Le suivi socioprofessionnel des sportives et sportifs de Haut Niveau

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Le suivi socioprofessionnel des sportives et sportifs de Haut Niveau
Lydie Reuzé (CTN F.F.TRI.)
Le suivi socioprofessionnel des sportives et sportifs de Haut Niveau
Dans la lettre des entraîneurs n°7, il est présenté les trois disciplines de la F.F.TRI. reconnues de haut niveau par le Ministère des
Sports (M.S.) ainsi que les différentes listes de Sportif(ve)s de Haut Niveau (S.H.N.) proposées par la D.T.N. et arrêtées par le
M.S. Ces listes, dont celle de reconversion, sont renouvelées chaque année et sont prises en compte pour le suivi social des S.H.N.
Pour les plus jeunes en liste Espoirs, une circulaire de l’éducation nationale conjointement signée avec le ministère des sports,
précise que les aménagements scolaires sont applicables également aux sportif(ve)s Espoirs.
Tout au long de sa carrière sportive, le S.H.N. doit avoir la volonté de mener réellement son projet sportif, son projet de formation
et d’insertion professionnelle. Dans l’environnement humain proche, l’entraîneur(e) peut l’accompagner sur son parcours, le
guider dans ses choix, le conseiller, sans pour autant choisir à sa place. La double gestion du projet sportif et professionnel du
S.H.N. constitue une priorité pour le ministère des sports, le mouvement sportif (Comité National Olympique et Sportif Français –
C.N.O.S.F.) et la F.F.TRI.
Le point sur le suivi à la F.F.TRI. :
Actuellement 44 S.H.N. (12 femmes et 32 hommes) sont répartis comme suit, sur les listes ministérielles de Haut Niveau (H.N.) :
5 en Elite, 23 en Senior, 8 en Jeune et 8 en Reconversion (dont un supplémentaire sur la liste additionnelle du 1er avril 2011). Leur
situation professionnelle est la suivante :

