Opérations - hiver de force - corrigé 2

Transcription

Opérations - hiver de force - corrigé 2
Analyse littéraire
L’hiver de force de Réjean Ducharme
Question : Les personnages du roman se résignent-ils à leur vacuité?
C o n v e r g e n c e s
Thèmes
Aspects formels
Le silence
Cit.: « Nous avons marché sans rien dire, la parole
coupée pour toujours, jusqu’à l’avenue du Parc. » (p. 28)
Exp.: Devant l’éventualité de la disparition de Petit Pois,
André et Nicole sont médusé, silencieux ; un silence
évoquant leur vide intérieur.
Hyperbole
Cit.: «la parole coupée pour toujours»
Exprime que ce silence est plus que momentané, il
envahit jusqu’à leur âme.
Le monde qui les entoure est évacué de son sens
Cit. : « L’avenue du Parc gondolait, craquait, morcelait ses
asphaltes, nous les lançait à la figure. » (p. 28)
Expl. : Le départ de Petit Pois anéantit leur monde. Leur
monde s’écroule, perd de son sens, exsangue de sens.
La personnification de la rue qui suggère que même un
objet aussi passif qu’une rue peut devenir une menace
dans une situation de vulnérabilité telle.
Résignation au nihilisme
Preuve : « Le bon, le meilleur et le mieux c’est rien. Reste
assis là et nie tout »
Expl. : Ils adoptent une attitude (philosophique)envers la
vie où la vacuité est centrale. Ils vont jusqu’à refuser tout
ce qui pourrait combler leur vide.
L’hyperbole met l’accent sur la négation complète de
toute action.
Accumulation de termes superlatifs : « meilleur » et
« mieux ».
Répétition du mot « rien » qui insiste sur leur désir de
vacuité.
L’absurdité/futilité de leurs actions, des faux-semblants
Preuve : (les tranches de pain)
Expl. : action désespérée qui ne leur redonne aucune
raison de vivre valable. Ils se nourrissent d’illusions, sans
plus. Sustenter le corps ne nourrit pas l’âme.
La monotonie de leur vie
Preuve : « Maintenant on s’assoit et on reste assis
tranquilles en priant le bon dieu que ça ne change pas. »
Expl. : Ils se complaisent dans cette monotonie. Il ont
cessé de combattre leur vide. Ils abdiquent, implorant
même le «bon Dieu».
La métonymie où le monde dans lequel ils vivent est
représenté par la rue qui se morcelle suggère que c’est
leur monde qui sombre dans le chaos et le vide.
C o n v e r g e n c e s
Thèmes
Aspects formels
Une profonde paresse
Cit. : « On serait restés couchés mais ça faisait une heure
qu’on avait envie de pisser ; on n’était plus capable de se
retenir. » (p. 30)
Exp. : Ils sont tellement avalés par leur vacuité que mes
les besoins primaires deviennent des obstacle à leur
inertie.
Ponctuation : le point-virgule
Exp. : Il tendent tellement vers l’inertie que même leur
langage en souffre. Au lieu d’utiliser un mots-lien, on
remarque le point-virgule, sorte d’ellipse syntaxique.
Refus des émotions
Cit. : « On s’est dit que ce qui nous passe sous le nez ne
nous passe pas à travers le cœur. » (p. 30)
Exp. : Évacuer la vie, c’est évacuer les émotions, c’est taire
les moindres mouvements du cœur.
«Passer sous le nez » est une expression populaire,
habituellement péjorative, qui veut dire que l’on manque
quelque chose. Mais nos deux protagonistes se plaisent à
regarder passer la parade.
L’abstention / la retenue
Cit.: « [...] ne t’arrête jamais d’être sur le point d’éclater, et
n’éclate jamais. » (p. 31)
Exp. : Ils cherchent à retenir de toutes les façons possible
la vie en eux puisque Petit Pois n’est pas parmi eux.
