L`USINE GODIN

L’USINE GODIN
L’emplacement de la vaste manufacture édifiée par Godin et largement reconstruite après 1918 est aujourd’hui
encore celui de l’entreprise Godin S.A.
En 1846, Godin installe à Guise une manufacture encore modeste. Elle
s’étend sur un quart d'hectare dans le faubourg de Landrecies au nord de la
ville, à l'emplacement que l'entreprise Godin S.A. occupe encore aujourd'hui
(rue Sadi-Carnot). Sur le plan industriel, le site de Guise a ses faveurs
probablement pour diverses raisons : la présence de l’Oise qui permet le
rejet aisé des eaux industrielles, des terrains vierges situés en zone non
inondable ainsi qu’un potentiel de main d’œuvre important.
Coll. Familistère de Guise © Familistère de Guise
De 1846 à 1914
Jean-Baptiste André Godin crée un premier atelier de serrurerie en 1840
dans son village natal d’Esquéhéries, à 20 km au nord de Guise. S’il dépose
alors un brevet pour la création de poêles en fonte de fer, la fabrication de
ces premiers modèles est sous-traitée jusqu’en 1842, date à laquelle il
installe une fonderie dans un hangar à Esquéhéries.
Le personnel de l’usine
L’ensemble du personnel dans la cour d’entrée de l’usine Godin
de Guise, photographie anonyme, 1899.
Les premières constructions s’organisent autour d’une cour ouvrant sur la
rue. Cependant, le développement de la production et la mécanisation de la fabrication entraînent d’importantes campagnes de constructions
à l’est de la cour. Les usines occupent ainsi une superficie de 3 hectares dès 1861. Des ateliers spécifiques sont édifiés pour le moulage de
la fonte, l’émaillerie, l’ajustage et le montage, la menuiserie ou l’emballage. Les bâtiments et la cour d’entrée de l’usine se situent dans l’axe
du pont construit par Godin pour rejoindre le Familistère élevé sur la rive opposée de l’Oise.
Les ateliers sont de simples halles aux murs de brique blanchis à la chaux à l’intérieur, avec charpente en bois et couverture à deux
versants percés d’ouvertures. À mesure qu’augmente le nombre de machines à vapeur productrices d’énergie, le ciel au-dessus de
l’usine se hérisse de hautes cheminées fumantes. À partir de 1900, une voie ferrée contourne les ateliers à l’est et au nord pour l’approvisionnement en matières premières et le transport des produits manufacturés jusqu’à la gare de Guise.
À la fin du XIXe siècle, l’usine de Guise emploie 1200 personnes. À la veille de la Première Guerre mondiale, elle fabrique 4000 modèles
d’appareils, d’accessoires et d’ustensiles et expédie plus de 165.000 poêles et cuisinières par an.
Après 1914
Durant la Première Guerre mondiale, l’usine réquisitionnée par les Allemands subit de nombreux dommages. Les bâtiments des ateliers
sont dévastés. Le matériel est détruit ou transféré dans des fonderies d’Anzin ou Valenciennes occupées par l’ennemi. Les archives et
les précieux modèles-étalons sont systématiquement détruits. En 1918, les pertes sont évaluées à 68 millions de francs.
Grâce aux 47 millions de dommages versés par l’état, la Société du Familistère s’attaque à la reconstruction, menée de 1919 à 1924. Elle
reconstitue une grande partie des constructions sans en modifier profondément l’architecture mais en améliorant l’éclairage zénithal
des espaces de travail. Cependant, comme au Palais Social où elle reconstruit l’aile gauche sur un mode somptuaire, l’Association
coopérative du Capital et du Travail édifie dans la cour d’entrée de l’usine trois bâtiments luxueusement appareillés de briques et pierre
pour abriter les nouveaux ateliers des modèles, du nickelage et du polissage.
Après 1968
En 1968, l’Association coopérative du Capital et du Travail disparaît pour faire place à une Société anonyme, Godin S.A. L’entreprise
devient la propriété de la société Le Creuset, dont l’usine de Fresnoy-le-Grand (Aisne) fabrique les réputées poteries alimentaires en
fonte de fer émaillée. Godin S.A. est rachetée en 1988 par le groupe Cheminées Philippe, dont le siège se trouve à Béthune (Pas-deCalais). Une modernisation importante des ateliers a été accomplie par l’entreprise Godin S.A. depuis les années 1990. L’entreprise est
leader en France pour les appareils de chauffage au bois et au charbon. Elle emploie 400 personnes en 2008.
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