1 est salarié du secteur privé,

3 ont le statut de travailleur indépendant,

27 sont fonctionnaires (militaire, agent public, S.N.C.F.),

13 sont étudiants,

Aucun n’est au chômage.
L’amplitude des années de naissance des sportif(ve)s concerné(e)s est comprise entre 1969 et 1994.
Pour les suivre et les accompagner dans leur démarche, des aides à la formation et au concours sont mises en place ainsi que des
aménagements de la scolarité. En voici une liste non exhaustive.
Les différents dispositifs d’aides aux S.H.N. et/ ou sportif(ve)s sur liste Espoirs :
Les aides aux plus jeunes dans l’enseignement secondaire pour le passage du BAC (dont liste Espoirs):
Le triathlète candidat au BAC général et technologique est autorisé à se présenter à la session de septembre si pour des raisons
sportives, il n’est pas disponible en juin. Il peut également bénéficier du dispositif de conservation des notes supérieures à 10 s’il
est ajourné au BAC (limité à 5 sessions), dans la même série.
Les aides à la formation et concours (S.H.N. uniquement)
Les S.H.N. bénéficient de dérogation de titre et d’âge pour se présenter aux concours de la fonction publique et à certains
concours d’accès aux formations paramédicales. Un concours au professorat de sport est réservé spécifiquement aux S.H.N.
Les aides à l’insertion professionnelle (S.H.N. Elite) :
Il existe deux conventions d’aides à l’insertion professionnelle. D’une part, la convention d’aménagement de l’emploi (C.A.E.)
dans le secteur public et d’autre part, la convention d’insertion professionnelle (C.I.P.) dans le secteur privé. Elles permettent à un
S.H.N. titulaire d’un contrat de travail, de disposer de temps libre afin de mener à bien son projet sportif tout en conservant la
totalité de sa rémunération. Ces conventions sont réservées aux S.H.N. ayant vocation à briller dans les grandes compétitions
internationales et à participer aux jeux Olympiques (classification de niveau 1).
La C.A.E., pour les agents de l’Etat, permet de bénéficier de conditions particulières d’emploi, sans préjudice de carrière, dans les
conditions fixées par décret en Conseil d’Etat.
La C.I.P., pour une entreprise publique ou privée, est destinée à faciliter l’emploi d’un sportif de haut niveau et sa reconversion
professionnelle. Elle définit les droits et devoirs de ce sportif au regard de l’entreprise, elle permet de lui assurer des conditions
d’emploi compatibles avec son entraînement et sa participation à des compétitions sportives et elle favorise sa formation et sa
promotion professionnelle.
Les aides à l’emploi au bénéfice de S.H.N. déclarés en profession libérale ou auto-entrepreneur (S.H.N.) :
Les aides personnalisées (versées par la fédération) et/ou l’application de la règle de minimis (versées par la Direction Régionale
de la Jeunesse, du Sport et de la Cohésion Sociale D.R.J.S.C.S.) peut (peuvent) être octroyée(es) à une entreprise si le montant
brut total des aides minimis n’excède pas le plafond de 200 000€ sur trois exercices fiscaux.
Dispositif d’accompagnement des S.H.N. vers la vie professionnelle :
Chaque année le M.S. met un dispositif national d’accompagnement individuel des S.H.N. vers la vie professionnelle. Il existe un
quota de 30 places par an. Le S.H.N. intéressé doit impérativement s’inscrire dans une démarche autonome, volontaire et
proactive pour mettre en œuvre un projet d’insertion professionnelle. Il existe également des dispositifs au sein de certaines
D.R.J.S.C.S. ou au sein des deux C.R.E.P.S. accueillant un pôle fédéral (Boulouris et Montpellier).
Le C.N.O.S.F., via Adecco, propose aux S.H.N. en fin de carrière ou dans leur dernière année de pratique, la création du "Parcours
Athlète Emploi". Ce dispositif d’accompagnement des athlètes vers l’emploi est destiné à favoriser la transition entre la carrière
sportive et la carrière professionnelle. L’accompagnement se déroule sur une période de 12 mois organisée en rendez-vous
mensuels (2h) et contacts intermédiaires, le tout étant modulé et adapté aux contraintes de chaque athlète.
Si l’athlète et son encadrement ne peuvent connaître par cœur tous les dispositifs mis en place pour les S.H.N., ils ont néanmoins
la possibilité de se renseigner auprès de la correspondante du suivi socioprofessionnel fédéral (C.S.P.F.) de la F.F.TRI. Si la
fédération est en effet le premier filtre dans l’organisation du suivi d’un athlète, un correspondant du suivi social des S.H.N. existe
au sein :

Des Fédérations Olympiques, Paralympiques et non olympiques de haut Niveau,

Des D.R.J.S.C.S.,

Des Établissements : C.R.E.P.S., I.N.S.E.P., Ecoles Nationales, Site de Font-Romeu,

