Un conseiller à la sécurité externe pour les matières dangereuses

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Un conseiller à la sécurité externe pour les matières dangereuses
Sécurité du travail et promotion de la santé
Un conseiller à la sécurité externe pour les matières
dangereuses – est-ce la bonne solution?
Jürgen Migenda
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Un conseiller à la sécurité externe pour les matières dangereuses est explicitement prévu dans l’ADR1) ainsi que dans
l’ordonnance fédérale sur les conseillers à la sécurité, comme alternative aux conseillers à la sécurité internes aux entreprises,
pour les matières dangereuses. Lorsque la loi oblige une entreprise à faire appel à un conseiller à la sécurité pour les matières
dangereuses, il faudrait alors que celle-ci inclue toujours la variante externe dans ses réflexions. Cet article compare les
avantages et les inconvénients des deux solutions. L’auteur, lui-même conseiller à la sécurité externe pour les matières
dangereuses, est favorable à la solution de l’externalisation. Faites-vous votre propre opinion.
Introduction
Depuis le 1er janvier 2003, toutes les entreprises en Suisse sont tenues de nommer un conseiller à la sécurité pour les
matières dangereuses – appelé ci-après
«conseiller» –, lorsque l’entreprise transporte des marchandises dangereuses ou
effectue des opérations d’emballage, de
remplissage, d’expédition, de chargement ou de déchargement afférentes à ce
transport. Mais cette ordonnance n’est
valable que lorsque les matières à transporter dépassent une valeur limite bien
définie.
Les tâches du conseiller
L’ADR1 1.8.3 définit comme suit les
tâches du conseiller: «Les tâches du
conseiller consistent à aider à la prévention des risques pour les personnes, les
biens ou l’environnement, inhérents au
transport de marchandises dangereuses,
ainsi qu’aux activités connexes.
Différentes personnes dans l’entreprise
peuvent assurer la tâche de conseiller.
Cela peut être le directeur de l’entreprise
ou une personne qui effectue d’autres
tâches dans l’entreprise, ou encore
quelqu’un n’appartenant pas à l’entreprise. L’ordonnance fédérale a explicitement prévu cette dernière variante, si
bien qu’en Suisse, on délègue souvent les
tâches de conseiller à une entreprise extérieure (conseiller externe).
On peut affirmer, à juste titre, que depuis
la mise en vigueur de l’ordonnance sur les
conseillers, il y a déjà plus de dix ans, le
transport des matières dangereuses est
devenu plus sûr en Suisse. Le thème des
matières dangereuses a, bon gré mal gré,
gagné en importance auprès des entreprises concernées. Nombre d’entre-elles
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veillent scrupuleusement à manipuler les
matières dangereuses conformément à la
législation en vigueur. Car dans tous les
cas, leur renommée est en jeu, si, contre
toute attente, un accident devait se produire et qu’il soit imputé à l’entreprise en
raison d’une négligence ou du non-respect des prescriptions légales.
Quelles doivent être les
qualifications d’un conseiller?
Dans une entreprise privilégiant une solution interne, les tâches du conseiller
sont généralement attribuées à des personnes ayant certaines «accointances»
avec les ordonnances ou les lois, et qui
sont désireuses de traiter en permanence
les thèmes les plus divers relatifs aux matières dangereuses. Car la règlementation
les concernant change tous les deux ans,
et même chaque année pour le transport
aérien. Cela signifie donc qu’il faut toujours rester dans le coup! L’ordonnance
fédérale sur les conseillers à la sécurité
n’exige aucune formation spécifique.
Certaines entreprises demandent une
formation universitaire, d’autres forment
elles-mêmes leurs conseillers. Il n’existe
pas de formule passe-partout pour cela.
Une bonne combinaison de connaissances théoriques dans le domaine de la
chimie (selon la branche), de la logistique,
de l’emballage, des compétences en formation, une bonne capacité de compréhension, l’aptitude à passer des examens
et la volonté de se former de manière
continue est nécessaire. Naturellement,
selon la formation de conseiller requise
(en général 4 jours plus une 1/2 journée
d’examen), une expérience de nombreuses années est la condition indispensable pour exercer cette activité avec fiabilité et efficacité.
Le conseiller externe est une
bonne solution
Le principal avantage d’un conseiller externe réside dans le fait que l’entreprise
mandataire peut généralement engager
une personne très expérimentée. Le
conseiller externe met, dès le premier
jour, son important capital d’expérience à
la disposition de l’entreprise. Celle-ci
peut alors se concentrer sur ses activités
de base, n’ayant pas besoin de former son
propre conseiller. En outre, elle dispose
toujours d’un interlocuteur compétent
pour les questions relatives au thème des
matières dangereuses. Bien sûr, le
conseiller externe n’a pas la science infuse, mais il possède généralement de
bonnes relations, il peut discuter des
questions ouvertes avec ses collègues et
trouver une solution. Le conseiller externe est également très motivé par sa
propre expérience, il est satisfait de
chaque tâche qui lui est confiée. Mais naturellement, il y a une contrepartie, car le
monde n’est malheureusement pas parfait. Le conseiller externe ne travaille pas
gratuitement. Et les coûts dépendent fortement du degré de formation des collaborateurs de l’entreprise encadrés par le
conseiller externe. Ainsi, par exemple,
une plus grande charge de travail peut
être requise au début pour mettre en
place une structure concernant les matières dangereuses, pour former les collaborateurs concernés, ainsi que pour optimiser des procédures de travail et de
logistique conformes aux matières dangereuses. Si cela se produit une fois ou
que le conseiller externe trouve des structures pour les matières dangereuses qui
fonctionnent bien, alors l’inconvénient
initial lié au coût devient rapidement un
avantage économique pour l’entreprise.
Sécurité du travail et promotion de la santé
Un autre grand avantage de la variante de
l’externalisation, c’est que le conseiller
est en général toujours le même pendant
des années, également lorsque l’entreprise subit différentes restructurations et
que, peut-être, seul le conseiller externe
assure la continuité.
Les avantages et inconvénients de
la solution du conseiller externe
Les avantages:
● Le conseiller externe est en général
toujours le même.
● Grande expérience et compétences
élevées dans le domaine des matières
dangereuses
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Ce sont principalement les entreprises
qui veulent se concentrer sur leurs activités de base et ne souhaitent pas
mettre à disposition leur propre personnel, qui en bénéficient.
Avantage économique à moyen terme.
D’importantes connaissances ainsi
qu’un réseau d’informations toujours
disponible pour l’entreprise.
Le thème des matières dangereuses
n’est pas relégué au second plan dans
l’entreprise.
Les inconvénients:
● Au début, des connaissances sur les
procédés font défaut.
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Au début, le savoir-faire concernant
les produits est inexistant.
Le conseiller ne fait pas partie du personnel de l’entreprise.
Le cas échéant, il y a une question de
prestige pour les grandes entreprises.
Le savoir-faire n’est pas dans l’entreprise.
1
ADR = Accord européen relatif au transport
international des marchandises dangereuses par
route)
1
Jürgen Migenda, directeur de la société GfG
Gesellschaft für Gefahrgut mbH, fondateur de
l‘entreprise, expert en matières dangereuses
ayant plus de 30 ans d’expérience professionnelle, dont 15 ans dans le domaine des matières
dangereuses, conseiller à la sécurité pour différentes entreprises. www.gfg-gefahrgut.ch
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