Métaphore de la bombe qui suggère qu’ils sont remplis
que vie, mais qu’ils évitent de déclencher.
Une existence sans but
« Moi je marchais en mettant un pied devant l’autre, sans
plus. On a pris le métro. Il n’allait nulle part. » (p. 30)
Exp. : Lorsqu’ils se déplacent, soit à pied ou en transport
en commun, ils le font sans avoir un but précis. Il sont
dans l’errance perpétuelle.
Cette errance rappelle celle de Miron et des CF dans le
poème « Années de Déréliction ». Par contre, cette
errance, détestée chez Miron, est recherchée chez André et
Nicole.
La simplicité de la syntaxe évoque justement cette
absence de prévison à long terme. Une phrase est un
pas qui s’oriente selon le hasard.
Métaphore : Le cœur représente le siège des émotions.
Hyperbole
Cit.: « nos visions apocalyptiques nous reviennent»
Cette hyperbole indique bien combien ils sont dans un
monde dont ils ne sont plus maîtres de leur destinées,
mais bien victimes.
(Voir les divergences plus bas)
D i v e r g e n c e s
Thèmes
Aspects formels
Le désir de s’extraire du désespoir commun
Cit. : « Notre mépris et notre orgueil vont nous lancer
comme des moineaux hors des tunnels d’égout […]. […]
PAS NOUS ! Plus il y en a, moins c’est fait pour nous !
PAS NOUS! »
Expl. : Parce qu’il y a trop de fantômes dans la ville de
Montréal, ils ne veulent plus être de ceux qui se laissent
écraser. (Mais est-ce vraiment le désir de sortir de la
vacuité qui les anime ou simplement la peur d’être
comme tout le monde ???)
Le point d’exclamation indique leur profond désir de se
défaire de ce désespoir.
La révolte devant la vacuité
✦ Faire des grill cheese (combler par la
gourmandise)
Exp. : La façon de combattre ce vide laissé par le
départ de Petit Pois est de produire quelque
chose et de consommer, de s’emplir le ventre.
Accumulation de verbes d’action.
Hyperbole où les personnages vont « fendre » tellement
ils seront pleins, gavés.
✦ Nicole qui tire les cheveux
Cit : Nicole crie.. Sa main, qui flattait mes
cheveux, les empoigne, tire, arrache. »
Explic. : C’est une crise existentielle très
sartrienne où l’inconfort provoque une forte
réaction physique. C’est son moyen, très
instinctif, de réagir contre sa vacuité.
Gradation qui montre le crescendo dans la force de la
révolte.
Antithèse flattait/arrache pour montrer la soudaineté du
geste très incontrôlable.
L’abdication et le nihilisme comme révolte contre la vie
routinière
Cit. : « Et demain, rien, rien du tout, c’est justement ce
que nous aimons le plus. » ou bien : « Nie, nie, nie, [...]
» (p. 31)
Expl. : Cette résignation est tellement forte chez Nicole
et André que l’on pourrait voir leur nihilisme comme
une réaction philosophique à l’absurdité du monde. Un
geste réfléchi de révolte libératrice, libérateur, vengeance.
L’utilisation de l’adverbe « demain » suggère que la
préméditation de ce nihilisme. Ce n’est pas un coup de
tête parce qu’il sera encore là dans le futur.
Redondance
Des philosphes comme Gorgias en Grèce, Nietzsche et
Cioran sont nihilistes.
Insulter Petit Pois / esprit de vengeance
Cit. : « Même si c’est un cancer, le mal qu’elle nous a fait,,
nous guérirons puis nous irons l’accabler de notre santé !
Chippie ! Intellectuelle de gauche ! […]
Expl. : Ils veulent s’en prendre à celle qui les aliène.
etc.
Métaphore du « cancer » pour parler de leur vacuité
(péjoratif), mais où il y a espoir de guérison.
Énumération d’expressions calomniantes (champ lexical)