II. PROBLEMATIQUE II. 1 Cadrage théorique
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II. PROBLEMATIQUE II. 1 Cadrage théorique
II. PROBLEMATIQUE Appréhender la formation comme un outil de gestion de ressources humaines nécessite que l’on définisse les différents concepts que sont la gestion des ressources humaines, le management, la sociologie des organisations et l’identité d’où l’intitulé « cadrage théorique », de la partie qui suit. II. 1 Cadrage théorique II 1.1 La gestion des ressources humaines La gestion des ressources humaines c’est d’abord de la gestion, c’est-à-dire concevoir, conduire et contrôler un processus de décision1. En se référant au dictionnaire Larousse, le mot gestion signifie : action ou manière de gérer, d’administrer, de diriger, d’organiser. Ceci implique que toute organisation doit définir une stratégie de gestion en intégrant une dimension de ressources humaines en vue de son développement quelle que soit sa taille. Selon JM. Perreti Il n’y a pas de pratiques universelles en matière de gestion de ressources humaines (GRH). Les pratiques performantes sont celles, qui adaptées au contexte, permettent de répondre aux défis qu’à un moment donné une entreprise doit affronter 2. Mais concrètement La GRH est une fonction d’entreprise qui vise à obtenir une adéquation efficace et maintenue dans le temps entre ses salariés et ses emplois, en terme d’effectifs, de qualification et de motivation. Elle a pour objectif l’optimisation continue des compétences au service de la stratégie de l’entreprise, dans la définition de laquelle elle intervient 3. Cette définition montre que la GRH est une fonction qui aide l’organisation à atteindre ses objectifs stratégiques, et ce, en ayant recours à un ensemble d’activités. 1 J.M.Le Gall (2002), La gestion des ressources humaines, Que sais-je?, PUF, Paris, pp 4 J.M.Peretti (2003-2004), Gestion des ressources humaines, Vuibert ,Paris, pp 7 3 J.M.Le Gall, op.cit, pp5 2 9 Nous recensons : → « L’administration du personnel qui représente l’aspect administratif de la fonction, sous les formes suivantes: Tenue des documents et registres imposés par la réglementation en vigueur Application des dispositions légales et réglementaires dans l’entreprise Relations avec les services administratifs de l’emploi, de l’inspection du travail, des services d’information ou de documents extérieurs Développement des outils informatiques de la fonction Administration des rémunérations : fixation, harmonisation, suivi des salaires individuels, primes diverses, statistiques de salaires, éventuellement paie Calcul des charges sociales : sécurité sociale, régimes de retraite et de prévoyance, mutuelle, assurances spécifiques à certaines catégories de personnel Calcul et répartition des avantages sociaux propres à l’entreprise, gestion des activités d’assistance au personnel. → La gestion des ressources humaines et des coûts. Elle permet la prise en charge dynamique des hommes. Les composantes sont en particulier : La gestion de l’emploi, la gestion prévisionnelle de l’emploi le programme de recrutement, les embauches, gestion de carrière et des promotions, analyse des postes, évaluation des personnes. La gestion des rémunérations qui doit partir de l’analyse et de l’évaluation des postes, grille de salaires, politique de rémunération, intéressement et participation. → La formation Les principales tâches sont : La détection des besoins, l’élaboration du plan de formation, la mise en œuvre des actions de formation, l’évaluation des résultats. → Le développement social Ce domaine traduit l’aspect novateur de la fonction et recouvre : La reconfiguration de l’organisation du travail La définition des postes et gestion des compétences 10 L’adaptation aux nouvelles technologies Le développement de la réactivité de l’organisation et adaptation aux variations du volume d’activité Le projet d’entreprise et reconstruction du lien social Les méthodes participatives et développement de la créativité Le développement d’outils de participation financière → L’information, la communication Le DRH intervient dans la définition d’une politique