distribution:comment faire face au showrooming et au webrooming?
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distribution:comment faire face au showrooming et au webrooming?
MARS 2015 DISTRIBUTION: COMMENT FAIRE FACE AU SHOWROOMING ET AU WEBROOMING? Se rendre en magasin pour voir, prendre en main voire expérimenter le produit, bénéficier des conseils des vendeurs, pour ensuite acheter au prix le plus bas sur internet : le showrooming symbolise à lui seul la concurrence entre les canaux de distribution online et offline, exposant les enseignes physiques à un risque important de ventes manquées et de perte de temps pour leurs vendeurs. Le phénomène inverse, de chercher en ligne puis d’acheter hors ligne (ROPO – Research Online Purchase Offline), aussi appelé webrooming, permet au consommateur de profiter d’une meilleure expérience d’achat, d’obtenir le produit plus rapidement ou d’éviter des frais de livraison. Le développement de ces deux phénomènes a été grandement facilité par l’accessibilité à internet depuis les mobiles et l’avènement de technologies telles que la 4G. Ces dernières multiplient les possibilités de comparaisons entre l’ensemble des points de vente, aussi bien physiques qu’en ligne. Showrooming vs Webrooming/ Si le phénomène de showrooming est contraignant pour les distributeurs traditionnels, ces derniers peuvent néanmoins compter sur le fait que l’accès massif à internet n’est pas uniquement synonyme de ventes manquées. De récentes études montrent en effet que le phénomène du webrooming peut compenser le showrooming. Ainsi entre 62% et 69% d’américains, selon la tranche d’âge, seraient prêts à effectuer leurs achats hors ligne après s’être renseignés en ligne alors que ces statistiques sont de 33% à 50% quand il s’agit d’acheter en ligne 1 après s’être renseigné en magasin . Ces chiffres montrent bien que plutôt que de considérer uniquement la menace du showrooming, les brick-and-mortars peuvent bénéficier de l’accès étendu et rapide du consommateur à de l’information, pour mettre en avant les atouts de leurs points de vente physiques. 1 The Harris Poll, Harris Interactive (11/2013) Stratégie des click-andmortars : une différenciation par une expérience client enrichie/ Les click-and-mortars doivent alors pouvoir se différencier en intégrant de nouveaux éléments à leur proposition de valeur. Ils peuvent pour cela chercher à améliorer leur offre face à des besoins poussant traditionnellement le consommateur vers internet : la facilité et le confort d’achat. Autrement, ils peuvent chercher à répondre à d’autres besoins du client : profiter du produit rapidement, être intégré à un processus d’achat original ou encore bénéficier d’une offre et de conseils personnalisés. Cross-canalité/ La cross-canalité, dans laquelle ont investi de nombreuses enseignes, permet de proposer une expérience sans-couture au consommateur et de contenir les ventes perdues du fait du showrooming. Celui-ci peut à tout moment de son processus d’achat, changer de point d’information, de commande ou de livraison. Si les clicks-andmortars bénéficient d’un avantage compétitif important du fait de leurs réseaux physiques de magasins, une telle offre impacte les structurations traditionnelles par canaux des enseignes et requiert une réorganisation de l’entreprise en termes : - de ressources : l’enseigne doit pouvoir être présente sur le web via un site et/ou des applications. Ces nouveaux canaux impliquent notamment une adaptation des systèmes d’informations et du CRM de l’entreprise pour accompagner au mieux le client dans son expérience cross canal. - d’activités : la cross-canalité amène à aborder de nouveaux métiers : la livraison de particuliers à domicile, la gestion d’une identité digitale, etc. - d’identité : la digitalisation créé des enjeux pour l’identité numérique de l’enseigne Doit-elle, notamment, rassurer le client en utilisant directement sa marque ou associer uniquement son nom à la nouvelle activité ? - de gouvernance : la multiplication des canaux entraîne des nouveaux besoins de pilotage de l’activité. Comment, par exemple, gérer les ventes effectuées depuis internet mais récupérées en magasin ? Quelle répartition des coûts entre les services ? Sia Partners | INSIGHT | DISTRIBUTION: QUEL BUSINESS MODEL FACE AU SHOWROOMING ET AU WEBROOMING ?| Mars 2015| 2 De tels changements peuvent prendre du temps et certaines enseignes n’hésitent d’ailleurs pas à développer des synergies par de la croissance externe. Delamaison.fr, Le-jardin-decatherine.com, Placedestendances.com, Mistergooddeal.com furent ainsi rachetés respectivement par Adeo (2012), Mr. Bricolage (2012), Printemps (2013) et Darty (2013). Aujourd’hui l’activité en ligne des click-andmortars est ainsi déjà bien développée, représentant 35% en valeur de l’activité e2 commerce . Une plus grande valeur ajoutée en magasin/ Pour différencier leurs offres et justifier au mieux leurs prix, les click-and-mortars doivent chercher à apporter de la valeur ajoutée à l’acte d’achat en magasin via différents leviers. Une expérience enrichie : les magasins peuvent jouer sur la