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Protection sociale & Actuariat L’indice européen des arrêts de travail : L’absentéisme sous un nouveau jour “L'indice européen des arrêts de travail nous a non seulement permis d’évaluer nos résultats, de les mettre en perspective mais aussi de les aborder sous un angle différent. Nous nous sommes particulièrement intéressés à la manière dont l’entreprise peut lutter efficacement contre l’absentéisme. Découvrir les différentes typologies d’absentéisme, améliorations tangibles à la clé, nous met sur la voie de nouvelles solutions.” Benoit Thys Directeur des Ressources Humaines AG Insurance Belgique Aon Consulting fait partie des leaders mondiaux du conseil en protection sociale et en ressources humaines, totalise un chiffre d’affaires de 1,358 milliards de dollars (US $) et compte plus de 6 300 professionnels répartis sur 229 sites et 90 pays. En 2006, 2007, 2008 et 2009, les lecteurs de Business Insurance ont élu Aon Consulting meilleur courtier-conseil en protection sociale. Aon Consulting s’appuie sur un réseau très large de professionnels de la protection sociale et de la gestion des risques pour répondre aux attentes de plusieurs milliers de clients dans toute l’Europe. Sommaire Introduction : l’importance du bien-être des employés Contexte : contexte de l’indice européen des arrêts de travail ................................................................................................................................................... p. 1 Mesures traditionnelles : arrêts maladie, taux d’absentéisme et coûts financiers ................................................................................................................................................... p. 3 Une nouvelle approche : l’indice européen des arrêts de travail ................................................................................................................................................... p. 5 Impact sur la productivité : mesurer à la fois la durée et la fréquence des d’arrêts de travail .......................................................................................................................................... Prévalence : la part des effectifs ayant eu un arrêt de travail dans l’année .......................................................................................................................................... Durée p. 5 p. 7 : la durée moyenne des arrêts de travail .......................................................................................................................................... Fréquence p. 8 : le nombre d’arrêts de travail par employé .......................................................................................................................................... p. 10 L’impact de la sécurité sociale : les différents niveaux de prestations des Etats et leurs effets sur les taux d’arrêts de travail ................................................................................................................................................... p. 11 Gestion des arrêts de travail : les éléments indispensables de la gestion des absences pour raison de santé ................................................................................................................................................... p. 13 Conclusions ............................................................................................................................................................................ p. 14 Introduction La santé au travail repose sur trois facteurs interdépendants, selon Aon Consulting : l’état de santé physiologique, la situation personnelle, l’environnement professionnel des collaborateurs. La manière dont chaque individu combine ces trois composantes détermine ainsi en grande partie sa performance professionnelle. C’est pourquoi le bien-être des collaborateurs compte dans leur décision d’aller travailler - ou non - quand surgit une problématique de santé. De leur côté, les employeurs ont une grande influence sur le bien-être des employés. Et cette influence peut être bénéfique, tant pour les salariés que pour la performance économique de leurs entreprises. Or, les employeurs sont de plus en plus appelés à assumer la responsabilité du risque et des conséquences financières des absences en complément des systèmes de sécurité sociale. Sans compter que la plupart d’entre eux déclarent que leur personnel est leur principal atout. Dans ce contexte, il est important que les entreprises adoptent une approche plus holistique du bien-être des employés. Sans même songer au développement durable et à ses indicateurs sociaux, le suivi précis du bien-être des employés