FIN DE PARTIE - Théâtre du Grand Rond

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FIN DE PARTIE - Théâtre du Grand Rond
FIN DE PARTIE
de Samuel Beckett
(Éditions de Minuit)
mise en scène/scénographie > Éric Sanjou
vidéo > Matthieu Mailhé
interprétation >
Georges Gaillard (Hamm)
Éric Sanjou (Clov)
Valérie Mornet (Nell)
Christophe Champain (Nagg)
"Fin de partie" a été créé au Théâtre du Pont Neuf à Toulouse du 12 au 20 novembre 2010. Il est repris cette
saison les 13 et 14 janvier 2011 au Hall de Paris à Moissac, du 29 mars au 9 avril 2011 au Théâtre du Grand
Rond à Toulouse et du 11 au 15 avril 2011 au Local à Montauban.
Partenaires : Région Midi-Pyrénées – Ville de Moissac – Département de Tarn-et-Garonne – Théâtre de la Digue.
Nous n'en avons pas fini avec ce qui fait œuvre, avec ce qui fait sens et ce qui en donne à
notre art, à nos vies et à celle de nos spectateurs.
Fin de partie arrive à point nommé, après Shakespeare, Peter Weiss, Lorca, c'est encore
une envie de langue, de matière et de beaux comédiens.
Nous voulons nous régaler de ce petit monument à la gloire des "empêchés", des
aveugles et des paralytiques !
Et puis ça continue à nous parler cette existence absurde dans une pièce grise au milieu
de nulle part dans un monde que l'on suppose désert avec Hamm qui occupe le centre de
la scène et Clov son valet-fils claudiquant dans leur relation étrange et pathétique et les
parents de Hamm Nagg et Nell en fin de vie qui ont perdu leurs jambes dans un accident
de tandem dans les Ardennes du côté de Sedan et qui survivent dans des poubelles car
s'il n'y a pas d'intrigue et que ça semble confus on peut tout de même se dire que "ça suit
son cours" non ?
fin de partie
La pièce a été créée en français à Londres puis à Paris en 1957 dans une mise en scène de
Roger Blin (qui jouait le rôle de Hamm).
Fin de partie est un huis clos à quatre personnages, Hamm, Clov, Nell et Nagg et se déroule sur
une journée à une époque inconnue et sans doute post-apocalyptique où tout manque. Ils sont
enfermés dans un refuge et semblent être les derniers vivants de l'humanité. Hamm, aveugle et
paralytique, occupe dans son fauteuil le centre de l'espace. Il entretient avec Clov, son valet et fils
adoptif, une étrange relation à la fois tendre et féroce. Hamm avec ses infirmités ne peut vivre
sans Clov. Il semble abuser de son autorité sur son valet et est capricieux et irascible. Clov affirme
vouloir le quitter ou le tuer. Nell et Nagg, les parents de Hamm, ont perdu leurs jambes lors d'un
accident de tandem et vivent désormais dans des poubelles et dépendent totalement de Hamm
qui règne sur cette "famille".
Comme toujours dans le théâtre de Beckett, les silences et les répétitions jouent un rôle primordial
qui rythment la pièce et le discours n'a pas de logique apparente. Les répliques des personnages
parlent très souvent du (ou de leur) passé ou de l'imaginaire quand Hamm se prend à créer son
"histoire". Les personnages paraissent ainsi compenser la vacuité du présent et leur impuissance
à agir. Beckett s'amuse à nous présenter de manière très concrète leurs manies : les coups de
sifflets de Hamm, le lever, la promenade en fauteuil, le "repas" des vieux parents, la prise du
calmant à l'heure, l'écoute de "l'histoire" de Hamm : toute une mécanique du quotidien.
Il n'y a donc pas d'intrigue précise dans Fin de partie hormis le déroulement d'une "journée comme
les autres" comme veut le croire Hamm. Clov, lui, répète que "quelque chose suit son cours".
