Le 7 Mars 1916 Bien cher fils, Je me sens seule, seule malgré ton
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Le 7 Mars 1916 Bien cher fils, Je me sens seule, seule malgré ton
Le 7 Mars 1916 Bien cher fils, Je me sens seule, seule malgré ton frère qui est toujours auprès de moi et certains amis qui viennent régulièrement me réconforter . La maison est bien vide sans toi. Notre santé est bonne pour nous aussi et j'ai foi de tout cœur que la vision d'horreur qui est omniprésente dans ta vie maintenant ne changera pas ta façon de vivre et ta vision sur le monde qui nous entoure. Paul me questionne sur la raison de ton absence. Face à cela, je lui réponds que tu est parti à la guerre pour défendre notre pays. Malgré son jeune âge, il commence à comprendre petit à petit le but de ton départ grâce a ce qui lui est raconté à l'école. Car comme tu peux t'en douter, cette guerre est aussi présente dans nos vies. Durant ton absence, parfois le soir, il lit le livre que tu lui lisais à son coucher, et il pleure ou bien il sourit selon ses pensées. Notre ville de Cholet n'a pas changé hormis la population qui est de plus en plus triste chaque jour. Le passage du Maire dans les rues venant annoncer les morts des derniers jours aux familles m'angoisse. Je prie à chaque passage pour ne pas qu'il s'arrête devant ma porte. Les cauchemars me hantent et mes nuits sont longues, rien de plus douloureux que d'imaginer la mort de son propre fils mais j'attends ton retour auprès de nous avec impatience car la vie est dure. J'aurais tellement de question à te poser pour me rassurer. Car oui, j'ai peur, peur que tu tombes sous ces pluies d'obus ou ces fusillades, dans ces tranchées boueuses que tu m'as décrites dans tes précédentes lettres. Alors je prie, pour que mon fils aîné me revienne en vie. Mais j'aimerai à présent que tu te concentres sur toi, pour que tu gardes ta santé de jeune homme et que tu rentres au village sein et sauf. En attendant de tes nouvelles, je t'envoie un tendre baisé de ta chère maman.