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ROCK SPIRIT
Le Temps
des cerises
Julie Luong - © Le Temps des Cerises
Le jeans a peut-être viré bourgeois mais
certains cultivent encore son âme rebelle.
Ainsi du Temps des Cerises, pro du délavage vintage,
de la dégaine pointue et défenseur tout terrain
de l’esprit rock du denim.
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Juteux denim
En quelques décennies, le jeans semble être devenu le
dénominateur commun de nos garde-robes, tous âges, sexes
et milieux sociaux confondus. Mais au fil du temps, le jeans
s’est aussi fait caméléon. Slim, bootcut, loose, boyfriend,
girlfriend, « mom » (comme ceux de nos mères dans les
années 80), taille très basse, taille bien haute, délavé, à zips,
à clous, à strass, imprimé, bicolore, il se décline aujourd’hui
en tant de modèles qu’il n’a plus grand-chose d’un uniforme.
Le jeans serait même devenu une manière d’affirmer son
style : la pièce autour de laquelle s’orchestre la silhouette.
Sa dimension de seconde peau semble par ailleurs lui donner
de super pouvoirs. Par exemple : révéler le meilleur de
l’anatomie mâle et femelle. Sauver la mise les jours « sans ».
S’accommoder à toutes les sauces. C’est pourquoi la recherche
du « bon » jeans, souvent entamée dès l’adolescence, a
quelque chose d’une quête existentielle, avec son lot de
déceptions, de surprises au moment où l’on s’y attend le
moins, de souvenirs qui ne reviendront pas et de nouveaux
horizons. Preuve que le jeans n’est pas devenu un vêtement
« comme les autres » ? En France, Cécile Duflot a encore
récemment soulevé une vague d’indignation en assistant au
Conseil des Ministres vêtue d’un bootcut brut.
Car le denim a toujours une odeur de soufre : celle de
l’indocilité héritée de sa longue histoire de luttes sociales,
de révolution sexuelle et d’émancipation des femmes. Pas
moins. Un vêtement politique, on vous dit.
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Délavage
Ce pouvoir symbolique du jeans, cette longue histoire
d’héritage, Le Temps des Cerises en a fait la matière même
de ses créations. Tout commence dans les années 80, époque
où Gil Richardière est à la tête d’une fripe de style américain,
la boutique Propagande (!) à Marseille. En 1998, il décide,
avec son fils Lylian Richardière, de mettre cet esprit vintage
au cœur d’une marque dédiée au denim. Depuis, Le Temps
des Cerises n’a cessé de décliner des toiles patinées, usées. Des
techniques de délavage spécifiques ont été élaborées, conférant
à la marque ce cachet bien à elle : du neuf qui semble avoir vécu.
Avec plus de 1000 points de vente dans le monde, Le Temps
des Cerises affiche aujourd’hui une belle réussite, complétée
par une collection homme (Japan Rags) et enfants. Son bestseller ? Le 102, un modèle féminin taille-basse réputé faire de
belles fesses (critère numéro un de l’amateur de jeans averti).
Les « cherry girl », des filles pointues devenues égéries de
proximité, incarnent aujourd’hui cet esprit sexy en diable
de la marque. Marilyn dans Les Désaxés n’est jamais loin.
Pas plus que le slim gris de miss Moss. La dernière cerise
du gâteau s’appelle Inès Mélia : une frêle DJette parisienne
à l’âme d’artiste. Tout l’esprit du Temps des Cerises en
somme : du jeans pour aller danser et travailler, qu’on soit
it-girl ou ministre en exercice.
 letempsdescerisesjeans.com