Quelques éléments nouveaux, inquiétants ou porteurs d'espoirs se produisent dans cette journée :
Nagg perd sa dent, les denrées s'épuisent, la mère Nell meurt dans sa poubelle…
Tout le génie du dramaturge Samuel Beckett s'exprime dans Fin de partie. Dans une apparente
inaction et dans un seul espace, il nous offre un condensé d'humanité étonnant. Ses personnages
doivent jouer leur rôle et il nous parle ici aussi du théâtre et de la représentation comme miroir de
la condition humaine. Le duo central Hamm/Clov est presque clownesque et est également un duo
classique de maître/valet tandis que le duo secondaire des vieux parents a la dérision d'un duo
shakespearien. Beckett nous donne une tragi-comédie où l'on peut rire et se désespérer de tout. Il
dira que la réplique la plus importante de la pièce est donnée par Nell : "rien n'est plus drôle que le
malheur". Il dissèque non sans s'en amuser les défauts de l'homme et de sa dérisoire existence :
l'individualisme, l'incompréhension mutuelle, le dépérissement du corps, la rancœur, la nostalgie et
la prétention créatrice.
"Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir".
"À moi de jouer"
C'est la première réplique de Hamm, réplique que Georges Gaillard donne à Éric Sanjou,
Clov/Metteur en scène, pour reprendre un jeu commun…
Parfois le désir d'une création vient d'un désir d'acteurs. C'est le cas pour Fin de partie, une pièce
où se retrouver.
La mise en scène peut laisser le brio dans les loges, tout est dans l'interprétation des corps/voix
instruments sensibles qui s'écoutent et se complètent. C'est une partition, une partition d'humain.
Pas de place ici pour la démonstration. Il faut jouer, car c'est bien d'un jeu dont il s'agit… ou de sa
fin.
Mon non-acte scénographique consistera à créer un monochrome absolu. Murs, accessoires,
costumes et corps traités dans la même valeur de gris. Pas de profondeur, une mise à plat de
l'image. Loin du pseudo réalisme ou de la boursouflure kitch, ma peinture d'espace se fera à la
détrempe en recherche d'épure. Nous créerons, avec Matthieu Mailhé, "une lumière vidéo"
porteuse du texte de Beckett grignotant ce monochrome. Une vibration du mot sur les murs,
révélatrice d'un temps suspendu.
En contrepoint essentiel, l'interprétation puisque Samuel Beckett avec une exquise malice, nous
promène sans cesse du tragique à la bouffonnerie et de l'horreur au grotesque, se teintera de
toutes les gammes et de toutes les profondeurs. Et puis n'oublions pas que c'est encore de théâtre
dont il s'agit, les références à la représentation qui se joue là sont permanentes.
C'est donc une occasion aussi de parler de nous, joueurs jusqu'au boutistes tel Hamm qui lance à
la fin de la pièce :
"Puisque ça se joue comme ça… Jouons ça comme ça !"
Éric Sanjou.
Samuel Beckett
Samuel Beckett est né en 1906 dans une famille protestante à Dublin. Il meurt à Paris en
décembre 1989. Adolescent, il étudie le français, passionné par la langue et le pays. Passion qui
aboutit en 1928 à sa nomination comme lecteur d'anglais à l'École Normale Supérieure de Paris.
Au début des années 30, il effectue de nombreux voyages dans toute l'Europe, puis décide, en
1938, de vivre définitivement en France. Jusqu'à la guerre, il écrit des textes en anglais, théâtre,
romans, essais, mais à partir de 1945 il se met à traduire ses ouvrages en français et écrit
désormais la plupart du temps dans cette langue.
En 1953, sa pièce En attendant Godot est présentée à Paris et marque le début d'un immense
succès, qui le conduira notamment à l'obtention du prix Nobel de littérature en 1969. Se succèdent
des pièces qui connaîtront toutes un succès international : Fin de partie (1956), La dernière bande
(1959), Comédie (1963), Pas, quatre esquisses (1978), Catastrophe et autres dramaticules (1982).
