Fidélité et continuité, les maîtres mots de la fondation BNP Paribas.

Transcription

Fidélité et continuité, les maîtres mots de la fondation BNP Paribas.
AVRIL/JUIN 14
MECENES
Trimestriel
Surface approx. (cm²) : 638
Page 1/2
> GRAND TEMOIN
Fidélité et continuité, les maîtres
mots de la fondation BNP Paribas.
Entretien avec Michel Pébereau, son président
• BNP Paribas est
un acteur important
de la philanthropie.
Quel regard portezvous sur l'action de
sa fondation qui fete
ses trente ans cette
année ?
Beaucoup de choses ont
changé depuis 1984. Il y a
trente ans, les banques venaient d'être nationalisées
ou renationalisées. Elles ont
été privatisées depuis. BNP et Paribas ont fusionne. Durant cette période, les entreprises françaises en général et
les banques en particulier se sont beaucoup transformées
et développées au niveau international. Tout en restant fidèle à ses engagements initiaux, l'action de mécénat de
BNP Paribas a, elle aussi, grandi et évolué en respectant
dans chaque pays où le groupe s'implantait la façon d'y
déployer sa citoyenneté. Nous venons de faire le recensement : aujourd'hui les soutiens coordonnés par la fondation
BNP Paribas à travers le monde s'élèvent à plus de 40 millions d'euros.
• Beaucoup de groupes peinent à élargir
leur mécénat à l'international. Comment y
êtes vous parvenus ?
Les dirigeants parisiens de la fondation ont une véritable
expertise qu'ils mettent au service des fondations du
groupe ainsi que de l'ensemble des responsables des pays
qui engagent des actions en régie directe. Leur capacité
d'écoute leur permet de concilier expression locale et stratégie globale. Je suis, quant à moi, très attentif à ce que
l'indépendance de chaque entité du groupe soit respectée.
QUARTIERS
6316770400501/GFS/OTO/3
Tous droits réservés à l'éditeur
• En trente ans, le mécénat d'entreprise
a beaucoup évolué en France. Comment
appréciez-vous cette évolution?
Très positivement. Lorsque mes prédécesseurs ont créé
la fondation Paribas, le concept de fondation d'entreprise
n'existait pas. Pour une entreprise qui désirait faire du mécénat, le plus simple était de constituer une fondation sous
l'égide de la Fondation de France. Par fidélité nous avons
conserve ce statut en dépit des progrès très positifs du cadre
juridique et fiscal qui a permis le développement en France
du mécénat d'entreprise et, plus généralement, de la philanthropie. L'utilité du mécénat pour contribuer aux progrès
de notre société est désormais incontestable et incontesté.
• Comment la fondation BNP Paribas a-telle épousé cette évolution ?
Notre fondation s'est efforcée d'évoluer en même temps
que le monde, d'être à l'écoute de la société, tout en restant fidèle à ses engagements et à ses valeurs. Nous nous
sommes engagés dès l'origine pour la recherche, principalement médicale. Récemment, ayant décidé de soutenir la
recherche environnementale, nous avons créé un comité de
savants pour sélectionner des projets dans le domaine du
changement climatique. Nous avons été des pionniers à cet
égard et nos équipes peuvent être fières d'aider des chercheurs à réaliser leurs projets.
La solidarité représente désormais le principal engagement
de la fondation. Fin 2005, au moment de la crise qui a frappe certains quartiers sensibles, nous avons renforcé notre
effort en créant le projet Banlieues. Nous avons proposé à
des associations que nous soutenions de longue date d'aider la réalisation de nouveaux projets ciblés. Tel a été le cas
avec l'Adie créée par Maria Nowak1 et l'AFEV2. Parallèlement, grâce à la mobilisation des responsables d'agences
de BNP Paribas, nous avons décidé d'aider des petites
associations qui mènent au sein des quartiers des actions
en faveur de l'éducation, de l'insertion et du mieux vivre
AVRIL/JUIN 14
MECENES
Trimestriel
Surface approx. (cm²) : 638
Page 2/2
/ AUTOUR DU MÉCÉNAT /
ensemble. Et depuis plus de dix ans, nous soutenons des
projets dans lesquels nos collaborateurs sont engagés à titre
personnel. Ce programme intitulé Coup de Pouce bénéficie
d'une dotation supplémentaire décidée par notre Comité
consultatif d'actionnaires individuels : les jetons de présence
de notre assemblée d'actionnaires sont affectés au financement de projets portes par des collaborateurs de la banque.