devrait occuper une place fondamentale dans le tableau de bord de toute équipe de direction. A ce titre, l’évaluation approfondie et étendue des arrêts de travail constitue un indicateur-clé du bien-être des collaborateurs. Certaines entreprises disposent déjà d’outils sophistiqués pour mesurer les arrêts de travail, mais bien d’autres comptent sur des outils traditionnels et assez peu instructifs, comme le taux d’absentéisme ou le seul équivalent salarial des arrêts maladie. Pour mieux appréhender l’impact réel des arrêts de travail sur les organisations, Aon Consulting a mis au point l’indice européen des arrêts de travail (European Sick Leave Index : ESLI). Cet indice permet aux entreprises de mieux cerner les répercussions de ces arrêts sur leur capacité à servir leurs clients et à accroître la valeur actionnariale. L’indice ESLI se différencie des mesures d’arrêts de travail traditionnelles par ses composantes dynamiques, à savoir la durée et la prévalence des arrêts de travail, ainsi que leur impact sur la productivité. Une compréhension fine de ces variables est particulièrement utile à la gestion des ressources humaines, à la gestion du risque et au plan stratégique. Cette étude comporte deux éléments clés. Tout d’abord, elle identifie les données que Aon Consulting juge essentiel de collecter afin d’analyser avec précision la situation des entreprises quant aux arrêts de travail pour raison de santé. Ensuite, elle permet aux entreprises de déceler des tendances au sein du personnel, d’évaluer les implications financières des arrêts de travail et de comparer leur performance aux benchmarks nationaux ou sectoriels. L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour L’indice européen des arrêts de travail (ESLI) L’indice européen des arrêts de travail d’Aon Consulting (ESLI) est mis à la disposition des entreprises à travers un nouveau benchmark transnational. Il est un indicateur fidèle des efforts qu’une entreprise déploie pour promouvoir le bien-être de ses employés. Les employeurs peuvent aussi réaliser un benchmark interne et comparer la performance de leurs filiales. Au fur et à mesure que de nouvelles données seront ajoutées, Aon Consulting affinera ses interprétations. Le benchmark actuel est fondé sur des données collectées auprès de quelque 200 employeurs réunissant plus de 370 000 employés de tous les secteurs d’activité de quatre pays européens, à savoir la Belgique, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. Les participants à l’étude représentent un large éventail de secteurs d’activité allant de ceux à faible risque en matière de santé, les services financiers par exemple, à ceux ayant un risque santé plus élevé telle que l’industrie manufacturière. Diagramme 1. Nombre d’employés dans la base de données ESLI par pays : 200 000 150 000 100 000 50 000 0 Belgique France Allemagne Pays-Bas Composition des données clés de l’indice sur quatre ans : • • • • • la masse salariale totale de l’entreprise, l’effectif moyen, le nombre total de journées d’arrêt de travail, le nombre d’arrêts de travail, le nombre d’employés ayant déclaré au moins un arrêt de travail dans l’année. L’arrêt de travail se définit comme toute absence pour raison de santé, d’incapacité ou d’invalidité, à l’exclusion des congés de maternité ou de paternité. 1 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Pour des besoins de comparaison, l’indice ESLI suppose que le nombre total de journées de travail dans une année est de 260 jours, neutralisant ainsi les effets de distorsion induits par les jours fériés et les autres possibilités de congés. Pour mesurer les arrêts de travail et les taux d’absentéisme, d’autres organismes emploient des méthodologies différentes, telles que 365 jours comme base de mesure, aboutissant à des taux toutefois plus éloignés de la réalité. Nous avons également intégré des données fondées sur la taille des entreprises car elles nous paraissaient intéressantes. Nous les approfondirons au fur et à mesure qu’elles gagneront en représentativité. Diagramme 2. Entreprises participantes par taille : Nombre de salariés > 10 000 5 000 - 10 000 2000 - 5000 Belgique 1000 - 2000 France Allemagne 500 - 1000 Pays-Bas 200 - 500 1000 - 200 < 100 0% 20 % 40 % 60 % 80 % 100 % “Jusqu’à présent, nous nous préoccupions beaucoup de la santé de nos employés et nous ne savions pas grand chose de nos résultats en matière d’arrêt de travail. Nous n’avions pas non plus de comparaison statistique. Le rapport ESLI confirme que nous avons en fait un management plutôt performant de nos arrêts de travail.” Herman Brink Contrôleur de Gestion Puma Benelux 2 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Mesures traditionnelles des arrêts de travail : des indicateurs incomplets Pour des raisons de continuité statistique, nous sommes partis de deux indicateurs traditionnels pour exprimer l’arrêt de travail : 1. Le taux d’absentéisme brut (pourcentage du nombre de journées d’arrêt de travail divisé par 260 jours de travail théoriques). 