d’information cohérente dans ses objectifs et ses choix, et des procédures d’information. → L’amélioration des conditions de travail En matière d’amélioration des conditions de travail, le responsable RH a un rôle défini par les textes, qui oriente ses actions auprès du comité d’entreprise et comité d’hygiène, de sécurité et conditions de travail → Les relations sociales C‘est le responsable RH qui préside les réunions avec les délégués du personnel, le comité d’entreprise, et avec les syndicats. Il mène la négociation annuelle sur les salaires et le temps de travail, ainsi que les autres négociations. → Conseil à la hiérarchie dans la gestion des ressources humaines Ce domaine concerne le partage de ses attributions concernant : Les procédures et méthode de gestion du personnel Le traitement des cas individuels (carrière, formation.) La solution des conflits individuels et collectifs » 4 . Ce sont autant d’activités qui constituent la GRH et qui incombent au directeur des ressources humaines. Elles permettent d’identifier clairement son rôle. Le directeur des ressources humaines est considéré comme gestionnaire de capital ; il investit, entretient et rentabilise. Certes il s’agit du capital le plus noble puisqu’ il est composé d’hommes et de femmes, de 4 J.M.Peretti, J.Petit, J.L.Reboul (2001), Gestion des ressources humaines, analyse des emplois, cours CNED DESS « Ingénierie de la formation », pp19-21 11 leurs compétences, de leurs ambitions, de leurs émotions…Le directeur des ressources humaines doit mobiliser les moyens nécessaires à la réussite de l’entreprise 5. Toutes ces activités sont des moyens avec une panoplie d’outils nécessaires pour entretenir et rentabiliser le potentiel des Hommes au sein de l’organisation au profit de la rentabilité de l’entreprise. C’est un acteur dont le management au quotidien est du domaine de l’humain : écoute, expression, échange, évaluation, information, motivation 6. Significativement tout chef d’entreprise et quelle que soit la taille de l’entreprise doit administrer et manager efficacement son personnel en mobilisant les moyens matériels et humains. II.1.2 La notion de management La notion de management d’origine anglo-saxon entre dans les entreprises Française dans les années 70. Il recouvre l’Ensemble des techniques de direction, d’organisation et de gestion d’entreprise. R-A Thiérard dans son ouvrage propose la définition suivante : le management, action ou art ou manière de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son développement, de la contrôler, s’applique à tous les domaines d’activités de l’entreprise.7 La lecture de ces définitions met en exergue des mots révélateurs tels que : art, diriger, développement, contrôler et performance. Ils déclinent l’importance des moyens auxquels l’on doit avoir recours afin que l’organisation atteigne les objectifs fixés. Dans cette perspective il est requis une démarche réfléchie et organisée. R-A.Thiérard note que le management s’appuie sur la stratégie qu’il contribue à nourrir. Par stratégie, il faut entendre l’ensemble des décisions et des actions concernant le choix de ressources et leur articulation en vue d’atteindre un objectif 8 On peut discerner différentes fonctions : 5 C.Boureau, A.Metra, JM.Peretti, (1997), Entreprendre, Vuibert, Paris, pp16 C.Boureau, A.Metra, JM.Peretti, op. cit, pp 29 7 R-A. Thiétard (2003), Le Management, Que sais-je? PUF, Paris, pp7 8 R-A.Thiétard, op.cit, pp 9 6 12 → La planification, qui consiste à organiser, prévoir selon un plan. 9 Elle permet de faire l’analyse des forces et des faiblesses par rapport au contexte. Ce diagnostic favorise donc une anticipation par le biais des prévisions pour déterminer les moyens et actions à mettre en œuvre dans le futur. → L’organisation a pour but de mettre en place et de coordonner les ressources matérielles, humaines et financières en fonction des objectifs pré-déterminés. Parce que Organiser, bien sûr, n’a de sens que par rapport aux finalités, projets, visions, objectifs issus de la précédente phase 10. → L’activation est une étape qui emmène à animer les femmes et les hommes