Notre troisième domaine d'intervention est la culture. Après
la fusion, nous avons combiné les deux soutiens qu'apportaient Paribas et la BNP aux musées : la fondation finance
à la fois l'édition de catalogues et la restauration d'oeuvres
d'art. Elle a aussi élargi son action au soutien à déjeunes artistes. Notre aide est tournée vers le spectacle vivant autour
de thématiques qui ont évolué avec le temps : danse, jazz,
arts du cirque, ... Donc, là encore, fidélité, continuité mais
en même temps adaptation.
• Vous avez toujours défendu le mécénat
culturel. En quoi est-ce important ?
La culture est un élément déterminant de la personnalité des
pays d'Europe occidentale qui sont pour notre banque des
marchés domestiques. Elle est aussi l'un des moteurs essentiels de l'évolution du monde. Et puis, je pense qu'il n'y a pas
de grande entreprise sans communauté humaine forte, dotée de valeurs, avec une éthique et une culture. Je regrette
un peu qu'aujourd'hui le mécénat culturel soit moins prisé.
J'espère que cette évolution est temporaire. Nous sommes
pour notre part déterminés à rester actifs dans ce domaine.
• Le mécénat a-t-il changé quelque chose
dans l'institution que vous avez
présidée de 1993 à 2001 ?
Le mécénat fait maintenant partie de la vie et de la culture de
notre maison. Au moment de la fusion, j'ai eu la conviction
qu'il fallait évidemment que nous ayons un projet d'entreprise, des objectifs financiers, un logo et un message mais
aussi des valeurs. La première réunion des 80 cadres appelés
à diriger la banque a été consacrée à la recherche et à la définition de ces valeurs. La créativité, la réactivité, l'ambition et
l'engagement sont des valeurs que porte aussi la fondation.
• Quel regard portez-vous sur la baisse
des financements publics dans le soutien
des causes d'intérêt général ?
Cette question concerne fondamentalement nos élus, les
responsables de notre pays. Notre responsabilité d'entre-
preneur est de les aider à atteindre leurs objectifs. Dans
chaque pays où nous sommes implantés, nous nous efforçons d'être une entreprise citoyenne. J'ai eu l'honneur, il y
a quèlques années, de présider une commission sur l'état
de la dépense publique française. La conclusion unanime
de cette commission, composée de personnalités fortes et
d'origines très diverses, a été qu'il fallait réduire nos dépenses publiques. C'est à nos élus de décider, de définir
leurs priorités.
• Le glissement du financement des
causes d'intérêt général du public au privé
vous semble-t-il inéluctable ?
C'est à chaque pays de trouver l'équilibre qui lui convient.
Dans notre pays, les prélèvements obligataires sont les plus
élevés de l'ensemble du groupe des sept grands pays industrialisés. La répartition des rôles ne peut y être la même
que dans des pays où ces prélèvements sont beaucoup
moins importants. On ne peut donc pas porter de jugement
autrement qu'en prenant en compte les choix politiques de
chaque pays que, par définition, toute entreprise se doit de
respecter.
• La philanthropie a-t-elle changé votre
regard sur le monde ?
J'ai quèlques engagements personnels. Je m'intéresse tout
particulièrement à l'insertion professionnelle des jeunes des
banlieues à travers Nos quartiers ont des talents. En matière
de recherche médicale, j'ai récemment accepté de participer au conseil d'administration de la fondation de l'ARC. Il
me semble important d'avoir des engagements citoyens et
je considère qu'il est capital d'encourager le mécénat individuel parallèlement au mécénat d'entreprise. C'est la raison pour laquelle je suis attentivement le développement
de la fondation de l'Orangerie3 qui est un véritable vecteur
pour le développement de la philanthropie individuelle.
• Quel regard porte le banquier sur le
crowdfunding ?
Ce sont des sujets complexes car il ne faut pas oublier les
problèmes de sécurité et l'argent de la collecte. Comme
tout ce qui concerne internet, c'est un sujet qu'il faut aborder avec un regard positif mais en ne perdant pas de vue les
leçons de l'expérience •
Propos recueillis par Yves Le Goff
(1) Association reconnue d'utilité publique, l'Adie aide des personnes a l'écart du marche du travail et n'ayant pas acces au systeme bancaire classique a creer leur entre
prise et donc leur emploi grâce au microcredit (2) Reseau d'étudiants solidaires intervenant dans les quartiers populaires en faveur des jeunes ayant envie de s'engager
(3) La fondation de l'Orangerie a ete créée en 2008 par BNP Paribas Wealth Management
QUARTIERS
6316770400501/GFS/OTO/3
Tous droits réservés à l'éditeur