2. Le taux d’absentéisme rapporté à la masse salariale pour exprimer le coût salarial direct des arrêts de travail. Le taux d’absentéisme Les services nationaux de statistiques, les prestataires en médecine du travail et la plupart des employeurs traduisent le nombre de jours d’arrêt maladie en taux d’absentéisme, le critère traditionnel mesurant l’impact économique de l’arrêt de travail. Le taux d’absentéisme est simplement le nombre de jours d’arrêt de travail exprimé en pourcentage du nombre total de jours de travail. Les chiffres de taux d’absentéisme au fil du temps figurent dans le tableau ci-dessous. Tableau 1. Évolution du taux d’absentéisme : Taux d’absentéisme (TA) = Nombre de jours d’arrêt de travail (Nombre d’employés x 260) Évolution annuelle du taux d’absentéisme Moyenne 4,20 % 4,09 % 4,26 % 4,43 % Pays 2005 2006 2007 2008 Belgique 3,48 % 3,95 % 4,29 % 4,50 % France 4,46 % 4,18 % 4,25 % 4,41 % Allemagne 4,04 % 3,85 % 4,12 % 4,27 % Pays-Bas 4,68 % 4,33 % 4,31 % 4,48 % Sur le plan du taux d’absentéisme, il n’existe pas de différence significative entre les quatre pays considérés. En moyenne, le pourcentage de journées d’arrêt de travail se situe entre 4,2 % et 4,5 % en 2008. Parmi les pays européens pris en compte, la Belgique affiche le pourcentage le plus élevé (4,5 %) et l’Allemagne le plus faible (4,27 %). Chacun des quatre pays a enregistré des hausses de ce taux sur les deux dernières années (2007 et 2008). 3 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Et sur la période 2005-2008, le taux d’absentéisme a augmenté de plus de 25 % en Belgique et de 6 % en Allemagne. La France et les Pays-Bas ont en revanche enregistré une baisse respective de 1 % et 5 % sur la même période. Variations liées à la taille des entreprises Les données de 2008 indiquent que le taux d’absentéisme tend à croître en fonction de la taille de l’entreprise. Dans les petites entreprises, il existe probablement une plus forte pression sociale ; les employés perçoivent mieux les répercutions des absences. Cependant, l’augmentation du taux d’absentéisme en fonction de la taille de l’entreprise n’est pas régulière et présente un pic pour les entreprises de 500 à 1 000 employés. Nous en concluons que les entreprises de cette taille gèrent moins bien leur risque en matière de capital humain. Autre remarque liée à la taille des entreprises : ce n’est pas parce que les plus grandes entreprises disposent de méthodes managériales et de programmes de santé sophistiqués qu’elles maîtrisent pour autant leur taux d’absentéisme moyen. Graphique 1. Taux d’absentéisme par taille d’entreprise : 5,5 % 5,0 % 4,5 % 4,0 % 3,5 % 3,0 % 2,5 % < 100 200-500 1000-2000 5000-10000 salariés Coût financier Le coût salarial direct de l’arrêt de travail du benchmark avoisine 665 millions d’euros, avec 4,2 millions de journées d’arrêt de travail pour 370 000 employés européens concernés. Le coût direct d’une journée d’arrêt de travail s’élève donc à 160 euros environ. Cette évaluation est une sous-estimation du coût réel pour les employeurs – que ces derniers complètent généralement par leurs propres ratios pour aboutir aux coûts indirects. Pour mémoire, Nicholson et Pauly (1) proposent un coefficient multiplicateur moyen de 1,28 pour déterminer le coût complet de l’arrêt de travail, ce qui porterait notre chiffrage à 850 millions d’euros. Certes, l’évaluation financière est une mesure objective à même d’accélérer la prise de conscience des dirigeants. Mais elle n’est pas suffisamment informative. C’est pourquoi l’indice ESLI vise à préciser la typologie des arrêts et leur impact sur la productivité. (1) Measuring the Effect of Workloss on Productivity with Team Production, de Sean Nicholson, Mark Pauly et al, National Bureau of Economic Research working paper # W10632 (2004). 4 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Une nouvelle approche : l’indice européen des arrêts de travail L’indice européen des arrêts de travail ESLI est conçu pour aller au-delà du traditionnel taux d’absentéisme. C‘est pourquoi il conjugue trois données : la durée, la fréquence et la prévalence. L’indice ESLI a le mérite de refléter plus fidèlement la réalité de l’absentéisme dans les diverses organisations approchées. Indice des arrêts de travail = Durée moyenne x Fréquence x Prévalence Diagramme 3. Évolution annuelle de l’indice national des arrêts de travail (en jours) : 14 12 10 Belgique 8 France 6 Allemagne 4 Pays-Bas 2 0 2005 2006 2007 2008 Impact sur la productivité Le nombre d’arrêts de travail et le nombre total de jours d’arrêts de travail affectent tous deux la productivité de tous les salariés, mais différemment. Par exemple, l’absence continue d’un employé pendant 200 jours a un impact différent de celle, discontinue, de 20 employés ayant un arrêt maladie d’une journée 10 fois dans l’année. Dans ce dernier cas, l’impact sur la productivité, la performance de l’équipe et l’organisation du travail s’avère supérieur que dans le premier. 