1 Discours de Jean-François Roubaud, président de la CGPME, lors
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1 Discours de Jean-François Roubaud, président de la CGPME, lors
Discours de Jean-François Roubaud, président de la CGPME, lors de la rencontre à la CGPME avec François Bayrou, candidat Modem, le 12 avril 2012 Monsieur le Candidat, Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Entrepreneurs, Chers Amis, La CGPME s’est engagée dans la campagne présidentielle pour faire entendre les préoccupations et les valeurs des TPE/ PME. Pour que ceux qui créent la croissance et l’emploi ne soient pas les oubliés d’une campagne qui les concerne. Aujourd’hui je n’ai pas peur de dire : mission accomplie ! Les PME sont au centre des programmes économiques de tous les candidats. Mieux encore nos 40 propositions regroupées dans Cap France PME 2012-2017 émaillent les programmes de droite comme de gauche. Notre Confédération a organisé 3 forums régionaux en présence de représentants des 6 principaux candidats –dont le Modem- à Bordeaux, Lyon et Metz. Puis nous avons reçu successivement Eva Joly, François Hollande, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy. Nous avons pris le temps d’écouter et de débattre avec chacun en présence, à chaque fois, de plusieurs centaines de chefs d’entreprises. Pas une fausse note dans ces débats républicains où la confrontation d’idées aura permis, à chacun, de se faire une opinion sur les programmes défendus par les candidats. La CGPME conforme au rôle qu’elle s’est donnée n’a pas pris position pour -ou contre- tel ou tel candidat. Mais nous ne nous sommes pas privés pour émettre un avis sur des propositions favorables ou défavorables aux entreprises. Cela nous a valu quelques passes d’armes "musclées" sur les 32 heures, le coût du travail ou l’extension du congé parental… Les chefs d’entreprises qui sont intervenus ont fait part des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien pour faire vivre et développer leur entreprise. Ils ont raconté la lourdeur bureaucratique, le poids des charges sociales, la complexité de la règlementation du travail, l’inertie du monde bancaire, les mauvais traitements dont ils sont victimes en tant que sous traitant ou fournisseurs. Ils ont également fait part de la formidable aventure humaine qu’ils vivent au quotidien, bien loin des golden parachutes et des rémunérations pharaoniques de quelques dirigeants qui ont perdu le sens des réalités. Ils ont enfin témoigné de leur volonté de développer leur entreprise, de se battre avec leurs équipes pour conquérir de nouveaux marchés, innover, exporter… Aujourd’hui nous avons le plaisir d’accueillir François Bayrou que nous avions reçu, ici même, en 2007. Déjà, il nous parlait de l’importance des PME ; déjà, il nous alertait sur la situation calamiteuse des finances publiques ! 1 En cela malheureusement vous aviez raison, comme François Fillon en son temps, qui avait reconnu être à la tête d’un Etat en faillite. Nous ne pouvons donc que partager votre volonté de rétablir le plus rapidement possible l’équilibre des finances publiques. Le bât blesse cependant sur les moyens d’y parvenir notamment lorsque vous indiquez vouloir revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires, ce qui pénaliserait les salariés de certains secteurs à fort taux de main d’œuvre comme la propreté ou la sécurité privée. Le coût du travail reste en effet un point noir qui handicape lourdement la compétitivité de nos entreprises. A l’inverse, votre souhait de retirer les charges sur l’embauche d’un jeune ou d’un chômeur dans les entreprises de moins de 50 salariés recueille, vous n’en serez pas surpris, notre assentiment. Nos entreprises ont également besoin de plus de flexibilité. Elles hésitent à embaucher en CDI par manque de visibilité du carnet de commande. Elles choisissent donc parfois de recourir à l’intérim ou au CDD, véritable sas vers l’emploi durable. Les priver de cette faculté serait, à nos yeux, une erreur économique. De plus, et contrairement à ce qu’on entend régulièrement, je rappelle que l’immense majorité, c'est-àdire près de 85% des contrats de travail, sont conclus en CDI ! Les PME françaises sont, vous le savez, confrontées à une concurrence féroce. Elles ont des atouts pour tirer leur épingle du jeu de la mondialisation, à condition toutefois que les règles de ce jeu soient les mêmes pour tous. Entendons nous bien je ne parle pas ici de protectionnisme mais bien de réciprocité des échanges. "Favoriser le produire en France" ne suffira pas à sauver nos industries si celles-ci doivent continuer à se voir appliquer des normes sociales et environnementales qui ne concernent pas leurs concurrents étrangers. De plus, n’oublions pas que, lorsqu’on achète français, la moitié du prix revient au financement de notre système de protection sociale. Je vous avoue donc sur ce point ne pas bien comprendre votre refus de voir mise en place la TVA anti-délocalisation qui permettra de diminuer le coût du travail, renforçant d’autant la compétitivité de nos entreprises à l’export hors de l’Hexagone. Il est vrai que la compétitivité ne se limite pas au seul coût du travail. La création d’un "crédit impôt-innovation" que vous proposez sur le modèle du crédit impôt recherche serait donc une excellente mesure pour laquelle nous militons depuis longtemps. La valorisation de l’innovation va bien plus loin que la recherche, elle est susceptible de générer cette croissance que nous appelons tous de nos vœux. De même "chasser en meute" pour reprendre une expression chère à Christine Lagarde est indispensable si l’on veut parvenir, comme le font nos voisins allemands à ce que les PME tirent profit de la réussite des grandes entreprises qui bénéficieront à leur tour d’un éco système qui leur sera profitable. "Donner un avantage fiscal à une grande entreprise qui crée une structure d’investissement en direction des PME" irait indéniablement dans ce sens. 2 Mais il est une mesure que les chefs d’entreprises attendent, la mesure prioritaire pour les TPE/PME : qu’on cesse enfin d’empiler les textes les uns sur les autres et qu’on sacralise la notion de non rétroactivité. Les entreprises, pas plus que les Français, ne peuvent vivre sous le coup d’une menace permanente d’un texte que la plupart du temps ils ignorent et qui risque de mettre en péril leur activité. Pour reprendre une de vos expressions : "Un sol que l’on remue tout le temps ne peut porter plante" ! Je vous cède maintenant la parole en vous remerciant à nouveau de votre présence. 3