Son œuvre, très variée, révèle avec force ses thèmes de prédilection : la malédiction d'être là,
dans l'espace et le temps, avec pour seule révolte et seul salut possible la lutte par l'écriture et la
parole.
Fin de partie… Hamm, Clov, Nell, Nagg
Le titre français et plus encore le titre que l'auteur a donné à sa traduction anglaise (Endgamme)
peuvent faire référence au jeu d'échec dont Beckett était adepte. Hamm serait un roi condamné,
incapable de reconnaître sa défaite et Clov, son pion, le promènerait de temps à autre sur
l'échiquier pour lui donner l'illusion qu'il peut encore faire quelque chose.
Hamm peut signifier cabotin, un mauvais acteur en anglais. Il est en effet un personnage très
théâtral, emphatique dans ses propos et a besoin d'attirer l'attention sur lui. Hamm peut également
être interprété comme une abréviation de hammer (marteau en anglais). On pourrait alors voir
Clov comme une déformation du mot clou (le u et le v ont la même origine), Nell comme une
approximation de nail (clou en anglais) et Nagg comme une abréviation de nagel (clou en
allemand).
Photos "Fin de partie" : © Katty Castellat
FIN DE PARTIE – équipe de création
ÉRIC SANJOU
(46 ans)
metteur en scène / scénographe / comédien
CLOV
Depuis 1988, Éric Sanjou mène parallèlement une carrière de metteur en scène, comédien et scénographe. Il a
conçu une trentaine de scénographies pour le Théâtre du Matin, le Théâtre du Galion, l’Equipe de Réalisation, le
Théâtre du Pavé... Il a créé les costumes d’une quinzaine de spectacles en dehors de ses propres productions.
Il fait ses débuts de comédiens en 1979 au Club Théâtre du Lycée Marie Curie de Tarbes où très vite, il crée avec
Mercedes Tormo, Professeur et Metteur en scène, le Théâtre du Matin. Il poursuit sa formation au Théâtre école
de Toulouse avec Paul Berger et avec divers stages. Il a à son actif plus d'une quarantaine de rôles, tant dans le
répertoire classique (Dom Juan, Tartuffe, Sigismond, Antiochus...) que contemporain avec des auteurs comme
Koltès, Brasch, Cortazar, Havel, Strindberg, Duras, Ibsen, Srbjlanoviç... Il a travaillé avec différents metteurs en
scène : Alain Sabaud, Mercedes Tormo, Paul Berger, Didier Carette...
De 87 à 93, il travaille avec le Théâtre du Galion comme comédien et scénographe. Il signera également quatre
mises en scène : “Argos” d’après Sophocle/Sartre, “Le chant du coq/Fin de programme” de Jean-Louis Bourdon,
“Les Rois” de Julio Cortazar et “Yerma/Lorca”.
En 1993, il fonde la compagnie Arène Théâtre et met en scène Lorca, Molière, Calderon, Baricco... La Cie Arène
Théâtre organisera et produira pendant 9 ans le festival du Haut Adour à Beaudéan(65), elle s'installe dans le
Tarn-et-Garonne à partir de l'été 1994.
À partir de 1995, Éric Sanjou collabore régulièrement avec Didier Carette (actuel Directeur du Théâtre Sorano à
Toulouse) et Paul Berger au Théâtre du Pavé à Toulouse. Pendant la saison 1999/2000, Éric Sanjou est le
metteur en scène associé au Théâtre du Pavé à Toulouse, où il crée “Cadmos” d’après Sophocle et Pasolini et
“L’Augmentation” de Georges Perec.
En 2001, en coproduction avec le Théâtre de la Digue, Éric Sanjou, recrée au Musée des Abattoirs, Espace d’Art
Moderne et Contemporain de Toulouse : “Les Rois”, réécriture du mythe du Minotaure par Julio Cortazar.
Depuis 2003, il collabore régulièrement avec Mathieu Hornain pour la création de son (environnement sonore,
musiques, son direct…) et Matthieu Mailhé pour la création visuelle (projections, vidéo, « lumière/vidéo »…).
