Les Equator Principles (EP)
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Les Equator Principles (EP)
GROUPE OFI N 16 Ÿ FEVRIER 2011 Les Equator Principles (EP) : un outil au service de la gestion ISR ? EDITO Jean-Marie Péan La finance de projet est un mode de financement dans lequel le prêteur considère avant tout les revenus générés par un projet, à la fois comme source de remboursement et comme sûreté de l’exposition. Elle sert à financer de grandes infrastructures : barrages, mines, A l’origine interrogées uniquement sur leurs impacts conséquences directs, les banques ont vu depuis plusieurs années importantes. leur responsabilité sociale, environnementale usines chimiques… environnementales qui et ont sociales souvent des (E&S) très et sociétale être analysée sous un nouvel angle, celui de Depuis 2003, les Equator Principles (EP), se sont imposés comme leurs impacts indirects. une norme dans le secteur, pour permettre de gérer ces impacts. En tant qu’établissements participant au financement de l’économie, les politiques d’investissement et de Les Equator Principles (EP) financement de ces dernières peuvent en effet avoir une influence majeure sur les pratiques des PRINCIPE 1 La catégorisation des projets selon leur impact potentiel sur l’environnement et la société. PRINCIPE 2 Des due diligences environnementales et sociales (E&S) des projets les plus impactant. PRINCIPE 3 Des standards environnementaux et sociaux applicables dans les pays hors OCDE. PRINCIPE 4 La définition d’un plan d’action pour atténuer les impacts E&S du projet. PRINCIPE 5 Des mécanismes de consultation des populations affectées. PRINCIPE 6 Des mécanismes de règlement des griefs pour les populations affectées tout au long du projet. PRINCIPE 7 Une évaluation externe et indépendante de la conformité du projet avec les Equator Principles. PRINCIPE 8 L’intégration du plan d’action dans la documentation financière du projet. PRINCIPE 9 Une expertise indépendante pour le suivi et le reporting du projet. PRINCIPE 10 La transparence des institutions financières quant au nombre de projets financés dans chaque catégorie. entreprises. Le financement des grands projets notamment peut donner lieu selon Macif Gestion à une exposition à des risques de réputation, ou opérationnels : déplacements de population, atteinte à la biodiversité, violation de droits de l’Homme, etc… Depuis 2003, une norme guide ainsi les banques dans leurs activités de financement : les Equator Principles. Ces principes se posent en bases d’un financement responsable et respectent les standards édictés par la Banque Mondiale et par sa filiale l’International Finance Corporation (IFC). Série de 10 principes, cette norme guide les banques signataires dans la gestion des impacts environnementaux et sociaux des grands projets supérieurs à 10M$ (50M$ à l’origine) qu’elles financent dans les pays en développement. Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.macifgestion.fr LA LETTRE SEMESTRIELLE ISR DE MACIF GESTION Ÿ N 16 Ÿ FEVRIER 2011 Les Equator Principles Financial Institutions (EPFI) du stoxx 300 Ÿ Santander Ÿ Intesa Sanpaolo Ÿ BNP Paribas Ÿ Dexia Ÿ KBC Ÿ Banco Espirito Santo Ÿ UniCrédit Ÿ BBVA Ÿ Société Générale Ÿ Crédit Agricole SA LES RISQUES LIÉS À LA FINANCE DE PROJET Le financement de projet implique un certain nombre de risques pour les banques. Risque de réputation d’abord, car les ONG ciblent régulièrement les acteurs financiers impliqués dans des projets controversés. Risque légal ensuite, puisque des plaintes peuvent remonter par le biais des instances de l’OCDE et mener à la condamnation, qui reste symbolique, du promoteur de projet. Mal gérés, ces risques peuvent en retour affecter le bon déroulement des projets et provoquer des retards, des suspensions, voire des annulations. Ainsi une mauvaise gestion des impacts environnementaux et sociaux peut se transformer dans certains cas en risque opérationnel, et donc impacter la performance financière du projet. LA RÉPONSE APPORTÉE PAR LES EQUATOR PRINCIPLES Les Equator Principles peuvent apporter une réponse pour tenter de gérer ces risques. Principes issus d’une initiative tripartite (10 banques fondatrices, le réseau d’ONG Banktrack, l’International Finance Corporation (IFC), filiale de la Banque Mondiale), ils permettent