connaissances

Transcription

connaissances
« Le médecin profitera de sa connaissance du
monde humain en toutes sortes de circonstances ».
Tzvetan TODOROV
Caramba,
qu’est-ce
qui
m’attend?!
Quelques questions en guise de bienvenue
 Médecin / vétérinaire?
 La médecine est-elle:
 Une science?
 Humaine?
 Sociale?
 Quelle est la finalité des sciences en
médecine?
Usage que la médecine fait des sciences n’a pas
un but uniquement scientifique.
 Soulager et porter secours à des personnes!

Médecine et sciences humaines
• « Le médecin n’est point le médecin des êtres
vivants en général, pas même le médecin du
genre humain, mais bien le médecin de
l’individu humain ».
Claude BERNARD,
Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865).
• Les sciences humaines (philosophie, histoire,
droit, sociologie, psychologie, anthropologie…)
éclairent la médecine comme relation
entre des personnes.
Petite bibliographie
• Médecine et sciences humaines. Manuel
pour les études médicales, dir. J.-M. Mouillie,
Les Belles Lettres, 2009.
• L’éthique médicale et la bioéthique,
D.Sicard, QSJ? n°2422, PUF, 2009.
• Dictionnaire de la pensée médicale, dir.
D.Lecourt, PUF, 2004.
• Dictionnaire d’éthique et de philosophie
morale, dir. M.Canto-Sperber, PUF, 4ème éd., 2006.
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
2013
Agata ZIELINSKI
HISTOIRE
et
PHILOSOPHIE
des
SCIENCES
Histoire et philosophie des sciences
• Quel est le présupposé de cet intitulé?
• Dans quelle mesure la médecine est-elle
une science?
• Pour répondre, nous demander d’abord
ce qu’est une science: quel est le statut
de la connaissance scientifique ?
• Réflexion épistémologique.
Démarches scientifiques
Sciences exactes.
Mettre à jour les lois
de la Nature, relations
constantes et
uniformes entre des
phénomènes
(objectivité).
 Expliquer: rechercher
les causes.
 Modèle
mathématique.

Sciences humaines.
Connaissance de la
réalité humaine (part
de subjectivité).
 Comprendre:
rechercher ce qui
donne sens à un
phénomène ou un
comportement:
raisons, motifs…

Science et connaissance
 But de la démarche scientifique:
établir des connaissances.
 Définition : une connaissance est la
formulation d’un énoncé adéquat
à la réalité, qui se veut
universellement valable.
Qu’est-ce que connaître? Aristote
Connaissance théorique.
Connaissance de ce
qui ne change pas, des
invariants: lois de la
Nature.
• Savoir ou science
(epistémè).
Connaissance pratique.
Connaissance du
contingent, du
particulier.
• Savoir-faire: art ou
technique (technè)
• Éthique :délibérer et
choisir ce qui est jugé
bon dans une situation
Où situer la médecine ?
Qu’est-ce que connaître ?
• Connaissance empirique:
• à partir de l’expérience,
• càd de nos sens.
• Mais les sens sont ne sont pas fiables.
•
Platon.
•
•
•
Ce qui s’offre à nos sens est changeant (opinions
approximatives).
La réalité immuable s’offre à la pensée.
Descartes.
•
•
Nos sens ne sont pas source de certitude (le bâton dans
l’eau paraît brisé).
Seule la pensée peut atteindre une connaissance
véritable, ie certaine.
Qu’est-ce que connaître ?
• A la question Suffit-il de voir pour savoir ? Il
faudrait donc répondre: Non.
•
•
Pour connaître, les sens ne suffisent pas.
Seule la raison peut constituer la réalité du
monde.
• Le raisonnement scientifique doit s’appuyer
à la fois
•
sur la raison et
•
sur l’expérience.
Les connaissances sont construites
• Notre rapport à la réalité n’est pas direct, il est construit.
•
Galilée (naissance de la science moderne).
Le monde = livre écrit en langage mathématique.
•
Kant: « La raison … doit obliger la Nature à répondre à ses
questions ».
Nous ne connaissons pas les choses telles qu’elles sont, mais
telles qu’elles nous apparaissent.
• La connaissance scientifique:
•
•
n’est pas une simple description de la réalité,
mais une explication qui prend place dans un cadre
conceptuel prédéfini.
L’ambition de la science
• Débarrasser l’esprit des superstitions,approximations.
•
Cf. Auguste COMTE: le positivisme (XIXème s.).
•
•
Science synonyme de progrès.
Science peut tout expliquer.
• Produire des connaissances vraies.
Distinguer:
•
•
Connaissances générales: portent sur un ensemble
(observations réalisées).
Connaissances universelles: portent sur la totalité des
éléments d’un domaine - même ceux qui n’ont pas
été observés - par extrapolation.
La méthode scientifique
• La méthode expérimentale ou méthode
hypothético-déductive.
•
•
Observation des faits.
Hypothèse (interprétation provisoire des
phénomènes observés) et déduction des
conséquences nécessaires de cette
hypothèse.
•
Vérification par expérimentation
(confrontation de l’hypothèse à la réalité à
travers un dispositif expérimental).
La méthode scientifique
 Claude BERNARD, Introduction à l’étude de la
médecine expérimentale (1865) :



