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CHRONIQUE ÉCRANS
par Renaud Machart
Canal historique
le
premier numéro de
la mini-série « Génération
Canal+ », jeudi 29 novembre sur Comédie +, la filiale du
Avant
Groupe Canal+, je m'attendais à
une enquête sur cet intrigant
« esprit Canal » que beaucoup se
sont efforcés de définir depuis
l'installation des premières émissions satiriques de la chaîne à péage, fondée il y a trente ans. Cet
« esprit canal » qui, toutes proportions gardées, est aussi ardu à
expliciter que la grâce mozartienne, le phrasé proustien ou la
saveur corsée et aérienne d'un
bouillon
au céleri d'Alain Passard.
J'aurais dû y regarder de plus
près « Chantai Lauby et Jean-Luc
Lemoine sillonnent Canal+de long
Pourquoi ne pas avoir analysé
l'énorme différence entre la joyeudes années 1980
se malpensance
et le puritanisme idéologique
d'aujourd'hui?
Cela posé, je dois avouer que je
me suis tout de même gondolé à la
revoyure de quelques moments
fameux, dont ceux du duo Antoine de Caunes -José Garcia, avec ce
dernier en Sandrine Trof orte, ver-
sion cagole marseillaise ayant
dépassé sa date limite de consommation du mannequin vedette de
l'époque, Cindy Crawf ord.
Plus drôle encore, le même duo,
transformé en nymphettes mutines, téton à l'air et sucette à la
:
en large à l'automne 2012. Leurmission? Enquêter sur I'"humourCanaI" et livrer le meilleur du langage
fleuri et si singulier de la chaîne
depuis sa création... Huit épisodes
exclusifs
incarnés
par
celles et ceux
qui ont bâti la légende ! », annonçait le site Internet de Comédie +...
Car le deuxième épisode de
« Génération Canal+ », jeudi
6 décembre, à 20 h 45, confirmait
qu'il s'agissait d'à peine mieux
qu'un best of des moments hilarants de la chaîne, depuis les
« Nuls » fondateurs
dont Chantai
-
Lauby- jusqu'à leurs émules
d'aujourd'hui. Entre les séquences
rediffusées, Lauby et Jean-Luc
Lemoine (qui n'est pourtant pas
associé à Canal+) font les cancres
en train de sécher devant la page
blanche, chapeautés par un supérieur qui leur enjoint de trouver au
plus vite la solution à l'énigme. Le
tout écrit par leur soin, de manière
vraiment lourdingue, avec de vraisfaux témoignages scénarisés et
moyennement drôles.
Pourquoi ne pas avoir engagé
les protagonistes
de cette saga
audiovisuelle fondamentale à parler ? Pourquoi ne pas avoir tendu
le micro à des contradicteurs ?
dois avouer que
je me suis tout de
Je
même gondolé à la
revoyure de quelques
moments fameux
main, devant David Hamilton,
avec de Caunes en faisant des tonnes sur l'obsession du photographe pour les jeunes filles « à l'aube
de l'âge ingrat» et Garcia susurrant, avec des battements de cils
«Ou/, mais vous c'est pas pareil,
c'est de l'art...»
C'était tout de même plus drôle,
:
tout ça, que l'affligeante « Question de la fin », chaque soir à la fin
du « Grand Journal », exemple
lamentablement potache d'une
« tradition » qui sent sa fin de race
et de course.
J'ai repensé à la définition que
faisait le critique du Herald Tribune Virgil Thomson de la musique
américaine-: «Ilfaut juste unpasseport américain, et ensuite écrire
n'importe quel type de musique. »
Pour l'« esprit Canal » d'aujour-
d'hui, c'est pareil : « Apparaissez à
l'écran de Canal+, puis racontez
n'importe quel type de bêtise. »
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