au financeur d’adapter sa gestion des risques environnementaux et sociaux en fonction du degré d’impact du projet. permettent d’illustrer l’intérêt d’une Les projets financés par les EPFI restent souvent sujet à controverse. Mais ne pas gérer correctement les impacts environnementaux et sociaux des projets comme le prévoient les EP peut mettre en péril le projet en lui-même. C’est ce qu’illustre le cas du projet de mine de Vedanta Resources en Inde. Vedanta était financé par Citigroup, Crédit Agricole, Société Générale, Deutsche Bank, HSBC, Mizuho, RBS, Standard Chartered, WestLB. Les pratiques de Vedanta avaient été mises en lumière en premier lieu par des rapports d’ONG, concernant des pollutions graves de l’environnement et la mise en danger d’une communauté locale. Ÿ Natixis (janvier 2011) Différents exemples application des EP. Ÿ UN CAS DE CONTROVERSE : LA NIYAMGIRI HILLS BAUXITE MINE DE VEDANTA EN INDE bonne Une plainte a été déposée auprès de l’OCDE, amenant le gouvernement britannique à condamner Vedanta pour l’absence de mesures de consultation des populations locales affectées. Par la suite, entre 2007 et 2010, nombre d’investisseurs se sont progressivement alarmés de la mauvaise gestion des risques E&S par Vedanta, et ont soit exclu Vedanta de leurs portefeuilles, soit engagé le dialogue avec le management. Malgré ces différentes alertes, à aucun moment les banques finançant le projet de Vedanta n’ont réagi ou fait preuve de transparence. En Août dernier pourtant, sous la pression et suite à ces alertes, le gouvernement indien a décidé de retirer sa licence d’exploitation à Vedanta pour ce projet de mine. Ainsi, la non prise en compte des aspects environnementaux et sociaux des projets a clairement affecté le projet et ce de la pire manière qui soit pour les financeurs puisque cela a mené à son échec. L’AVIS DE MACIF GESTION SUR LES EQUATOR PRINCIPLES Ÿ Intérêt de la signature : Respect d’une norme de plus en plus répandue dans le secteur. Ÿ Intérêt à une application effective : Minimisation des risques environnementaux et sociaux qui peuvent avoir un impact fort sur le bon déroulement du projet. Ÿ Norme qui offre une grille de lecture pertinente pour juger des performances des banques. Ÿ L’EXEMPLARITÉ DE NAM THEUN 2 Nam Theun 2 est un projet de construction de barrage hydroélectrique au Laos pour 1,45 milliards de $ débuté en 2005 avec la participation de nombreuses EPFI : BNP Paribas, Crédit Agricole, Standard Chartered, KBC, ING Group, Société Générale. Ce projet avait été présenté par l’IFC comme un modèle de gestion responsable grâce à l’application des procédures EP. Plusieurs ONG ont pourtant dénoncé ce projet pour l’ampleur de ses impacts environnementaux et sociaux (E&S) : une plainte a été déposée auprès de l’OCDE. L’instance française en charge de l’étude de cette plainte s’est déclarée satisfaite des mesures prises par le promoteur du projet, EDF, et ses partenaires sur les volets E&S du projet. Elle a également rendu public le jeu de questions – réponses entre les ONG et EDF, cela a permis à toutes les parties prenantes du projet de savoir comment sont concrètement gérés les problèmes E&S liés au projet. La signature des EP constitue donc pour Macif Gestion un préalable, mais n’est pas une fin en soi. En effet, il est important pour la gestion ISR de savoir comment sont appliquées les procédures EP par les banques signataires. Un effort de transparence important autour de l’application effective de chaque principe des EP doit être fait. Cette transparence conditionne l’efficacité réelle des EP à la fois pour les banques elles-mêmes, et pour les investisseurs. C’est pourquoi, dans le cadre de sa politique d’engagement, Macif Gestion a décidé de questionner la seule banque présente dans ses portefeuilles, impliquée dans la finance de projet mais qui n’a pas signé les EP, à savoir la Deutsche Bank. Natixis quant à elle a annoncé sa signature en janvier 2011. n Coraline Barré La bonne gestion des impacts environnementaux et sociaux de ce projet ainsi que la publicité qui en a été faite a permis d’assurer le bon déroulement du projet et donc sa pérennité financière pour les EPFI. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Eric Vanlabeck Ÿ COMITÉ DE RÉDACTION : Coraline Barré, Francis Linger, Jean-Marie Péan