mise en place d’un cadre qui dépasse le simple fait de venir acheter un produit. Un exemple connu est celui des magasins « Nespresso » où le client vient chercher « l’expérience unique d’un café d’exception ». La formation du personnel : Les conseillers en magasin font face à une clientèle de mieux en mieux informée. Ils doivent alors avoir les moyens d’apporter une réelle assistance personnalisée et d’instaurer une réelle relation avec le client. La formation peut aussi améliorer leur capacité à reconnaître et gérer les potentiels consommateurs faisant du showrooming. Les équipements : les enseignes investissent de plus en plus dans les équipements en magasin ; proposant des bornes interactives ou en équipements leurs vendeurs d’outils mobiles. De telles actions ont notamment permis une hausse des ventes de 1,5% la première année chez 3 l’enseigne But . L’assistance mobile : Si les QR code et autres lecteurs de code barre permettent d’intégrer la dimension mobile au point de vente, ils demeurent néanmoins passifs. L’intégration de beacons, à la technologie active, peut permettre d’interagir de façon dynamique avec le client pour proposer des 2 « L'e-commerce en France à l'horizon 2020 », Xerfi Precepta (03/2014) 3 « Darty : après la camionnette, la tablette », Les Echos (04/2014) services dédiés ou des offres promotionnelles ponctuelles au fur et à mesure de la progression de celui-ci dans les rayons. La réalité augmentée : Toujours pour répondre à un besoin d’assistance mais aussi pour délivrer un nouveau type d’expérience au client, des initiatives en termes de réalité augmentée voient le jour. En Europe, des cabines d’essayage virtuelles ont déjà été essayées en vitrine d’enseignes telles que Tissot. L’enseigne aurait alors augmentée ses 4 ventes de 85% durant la période d’essai de cette vitrine virtuelle. Stratégie des pure players concernant les points de vente physiques/ Positionnement traditionnel des pure players/ Le business model des pure players repose sur la spécialisation sur le canal internet permettant aux acteurs de proposer à leurs clients un panel de produits important sur la base de coûts fixes réduits. En effet, l’enseigne stocke les produits dans des centres logistiques et s’affranchit de stocks décentralisés ou en magasin. De plus, la masse salariale est aussi limitée en raison de l’absence de ces mêmes points de vente. Une telle organisation permet donc d’opérer de façon plus flexible et de proposer des tarifications agressives. L’absence de points de vente physiques recèle néanmoins quelques désavantages. En effet, si la location d’un pas de porte permet de s’assurer une certaine visibilité, une stratégie purement digitale implique d’investir dans le marketing en ligne de façon proportionnelle à la visibilité souhaitée. De plus, les frais logistiques doivent intégrer les retours de colis. Evolution du business model vers un modèle plus physique / La mutation vers un modèle où les pure-players deviennent présents sur le réseau physique de la distribution permet d’activer de nouveaux leviers de croissance tout en évitant le webrooming. En effet, bien que le secteur du e-commerce connaisse toujours une croissance importante en France (11% en 2014 contre une variation annuelle oscillant entre -1% et 3% pour l’activité du 5 commerce de détail ), il fait face à un 4 Holition, fournisseur de technologies de réalité augmentée 5 Données FEVAD et Insee Sia Partners | INSIGHT | DISTRIBUTION: QUEL BUSINESS MODEL FACE AU SHOWROOMING ET AU WEBROOMING ?| Mars 2015| 3 essoufflement de son attractivité (voir figure ciaprès). Une telle situation entraîne des modifications du business model en termes : - de ressources : l’enseigne doit se doter en nouveaux équipements et investir dans du foncier. Les ressources humaines doivent aussi pouvoir évoluer pour gérer les nouvelles activités. - d’activités : le pure-player doit être en mesure de gérer ses nouveaux points de vente. Les problématiques pourront porter notamment sur : l’assortiment proposé (nécessairement moins large que celui en ligne), la gestion des stocks, l’animation mise en place. - de relation-client : le risque pour l’identité de l’enseigne doit être géré. Comment adapter la relation-client à une présence physique ? Le niveau de qualité est-il en ligne avec l’offre proposée sur internet ? Quel est le niveau de service à apporter et jusqu’où placer le niveau du service aprèsvente ? - de gouvernance et stratégie : comme pour les brick-and-mortars créant une activité en ligne, la nouvelle activité « en dur » doit pouvoir être mesurée de façon à piloter au mieux l’impact sur la stratégie de l’entreprise. La problématique du positionnement tarifaire pourra de plus être posée. Le niveau de service apporté par ses points de contacts physiques peut varier en fonction de la stratégie et des moyens d’investissements de l’enseigne. 