5 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Afin de refléter l’interaction entre les variables « nombre d’arrêts » et « nombre de jours d’arrêt », Aon Consulting a créé le taux d’impact sur la productivité. Le taux d’impact sur la productivité nationale englobe à la fois le nombre de journées d’arrêt de travail par employeur et le nombre d’arrêts de travail. Cette somme est ainsi divisée par le nombre de jours de travail, le tout étant pondéré par le nombre d’employés du benchmark. Le taux d’impact sur la productivité de référence pour chaque pays figure ci-dessous. Taux d’impact sur la productivité (TIP) = (Nombre de jours d’arrêt de travail + Nombre d’arrêts de travail) (Nombre d’employés x 260) Tableau 2. Taux d’impact sur la productivité au fil du temps Taux d’impact sur la productivité Moyenne 4,63 % 4,53 % 4,72 % 4,90 % Pays 2005 2006 2007 2008 Belgique 3,98 % 4,50 % 4,87 % 5,08 % France 4,79 % 4,49 % 4,57 % 4,73 % Allemagne 4,63 % 4,43 % 4,73 % 4,92 % Pays-Bas 5,15 % 4,76 % 4,75 % 4,92 % Le taux d’impact sur la productivité présente des situations nationales contrastées plus lisibles que le traditionnel taux d’absentéisme. L’observation de la situation allemande est un bon témoin de la richesse de cet indicateur. Tandis que le taux d’absentéisme faisait de l’Allemagne la meilleure élève sur les trois dernières années, le taux d’impact sur la productivité la situe en revanche à peine dans la moyenne pour deux des quatre années considérées. Il semble que des épisodes d’arrêts de travail courts et répétés nuisent à la productivité des entreprises allemandes du benchmark. Dans les Pays-Bas, le rapprochement de la moyenne du taux d’impact sur la productivité au cours des quatre dernières années dénote une amélioration certaine de la productivité, en écho à l’évolution de la législation nationale. La loi néerlandaise exige en effet désormais des employeurs une réduction de l’absentéisme dans leurs entreprises. Le meilleur taux d’impact sur la productivité est enregistré par la France, qui affiche 4,73 % en 2008, suivi de celui des Pays-Bas et de l’Allemagne arrivant à égalité avec 4,9 %, puis de la Belgique avec 5 %. 6 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Prévalence des arrêts de travail Le taux de prévalence des arrêts de travail exprime la part des effectifs déclarant un arrêt de travail dans l’année. Taux de prévalence des arrêts de travail (TP) = (Nombre d’employés déclarant un arrêt de travail) (Nombre d’employés) Tableau 3. Taux de prévalence des arrêts de travail : Evolution annuelle du taux de prévalence des arrêts de travail Moyenne 55 % 55 % 57 % 57 % Pays 2005 2006 2007 2008 Belgique 62 % 61 % 65 % 65 % France 46 % 45 % 45 % 45 % Allemagne 66 % 65 % 67 % 70 % Pays-Bas 60 % 56 % 57 % 57 % Établi pays par pays, le taux de prévalence est un bon indicateur de la distribution des arrêts de travail dans les entreprises. Un écart excessif du taux de prévalence par rapport à la moyenne nationale peut révéler l’existence d’épidémies, de maladies professionnelles, de conditions de travail peu sécurisées ou de problématiques managériales structurelles. Au cours de notre analyse, nous avons été étonnés par le taux de prévalence relativement élevé des petites entreprises. Cette donnée semble presque contre nature. Les mécanismes de « contrôle social » étant en effet jugés plus efficaces au sein des petites entités, ils devraient plutôt freiner les arrêts de travail. Sans surprise, on constate que les grandes entreprises accordent une plus grande attention au bien-être des employés et dépensent davantage, notamment pour respecter les exigences en matière d’hygiène et de sécurité. Graphique 2. Prévalence des arrêts de travail par taille d’entreprise : 63 % 62 % 61 % 60 % 59 % 58 % 57 % 56 % 55 % < 100 200-500 1000-2000 5000-10000 7 salariés L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Si les taux s’avèrent être des comparateurs internationaux fiables, des écarts entre pays subsistent. Par exemple, les différences de culture et de législation des pays européens, les amènent à adopter des modes de comptabilisation parfois différents des arrêts de travail. En France, la plupart des entreprises prévoient des jours de congés