qui planifieront, organiseront et contrôleront 11 la conduite des actions dans le cadre d’une collaboration et d’une coopération au sein d’équipes. → L’évaluation enfin, qui est l’ultime activité, vise la mesure des écarts entre objectifs et résultats 12. Ceci suppose la vérification de la mise en oeuvre des objectifs définis et l’analyse des écarts entre prévisions et réalisations dans une perspective corrective. Le management sert la finalité économique de l’entreprise tout en recherchant l’efficience au niveau de l’articulation des ressources, et ce, dans un environnement pourvu d’incertitudes. Il permet de gérer des hommes, ce qui crée un système irrationnel. L’approche organisationnelle permettra donc, d’appréhender le fonctionnement des systèmes et la stratégie des acteurs. II1.1.3 L’approche sociologique des organisations La sociologie des organisations à travers un ensemble de théories permet d’étudier les organisations et leur fonctionnement. Elle aide à comprendre comment dans l’entreprise se concilient, au travers de relations d’échanges et de pouvoir multiples, ses objectifs formels, déclarés et les stratégies individuelles de ses membres 13. Des thèmes centraux circonscrivent l’analyse. 9 Dictionnaire Hachette (2001) P. Morin, « Management et managers » , in Management et organisation des entreprises, Cahiers Français, N° 287- (Juillet- Septembre 1998). La documentation Française, pp.11-14 11 R-A.Thiétard, op.cit, pp77 12 P. Morin, op.cit, pp13 13 J.M Le Gall, op.cit, pp32 10 13 Ce sont les mécanismes de coopération, les logiques stratégiques de l’entreprise et celles des acteurs, le pouvoir et l’autorité, et enfin le changement. En conséquence, notre étude s’effectuera notamment à partir des travaux de P. Bernoux14 et de M. Crozier15. Cette approche tend à montrer que l’organisation est un milieu d’antagonismes, de comportements irrationnels et imprévisibles. L’interaction entre les individus aboutit à la constitution d’un système d’action concret. Les accords et les jeux d’alliances entre eux permettent de résoudre les problèmes posés par le fonctionnement de l’organisation. L’individu est au cœur de l’analyse stratégique. Trois paradigmes clés constituent le concept : le système d’action concret, la zone d’incertitude et le pouvoir. 1. Les hommes n’acceptent jamais d’être traités comme des moyens au service des buts fixés par l’organisation, ce qui signifie qu’ils sont motivés par des objectifs différents. D’où l’intérêt de la définition suivante : l’organisation est un construit par des acteurs intégrant les contraintes comme stratégies 16. Les contraintes sont identifiées à des zones d’incertitudes que chacun essaie de contrôler et qui sont autant d’espaces de liberté maîtrisés par les individus. 2. Les acteurs jouissent d’une liberté relative. Dans une organisation, tout acteur garde une possibilité de jeu autonome, qu’il utilise toujours plus ou moins. Cette autonomie met en exergue des jeux de pouvoirs ce qui veut dire que les acteurs cherchent à maîtriser la situation d’où la réciprocité et l’interdépendance entre les acteurs. 3. Les stratégies sont rationnelles et limitées dans les organisations dans la mesure où c’est « un construit humain ou un ensemble humain structuré…composé de membres qui y développent des stratégies particulières »17, et ce, au profit de l’accroissement du pouvoir. 14 P.Bernoux (1985), La sociologie des organisations, Essais, Points, Paris, pp128-133 M. Crozier et E.Friedberg (1977), L’acteur et le système, Point, Seuil, Paris, pp 227-247 16 P.Bernoux, op.cit,pp 116 17 P.Bernoux, op.cit,pp 138 15 14 Les relations ne sont donc pas stables au sein de l’entreprise, contexte favorable aux jeux de pouvoirs. En effet, M. Crozier considère l’organisation comme un système politique dans lequel des acteurs évoluent en stratège avec une marge d’action pour négocier à partir de leurs motivations. En conséquence, le pouvoir devient une relation d’échange qui se négocie. Donc pour appréhender le fonctionnement d’une organisation, nous comprenons qu’il convient de procéder à une analyse stratégique pour identifier les acteurs, cerner