6 600m² en Octobre 2014 . L’enseigne a fait le choix de garder une forte identité digitale en proposant un magasin connecté à ses clients. Le point de vente est ainsi équipé de tablettes et autres bornes numériques permettant au client de personnaliser les produits et d’accéder à l’ensemble du catalogue de façon autonome. Materiel.net : complémentaires contrôlés Des sur base de services coûts Acteur du web depuis 2000, Materiel.net a fait le choix de créer des implantations physiques plus traditionnelles. La caractéristique marquante du business model est une installation en périphérie des villes pour profiter de coûts plus modérés du foncier tout en se rapprochant des clients. Les agences viennent compléter la proposition de valeur du groupe avec des showrooms, des points de retrait ainsi que du SAV. Pixmania: le risque des magasins en durs Mais le développement d’un réseau « en dur » peut représenter un véritable risque pour les pureplayers. Fondé en 2000, Pixmania avait commencé à implanter des magasins dès la fin de la décennie. Ces magasins, situés dans des centres-villes et des centres-commerciaux, ont néanmoins été fermés dès 2013 suite, notamment, à une baisse de 10% du chiffre d’affaires du groupe et une perte de 25 7 millions d’euros en 2012 . La stratégie du groupe a depuis été recentrée sur le web et sur les produits qui avaient fait son succès à sa création. EVOLUTION DE LA CROISSANCE ANNUELLE DE L’ACTIVITE ECOMMERCE EN FRANCE EN VALEUR (2007-2014) Amazon : la tendance chez le leader du ecommerce 40% Le géant américain de la vente en ligne a une proposition de valeur pour ses clients B2C qui pourrait se résumer par des prix compétitifs et des livraisons rapides. Une telle proposition est maintenue possible par ses volumes de vente et la pleine possession de ses moyens logistiques. Dès lors, l’enseigne s’est globalement tenue à distance de la distribution en magasin et de ses coûts inhérents avec tout juste quelques expériences de magasins éphémères. Amazon teste néanmoins un premier point de contact physique dans l’Indiana, 30% 20% 30% 28% 25% 24% 22% 19% 14% 11% 10% 0% 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Source : Données FEVAD Une prolongation de l’expérience digitale avec Miliboo Pure-player dans le secteur de l’ameublement, Miliboo a ouvert son premier magasin physique de 6 La première boutique100% connectée, Miliboo (2015) 7 Pixmania ferme ses magasins en France et se retire de douze pays ; Le monde (02/2013) Sia Partners | INSIGHT | DISTRIBUTION: QUEL BUSINESS MODEL FACE AU SHOWROOMING ET AU WEBROOMING ?| Mars 2015| 4 8 sous la forme d’un point de retrait . Cette première présence physique représente un enjeu important pour la marque ; ne serait-ce que pour la matérialisation de son identité et la gestion de sa relation-client. Conclusion/ Alors que les technologies mobiles favorisent de plus en plus le phénomène de showrooming, les click-and-mortars font le choix de se différencier par plus de valeur ajoutée apportée notamment par la cross-canalité. Cette tendance a pu être observée au Retail’s Big Show 2015 ou de nombreuses initiatives tournées vers une continuité de l’expérience de mobilité ont été présentées. Ce besoin de continuité dans l’expérience d’achat doit être compris des pure-players pour mieux s’adapter à la tendance inverse du webrooming. Ils peuvent alors faire le choix de mettre en place des points de contacts physiques pour tenter de s’attaquer au reste du marché de la distribution ou de rester 100% en ligne pour continuer de profiter de coûts fixes plus faibles et d’un marché du ecommerce toujours en croissance. La question de l’avenir des business-model de distribution 100% en ligne est néanmoins posée avec l’entrée de plus en plus généralisée des enseignes traditionnelles dans le secteur du e-commerce et la tendance à la diversification des pure-players (via des activités de conseil en digitalisation ou des places de marché en ligne orientée B2B). Copyright © 2015 Sia Partners . Any use of this material without specific permission of Sia Partners is strictly prohibited. 1 The Harris Poll, Harris Interactive (11/2013) « L'e-commerce en France à l'horizon 2020 », Xerfi Precepta (03/2014) 3 « Darty : après la camionnette, la tablette », Les Echos (04/2014) 4 Holition, fournisseur de technologies de réalité augmentée 5 Données FEVAD et INSEE 6 La première boutique100% connectée, Miliboo (2015) 7 Pixmania ferme ses magasins en France et se retire de douze pays ; Le monde (02/2013) 2 8 Amazon’s first bricks-and-mortar store opens in … Indiana, The Guardian (02/2015) 8 Amazon’s first bricks-and-mortar store opens in … Indiana, The Guardian (02/2015) Sia Partners | INSIGHT | DISTRIBUTION: QUEL BUSINESS MODEL FACE AU SHOWROOMING ET AU WEBROOMING ?| Mars 2015| 5 A PROPOS DE SIA PARTNERS Sia Partners est devenu en quinze ans le leader des cabinets de conseil français indépendants. Cofondé en 1999 par Matthieu Courtecuisse, Sia Partners compte 570 consultants pour un chiffre d’affaires de 88 millions d’euros. Le Groupe est présent dans douze pays, les Etats-Unis représentant le deuxième marché. Sia Partners est reconnu pour son expertise pointue dans l’énergie, les banques, l’assurance, les télécoms et le transport. Pour plus d’informations : www.sia-partners.com . 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