supplémentaires à travers leurs dispositions conventionnelles. Dans certains secteurs, les conventions collectives intègrent un jour de congé supplémentaire par mois. Il est ainsi courant d’avoir au moins six jours de congés supplémentaires par an, nombre de collaborateurs préférant prendre un jour de RTT (Réduction du Temps de Travail) plutôt que déclarer un arrêt. C’est probablement une des raisons pour lesquelles la France se révèle plus « performante » que ses voisins quant au taux de prévalence (près de 5 salariés sur 10 en arrêt de travail une fois dans l’année en France, près de 6 en Belgique et 7 sur 10 en Allemagne). En Allemagne en effet, les certificats médicaux étant requis seulement quand l’arrêt maladie est supérieur à 3 jours, le recours aux arrêts maladie s’en trouve plus largement répandu que dans les autres pays. Sur le plan culturel, il existe, en Allemagne comme en Belgique, une résistance à ce que les supérieurs hiérarchiques s’enquièrent de la santé de leurs collaborateurs en arrêt. Tout ceci se reflète dans les taux de fréquence (voir tableau 5) et de prévalence relativement élevés de l’Allemagne. En France et dans les Pays-Bas enfin, les managers sont censés s’intéresser davantage à l’état de santé de leurs équipes, alors même que la confidentialité des pathologies est protégée dans l’Hexagone. Durée des arrêts de travail L’indicateur de durée représente la durée moyenne de chaque arrêt de travail. Il s’agit d’un indicateur clé pour les employeurs car il reflète le degré de risque et d’impact financier des arrêts de travail à la fois pour les employeurs et les employés. Ce taux est obtenu en divisant le nombre de journées d’arrêt de travail par le nombre d’arrêts de travail. Il est étroitement lié à la fréquence des arrêts de travail. Si la fréquence est élevée, elle se répercute sur la durée moyenne. Les durées moyennes pour chaque pays sont présentées dans le tableau ci-dessous. Durée moyenne (DM) = (Nombre de jours d’arrêt de travail) (Nombre d’arrêts de travail) Tableau 4. Evolution annuelle de la durée moyenne d’absence : Durée moyenne d’absence (en jours) Moyenne 9,82 9,32 9,18 9,48 Pays 2005 2006 2007 2008 Belgique 7,01 7,21 7,38 7,75 13,76 13,44 13,17 13,65 Allemagne 6,87 6,64 6,68 6,57 Pays-Bas 9,99 9,98 9,88 10,15 France 8 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour La caractéristique la plus marquante de notre analyse est le taux constamment élevé de la durée des arrêts en France – deux fois plus élevé qu’en Allemagne. Ceci est d’autant plus significatif, compte tenu de l’âge de la retraite relativement bas en France. Cette durée moyenne, voisine de 14 jours dans l’Hexagone, augmente avec l’âge et la pénibilité du travail. À nouveau, le fait que les Français bénéficient de congés supplémentaires par rapport aux autres pays, élimine mécaniquement une large part d’arrêts maladie courts et fréquents, influant ainsi sur le calcul de la durée moyenne. D’autre part, les trois premières années d’invalidité étant souvent comptabilisées comme des arrêts de travail en France, elles pèsent sur les statistiques de durée. Enfin, les programmes de retour au travail ne sont pas encore très nombreux, ni toujours efficaces. Fait notable dans les Pays-Bas, où de tels programmes sont courants et encouragés par la législation (le but : responsabiliser les employeurs et inciter les salariés à reprendre leur travail), la durée d’absence n’en demeure pas moins élevée. La Hollande se place ainsi derrière la France. A contrario, en Belgique, où les employeurs ne sont pas encouragés à utiliser de tels programmes, la durée des absences demeure faible. Graphique 3. Durée moyenne de l’absence des employés (en jours) par taille d’entreprise : 13 12 11 10 9 8 7 6 5 < 100 200-500 1000-2000 5000-10000 9 salariés L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Fréquence des arrêts de travail La fréquence des arrêts de travail est étroitement liée à leur nombre et à leur prévalence. Le tableau ci-dessous présente le nombre moyen pondéré d’arrêts de travail pour chaque employé ayant déclaré au moins un arrêt de travail dans l’année pour chacun des quatre pays (sur quatre ans). Taux de fréquence des arrêts de travail (TF) = (Nombre d’arrêts de travail) (Nombre d’employés déclarant au moins un arrêt de travail dans l’année) Tableau 5. Evolution annuelle de la fréquence des arrêts de travail : Fréquence des arrêts de travail (en jours) Moyenne 2,01 2,09 2,12 2,14 Pays 2005 2006 2007 2008 Belgique 2,10 2,33 2,31 2,33 France 1,83 1,82 1,86 1,88 Allemagne 2,32 2,34 2,38 2,42 Pays-Bas 2,04 2,00 1,99 2,00 Les taux de fréquence et de prévalence sont étroitement liés car ils peuvent tous les deux être élevés dans les cas suivants : • une maladie ou épidémie spécifique au cours d’une année donnée, • des lieux de travail peu sécurisés, des maladies professionnelles, • une culture organisationnelle et managériale qui encourage ou, tout au moins, accepte des niveaux d’anxiété élevés. Sur le plan de la fréquence, les écarts à la moyenne nationale pour chacun des pays doivent retenir l’attention des employeurs. En termes de comparaison et en dépit des différences légales et culturelles déjà mentionnées, on peut noter que la fréquence des arrêts de travail est généralement en augmentation (quasiment 2,5 arrêts par personne en Allemagne, contre moins de deux pour la France). 