De certains établissements et académies de l’Éducation Nationale.
Pour la Fédération Française de Triathlon, le C.S.P.F est Lydie Reuzé, Conseillère Technique Nationale : [email protected]
Tél : 01 49 46 13 69 et 06 26 47 30 18
L’organisation du suivi individuel à la fédération :
Les listes du sport haut niveau
Chaque année les listes de Haut Niveau sont renouvelées au 1 er novembre. Une liste additive peut être proposée lors d’une session
au 1er avril de l’année suivante. La durée d’inscription sur les listes H.N. est, à partir du 1er novembre, de 1 an pour les S.H.N. en
liste Senior, Jeune, Reconversion et Espoirs et, de 2 ans pour les S.H.N. en catégorie Elite. Pour la session du 1er avril, un(e)
sportif(ve) peut être proposé(e) pour une nouvelle entrée sur liste H.N. ou pour une amélioration de sa catégorie d’inscription.
Dans ce cas, la durée d’inscription, à partir du 1er avril, est de 1 an et 7 mois pour les S.H.N. Senior, Jeune, Reconversion et
Espoirs et, de 2 ans et 7 mois pour les S.H.N. Elite.
Pour figurer sur la liste des S.H.N. Reconversion, il faut avoir appartenu à la liste Elite ou avoir figurer pendant 4 ans en catégorie
Senior et cesser de remplir les conditions d’inscription sur liste de Haut Niveau. Il faut également présenter un projet d’insertion
professionnelle. Cette inscription peut être renouvelée pour une durée de 1 an dans la limite de 5 ans, consécutifs ou non.
La base de données du sport de haut niveau (B.D.D. S.H.N.)
Dès l’édition des listes, la F.F.TRI. envoie un courrier à chaque athlète listé pour l’informer de sa présence ou de son retrait de la
liste H.N. ou Espoirs. Celles et ceux qui apparaissent sur les listes Elite, Senior et Jeune reçoivent une convention fédérale de
Sportif(ve) inscrit(e) sur la liste ministérielle de Haut Niveau. Cette convention est conclue entre la F.F.TRI., la D.T.N. et le (la)
sportif(ve) pour une saison. Cette convention individualisée a pour objet de déterminer les droits et devoirs réciproques des parties
en vue de préparer les échéances internationales.
Les D.R.J.S.C.S. envoient également un courrier aux S.H.N. et aux sportif(ve)s Espoirs licencié(e)s dans un club de leur région
d’appartenance. Par exemple, la D.R.J.S.C.S. de Picardie (Amiens) enverra un courrier à un(e) S.H.N. ou à un(e) sportif(ve) en
liste Espoirs d’un club en Picardie même s’il (si elle) s’entraîne géographiquement dans une autre région. Simultanément, dès la
parution des listes, la F.F.TRI. et les D.R.J.S.C.S. envoient leur numéro d’identifiant (numSHN) et leur mot de passe à tous les
S.H.N. et listé(e)s Espoirs afin qu’ils puissent accéder et remplir la Base de Données du Sport de Haut Niveau (B.D.D. S.H.N.)
mise en place par le M.S. Cette base de données est également accessible aux référents H.N. et correspondants du suivi
socioprofessionnel, pour permettre une meilleure transversalité entre les différents intervenants du suivi social des athlètes de haut
niveau au Ministère des Sports.
Cette B.D.D. S.H.N. permet à chaque sportif(ve) muni de ses codes, d’actualiser, renseigner, modifier et mettre à jour ses
paramètres suivants :

Identité

Situation sportive et socioprofessionnelle

Projet sportif, professionnel ou de formation

Ressources financières

C.V. sportif et professionnel
Le suivi individuel des S.H.N.
Toutes les sportives et tous les sportifs de haut niveau de la F.F.TRI. sont sensibilisés à leur double carrière sportive et
professionnelle. En fonction de ses choix, de sa formation, de son cursus professionnel, un(e) sportif(ve) peut éventuellement
recevoir des aides à la formation et des aides personnalisées. Les aides personnalisées peuvent être attribuées sur les items
suivants : manque à gagner de l’employeur ou du sportif, primes à la performance, aide sociale, remboursement de frais. Elles sont
versées au S.H.N. par la F.F.TRI. via le C.N.O.S.F.
Plus un sportif a un niveau de classification élevé, plus la Direction Technique Nationale peut lui proposer un plan d’action
favorable à sa préparation dont la prise en charge éventuelle de :

déplacements pour compétitions internationales,

stage d’entraînement hivernal,

stage de préparation terminale pour les compétitions de références (Championnats, Jeux Olympiques)

