Le marché des volailles de chair - Chambre Régionale d`Agriculture
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Le marché des volailles de chair - Chambre Régionale d`Agriculture
N°2015-1 – Octobre 2015 Le marché des volailles de chair En synthèse Des faiblesses persistantes pour le secteur : Les importations continuent d’augmenter et le solde commercial toutes volailles confondues est déficitaire sur les 7 premiers mois de 2015, attestant des difficultés à redresser notre compétitivité, particulièrement vis-à-vis de la Pologne. La production de dinde diminue par suite d’un basculement des éleveurs vers la production de poulet, entraînant un recul de la consommation par manque d’offre. Mais un certain nombre de clignotants sont au vert : La consommation de poulet augmente de 3 % au premier semestre. Un petit bémol cependant, les achats des ménages se replient légèrement. La restructuration de la filière se poursuit, toujours avec la recherche de complémentarités entre les entreprises qui s’unissent. Après le regroupement de LDC avec Avril en début d’année, c’est maintenant TERRENA qui reprend DOUX et prochainement, si l’opération est autorisée, LDC qui acquerra le pole volaille d’AGRIAL. La dynamique d’innovations reste forte chez les industriels. Les exportations vers l’UE-15 se redressent ; elles sont stabilisées vers les pays tiers. Toujours plus de poulets abattus De janvier à juillet, les abattages de volaille ont progressé de 3,5 %. Les abattages de poulet constituent le moteur de cette croissance tandis que les abattages de dindes continuent de se contracter. Au plan national, on observe la même évolution. Les abattages de poulets progressent en nombre mais encore plus en poids, traduisant un alourdissement des carcasses en lien avec la réduction des débouchés sur le Moyen-Orient et la volonté d’adapter l’offre à la demande intérieure de poulets plus lourds. Le poids moyen augmente également en pintade. Il diminue en dinde et est stable en canard. Evolution des tonnages abattus Pays de la Loire janvier à juillet 2015 Poulets Dindes Canards Pintades 192 970 50 371 46 945 11 960 Evolution / 2014 France Evolution / 2014 + 5,7% - 2,6% +0,6% +6,2 % +4,6% -3,2% +0,2% +4,6% PEP CAs PdL d'après Agreste La restructuration de la filière se poursuit Après avoir cédé son usine de Luché-Pringé au groupe CASINO, TERRENA deviendra prochainement l’actionnaire principal du groupe DOUX. D&P Participations (famille Calmels) qui détient 52,5 % des parts de la société DOUX devrait les céder à TERRENA. La famille DOUX et le groupe saoudien ALMUNAJEM resteront actionnaires minoritaires, comme SOFIPROTEOL qui apporte son soutien à l’opération. La recherche de la complémentarité a motivé cette opération. DOUX pourra faire profiter TERRENA de son savoir-faire à l’exportation et TERRENA apportera à DOUX un approvisionnement français pour ses produits élaborés. Par ailleurs, le numéro 1 européen de la volaille, LDC, et le groupe coopératif AGRIAL sont entrés en négociation. Il s’agit de la reprise de l’activité volaille d’AGRIAL par LDC. Cette opération concerne les sites industriels Galéo de Chailland (53) et Socadis de Plumetot (14) ainsi que la société de transport routier spécialisée STC et représente 200 éleveurs et 400 salariés. Un partenariat amont sera également signé entre les deux sociétés. Cette opération sera soumise à l’avis de l’Autorité de la Concurrence. Pôle Economie et Prospective – P. LABZAE 1 Hausse de la consommation de poulet mais tassement des achats des ménages Au premier semestre 2015, selon Agreste, la consommation apparente de volaille progresserait de 1 % seulement, contre une évolution moyenne de +2,4 % par an au cours des 5 dernières années. Le poulet continue de porter la consommation de volaille (+3 %) alors que la consommation de dinde recule de 6 %. Selon le CIDEF, cette baisse s’expliquerait par un manque d’offre en lien d’une part, avec la reconversion des bâtiments vers la production de poulet et d’autre part avec l’exportation d’une proportion importante d’œufs à couver de dinde aux Etats-Unis touchés par l’épidémie d’influenza aviaire. ont toujours le vent en poupe malgré des prix en hausse. Achats des ménages tous circuits Cumul annuel du 29 décembre 2014 au 6 septembre 2015 Volume Prix Volaille fraîche dont : poulet dinde canard pintade Entre janvier et septembre, les achats des ménages, comparés à la même période en 2014, indiquent une évolution moins favorable avec un repli de 0,4 % pour l’ensemble des volailles en frais, surgelé et charcuterie. Les achats de pintade et de canard, moins consommés et dont le prix baisse le plus, progressent légèrement, tandis que les achats de poulet et de dinde diminuent. Les découpes de poulet continuent d’être appréciées au détriment du poulet PAC. En dinde, les achats de découpe crue, qui représentent près de 90 % des achats de dinde reculent de 3,9 %. Les produits élaborés (18 % des achats de volaille) et la charcuterie à base de volaille élaborés de volailles Lapin Charcuterie de volaille Volaille surgelées Bœuf frais Bœuf haché surgelé Veau Porc frais Viande ovine -0,6 % -1,0% -2,7% +0,6% +0,9% +2,0% -0,6% +5,5% -8,5% -2,1% -1,0% -7,5% -3,7% -9,7% -0,7% -0,8% -1,1% -1,9% -3,8% +0,4% +1,3% +2,6% +1,7% -0,4% -0,2% -1,5% -2,6% +3,0% Source : PEP CAs PdL d’après Kantar Worldpanel Les efforts d’innovation des industriels se portent sur la volaille fraîche Les achats de volaille fraîche ont baissé de 0,6 % en 2015. C’est ce segment que les industriels veulent renouveler pour attirer les consommateurs. Selon le magazine Linéaires, les dernières innovations se déclinent selon trois axes : de nouvelles découpes crues, des portions pour les ménages de petite taille et les célibataires, et la facilité de préparation. Les rayons des GMS présentent ainsi maintenant des escalopes de poulet label dans la cuisse, du filet mignon de dinde, des petits farcis, des mini-rôtis, des pièces pré-cuites, et du haché de volaille. Source : Linéaires n°317, octobre 2015 Apparition d’un déficit commercial global en viandes de volaille Sur les 7 premiers mois de l’année, la France accuse un déficit global de ses échanges de viandes et préparations de volailles, l’excédent commercial dégagé sur pays tiers n’étant plus suffisant pour compenser le déficit enregistré avec l’UE. Seul, le commerce extérieur de dinde s’améliore. Le solde reste positif en canard et en pintade, mais il diminue. Le déficit se creuse en poulet. En cause la croissance des importations. Celle-ci est à mettre en relation avec la consommation toujours plus forte de produits élaborés et de charcuterie de volaille mettant en œuvre une matière première la moins chère possible. Solde des échanges français de viande de volaille entre janvier et juillet (1 000 t) 80 2013 2014 2015 62 60 40 27 21 20 15 20 14 11 9 6 0 -1 -20 -21 -40 -32 Poulet Dinde Canard Toutes volailles PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Pôle Economie et Prospective Source : Agreste 2 Amélioration des exportations vers l’UE-15 … Des améliorations sont cependant à noter sur le plan des exportations. Elles sont en légère hausse (+0,9 %) de janvier à juillet 2015 par rapport à la même période en 2014. L’amélioration des performances à l’exportation vers l’UE est sensible (+2,8 %) avec une différence marquée entre l’UE-15 (+5,8 %) et les pays de l’Est de l’UE (-29,6 %). En poulet comme en dinde, l’Espagne et le RoyaumeUni constituent actuellement des débouchés porteurs pour les produits français. En revanche, on note une diminution des expéditions de poulet vers l’Allemagne. Sur pays tiers, la perte du débouché russe a entraîné un recul de près de 16 000 t exportées sur la période et les ventes aux pays du Moyen-Orient reculent de 7,6 %. Sur cette destination seule l’Arabie Saoudite augmente ses volumes importés de France grâce aux liens capitalistiques qui unissent les Saoudiens à l’entreprise DOUX. Cependant, des marchés sont en croissance dans des pays européens hors UE, en Afrique subsaharienne, et en Asie du Sud-Est, ce qui a permis de maintenir globalement, le niveau d’exportations sur pays tiers. Exportations françaises de viandes et préparations de volailles de janvier à juillet (1000 t) 200 175 175 180 2013 2014 2015 160 140 120 100 83 85 80 60 32 34 40 20 12 12 15 14 PT UE 7 6 0 UE PT Poulet UE Dinde PT Canard PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : Agreste … mais des importations toujours plus fortes Près de 90 % des importations de viande de volaille sont des importations de poulet. Elles continuent leur progression (+4,7 %), alors que les importations de dindes diminuent (-8,1 %). Les viandes de poulet importées proviennent largement de l’UE (93 %). Leur volume croît de près de 5 % en 2015 avec un approvisionnement accentué de produits en provenance de Pologne. Ainsi sur les 15 000 t supplémentaires importées dans l’UE entre janvier et juillet, près de 10 000 t proviennent de ce pays. Importations de viandes et préparations de poulet en France entre janvier et juillet (1 000 t) 80 67 68 70 70 2013 64 2014 2015 60 46 50 34 36 40 35 30 20 11 14 9 10 4 0 Pays-Bas Belgique Allemagne Pologne Espagne Brésil Source : FranceAgriMer PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Un rythme d’abattage soutenu à l’Est de l’UE Evolution des abattages principaux pays producteurs de volailles de l'UE au 1er semestre 2015 2 000 Production 2014 (1 000 t) Selon La Commission européenne, les abattages de volailles ont progressé de 3,3 % dans l’UE au cours du premier semestre 2015. Comme l’année dernière, le rythme le plus soutenu est observé dans les pays de l’Est : Pologne, Roumanie, Hongrie. Les principaux pays producteurs de l’Ouest de l’UE connaissent en revanche une progression plus faible avec même pour l’Allemagne une légère