10 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour L’impact des systèmes de sécurité sociale L’une des particularités les plus étonnantes de cette étude est la faible corrélation entre les prestations de la sécurité sociale en matière d’arrêt de travail, très variables selon les pays, et les arrêts de travail des quatre pays analysés dans notre base de données. trois premiers jours d’arrêt. Après ces trois premiers jours, l’employeur doit maintenir le versement du salaire pendant une période déterminée par la législation et/ou la convention collective. Le plus souvent, les employés sont couverts à concurrence de 80 % de leur salaire brut (approximativement 100 % de leur salaire net), dont une partie est financée par la caisse de sécurité sociale. L’employeur, qui s’assure contre les arrêts de travail, prend en charge le complément. Belgique : les employeurs garantissent le versement du salaire habituel jusqu’à 14 jours pour les ouvriers et 30 jours pour l’encadrement. La sécurité sociale prend le relais par la suite, le montant de l’indemnité étant fonction d’un certain nombre de facteurs mais toujours inférieure au salaire de l’employé. Les employeurs peuvent souscrire une assurance privée pour compléter les prestations de la sécurité sociale. Cela signifie qu’il existe peu d’incitation financière directe pour que les employeurs belges participent à des programmes de retour au travail. Seuls les employés et, le cas échéant, leur assureur, ont cette motivation. Les employeurs français sont davantage incités à promouvoir le retour des employés au travail que leurs homologues belges, car ils souhaitent éviter de multiplier les déclarations de sinistre à leur assurance, afin de ne pas voir augmenter leurs primes. Les assureurs, eux, encouragent de plus en plus la reprise du travail par les employés, même s’il n’existe pas de législation coercitive. Les employeurs français sont appelés à discuter des raisons des absences avec les syndicats lorsque des facteurs de sécurité du lieu de travail et de stress ont été identifiés comme étant les causes principales des arrêts de travail. Les employeurs et les employés belges abordent l’arrêt de travail du point de vue strictement médical. Les salariés doivent obtenir un certificat auprès de leur médecin traitant pour l’arrêt de travail et la reprise du travail. Dans ce dispositif, le médecin devient le décideur majeur et final. L’absence pour raison de santé est comptabilisée comme un arrêt de travail sur une période de 36 mois maximum. L’absence pour raison de santé est comptabilisée comme un arrêt de travail sur une période de 12 mois maximum. Allemagne : les salariés peuvent compter sur un paiement total par l’employeur des 42 premiers jours de l’arrêt de travail. Après 42 jours, une assurance santé obligatoire verse 70 % du salaire brut à concurrence d’un montant maximum spécifié (ou un maximum de 90 % du salaire net). L’assurance complémentaire pour les maladies de courte durée souscrite par les employeurs n’est France : à condition d’avoir travaillé depuis au moins un an, la sécurité sociale verse des indemnités partielles à partir du quatrième jour d’arrêt. En fonction de la convention collective en vigueur, l’employeur peut prendre en charge les 11 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour pas une pratique courante. Nous assistons à une demande croissante de programmes de retour au travail (Betriebliches Gesundheits Management) de la part des employeurs allemands. Un certificat médical est requis lorsqu’un arrêt de travail dépasse trois jours. L’absence pour raison de santé est comptabilisée comme arrêt de travail sur une période de 24 mois maximum. Cette période est plus longue qu’en Allemagne et en Belgique et se répercute sur la durée moyenne. L’absence d’une personne qui risque d’être frappée d’une invalidité permanente est comptabilisée comme un arrêt de travail jusqu’à 260 jours la première et la deuxième année. En Allemagne, l’absence pour raison de santé est comptabilisée comme un arrêt de travail sur une période de 12 mois maximum. Pays-Bas : les employeurs sont tenus de