Isabelle Moretti, harpe
Transcription
Isabelle Moretti, harpe
Isabelle Moretti, harpe LA NOTE D’ISABELLE Je n’ai choisi la harpe ni par dépit ni par amour pour « Duchesse », la séduisante chatte des « Aristochats », si suave au milieu de la bande à Scatcat. Enfant, j’eus la chance de pouvoir apprendre à jouer d’un instrument. Le piano me plaisait, bien sûr, mais quelle banalité dans ce choix ! Je n’avais que sept ans, mais je sentais déjà qu’il me fallait autre chose. Quelque chose de plus original. En voyant et en entendant la harpe, j’ai su immédiatement que c’était « Elle ». Je retrouvais dans la harpe la plénitude harmonique d’un piano mais avec quelque chose de plus. J’étais fascinée ! Jamais depuis je n’ai regretté mon choix. Car je sais maintenant ce qui se cachait derrière ce « plus ». Voyez-vous, toutes les vibrations, toutes les émotions ressenties à l’écoute de la harpe sont générées par le doigt même du harpiste sur la corde. Ce contact direct, physique, et très sensuel est un véritable « corps à cœur » dont je ne pourrais plus me passer ! Et le public ne s’y trompe pas. Comment expliquer sinon la fascination suscitée par cet instrument depuis tant de siècles? Pourquoi la harpe est-elle si souvent associée, dans l’imaginaire collectif, à l’instrument des dieux, des anges et des fées ? C’est peut-être parce que sa sonorité, ni trop intime ni trop imposante, possède plus que tout autre instrument le pouvoir de toucher l’âme profondément. Dans la symbolique Africaine, la harpe n’est-elle pas l’instrument qui relie la terre au ciel ? Cependant, à toute médaille son revers : ce don magnifique relègue trop souvent la harpe dans la catégorie des instruments « mièvres », avec l’inévitable petit sourire en coin qui s’ensuit… C’est aller un peu vite en besogne, et bien mal la connaître ! Vous qui venez d’entrer en quelque sorte dans ma « maison », oubliez donc vos a priori sur l’étroitesse du répertoire, l’instrument de salon… que sais-je encore ! La puissance d’expressivité d’une harpe est infinie. D’elle, toutes les émotions peuvent émaner. Bien sûr, il est de coutume de dire que l’instrument n’est rien, la musique est tout. Loin de moi l’idée de contredire cette vérité absolue. La musique, la partition, sont la présence souveraine du compositeur. Mais la harpe, elle, est l’instrument que j’ai choisi pour être est ma voix. C’est la recherche de cette alchimie qui me passionne dans cette aventure, ce qui me porte vraiment. Car enfin, à quoi serviraient ces longues heures passées à apprivoiser une œuvre, si ce n’était pour la partager avec vous, pour vous en faire découvrir toutes les beautés ? Chercher la perfection ? Oui, mais pas pour la brandir, tel un trophée, entre mes quatre murs ou sur un disque. Mais au contraire, pour la malmener et la voir s’humaniser à travers l’inévitable émotion ressentie lorsque l’on joue en public. C’est toujours un risque. Mais à mes yeux, là est le vrai baptême d’une œuvre car il s’agit, à chaque fois, d’une renaissance. Alors, vous qui avez eu la patience de lire ces lignes, je vous invite à aller écouter des concerts de harpe, de toutes les harpes ! Et si jamais vous avez l’occasion d’entendre une certaine Isabelle Moretti, venez lui donner votre avis après le concert. N’ayez pas peur de la déranger, vous lui ferez même plaisir : elle adore discuter…