Chai bioclimatique et écomatériaux
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Chai bioclimatique et écomatériaux
VTA327_50a51_54a55_33a34_LA 13/02/07 18:43 Economie Page 50 Alsace CLÉMENT KLUR KATZENTHAL Chai bioclimatique et écomatériaux Modèle du genre, le chai bioclimatique du domaine Clément Klur à Katzenthal est quasiment autonome en énergie. ’est par les extraordinaires propriétés de la chaux que nous avons été sensibilisés aux matériaux naturels de construction et à l’approche bioclimatique », explique Francine Klur, épouse de Clément Klur, viticulteur à Katzenthal. Depuis 1999, ils construisent les bâtiments de l’exploitation en écomatériaux : liège, chaux, pisée, pierre du Florimont, argile, mélèze et torchis. Ils privilégient également les couleurs naturelles comme la terre de Sienne ou l’ocre, peu agressives pour les yeux. « Le projet architectural était centré sur le rapport à la terre. L’objectif était de se passer de climatisation. Il fallait aussi tenir compte de l’histoire du lieu en maintenant un noyer centenaire. Le bâtiment suggère une rentrée dans la terre qui est l’idée forte de la viticulture », ex- plique Mathieu Winter, architecte bioclimatique à Geishouse 68. C « DR Le chai est couvert d’un toit végétalisé Entrée de l’accueil au domaine Clément Klur à Katzenthal, en bois et en pierre calcaire du Florimont. L e La climatisation passive constitue une des originalités du domaine. Le chai, partiellement enterré, est couvert d’un toit végétalisé, son climat frais assiste également la climatisation de la cave de stockage en été. Un conduit au-dessus du toit végétal favorise les flux passifs dans les bâtiments par convexion : « Nous n’avons ainsi pas besoin de VMC, conclut Francine. Une jarre d’eau en terre poreuse pourrait être installée dans ce conduit pour accentuer le rafraîchissement par évaporation. » Reste encore à régler le problème du hangar de stockage des vins, actuellement L m DR DR Le chai est recouvert d’un toit végétalisé, il a fallu utiliser une charpente en béton avec des hourdis en brique. De forme spiralée, il suggère une certaine dynamique du lieu. Au premier plan, le toit végétalisé du chai qui permet d’entretenir une ambiance fraîche à l’intérieur malgré la partie émergente de la construction. 50 VITI. MARS 2007. N°327 c tu l d d ti é E f s VTA327_50a51_54a55_33a34_LA 13/02/07 18:44 Page 51 Economie Alsace DR - Le choix s’est porté vers des couleurs naturelles sur un crépi en chaux. DR s nt n al si e e r Benoît et Steve Bittner de la société Bati Plus à Reischsfeld, spécialisés dans l’écoconstruction. La spirale, emblème du domaine Clément Klur, se retrouve sur les mûrs, dans les bâtiments et sur les bouteilles. DR DR nt couvert de tôles bac-acier. Une couverture supplémentaire en planches de mélèze est prévue, elle sera surmontée de panneaux solaires à tubes sous vides dont la chaleur captée peut-être convertie en frigories sans dépenses d’énergie électrique. Enfin, ces bâtiments sont conçus selon des formes précises en spirale, les angles droits sont autant que possible supprimés. D. L. Au premier plan, l’entrée du puits canadien et au second plan, la maison d’habitation avec ses panneaux solaires et ses mûrs constitués de brique d’argile dont la capacité à absorber ou à restituer l’humidité permet de climatiser l’habitat. 51 VITI. MARS 2007. N°327 VTA327_50a51_54a55_33a34_LA 13/02/07 Economie 18:44 Page 54 Alsace DOMAINE LAURENT BANNWARTH VALORISATION DES SARMENTS Une ensileuse recyclée Depuis vingt ans, le domaine Bannwarth à Obermorschwihr se penche sur la question énergétique en viticulture. Cette exploitation possède 24 m2 de panneaux solaires et se chauffe aux sarments grâce à un broyeur-récupérateur « maison ». nous avons décidé de le remettre en service », explique Stéphane Bannwarth. Pour inaugurer la réussite technique, le domaine vient de se doter d’une nouvelle chaudière autrichienne de marque Gilles à alimentation automatique en bois déchiqueté. Elle fonctionne très bien avec I les sarments. La mise au point avait en réalité toujours butté sur la qualité du broyat : « La vigne est une liane, rappelle Stéphane. Les fibres ont tendance à bloquer la vis d’alimentation automatique de la chaudière et à empêcher l’alimentation dans un silo. Un jour nous DR L’outil est adapté sur chenillard Viti Plus. La chaudière Gilles d’une centaine de kW. Le réseau de chaleur de l’exploitation viticole. Il alimente quatre habitations plus le ballon d’eau chaude « solaire ». DR DR « l y a vingt ans, mon père Laurent avait déjà travaillé sur un prototype de broyeur et de récupérateur de sarments, sur la base d’une ensileuse de maïs que l’on avait récupérée. Ça n’a pas bien fonctionné. Il y a six ans, le prototype a failli partir à la ferraille, mais Vidange de la trémie. Le combustible présente une certaine fluidité. 54 VITI. MARS 2007. N°327 L VTA327_50a51_54a55_33a34_LA 13/02/07 18:45 Page 55 Economie Alsace Le pick-up provient d’un broyeur conventionnel. DR n u e e s DR Vue de dessous du système de convoyage. Le rotor est la clef de la réussite pour obtenir un combustible qui puisse être alimenté automatiquement dans les chaudières. Les fibres empêchent l’alimentation automatique. DR DR DR L’ensileuse recyclée de Stéphane Bannwarth à Obermorschwihr : « Nous voulions un ramassage frontal pour ne pas rouler sur les sarments et un système de coupe plutôt que de broyage. » Le système d’alimentation automatique arrive à bien convoyer le combustible vers la chaudière. 55 VITI. MARS 2007. N°327 avons testé des déchets de greffons d’un pépiniériste. Coupés en petits morceaux, ils se sont montrés idéalement adaptés à l’alimentation automatique de la chaudière, d’où l’idée de couper plutôt que de broyer les sarments. » L’outil est donc composé d’un corps d’ensileuse à maïs un rang, sur lequel on a remplacé les becs par un pick-up de broyeur à sarments conventionnel. « Nous voulions tout d’abord un ramassage frontal pour ne pas écraser les sarments dans la terre et monter de la boue. » La transmission est assurée par voie hydraulique. De nombreuses soudures et des heures de réglages et de mises au point sont finalement venues à bout des défis techniques : la qualité du broyat et la montée des sarments dans le pick-up. Le rotor tourne à 400 tr/min. « Il faudrait qu’il tourne plus rapidement », note Stéphane, soit par une transmission hydraulique plus performante soit par un cardan, pour mieux projeter les débris dans la trémie. Mais le chenillard Viti-Plus n’est pas équipé de prise de force frontale. Une fois réduits quasiment en sciure, les sarments sont stockés dans un hangar bien ventilé. Le tas fermente et monte rapidement en température, laquelle permet de bien sécher le combustible. Stéphane se sert du combustible l’année suivante, il remplit régulièrement le silo d’alimentation automatique de la chaudière. Elle fournit de la chaleur pour quatre habitations. Sur les toits du hangar, les panneaux solaires d’une surface de 24 m2 assurent l’eau chaude pour l’été et notamment pour le camping à la ferme de l’habitation et des gîtes.