payer les salaires pendant les deux premières années de l’arrêt de travail. Quelques ajustements à cette pratique sont généralement indiqués dans les dispositions conventionnelles. La règle généralement admise est que l’employeur verse au total 170 % du salaire sur deux ans, soit, le plus souvent, 100 % la première année et 70 % la deuxième année. Les employeurs ayant moins de 100 salariés souscrivent une assurance pour le paiement des indemnités d’arrêt de travail, les plus gros employeurs tenant plus souvent à s’auto-assurer. Les programmes de retour au travail, dont une grande variété est proposée par les assureurs et les prestataires de services d’hygiène et de sécurité, sont obligatoires pour les employeurs et les employés. Dans les Pays-Bas, les arrêts de travail sont parmi les plus élevés en Europe depuis longtemps. La loi encourage les employeurs et les prestataires à adopter une approche diversifiée pour réduire les arrêts de travail. Les indicateurs de l’indice européen des arrêts de travail nous permettent d’objectiver notre analyse et nous préparent à agir de manière ciblée. Fabien Arnaud Directeur des Ressources Humaines Clear Channel France 12 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Les éléments clés de la gestion des arrêts de travail Pour Aon Consulting, les objectifs clés de ce rapport et la comparaison des arrêts de travail sont de deux types : Aon Consulting part du principe que la combinaison positive de tous ces facteurs (santé physiologique, situation personnelle, situation professionnelle) constitue le « bien-être des employés ». La gestion des arrêts de travail s’avère donc plus efficace si les employeurs et, en particulier, les supérieurs hiérarchiques, tiennent compte de l’étroite relation entre ces facteurs dans leurs interactions avec les employés. • considérer l’arrêt de travail comme un des risques majeurs en matière de capital humain pour les employeurs européens ; • comprendre comment les employeurs font face à ce type de risque impliquant leurs collaborateurs. Admettre cette évidence, à l’instar de nombreux experts en la matière, prouve qu’une approche purement médicale du risque s’avère peu efficace. De plus, reconnaissons que les employeurs ont du mal à influer sur la santé d’un employé. Ils ne peuvent qu’appliquer des mesures indirectes, telles que la prévention des accidents et des maladies professionnelles ou offrir l’accès à des programmes concernant l’hygiène de vie. Des résultats de l’étude découlent quelques bonnes pratiques, indispensables pour une gestion adaptée des absences. Bien que l’arrêt de travail suggère un problème médical, les employeurs qui enregistrent les meilleurs résultats en matière d’absentéisme, admettent que l’amélioration des taux d’absentéisme passe nécessairement par une prise en compte des aspects personnels et professionnels. En parallèle, notre base de données nous enseigne que seulement 20 % des absences, dans les Pays-Bas, sont dues à des raisons strictement médicales. • Des facteurs personnels tels que des problèmes financiers, des questions relationnelles et des problématiques d’ordre social ont un impact sur les absences ; tout comme les facteurs liés à la situation professionnelle, par exemple une sousqualification ou surqualification pour le poste, sans compter les relations avec les managers, les collègues ou l’ergonomie du poste de travail lui-même. • L’indice ESLI accompagne les entreprises dans le choix des mesures visant l’amélioration de leur risque arrêt de travail et des coûts qui en résultent. Le fait que les questions purement médicales cèdent le pas aux composantes comportementales ouvre la voie à de nouvelles solutions. Les entreprises qui ont emprunté cette voie peuvent témoigner du fait que tous les employés en bénéficient ; non seulement ceux qui sont en arrêt de travail mais également ceux qui ne le sont pas. La motivation des collaborateurs s’en trouvant améliorée, elle rejaillit de manière positive sur la productivité, l’esprit d’équipe, la fidélisation des collaborateurs et la satisfaction des clients. Santé physiologique Bien-être des salariés Situation professionnelle Situation personnelle 13 L’indice européen des arrêts de travail L’absentéisme sous un nouveau jour Quelques pistes de réflexion Synthèse • Une hausse de la durée moyenne des arrêts de travail peut révéler un management inapproprié. • Un taux de fréquence élevé peut amener les supérieurs hiérarchiques à s’entretenir avec les salariés plusieurs fois absents dans l’année. • Un taux de prévalence bien supérieur à la moyenne peut indiquer des procédures floues ou mal appliquées, à même d’engendrer des comportements contre-productifs. Évaluer le bien-être des employés est un défi majeur pour les