Chai bioclimatique et écomatériaux

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Chai bioclimatique et écomatériaux
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CLÉMENT KLUR KATZENTHAL
Chai bioclimatique
et écomatériaux
Modèle du genre, le chai bioclimatique du domaine Clément Klur à Katzenthal est
quasiment autonome en énergie.
’est par les extraordinaires propriétés de la chaux que nous
avons été sensibilisés aux matériaux naturels de construction et à l’approche bioclimatique », explique Francine
Klur, épouse de Clément Klur, viticulteur
à Katzenthal. Depuis 1999, ils construisent les bâtiments de l’exploitation en écomatériaux : liège, chaux, pisée, pierre du
Florimont, argile, mélèze et torchis. Ils privilégient également les couleurs naturelles
comme la terre de Sienne ou l’ocre, peu
agressives pour les yeux.
« Le projet architectural était centré sur
le rapport à la terre. L’objectif était de
se passer de climatisation. Il fallait
aussi tenir compte de l’histoire du lieu
en maintenant un noyer centenaire. Le
bâtiment suggère une rentrée dans la terre
qui est l’idée forte de la viticulture », ex-
plique Mathieu Winter, architecte bioclimatique à Geishouse 68.
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Le chai est couvert d’un
toit végétalisé
Entrée de l’accueil au domaine Clément Klur à Katzenthal, en bois
et en pierre calcaire du Florimont.
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La climatisation passive constitue une des
originalités du domaine. Le chai, partiellement enterré, est couvert d’un toit végétalisé, son climat frais assiste également
la climatisation de la cave de stockage en
été. Un conduit au-dessus du toit végétal
favorise les flux passifs dans les bâtiments par convexion : « Nous n’avons ainsi
pas besoin de VMC, conclut Francine. Une
jarre d’eau en terre poreuse pourrait être
installée dans ce conduit pour accentuer
le rafraîchissement par évaporation. »
Reste encore à régler le problème du hangar de stockage des vins, actuellement
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Le chai est recouvert d’un toit
végétalisé, il a fallu utiliser une
charpente en béton avec des
hourdis en brique. De forme spiralée, il suggère une certaine
dynamique du lieu.
Au premier plan, le toit végétalisé du chai qui permet d’entretenir une ambiance fraîche à l’intérieur malgré la partie émergente de la construction.
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Le choix s’est porté vers des couleurs naturelles sur un crépi
en chaux.
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Benoît et Steve Bittner de la société Bati Plus à Reischsfeld, spécialisés dans l’écoconstruction.
La spirale, emblème du domaine Clément Klur, se retrouve sur les
mûrs, dans les bâtiments et sur les bouteilles.
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couvert de tôles bac-acier. Une couverture supplémentaire en planches de mélèze est prévue, elle sera surmontée
de panneaux solaires à tubes sous vides
dont la chaleur captée peut-être convertie en frigories sans dépenses d’énergie
électrique.
Enfin, ces bâtiments sont conçus selon des
formes précises en spirale, les angles droits
sont autant que possible supprimés.
D. L.
Au premier plan,
l’entrée du puits
canadien et au
second plan,
la maison d’habitation avec ses
panneaux solaires et
ses mûrs constitués
de brique d’argile
dont la capacité à
absorber ou à restituer l’humidité permet de climatiser
l’habitat.
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DOMAINE LAURENT BANNWARTH VALORISATION DES SARMENTS
Une ensileuse recyclée
Depuis vingt ans, le domaine Bannwarth à Obermorschwihr se penche sur la
question énergétique en viticulture. Cette exploitation possède 24 m2 de panneaux
solaires et se chauffe aux sarments grâce à un broyeur-récupérateur « maison ».
nous avons décidé de le remettre en service », explique Stéphane Bannwarth.
Pour inaugurer la réussite technique, le
domaine vient de se doter d’une nouvelle
chaudière autrichienne de marque Gilles
à alimentation automatique en bois déchiqueté. Elle fonctionne très bien avec
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les sarments. La mise au point avait en
réalité toujours butté sur la qualité du
broyat : « La vigne est une liane, rappelle
Stéphane. Les fibres ont tendance à bloquer la vis d’alimentation automatique
de la chaudière et à empêcher l’alimentation dans un silo. Un jour nous
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L’outil est adapté sur chenillard Viti Plus.
La chaudière Gilles d’une centaine de kW.
Le réseau de chaleur de l’exploitation viticole. Il alimente quatre
habitations plus le ballon d’eau chaude « solaire ».
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l y a vingt ans, mon père Laurent avait
déjà travaillé sur un prototype de
broyeur et de récupérateur de sarments, sur la base d’une ensileuse
de maïs que l’on avait récupérée. Ça n’a
pas bien fonctionné. Il y a six ans, le prototype a failli partir à la ferraille, mais
Vidange de la trémie. Le combustible présente une certaine fluidité.
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Le pick-up provient d’un broyeur
conventionnel.
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Vue de dessous du système de convoyage.
Le rotor est la clef de la réussite pour
obtenir un combustible qui puisse être
alimenté automatiquement dans les
chaudières. Les fibres empêchent l’alimentation automatique.
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L’ensileuse recyclée de Stéphane Bannwarth à Obermorschwihr : « Nous voulions un ramassage frontal
pour ne pas rouler sur les sarments et un système
de coupe plutôt que de broyage. »
Le système d’alimentation automatique arrive à bien convoyer le combustible vers la chaudière.
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avons testé des déchets de greffons d’un
pépiniériste. Coupés en petits morceaux,
ils se sont montrés idéalement adaptés
à l’alimentation automatique de la chaudière, d’où l’idée de couper plutôt que
de broyer les sarments. »
L’outil est donc composé d’un corps d’ensileuse à maïs un rang, sur lequel on a remplacé les becs par un pick-up de broyeur
à sarments conventionnel. « Nous voulions
tout d’abord un ramassage frontal pour ne
pas écraser les sarments dans la terre et
monter de la boue. » La transmission est
assurée par voie hydraulique. De nombreuses soudures et des heures de réglages
et de mises au point sont finalement venues à bout des défis techniques : la qualité du broyat et la montée des sarments
dans le pick-up. Le rotor tourne à 400
tr/min. « Il faudrait qu’il tourne plus rapidement », note Stéphane, soit par une
transmission hydraulique plus performante
soit par un cardan, pour mieux projeter les
débris dans la trémie. Mais le chenillard
Viti-Plus n’est pas équipé de prise de
force frontale.
Une fois réduits quasiment en sciure, les
sarments sont stockés dans un hangar bien
ventilé. Le tas fermente et monte rapidement en température, laquelle permet
de bien sécher le combustible. Stéphane
se sert du combustible l’année suivante,
il remplit régulièrement le silo d’alimentation automatique de la chaudière.
Elle fournit de la chaleur pour quatre habitations. Sur les toits du hangar, les panneaux solaires d’une surface de 24 m2
assurent l’eau chaude pour l’été et notamment pour le camping à la ferme de
l’habitation et des gîtes.