Il conçoit et dirige régulièrement des évènementiels tels que le Festival "Les Décousues" que propose l'Arène
Théâtre depuis quatre ans ou Les Nuits des Musées à l'Abbaye de Belleperche (spectacle déambulatoire) ainsi
que des lectures-spectacles (Festival Lettre d'Automne, Festivals les Vibrations de Moissac…). Il anime l'atelier
amateur de la Cie et différents ateliers en milieu scolaire.
Les spectacles d'Éric Sanjou sont depuis douze ans largement diffusés en Midi-Pyrénées et notamment à
Toulouse au Théâtre du Pavé, Théâtre des Mazades, Espace Bonnefoy, Théâtre du Pont Neuf, Théâtre Sorano…
Avec sa Cie Arène Théâtre, Éric Sanjou a, depuis 2002, mis en scène : "Amphytrion" de Kleist – "L'Enfant et la
Rivière" d'après Henri Bosco – "Un Soupçon d’Hamlet” d’après Shakespeare, traduction de André Markowicz –
"Les fiancés de Loches" de Feydeau – "Une chanson de Roland" d'après le manuscrit d'Oxford – "55° latitude
Nord" de Éric Sanjou – "La Nuit des Rois" de Shakespeare, traduction Éric Sanjou – "Perlimplinlorca" d'après "les
Amours de Don Perlimplin" de Lorca – "La Nuit de l'Ogre Doux" de Éric Sanjou. Il a signé en juillet 2009 sa trentedeuxième mise en scène avec "Marat-Sade" de Peter Weiss, traduction de Jean Baudrillard.
GEORGES GAILLARD (60 ans)
HAMM
Après ses débuts de comédiens à Montauban, Georges Gaillard s'installe à Paris en 1971 et y restera vingt ans. Il
complète sa formation à l'Ecole Artistique du Cinéma (Prévot) et avec de nombreux stages. Il joue Racine,
Corneille, Molière, Sade, Sartre, Beckett, Calderon, Guibert, Apolinaire… Il joue dans différentes mises en scènes
à l'Athénée, au Théâtre Sylvia Monfort, au Théâtre de la Tempête… et travaille notamment avec les metteurs en
scène Pierra Della Torre, Antoine Bourseiller, Philippe Adrien et Christian Rist.
Il met également en scène Genet et Arrabal. Pour le Cinéma et la télévision, il tourne dans deux longs métrages
"Le paradis des Riches" de Paul Barge et "Cherokee" de Pascal Ortega et dans plusieurs courts-métrages de
Jean-yves Carré et de Colette Chevrier.
En 1991, il revient en Midi-Pyrénées, travaille avec différentes compagnies et anime ateliers et stages. Il y met en
scène et joue avec sa Cie Georges Gaillard : "Quartett" d'Heiner Müller, "Dérive" d'après Alfred de Musset,
"Pasiphaé" d'Henri de Montherlant-Euripide, "Sang… Hommage à Murnau", "Plume d'Ange" de Claude Nougaro,
"Olympe… de Montauban à l'échafaud".
En 1995, il rencontre Didier Carette et joue dans sa mise en scène de "Les Possédés" d'après Dostoievski au
Théâtre du Pavé. Il rencontre également dans cette équipe Éric Sanjou et joue ensuite pour l'Arène Théâtre "Dom
Juan" de Molière et "La Vie est un Songe" de Calderon. Il met également en scène pour la Cie Arène Théâtre
"Bérénice" de Racine.
De 1998 à 2008, il intègre à Toulouse le Groupe Ex-Abrupto de Didier Carette, qui dirige depuis 2003 le Théâtre
Sorano, et joue dans toutes les productions : "Ay ! Carmela" de Sinestera – "Elsa Schneider" de Sergi Belbel – "le
Maître et Marguerite" d'après Boulgakov – "Woyzeck" de Geörg Bûchner – "Nuits Blanches" d'après Dostoievski –
"Karamazov" de Dostoievski – "Les épousailles" d'après Gogol – "L'illusion" de Pierre Corneille – "La Nonna" de
R. Cossa – "Folies" de Courteline – "Satyricon" de Pétrone – "Peer Gynt" d'Ibsen – "La Reine Margot" de Dumas –
"Homme pour Homme" de Brecht – "Le Bourgeois Gentilhomme "de Molière – "Un Tramway nommé Désir" de T.