employeurs. Un environnement professionnel où les collaborateurs sont en bonne santé, peu absents, rend l’entreprise plus performante et plus solide. Dans ce cadre, l’arrêt de travail est un indicateur important du bien-être des collaborateurs. Si les résultats de l’indice ESLI aident les employeurs à évaluer le bien-être de leurs salariés, un audit expert, réalisé à partir de données quantitatives et qualitatives, est nécessaire pour cibler les actions qui en découlent. Or les mesures traditionnelles des arrêts de travail ont tendance à être unidimensionnelles et relativement peu instructives sur le « bien-être des employés ». C’est pourquoi Aon Consulting a développé l’indice européen des arrêts de travail (ESLI), qui permet aux employeurs d’évaluer leur risque arrêt de travail au plus près de leur réalité. Aon Consulting a mis en place toute une gamme de services en vue d’accompagner ses clients en Europe sur tous ces aspects, traduisant son souhait de transformer des données pertinentes et tangibles en solutions concrètes, directement exploitables par les employeurs. En faisant la lumière sur les différents aspects des arrêts de travail, notamment sur la fréquence, la durée et la prévalence, les entreprises ont les clés pour mieux appréhender l’impact des arrêts de travail sur la productivité générale. Grâce à cet indice, les entreprises peuvent également identifier des objectifs réalistes quant à l’amélioration de leur performance. Et contrairement aux idées reçues, les différents systèmes de sécurité sociale, quelle que soit la générosité de leurs prestations, ont un impact limité sur l’importance des arrêts de travail. Cela signifie que les employeurs, encouragés par leurs partenaires sociaux et les représentants de la médecine du travail, en accord avec leurs collaborateurs volontaires, peuvent se saisir d’une véritable opportunité pour influer sur le bienêtre des employés. En menant une politique pertinente et volontariste, qui se traduit par des actions responsables et mesurables, les dirigeants recueillent les fruits d’une culture positive et durable sur le lieu de travail. 14 Vous avez la possibilité de participer À partir de 2010, la couverture de l’indice ESLI s’étend afin d’élargir le benchmark à d’autres pays : Espagne, RoyaumeUni, pays d’Europe du Nord et de l’Est. Tout en renforçant la solidité du benchmark, l’étude de cette année fournira des éclairages utiles quant à l’impact du ralentissement économique et de l’épidémie de la grippe H1N1 pour un échantillon élargi d’entreprises et de pays. Aon Consulting est en train de mener un projet de recherche similaire, couvrant l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria. Il s’agit de l’indice africain des arrêts de travail. De même, un indice australien des arrêts de travail verra bientôt le jour. Pour toute question concernant l’indice ESLI et la façon dont Aon Consulting peut vous aider à améliorer le bien-être des collaborateurs de votre entreprise, n’hésitez pas à contacter l’un de nos consultants. Les entreprises peuvent aussi se connecter sur www.aon.fr/absence ou sur le site Aon de leur pays et télécharger le modèle ESLI à remplir. «Nous savions que nos taux d’arrêt de travail étaient assez bons. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour atteindre ces résultats et nous nous réjouissons des éclairages complémentaires apportés par le rapport ESLI d’Aon Consulting.» Martina Mischitz Responsable RH Allemagne Xerox GmbH Contacts Aon Consulting pays par pays EMEA Peter Abelskamp Executive Director Health & Benefits EMEA Admiraliteitskade 62 3063 ED Rotterdam The Netherlands Tél. : +31 (0) 10 448 75 17 Email : [email protected] Web : www.aon.com BE Belgium Ida Verleyen Director Employee Wellness Potvlietlaan 2A BE-2600 Antwerpen Belgium Tél. : +32 (0) 3 270 24 16 Email : [email protected] Web : www.aon.be FR France Dominique Mazeau Business Manager 420, Rue d’Estienne d’Orves 92705 Colombes Cedex France Tél. : + 33 (0) 1 58 75 73 06 Email : [email protected] Web : www.aon.fr/absence DE Germany Roul Chaudhuri Consultant Business Manager Luxemburger Allee 4 45481 Mülheim an der Ruhr Germany Tél. : +49 208 7006 2048 Email : [email protected] Web : www.aon.de NL The Netherlands Maurice van den Brink Consultant Corporate Welness Admiraliteitskade 62 3063 ED Rotterdam The Netherlands Tél. : +31 (0) 10 448 72 83 Email : [email protected] Web : www.aon.nl Aucun passage de cette publication ne peut être reproduit ou stocké sur un système d’extraction de données, ou transmis de quelque manière ou par quelque moyen que ce soit, y compris la duplication ou l’enregistrement, sans l’autorisation préalable écrite du propriétaire des droits. 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