leurs motivations, les zones d’incertitudes et les jeux de pouvoir. L’analyse stratégique s’avère importante pour tout changement dans le cadre des politiques décisionnelles. Cette approche semble convenir à la démarche de l’auditeur dont la mission consiste à conseiller quant à la réorganisation du secteur. L’organisation est lieu d’épanouissement et d’expression en l’occurrence d’identité. L’organisation est un lieu où l’identité s’exprime, mais où elle continue fortement à se constituer selon Sainsaulieu18. Quels sont les enjeux de l’identité ? Avant d’énoncer la réponse à cette interrogation nous proposons de définir d’abord le concept. II. 1.4 Le concept d’identité : une approche anthropologique La définition anthropologique de l’identité s’articule autour de données historiques et culturelles. Leur interaction nous permet de comprendre le comportement des acteurs au sein de l‘organisation. Au sens anthropologique, la culture comprend les croyances, les normes, valeurs et représentations communes mais également les coutumes, les mœurs, l’ensemble des objets quotidiens…19. C’est l’ensemble des éléments intériorisés, qui grâce au processus de socialisation, sera 18 F.Alexandre-Bailly, D.Bourgeois, J.P.Gruère, N.Raulet-Crosset, C.Roland-Lévy (2003),Comportements humains & Management, Pearson, Education, France,pp 18 19 A.Mucchielli, (2003), L’identité, Que sais-je ? PUF, Paris, pp47 15 reproduit par chaque individu dans leur interaction. La socialisation désigne le processus d’intériorisation des normes et des valeurs. Elle renvoie aux représentations sociales qui participent à la dynamique identitaire. « Les représentations sociales sont des principes générateurs de prises de positions liés à des insertions spécifiques dans un ensemble de rapports sociaux et organisant les processus symboliques intervenant dans ces rapports. Cette perspective sociologique contribue à éclairer : - les enjeux idéologiques associés à la maîtrise de la production des représentations - la dynamique de transformation des représentations collectives, qui accompagne les transformations de la réalité sociale - le poids des représentations dans la stratégie d’ajustement identitaire »20. Il semble que les représentations déterminent le comportement des acteurs dans l’organisation. Cependant, il convient de rappeler que l’identité se construit et se déconstruit dans l’organisation. C’est un élément d’intégration aussi bien qu’un élément d’exclusion. Cette remarque nous interpelle car elle illustre par la négative le ressenti de certains employés qui souffrent d‘un problème d‘image. Quelles interprétations et traductions doit en avoir l’ingénieur de formation ? 20 H.Bezille, D. Rigaud, op.cit, pp 28-29 16 II.2 La problématique de recherche La question de la formation dans le secteur de la distribution du carburant renvoie à la mise en place d’une nouvelle politique décisionnelle visant d’une part, sa réorganisation et d’autre part, sa dynamisation. Toutefois, ces opérations vont de paire avec la remise en cause de certains fondements. Cette perspective implique des changements de valeurs voire d’objectifs. L’absence de cohérence dans la globalité du secteur démontre l’urgence des mesures que doit prendre l’OPGSS. A partir de l’audit réalisé dans le cadre du chantier, des interrogations ont été soulevées. D’une part quelle stratégie mettre en œuvre pour impulser la gestion des ressources humaines au niveau des stations services compte tenu de leurs caractéristiques de PME et micros entreprises ? Ensuite quel type de management doit être adapté vu le contexte culturel ? Et enfin en terme d’ingénierie de la formation quelles sont les réponses permettant de structurer et de dynamiser le secteur en tenant compte des enjeux ? II.3 La présentation des hypothèses Notre étude est la continuité du chantier et permet d’appréhender la formation comme un outil pertinent. Compte tenu du contexte, la formation se présente comme : → un outil structurant → un atout du changement → un facteur de valorisation → un outil stratégique au profit d’une volonté politique concernant la qualité de service 17