réduction de ses abattages. Malgré la perte du débouché russe depuis août 2014, l’UE parvient à n’enregistrer qu’une faible contraction (-0,8 %) de ses exportations au premier semestre. En effet, les ventes aux Philippines ainsi qu’à quelques pays d’Afrique subsaharienne et à l’Ukraine sont en forte croissance. Les importations sont stables, avec une baisse de l’origine brésilienne et une plus forte pénétration des produits thaïlandais. All -0.40% 1 000 PB 1.50% 500 0 -5% Pol 12.70% Fr 2.20% RU 2.20% Esp 0.50% It 2.10% 1 500 Hg 4.20% 0% Ro 9.40% 5% 10% 15% Evolution des abattages PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Pôle Economie et Prospective Source : Commission Européenne 3 L’Ukraine nouveau partenaire commercial de l’UE En 2014, la production ukrainienne de volaille de chair s’est élevée à 1,3 Mt, dont 80 % de poulet. C’est à partir des années 2000, avec la constitution de grands groupes agroindustriels exploitant les anciennes fermes collectives de l’ère soviétique, productrices de céréales et d’oléagineux, que s’est rapidement développée la production. Elle a ainsi répondu à la demande intérieure croissante de protéines animales peu chères. De 20 % de la consommation de viande en 2000, la volaille est passée à 46 % en 2009. Depuis, elle diminue progressivement au profit du porc. A la fin des années 2000, les exportations du pays se sont développées, d’abord vers le Kazakhstan, puis vers la Russie et les pays de la CEI. A partir de 2012, l’Ukraine a souhaité diversifier ses marchés d’exportation vers le Proche-Orient, l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, car, à cette date, la Russie et le Kazakhstan, qui représentaient 64 % de ses débouchés, ont mis en place un programme de développement de leur propre production avicole. En juillet 2014, l’UE a ouvert un contingent d’importation de volaille ukrainienne à droit nul de 36 000 t. Les importations ont démarré au troisième trimestre 2014. Les groupes ukrainiens de production de volaille sont très compétitifs grâce à des coûts de production faibles (matières premières et main d’œuvre bon marché), ainsi que des élevages et des abattoirs modernes et de grande taille. Le coût de production sortie abattoir est inférieur de 26 % au coût français. Ainsi, à moins que la situation géopolitique et économique du pays ne vienne à s’aggraver, les exportations ukrainiennes ont un fort potentiel de développement, vers l’UE comme vers ses marchés extérieurs. Source : Les filières avicoles en Ukraine : l’émergence d’un acteur mondial ? FranceAgriMer, mai 2015 Coûts de production : prix de l’aliment stabilisé en 2015 Coût des matières premières de l'aliment volaille (indice base 100 = janvier 2006) 240 200 180 160 140 120 100 80 Poulet standard Poulet Label PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Dinde Source : ITAVI A suivre dans les prochains mois Consommation : la baisse des achats des ménages est-elle durable ? Evolution des échanges extérieurs : la reprise des exportations vers l’UE-15 se confirmera-t-elle et la percée polonaise s’amplifiera-t-elle ? Concentration des acteurs industriels et place des opérateurs français sur le marché européen et mondial Parité euro/dollar et activité économique chinoise : conséquences sur le grand export et le coût d’approvisionnement en matières protéiques. Pôle Economie et Prospective des Chambres d’agriculture des Pays de la Loire http://www.paysdelaloire.chambagri.fr/menu/economie/sommaire-economie.html Pierre-Yves AMPROU Tél. 02 41 18 60 Christine GOSCIANSKI Tél. 02 41 18 60 Michel BLOURDE Tél. 02 41 96 75 Gilles LE MAIGNAN Tél. 02 53 46 61 Eliane MORET Tél. 02 43 67 37 Pascale LABZAE Pôle Economie Tél. 02 43 29 et 24 60 Mail : [email protected] (Angers – La R/Y) 57 Mail : [email protected] (Angers) 05 Mail : [email protected] (Angers) 70 Mail : [email protected] (Nantes) 09 Mail : [email protected] (Laval) 28 Mail : [email protected] (Le Mans) 4 Prospective C. LIBEER Edition : Octobre 2015 220 Réalisation : Chambres d’agriculture des Pays de la Loire Sur la période janvier à septembre, sans grande évolution entre ces deux dates, l’indice ITAVI du coût des matières premières de l’aliment volaille est en repli par rapport à 2015 : -3,7 % en poulet standard, -4,9 % en poulet label et -3,4 % en dinde. L’essentiel de la baisse s’est effectuée en 2014 avec le recul des cours des céréales et la détente du tourteau de soja. La campagne de commercialisation des céréales 2015/16 a démarré sous le signe de l’abondance en blé tant pour la récolte que les stocks. Le maïs, malgré une faible récolte subit la pression baissière du blé. Des stocks volumineux, une récolte en hausse ainsi que la dévaluation du réal maintiennent les cours du tourteau de soja sous pression. A ce niveau cependant, l’indice ITAVI se trouve à peine inférieur au pic de 2008/09, consécutif à la première flambée des cours des céréales.