évaluations physiologiques et/ou tests isocinétiques,

accompagnement médical et paramédical en stage,

suivi socioprofessionnel (études, formation, insertion, reconversion),

mise à disposition de matériel technique (capteur de puissance, cardiofréquencemètre H.R.V., …),

accompagnement mental, coaching par un Conseiller Technique National,

accompagnement de l’entraîneur de l’athlète (coaching, action de formation, Rencontre des Entraîneurs, Lettre des
Entraîneurs),

accès aux structures du Parcours de l’Excellence Sportive (P.E.S.) aux sportifs hors P.E.S.,

prise en charge de partenaires d’entraînement en stage,

intervenants extérieurs.
A ce jour pour les 3 premiers niveaux, 10 athlètes H.N. sont classés au niveau 1, 5 au niveau 2 et 6 au niveau 3, soit 21 S.H.N.
répartis sur liste Elite, Senior ou Jeune. Un athlète est classé au niveau dont il a rempli les critères et ce, dès la performance
réalisée.
Les entraîneur(e)s de S.H.N. ou sportif(ve)s en liste Espoirs
L'entraîneur en tant que personne la plus proche de l'athlète dans sa préparation sportive, a aussi son rôle à jouer dans la gestion et
la réussite de la carrière professionnelle de l’athlète. Il peut échanger avec l'athlète sur les possibilités qui lui sont ou seront
offertes pour bien gérer son double projet une fois son statut H.N. reconnu. En fonction des choix de l’athlète, l’entraîneur peut
solliciter la correspondante du suivi socioprofessionnel à la fédération (C.S.P.F.) afin de mettre en relation les différents référents
H.N. concernés par la situation de l’athlète. Généralement, mieux vaut s’inquiéter d’un choix ou d’un changement d’orientation
dès le 1er trimestre de l’année civile. Par exemple une réunion peut être organisée lors du choix d’orientation du sportif entre le
correspondant H.N. de la D.R.J.S.C.S., le C.S.P.F., les parents du sportif, qu’il soit mineur ou majeur, et son entraîneur pour
mettre en place un suivi. L’entraîneur national en est tenue informé(e) par le C.S.P.F.
Différents acteurs du sport en France contribuent et collaborent à la réussite de l’insertion professionnelle des S.H.N. Le Ministère
des Sports au niveau national, la D.R.J.S.C.S. dans sa région par son lien avec les référents des établissements scolaires,
universitaires, C.R.E.P.S., institut de formation, etc., et le C.N.O.S.F. via le "Parcours Athlète Emploi" notamment, ainsi que les
fédérations.
Témoignages de triathlètes sportif(ve)s de Haut Niveau
Charly LOISEL
Ex Militaire au sein de l’Equipe de France Militaire de Triathlon - Champion de France Tri LD (2005) - 4ème Championnat
d’Europe Junior (1998)
"Je vais créer une entreprise pour ouvrir ma boulangerie en 2012. Pour ce qui est des conseils, j'ai plutôt le regret de ne pas
avoir passé mes diplômes durant les trois dernières années de ma pratique sportive. Avoir le projet en tête plus tôt aurait décuplé
ma motivation en compétition. Cette motivation me faisait défaut les deux dernières années. Le sport de haut niveau m'a
certainement éloigné un peu trop de la réalité du monde du travail. Je pense désormais qu'il est préférable d'avoir une vie
professionnelle et une certaine stabilité financière, avant de pratiquer à haut niveau".
Sophie DELEMER
C.I.P. S.N.C.F. – Vice-championne du Monde Tri LD et 3ème Championnat d’Europe Tri C.D. (1996)
"Le mieux est de préparer sa carrière professionnelle le plus tôt possible sans sortir du système scolaire (pour ne pas se laisser
décrocher) et assurer un minimum de niveau de formation".
Carl BLASCO
C.I.P. S.N.C.F. – 12ème aux J.O. d’Athènes (2004) - 4ème aux championnats du Monde (2000) - 19ème aux JO de Sydney (2000)
" Mon arrêt de carrière a été brutal, j’ai changé de directeur à la S.N.C.F. et j’ai vraiment eu un choc dans la manière dont il m’a
demandé de reprendre le service".