INTERVENTION DE L`AMBASSADEUR DU ROYAUME D`ESPAGNE
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INTERVENTION DE L`AMBASSADEUR DU ROYAUME D`ESPAGNE
INTERVENTION DE L’AMBASSADEUR DU ROYAUME D’ESPAGNE EN COTE D’IVOIRE À L’AFRICAN ECONOMIC FORUM 2016 Mesdames et Messieurs, Chers amis, Nous sommes face à un contexte global où nous devons aborder des problèmes communs qui font appel à la coopération entre tous, nul ne peut être exclu du progrès. Les problèmes globaux demandent des solutions au niveau local. Nous avons un agenda mondial qui entraine deux grands accords signés en 2015 : les Objectifs de Développement Durable et l’Accord sur le Climat de Paris. Les deux constituent un grand défi, non seulement pour les gouvernements centraux, mais aussi pour les entreprises et les entités territoriales (régions et municipalités). L’art. 17 des Objectifs de Développement Durable fait référence aux partenariats pour la mise en œuvre des projets visant ses objectifs ; il n’est pas possible d’atteindre le progrès sans l’implication du talent et des ressources des gouvernements, du secteur privé et de la société civile. Ces partenariats inclusifs, construits sur des principes, des valeurs et des objectifs communs, qui placent l’homme, les peuples et la planète au centre, sont nécessaires au niveau mondial, national, régional et local. Dans cette présentation, je voudrais parler du cas espagnol, expliquer son modèle territorial et donner quelques 1 exemples de comment les entreprises peuvent contribuer à travers la RSE au développement local. L’Espagne est un état décentralisé qui s’organise en trois niveaux principaux :les Communautés Autonomes, les Provinces et les municipalités. Chacune a ses propres compétences et jouit de l’autonomie nécessaire pour les gérer. Les principes généraux de la Constitution Espagnole relatifs à la décentralisation sont les suivants. - Le principe d’unité de l’Etat. La Constitution repose sur l’unité de la nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les espagnols. - Le principe d’autonomie. C'est-à-dire la reconnaissance d’un certain niveau d’autogouvernement pour les communautés autonomes et les municipalités. L’autonomie fait référence à un pouvoir limité et ne signifie pas souveraineté. - Le principe de solidarité. La solidarité doit s’exprimer dans l’établissement d’un équilibre économique entre les différentes parties du territoire espagnol. Ce principe implique que les citoyens ne peuvent pas avoir des privilèges économiques et sociaux selon la Communauté Autonome dans laquelle ils résident. Les Communautés qui bénéficient de ressources plus abondantes doivent transférer une partie de leurs revenus aux Communautés qui en ont moins. - Le principe d’égalité. Cela signifie que tous les citoyens ont les mêmes droits et devoirs quelle que soit la partie de l’État où ils sont nés. - L’unité de l’ordre économique et du marché. Aucune autorité ne peut adopter des mesures pouvant faire 2 obstacle à la libre circulation des personnes et des biens dans le territoire espagnol. Le premier niveau de décentralisation est celui des Communautés Autonomes. Dans chaque Communauté Autonome un Estatuto de Autonomía (loi supérieure de la Communauté) organise l’administration autonome et l’exercice du pouvoir dans les limites des compétences qui lui sont attribuées. La Constitution prévoit un système complexe de délimitation des pouvoirs dans lequel il y a des compétences exclusives et des compétences partagées entre l’Etat et les Communautés Autonomes. - Les compétences exclusives de l’Etat sont : la régulation de conditions essentielles qui assurent l’égalité de tous les citoyens dans l’exercice des droits et l’accomplissement des devoirs constitutionnels, les relations internationales, les services d’immigration, le droit d’asile, l’administration de justice et la défense. - Les compétences exclusives des communautés autonomes : l’aménagement du territoire, l’urbanisme, l’agriculture, l’élevage, la culture et la préservation du patrimoine. - La santé et l’éducation sont des compétences partagées. Les Communautés Autonomes disposent des ressources suivants : des impôts cédés par l’état, des impôts et taxes propres aux Communautés Autonomes, des transferts du Fonds de Compensation Territoriale, des ressources 3 originaires du territoire et des produits des opérations de crédit. Les Provinces constituent le deuxième niveau de décentralisation ; elles sont responsables de la coordination