne solamente el hombre, pero
también la materia. Es la materia, que procura al psiquismo y al espíritu, la estructura necesaria para
manifestarse, por esta razón la materia tiene un valor espiritual.
Veamos lo que nos dice Teilhard sobre la materia:
“Bendita seas, áspera Materia, mota estéril, roca dura…tú que nos fuerzas a trabajar si queremos
comer. Bendita seas, materia peligrosa, mar violento, pasión indomable, tú que nos devoras si no te
encadenamos…Tú que resistes y que te inclinas…tú que desesperas y tú que construyes…savia de
nuestras almas, mano de Dios, Carne de Cristo, Materia, yo te bendigo”” (Jersey, 8 de agosto 1919)
Estamos bien lejos del materialismo que no ve en la materia nada más que una “masa de fuerza
bruta y de pulsiones inferiores”. Estamos bien lejos de la Padres del Desierto que huían del mundo.
Es cuestión de reencarnar el cristianismo por una segunda vez, de comprenderlo mejor para que
surja de nuevo.
Teilhard hizo la experiencia de este camino espiritual: ha vivido tanto sus alianzas como sus
desprendimientos con un gran renunciamiento de él mismo, como lo hacían los grandes penitentes,
pero de una forma menos espectacular. Su Diario entre 1915 y 1919, sus Escritos del tiempo de la
Guerra y Génesis de un pensamiento, dicen claramente cuál era su espiritualidad. ”El cristianismo es
una prolongación del aliento vital, tiene que recibir la savia de todas las ambiciones humanas para
alimentarse”. Unos años después, en 1923 durante una expedición científica, en el Desierto de
Ordos, escribió la inolvidable Misa por el Mundo.
“Ya que una vez más, Señor, no en los bosques del Aisne, si no en las estepas de Asia, no tengo ni pan
ni vino ni altar…yo os ofreceré sobre el altar de la Tierra entera, el trabajo y la pena del Mundo.”
En 1927, envió el manuscrito de “Le Milieu Divin” a los censores religiosos. Todos pidieron la
publicación inmediata. Sin embargo, su publicación no fue posible que 30 años después. Desde
entonces este libro se ha traducido y publicado en todo el mundo y es considerado como un gran
clásico de la literatura religiosa.
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La imagen del Cristo universal, de este centro total donde todo estará reunido aparece en filigrana a
lo largo de toda la obra de Teilhard, pero es en “Le Coeur de la Matière” que su pensamiento
religioso se revela más claramente. Veamos en conclusión algunas citaciones de este libro:
“Más pasan los años, Señor, y más debo reconocer que en mí y en mi entorno, la gran y secreta
preocupación del hombre moderno, es menos de disputarse la posesión del mundo que de encontrar
el medio de evadirse de él. La angustia de sentirse en una burbuja cósmica…la búsqueda ansiosa de
una salida …esta es …la pena que pesa en nuestra alma de una forma obscura en el mundo actual.
“Este Dios tan esperado de nuestra generación, ¿no es precisamente vos que lo representáis …Jesús?
“Señor de mi infancia Señor de mi fin…que eres el único a podernos satisfacer, ¡alejad en fin todas las
nubes que os esconden aun…Oh Cristo cada vez mayor!
Para Teilhard progresivamente se había formado un puente que articulaba el espacio que separaba la
ciencia y la Fe. Vio que “el dios de arriba” y el dios “de hacia adelante” era un solo Dios que atraía
hacia él lo mejor de las energías espirituales de este mundo. Finalmente, el amor del mundo y el
amor de Dios se habían vuelto inseparables.
CONCLUSION
Han pasado más de treinta años que Teilhard ha cerrado los ojos un domingo de Pascua. En un
mundo desquiciado, perseguido por la rapidez de las novedades, la gente de nuestra época, que está
lejos de toda realidad metafísica, se concentra en el interés del provecho financiero. No tienen
ninguna sensibilidad religiosa y no están en harmonía con ellos mismos. Para muchos de ellos las
celebraciones religiosas, son aburridas. La religión es considerada como un montón de ideas pasadas
de moda. Nosotros lo vemos por todos lados. La obra del Padre Teilhard es para nosotros, un
remedio. Ella nos aprende “la voluntad de vivir” y la “voluntad de avanzar”, gracias a una mejor
comprensión del papel que tiene en el proceso universal de la Evolución, el hombre. “Para salir de la
incertidumbre que podría paralizar nuestra voluntad de actuar, no veo otra solución que de elevarnos
por encima de ella y de sobresalir para poder ver la cosa más claramente”. Ha vivido toda su vida en
conformidad con lo que decía y escribía. Su rostro hasta el último día reflejaba el silencio y la paz.
“Todo el Universo se me cae encima”, escribía, “con sus luchas nobles y su apasionada búsqueda.
Puedo y debo entregarme con todo mi corazón en las luchas humanas. Cuanto más me entrego, más
me acerco de Cristo”. Hoy diría la misma cosa en una época en que somos testigos de cambios tan
profundos que preconizan un nuevo impulso hacia delante en las sociedades humanas.
Espero que viviréis como él, y actuareis como él lo hizo, sin miedo y con el ardor de la Esperanza. Así
encontrareis la paz, la alegría de vivir y el “sabor” de la vida. ”Es por falta de audacia y de Fe que la
vida se reduce a nada” tenía costumbre de decir. ¡Os deseo de escuchar estas palabras con toda la
atención que merecen!
Versailles Febrero 1987
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