Williams – "La Cerisaie" de Tchékov.
Il participe à de nombreuses lectures (Festival lettre d'Automne, Les Vibrations de Moissac…) et lors des
Cabarets proposés par le Groupe Ex-Abrupto à la Baracca et au Théâtre Sorano.
VALÉRIE MORNET (46 ans)
NELL
Avec une formation d'historienne puis de Conseillère Principale d'Education, Valérie Mornet travaille pendant
plusieurs années en Lycée. Pendant cinq ans, elle est responsable de l'option facultative de théâtre. En parallèle,
elle a une longue pratique du théâtre amateur notamment au Théâtre du Galion (où elle rencontre Éric Sanjou) et
participe à de nombreux stages. Elle finit par quitter l'Education Nationale pour se consacrer au théâtre.
Elle a joué dans : Avec le Théâtre du Galion, "Monsieur Plume" d'après Henri Michaux et "L'Opéra de quatre
sous" de Brecht, mises en scène de Alain Sabaud, "Argos" d'après Sophocle et Sartre mise en scène Éric Sanjou.
"Yerma/Lorca", mise en scène Éric Sanjou, Cie du Noyau. Avec les Tréteaux Yonnais, "Vite un caf'conc', y'a la
guerre" d'après Grumberg et "La Voix Humaine" de Cocteau mises en scène de Jean Lataillade. Avec l'Arène
Théâtre et Éric Sanjou, "Tartuffe" de Molière.
Depuis 2006 avec l'Arène Théâtre, sur les créations de "Une chanson de Roland" et "55° latitude Nord", elle est
assistante à la mise en scène auprès Éric Sanjou. Elle interprète ensuite le rôle d'Antonio dans "La Nuit des Rois"
de Shakespeare et de Simone Évrard dans "Marat-Sade" de Peter Weiss.
Récemment en Pays de Loire elle a joué dans : "Autour de Koltès" montage de textes de Jean-Marie Koltès pour
le Grand R, scène nationale de La Roche-sur-Yon - "Jours fragiles" de Philippe Besson adaptation Valérie Mornet,
A nos Alentours Cie – "Tectonique des Corps" de Marcel Moreau, mise en scène de Cédric Gaudeau, Cie de la
Goutière.
Pendant six ans, elle a été également formatrice en Théâtre/Education/Français/Langue Etrangère à l'étranger
(Europe, Afrique du Nord, Amérique du sud) missionnée par le Ministère des Affaires Etrangères, en direction
d'enseignants de Français Langue Etrangère utilisant "l'outil théâtre" dans l'apprentissage du français.
CHRISTOPHE CHAMPAIN (42 ans)
NAGG
Après ses études d’Arts Plastiques, Christophe Champain entre dans l’équipe du Théâtre du Galion à La Rochesur-Yon en 1990. Pendant quatre ans, il travaillera et se formera comme Comédien, Décorateur et Régisseur. Sur
la Roche-sur-Yon et Nantes, il complète sa formation avec différents stages : voix, jeu, masques, marionnettes,
katakali…
En 1993, il s’engage avec Éric Sanjou et la Cie Arène Théâtre et il intègre quasiment toutes les équipes des
créations mises en scène par Éric Sanjou : Valère/ “Tartuffe” de Molière - Octave/ “Les fourberies de Scapin” de
Molière - Willie/ “Win à Vue” d’après Samuel Beckett - Pierrot/ “Dom Juan” de Molière - Astolphe/ “La vie est un
songe” de Calderon. Il joue également Paulin/ “Bérénice” de Racine, mise en scène Georges Gaillard - Le
Messager/ “Antigone” de Sophocle, mise en scène Mercedes Tormo.