et la coopération entre les municipalités. Au troisième niveau, les municipalités sont responsables de l’administration d’une ville ou village, avec une mairie qui veille aux intérêts de la population. Le niveau local est celui que les citoyens perçoivent comme le plus proche d’eux et qui répond à certains de leurs besoins. Les municipalités ont des compétences propres en matière d’urbanisme, de protection de l’environnement, d’assainissement, d’assistance sociale, de police municipale, de mobilité, de promotion touristique, de salubrité publique, de promotion du sport, deculture etc. En plus, les municipalités doivent assumer la gestion d’une série de services comme les égouts, les cimetières, la propreté des rues, etc. Dans les municipalités avec une densité de population supérieure elles sont en charge aussi des transports collectifs urbains, des parcs, des bibliothèques, de la protection civile, etc. Aujourd’hui les entreprises ont un rôle incontournable à jouer dans le développement des collectivités locales. À travers l’exercice de leur responsabilité sociale, les entreprises s’engagent à améliorer les conditions de vie des citoyens et participent aux projets concrets qui ont un impact dans le développement économique et social des villes. Il n’y a pas d’entreprises viables dans le contexte des sociétés non viables. 4 Michael Porter, expert mondial en stratégie et développement des nations parlait de la valeur partagée ; il s’agit d’encourager les entreprises en vue de la rénovation des processus et des activités économiques dans la prise en compte de leur propre entourage social. Je peux vous offrir l’exemple de quelques entreprises espagnoles qui ont développé des projets de responsabilité sociale avec un impact direct sur les communautés locales. Le groupe Inditex, né à Galicia, propriétaire des marques Zara, Massimo Dutti, etc. a contribué au développement local dès le début de sa création. La Communauté Autonome de Galicia a connu un grand essor grâce au développement d'une structure de production qui a intégré les femmes couturières. Des femmes sont sorties de l’économie non structurée, elles ont eu un salaire fixe, elles ont fait partie du système productif et ont participé au développement de la région. Par ailleurs, le groupe Inditex renforce son engagement avec la RSE avec Far&from, des magasins gérés par des personnes handicapées, en leur permettant d’avoir un emploi et une autonomie. Un autre exemple des projets de RSE c’est le programme Proniño de la Fundación Telefónica. Telefónica est une grande compagnie des télécommunications avec une forte présence en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique Latine. Le but de Proniño est d’éradiquer le travail des enfants dans plusieurs pays d’Amérique Latine et d’obtenir leur retour à l’école. Proniño intervient au niveau de l’assistance aux enfants, l’appui aux professeurs et aux écoles, la promotion et l’amélioration du processus d’enseignement et la diffusion des études qui montrent la réalité du travail des enfants. Proniño s’est occupé de 5 471.848 enfants pendant 10 ans en leur donnant une formation et l’opportunité de se préparer pour participer au développement local. Nous sommes dans un contexte dans lequel nous avons besoin d’aborder et de comprendre la dynamique globale mais le champ d’action pratique se trouve au niveau local. Je voudrais saisir cette opportunité pour remercier les représentants de l’Assemblée des Régions et Districts pour le travail qu’elle fait, quelques fois avec des ressources et des compétences limitées. Je suis pleinement conscient que la plupart du temps les citoyens s’adressent à vous pour résoudre leurs problèmes car ils s’adressent à ceux qui sont les plus proches, c’est la première frontière que rencontre le citoyen. Ce n’est pas toujours facile ; l’administration s’organise par compétences, mais les citoyens vivent leurs problèmes d’une façon intégrale. L’administration publique a l’obligation substantive de bien coordonner ses services pour les résoudre, ce qui implique de dépasser les intérêts particuliers et les luttes de pouvoir, mettant toutes les forces au service du citoyen. Je voudrais faire appel à l’empathie, à l’ouverture, aux connaissances mutuelles, pour s’aider les uns les autres, en collaborant à tous les niveaux, en se confiant à l’autre et que finalement nous reconnaissions que nous sommes tous des passagers sur un même bateau. Je vous remercie. Abidjan, le 27 Octobre 2016. 6