« Une idée anticipée ou une hypothèse est le point
de départ nécessaire de tout raisonnement
expérimental.(…)
À la suite d’une observation, une idée relative à la
cause du phénomène observé se présente à l’esprit;
puis … on fait des expériences pour la contrôler ».
 « Toute la connaissance humaine se borne à remonter
des effets observés à leur cause. »
 Les connaissances scientifiques reposent sur le
principe de causalité: tout effet a une cause.
Limites et critiques de la méthode scientifique
Limites du principe de causalité:
• Pascal:« Comme une même cause peut produire
plusieurs effets différents, un même effet peut être produit
par plusieurs causes différentes ».
(Réponse au R.P. Noël, 1647)
• Hume: Ce qui est considéré comme causalité
peut n’être que forte corrélation.
« Le contraire d’un fait quelconque est toujours possible…
Le soleil ne se lèvera pas demain, cette proposition n’est
pas moins intelligible que l’affirmation : il se lèvera ».
(Enquête sur l’entendement humain, 1748)
 Distinguer entre certitude et probabilité.
Limites et critiques de la méthode scientifique
Karl POPPER (1902-1994): critique de l’induction
(partir d’un cas particulier pour s’élever à une loi universelle).
• Comment conclure d’une expérience particulière
à la vérité d’un énoncé général, qui prétend à
l’universalité?
• Ex: si j’ai vu des milliers de fois des corbeaux noirs,
puis-je inférer que tous les corbeaux sont noirs?
•
•
Il est logiquement impossible de prouver que tous les
corbeaux sont noirs, car il faudrait recenser la totalité des
corbeaux.
En revanche, il suffit de voir un seul corbeau blanc pour
réfuter la proposition.
Limites et critiques de la méthode scientifique
Karl POPPER (suite)
• La démarche scientifique consiste donc pour
Popper à tester une théorie, c’est-à-dire à
trouver les moyens de la réfuter.
• Une théorie non réfutable n’est pas
scientifique.
• Une théorie non encore réfutée (qui peut
toujours être démentie par les faits) est
provisoirement vraie.
Limites et critiques de la méthode scientifique
Karl POPPER (suite)
• Est scientifiquement valable ce qui a résisté à
l’épreuve, à la réfutation.
• Critère de validité d’une science = sa
« réfutabilité ».
•
Cela permet d’éliminer les théories fausses, et de
montrer qu’une théorie est meilleure qu’une autre.
• Distinguer validité (cohérence) et vérité (conformité
à la réalité).
Limites et critiques de la méthode scientifique
Karl POPPER (suite):
 « Nous devons tester les théories aussi
sévèrement que nous le pouvons; c’est-àdire que nous devons essayer de les mettre
en défaut, de les réfuter. (…) Si nous ne
prenons pas une attitude critique, nous
trouverons toujours ce que nous désirons ».
Limites et critiques de la méthode scientifique
Thomas KUHN: les paradigmes, présupposés
de la démarche scientifique. Cf. La Structure des révolutions
scientifiques (1969)
• La démarche scientifique se réfère (implicitement) à
des présupposés propres à une communauté
scientifique ou à une époque.
• Un paradigme est un modèle dominant, en fonction
duquel les scientifiques vont orienter leurs recherches.
• Le questionnement scientifique n’est donc jamais
totalement neutre.
• Les connaissances scientifiques ne progressent pas de
façon continue, mais par des « révolutions » à
l’occasion d’un changement de modèle.
Le statut de la médecine
Science exacte ou science humaine ?
•
Connaissances scientifiques, càd générales,
nécessaires (biologie, chimie, physique…).
• Modèle mathématique transposable à la médecine?
• La place du particulier exige d’adapter ces
connaissances à chaque cas, c’est-à-dire à chaque
personne.
•
•
•
La médecine a à faire à des situations à chaque fois uniques.
La vertu requise du médecin est l’attention à la singularité de
la souffrance, de la personne.
La relation de soin n’est pas mathématisable.
Le statut de la médecine
La médecine, science ou art,
connaissance scientifique ou empirique ?
• Science
• car elle requiert des connaissances exactes,
• qui permettent d’établir un diagnostic,
• en fonction de cas répertoriés.
• Art : savoir-faire et expérience.
• Renvoie à la pratique clinique.
• Utiliser les moyens adéquats en vue du bien visé:
la santé.
• Tient compte du contexte, des particularités de
la situation.
Le statut de la médecine
La médecine, une
technique ou un art au
carrefour de plusieurs
sciences ».
«
Georges CANGUILHEM
Le Normal et le pathologique