Plus récemment, il a interprété avec l'Arène Théâtre : Lubin/ “George Dandin” de Molière - Le Choeur/ “Cadmos”
d’après Sophocle/Pasolini - L’hypothèse positive/ “L’Augmentation” de Georges Perec - Thésée/ “Les Rois” de
Julio Cortázar - “Cabaret Minute” de Éric Sanjou – "Victor Hugo-la liberté dans la lumière" d'après Victor Hugo Pascalet/ “L’Enfant et la Rivière” de Henri Bosco - Ophélie & Laërte/ “Un Soupçon d’Hamlet” d’après Shakespeare
- Alfred/ "Les fiancés de Loches" de Georges Feydeau - Marsile/ "Une chanson de Roland" d'après le manuscrit
d'Oxgord, adaptation de Éric Sanjou - Primo/ "Une rivière verte et silencieuse" de Hubert Mingarelli – Le voyageur/
"55° latitude Nord" de Éric Sanjou – Viola-Césario/ "La Nuit des Rois" de Shakespeare – Tipouce/ "La Nuit de
l'Ogre doux" – Duperret/ "Marat-Sade de Peter Weiss.
Parallèlement il se charge de l'organisation et de la production d'événementiels. Il a été administrateur du Théâtre
du Pavé à Toulouse en 1999 et 2000. Il est également Chargé de Production pour l'Arène Théâtre.
FIN DE PARTIE – Revue de presse
Création Fin de partie : "Rien ne vous en divertira"
C'est loin, Coutures. Un douteux village étendu sur une surface déraisonnable, qui étale ses "quartiers" de
part et d'autre d'une non moins douteuse départementale du Tarn-et-Garonne… On a beau s'y perdre et
râler, on y revient : trois clous plus tard (création de Marat-Sade en juillet 2009, festival des Décousues en
septembre), Arène Théâtre peut se vanter de faire déplacer notre équipe de rédaction. C'est qu'il doit bien y
avoir un petit quelque chose qu'on aime là-dedans.
Alors Quand on m'a dit… Quand on m'a dit qu'Eric Sanjou allait monter Fin de partie, j'ai eu un égal
mouvement de surprise et de curiosité : pas tout à fait l'auteur que je m'attendais à voir entre les mains d'un
metteur en scène si baroque. Un après-midi de répétitions et de discussions plus tard, j'ai dû revoir cette
réflexion : Sanjou n'est pas un metteur en scène baroque. Sanjou est un metteur en scène, point. Baroque si
le texte le requiert, surtout pas si le texte ne l'exige point. Sanjou peut même surprendre une plume qui croit
l'avoir cerné, et la chose est heureuse, bienvenue, attendue : rien de pire que la stabilité, l'enlisement dans
une esthétique-calque. Et donc, la conversation débutant sur le rapport au texte, le voilà qui m'explique que
les didascalies du dramaturge seront scrupuleusement suivies. "Beckett l'a voulu ainsi" (et les Editions de
Minuit avec). Soit. Cela suffit-il ? Non bien sûr, mais " de toute façon c'est comme cela que ça fonctionne",
poursuit le metteur en scène. Et le Clou de méditer, pour finalement opiner : il a tout vu, ce sacré Beckett, il
n'a pas écrit des pièces, mais des spectacles. Tout y est : la couleur des personnages, l'occupation
minutieuse de l'espace, et jusqu'au rythme de la parole, avec sa ponctuation de silences… On ne peut guère
y couper sans y perdre le sens, c'est un fait. "Par exemple, je vois mal cette pièce sur un grand plateau", fait
remarquer Christophe Champain (Nagg). Pour sûr on la voit mal, et fort heureusement cela se voit peu.
