LE THéâTRE, LE BALLET ET L`OPéRA

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LE THéâTRE, LE BALLET ET L`OPéRA
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PRINCE Charles-Joseph de Ligne
LE THéâTRE, LE BALLET ET L’OPéRA
Manuel Couvreur
Ligne a découvert le monde du théâtre dès son âge le plus tendre : il ne devait jamais cesser de l’aimer.
Danseur dans les ballets de la cour de Bruxelles dès 1756, acteur amateur – et, de l’avis unanime, exécrable
– jusqu’à la fin de sa vie, Ligne s’est également illustré en tant qu’auteur dans divers genres. Il a inventé des
mascarades à l’intention du prince Charles Alexandre de Lorraine. Il a écrit des livrets d’opéra : sa Céphalide
ou Les nouveaux mariages samnites, inspirée de Marmontel et mise en musique par Vitzthumb et Cifolelli,
fut créée avec succès à la Monnaie en 1777. Tout au long de sa vie, Ligne a écrit plus de trente pièces de
théâtre dans les genres les plus divers. Ce sont parfois de courts proverbes dramatiques dans la veine de
Carmontelle, destinés à son propre usage ou encore au théâtre de l’Ermitage de Catherine II. Il emprunte
aux Bijoux indiscrets de Diderot le sujet de son Sultan du Congo, ou Mangogoul. C’est cependant moins en
tant qu’auteur dramatique qu’en tant que traducteur et théoricien que Ligne mérite, dans ce domaine, de
retenir l’attention.
Prince d’Empire et francophone de naissance, Ligne a joué un rôle important dans les échanges entre
les cultures latine et germanique. Grand amateur d’opéra viennois et notamment de Mozart ; Ligne a
fait traduire certaines œuvres qu’il jugeait avec raison particulièrement significatives de cette esthétique.
C’est ainsi qu’il fit donner à Bruxelles, puis à Versailles, les chefs-d’œuvre de Salieri ou de Martin y Soler.
Admirateur inconditionnel de Gluck, il a joué un rôle décisif dans la venue du compositeur en France :
pour l’aider, Ligne lui a traduit, mot à mot, le livret de l’Iphigénie en Aulide. Plus tard, il devait devenir l’un
des premiers traducteurs de Schiller et d’Alfieri. Devançant madame de Staël, il voulait ainsi révéler aux
lecteurs français les œuvres les plus significatives des deux littératures qui, à l’aube du XIXe siècle, allaient
le plus influencer les auteurs français.
à Bruxelles, Ligne fréquenta assidûment le salon du comédien français Jean Nicolas Servandoni
D’Hannetaire qui passait pour l’un des plus grands pédagogues de son temps : il eut notamment pour
disciples Larive et Dazincourt qui vantait son « grand talent » d’acteur et ses connaissances de théoricien
du théâtre : « personne ne connut mieux que lui la comédie, et son nom peut être dignement placé entre
ceux de Préville et de Grandménil ». Ligne publia en 1774, une première version des Lettres à Eugénie sur
les spectacles, nées de ses conversations avec D’Hannetaire, mais aussi de ses lectures et de sa propre
pratique. L’ouvrage, outre ses mérites littéraires, propose une vision très personnelle du théâtre français
contemporain : Ligne fournit certains éléments qui, n’ayant pas frappé les spectateurs parisiens, n’ont été
consignés par aucun autre écrivain. Largement retravaillé, cet essai a été republié en 1796 sous le titre de
©bump, 2014
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Lettres à Eulalie. Ligne y porte alors surtout son attention sur le spectacle de société : son texte constitue
sans doute le document le plus vivant et le plus riche sur une pratique largement répandue dans l’Europe
entière et très mal connue aujourd’hui.
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