Pour rafraîchir la mémoire des oublieux : Fin de partie est cette sorte d'échiquier sur lequel pense régner
Hamm, dérisoire tyran. Aveugle et infirme, il a noué avec Clov, son fils adoptif, un lien d'interdépendance
que rien ne semble pouvoir briser. Clov est à l'image d'un pion qui ne peut choisir sa trajectoire, sans que
toutefois aucune explication raisonnable ne pourvoie à son manque de libre arbitre. A jardin, dans leurs
poubelles respectives veillent les parents de Hamm : deux culs-de-jatte qui donnent de l'humanité l'image la
plus violente que Beckett ait inventée. Une partie qui n'en finit pas de finir, voire même de commencer, mais
pas de panique, "quelque chose suit son cours" : ils sont là, ils pourraient presque se haïr (encore faudrait-il
avoir un cœur), ils pourraient presque exister.
Relever l'être là beckettien. C'est donc à une véritable une partition que s'est attaqué Eric Sanjou,
accompagné sur scène par trois de ses habituels acolytes. Pour l'heure, le Clou n'a découvert que les
échanges entre Hamm (Georges Gaillard) et Clov (Sanjou himself) et l'esprit général de la mise en scène.
Rien de baroque, donc, contrairement aux dernières créations – il suffit de songer à La nuit des rois, à Un
soupçon d'Hamlet et au récent Marat-Sade pour remarquer une certaine tendance à dupliquer l'espace
scénique, d'une part, à donner dans l'effervescence et la démesure, d'autre part. Voilà qui est parfait pour
Shakespeare, idéal aussi pour la pièce dans la pièce de Peter Weiss. Pour Beckett, certainement pas.
Même ses obsédantes références au spectacle n'ont rien à voir avec le Teatrum mundi shakespearien : le
dramaturge irlandais n'y puise pas l'énergie vertigineuse du théâtre baroque. Ses personnages sont certes
explicitement là pour jouer un rôle (Clov : à quoi est-ce que je sers ? Hamm : à me donner la réplique) : c'est
que faute d'occuper le vivre, il leur faut invoquer le jeu. Rien derrière, pas de puits sans fond : on se heurte à
ce vide comme à un mur, on se laisse brutaliser par cette feuille de papier sans épaisseur qu'est le
personnage beckettien. Hamm joue au tyran, à l'auteur, au père de famille… Faute de camper un de ces
rôles de façon convaincante, il virevolte d'un discours stéréotypé à un autre. Quant à Clov, il n'est que
blessure, béance : pour accéder à l'existence il lui faudrait sortir, mais la naissance tarde… Bref, une mise
en scène comme il la faut : désespérément orientée vers les non-personnages, n'offrant aucune porte de
sortie, aucune échappatoire, aucun confort. Loin des folles courses du Marat-Sade, le déplacement n'est ici
que pas comptés : les rares mouvements, circulaires et répétitifs, achèvent de créer un "effet carcéral". La
scénographie, que le Clou n'a pas encore pu voir dans sa version finale, devrait pourvoir elle aussi à cet
effet : un univers entièrement gris, n'ouvrant sur rien de visible pour le spectateur. La tentation (esthétique)
du camaïeu risque même d'être abandonnée pour un parfait "gris sur gris", les comédiens se fondant dans le
décor. Rien, répétons-le, rien ne vous divertira de ce qui prend corps sur scène - excepté l'humour qui nimbe
les personnages et qui participe parfois à la cruauté de l'ensemble. Pas même l'initiative d'une vidéoprojection qui vise au contraire à renforcer la gangue ; pas même un éventuel univers sonore sur lequel
Mathieu Hornain médite en ce moment – à n'utiliser que si la bande-son concourt au repli, à
l'assujettissement. Et encore moins le jeu des acteurs, qui tient "tout", c'est-à-dire ce néant si délicat à
incarner : eux se délectent de cette psychologie ténue et ondoyante, et n'intellectualisent jamais – non, ce
serait trop facile. La Fin de partie d'Arène théâtre sera créée au TPN en novembre, avant d'occuper, au
printemps, la scène du Grand Rond. Occuper, c'est le mot.
Manon Ona – Publié le 07 octobre 2010 – www.lecloudanslaplanche.com

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